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Chroniques
Et revoilà le débat sur le taux de change !
Par Houcine Ben Achour
14/05/2020 | 18:50
3 min
Et revoilà le débat sur le taux de change !

 

Il fallait s’y attendre. La chute des exportations durant le mois d’avril 2020 est « historique ». Selon l’Institut national de la statistique, (INS), le recul, en valeur, est de près de 50% par rapport à avril 2019. La dégringolade est d’une brutalité sans précédent. Le plus préoccupant, c’est que ce résultat va vraisemblablement se reproduire, sinon s’aggraver, au cours du mois de mai 2020 et probablement au mois de juin prochain.

Les importations ont, elles aussi, reculé dans pratiquement la même proportion que les exportations. Cependant, cet effondrement des échanges extérieurs du pays n’a pas creusé davantage le déficit de la balance commerciale. En valeur, le solde des échanges extérieurs du pays n’affiche qu’un déficit de 4,8 milliards de dinars pour les 4 premiers mois 2020, contre 6,3 milliards de dinars durant la même période de 2019. Le gain est substantiel. Faut-il s’en réjouir ? Ce serait aller bien trop vite en besogne.

Il est vrai qu’un tel résultat va détendre les tensions sur la balance des paiements courants. On a constaté cela à la fin du premier trimestre de 2020, au bout duquel le déficit des paiements courants équivalait à 1,7% du PIB contre 2,2% une année auparavant. Malheureusement, cette trajectoire risque de subir une sérieuse inflexion compte tenu de deux paramètres majeurs que sont les recettes touristiques et les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE). Au début du mois de mai 2020, les recettes du tourisme affichent déjà une baisse de près de 29% par rapport à la même période de 2019. Il en est de même des envois des Tunisiens résidents à l’étranger quoique cette baisse soit moins prononcée (-11,1%). Cette tendance risque d’ailleurs de s’accentuer davantage au cours des prochains mois. L’activité touristique du pays est à l’arrêt, tout comme tout ce qui gravite autour de cette activité (transport, artisanat, …). Il est communément admis que les recettes des transferts des Tunisiens de l’étranger enregistrent une hausse lorsque le pays traverse des difficultés conjoncturelles. Les envois se multiplient pour venir en aide à la famille. Cette fois-ci, rien n'est certain, dans la mesure où la diaspora tunisienne n’est pas à l’abri, elle aussi, des périls de la précarité et du chômage, préférant logiquement restreindre ses envois de fonds.

 

En tout cas, cette évolution va fragiliser les finances extérieures. Pourtant, depuis le début de l’année, une amélioration progressive était constatée concernant le déficit des paiements courants. A la fin du 1er trimestre 2020, celui-ci équivalait à 1,7% du PIB contre 2,2% en 2019. Il faudra déchanter. Le FMI l’a d’ailleurs annoncé : le déficit courant atteindrait 8% du PIB cette année. C’est mieux que l’année 2019 qui a affiché un déficit courant de 8,8%. Sauf que, et la différence est énorme, cette année l’endettement du pays va connaître également un record historique. Le FMI estime la dette publique pour 2020 à plus de 88,5% du PIB contre seulement 72,3% en 2019. Quant à la dette extérieure, elle devrait atteindre 109,9% du PIB contre 90,3% en 2019. A ce stade, il convient de ne pas confondre « dette publique » qui représente la dette de l’Etat et « dette extérieure » qui inclut la dette publique extérieure et les emprunts extérieurs des agents économiques (les entreprises nationales, les banques, etc.). 

 

Toutefois, les estimations du FMI se fondent sur deux hypothèses qui sont autant de conditions, à savoir que les réserves en devises du pays soient maintenues à l’équivalent de 4 mois d’importation quitte, le cas échéant, à laisser filer le taux de change dont la dépréciation d’ici la fin de l’année serait de l’ordre de 10% par rapport au dollar. Or, il semble bien que depuis 2018, la politique de la Banque centrale de Tunisie est totalement à rebours de cette option en raison de ses ravages inflationnistes, préférant agir bien en amont, au niveau des taux d’intérêt. Le débat sur la question du choix entre la stabilité du taux de change ou la stabilité des réserves de change sera-t-il relancé à l’occasion du redémarrage des pourparlers entre les autorités tunisiennes et le Fonds pour un nouveau programme et un nouvel accord de crédit ?

 

La décision de la BCT de ne réduire que d’un point son taux directeur alors que les opérateurs impactés par la crise du coronavirus sollicitaient une baisse de deux points au moins ne constitue-t-elle pas un signal de l’autorité monétaire sur sa volonté de maintenir la stabilité du taux de change et de piocher sur les réserves ? D’autant que celles-ci équivalent à quatre mois et demi d’importations, du  jamais vu depuis 2010 !

Par Houcine Ben Achour
14/05/2020 | 18:50
3 min
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Commentaires
Bad boy
Très Surpris, Que la monnaie nationale, ne sois pas d'évaluer plus que cela...
a posté le 15-05-2020 à 21:11
Je suis énormément surpris, que malgré tout cela que la monnaie nationale reste stable.
Malgré le peu de rentrée de devises étrangères, et la perte en exportation.
Sens bien sûr, ne pas oublier le manque de touriste en ce début trimestre...
DHEJ
Le DINAR et sa valeur...
a posté le 15-05-2020 à 12:53
Tu as parlé de deux hypothèses...


Réserves en devise? Une énergie

Le dinar a aussi une énergie calculable mais comment?

Qui sait tracer la LIGNE MONEMETRIQUE? Pour dire les hypothèses du FMI controlent l'amont ou l'aval?
aldo
==== PAS NORMAL le taux de change ====
a posté le 14-05-2020 à 19:31
j ai attiré l'attention y a pas longtemps , avec tout ça et le dinar est à ce taux CE N 'EST PAS DU REEL , on joue avec le feu ,on va le payer plus tard .....