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Chroniques
Entre Naoufel et Saïd, des ressemblances qui font peur
Par Sofiene Ben Hamida
10/05/2020 | 16:00
3 min
Entre Naoufel et Saïd, des ressemblances qui font peur

 

En Algérie, le frère de l’ancien président Bouteflika a écopé de plusieurs années de prison dans des affaires de corruption. Il avait bénéficié de ses liens étroits avec son frère pour se faire une fortune. Mais le népotisme n’est pas toujours synonyme de corruption. Il peut y conduire, mais pas nécessairement. En définition, le népotisme est en effet l’abus qu’une personne en place fait de son influence en faveur de sa famille ou de ses amis. Ces faveurs sont de natures multiples et pas seulement financières.

En Tunisie, beaucoup ont été surpris de voir le frère du président de la République, annoncer que le chef de l’Etat a décidé d’annuler un appel d’offres de prés de trois cents mille dinars par an, destiné à la décoration florale et publier sur son compte personnel Facebook, une copie d’un document interne, annotée de la main du chef de l’Etat. Quelques jours plus tard, dans l’affaire de l’avion d’aide médicale turque à la Libye qui a atterri à Djerba, et le communiqué nocturne de la présidence de la République, le frère du président publie un statut dans lequel il rappelle que notre pays doit appliquer les règles du droit international humanitaire y compris les conventions de Genève et ne pouvait de ce fait faire autrement que d’accueillir ces aides et les acheminer jusqu’aux frontières libyennes. Le plus surprenant, c’est que des médias locaux n’ont pas trouvé mieux que de titrer que le frère du président clos, par sa publication, la polémique autour de cette aide turque transitée par notre pays.

Il ne s’agit pas là de discuter la pertinence de l’annulation du budget de la décoration florale. Il ne s’agit pas non plus de discuter des questions de protocole et d’esthétique. Il est évident que le président est dans son droit et qu’il lui revient seul, de décider comment dépenser le budget de la présidence. Ce qui est discutable par contre, c’est comment un document interne est parvenu entre les mains d’un inconnu, même s’il est le propre frère du président ?  Aussi, comment ce même inconnu, frère du président soit-il, s’est-il accaparé le droit de faire une annonce qui entre dans les prérogatives des services officiels de la présidence ?

Sur un autre plan, il n’est pas utile de s’attarder sur le bien-fondé d’autoriser l’avion turc à atterrir sur le sol tunisien et sur les conditions imposées par les pouvoirs publics tunisiens pour l’acheminement des aides aux Libyens. La présidence avait publié un communiqué et les informations ont été prolifiques à ce sujet. Chaque Tunisien dispose donc de suffisamment d’éléments pour se faire une idée sur cette question en fonction de ses préférences ou de son positionnement politique ou idéologique. Par contre, il y a lieu de réfléchir comment une personne, qui n’occupe aucun poste au sein de la présidence, arrive à devenir une source presque autorisée et officielle, rien que par les liens de parenté qui la lient au chef de l’Etat ?

Faut-il rappeler que les Tunisiens ont vécu durant des décennies sous des pouvoirs népotiques ? Sous Bourguiba, pour des raisons d’équilibre politique, le favoritisme du régime se trahissait à travers l’influence de Wassila Ben Ammar, puis à travers celle très néfaste de Saida Sessi. Le népotisme du pouvoir de Ben Ali  s’est caractérisé quant à lui  par le pouvoir du clan Trabelsi qui a versé très vite dans la corruption et le crime organisé.

Après la révolution, les nouveaux gouvernants n’ont rien voulu changer à un système avantageux pour eux et pour leurs clientèles politiques. Pour les islamistes qui se sont retrouvés, sans discontinuité, dans les rouages du pouvoir depuis neuf ans, le népotisme a un autre nom dégagé de leur univers ancestral marqué par les razzias : le butin ou AL GHANIMA.      

 

    

 

 

Par Sofiene Ben Hamida
10/05/2020 | 16:00
3 min
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Commentaires
sami
@hadj
a posté le 11-05-2020 à 22:34
commentaire pertinent et v'?u d'avènement d'état de droit partagé.j'ajoute que le principe du régime démocratique est la vertu ;or cette vertu politique ne peut prévaloir tant que la corruption n'est pas extirpée.il est triste que ce fléau n'émeuve personne ou presque!.je crains fort que les générations futures risquent une longue attente
Hadj
Chasse le naturel
a posté le 11-05-2020 à 11:50
L'état moderne avec ses règles de séparation des pouvoirs et la suprématie de la loi n'est pas une invention arabe et ils ont du mal à s'en accommoder. Même kais saied, juriste de son état ayant lu -je présume -Montesquieu, et étudié dans le cours de droit constitutionnel les différentes formes d'état; et la règle sacro sainte "le pouvoir arrête le pouvoir ", lui qui se targuait de droiture, n'échappe pas à cette malédiction qui poursuit les arabes demeurés prisonniers des modèles qu'ils ont connu et le plus pratiqué à savoir le tribal et le monarchique avec leurs travers et les abus qu'ils permettaient.
Quant au parallèle entre naoufel et Saïd il est pertinent ;et leurs ingérences dans les affaires de l'état ont beaucoup de similitudes et ont aussi connu la même évolution. Souvenez-vous lorsqu'on reprochait à naoufel de se mêler des affaires du président de la république il répondait que comme tout citoyen ,il a le droit d'avoir un avis, maintenant il ne se contente pas de commenter il publie des documents officiels de la présidence. Saïd Bouteflika à ses débuts quand on le sollicitait pour un dossier ,
répondait" je transmettrai", puis évolu vers "je m'en occupe "! Es que les deux conseillers- l'occulte et l'officiel- connaîtront le même sort? L'avenir nous le dira.
En attendant continuons à rêver, génération après génération, de l'avènement d'un état de droit!
Alya
Vous avez raison
a posté le 10-05-2020 à 20:33
Je félicite KS pour cette décision d achat de fleurs!!!Mais son frère doit absolument disparaître des réseaux sociaux ou de toute ingérence. Le président devrait le rappeler à l ordre.
aldo
==== LA SIDI OUELA JOUADOU ====
a posté le 10-05-2020 à 17:43
stall ouel kannara ; oufi kaa el bir ----
Abir
Un président pour le protocole et le frère pour la politique
a posté le 10-05-2020 à 17:07
Kaïs Saïd a pris le rôle de protocole puisqu'il est nul en politique et son frère a pris le rôle, qui gère la politique et la diplomatie extérieur en remplaçant son frère et comme ce frère est proches des kwanjias, la preuve il est tamponné 1,2, il fait tout contre la Tunisie au profit des autres