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Chroniques
L’heure n’est plus aux tergiversations !
Par Houcine Ben Achour
07/05/2020 | 18:27
4 min
L’heure n’est plus aux tergiversations !

 

Qu’attend encore le gouvernement pour préparer l’opinion publique sur ce qui nous attend au sortir de l’épidémie du coronavirus ? Il ne faut pas s’en cacher plus longtemps. L’économie du pays va connaître les pires moments de son histoire contemporaine. Certes, la Tunisie a connu des moments difficiles. C'était plus près de nous, en 2011,  par exemple, lorsque le PIB réel a enregistré une chute de près de 2%. Ce repli de la croissance avait fait bondir le taux de chômage de près de 5 points de pourcentage, le taux de chômage à près de 19%. Quand bien même l’extrapolation serait peu orthodoxe, comme d’ailleurs celle qui estime qu’un point de croissance créerait environ entre 12.000 et 15.000 nouveaux emplois, le taux de chômage du pays pourrait atteindre les 25%, compte tenu des écarts de taux. Ce sont des milliers de personnes qui vont se retrouver du jour au lendemain sans aucune source de revenu. Ce sont des milliers de ménages qui vont voir amputé, dans une large proportion, leur pouvoir d’achat. Il faut que l’opinion publique sache que la pauvreté et la misère vont regagner du terrain.

 

Cette perspective est inévitable car, il faut, là aussi, l’avouer sans détour : quoi qu’on puisse faire, cela n’empêchera pas des centaines d’entreprises de fermer définitivement leurs portes et des centaines d’autres de réduire drastiquement leurs effectifs. Il serait illusoire de croire qu’il est possible d’éviter la casse. Toutefois, il est encore envisageable d’en réduire l’ampleur, pour peu que le gouvernement, les entreprises et les salariés se débarrassent de cette abominable attitude où chacun juge que les autres n’en font pas assez, alors que tous n’en font pas assez.

 

Le gouvernement devra peaufiner davantage ses arbitrages et faire preuve d’équité sans faille dans son soutien à l’entreprise. Or, cela ne semble pas être visiblement le cas. C’est, en tout cas, ce que suggèrent les propos de Yadh Elloumi, président de la Commission des Finances de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mettant en garde le gouvernement, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la dernière réunion de la Commission des Finances, contre un éventuel traitement de faveur des entreprises publiques au détriment des entreprises privées du pays. A cet égard, les chefs d’entreprise du secteur privé vont légitimement s’intéresser au plus près sur ce que compte entreprendre le gouvernement pour soutenir les entreprises dont il a la tutelle. Ce n’est nullement un hasard si, au cours de cette même conférence de presse il a signalé que la Pharmacie centrale de Tunisie a sollicité du gouvernement une garantie de 450 MD pour pouvoir honorer ses obligations et ses échéances, soit presque l’équivalent de la garantie apportée initialement par le gouvernement pour l’ensemble des entreprises privées. Parallèlement, les chefs d’entreprise souhaiteraient bien que les banques les traitent de la même manière qu’elles ont traité le gouvernement en lui accordant un crédit de plus de 1,2 milliard de dinars sur 3 ans au taux de…2,25%-2,50%.

 

Ces entreprises tunisiennes touchées de plein fouet par la crise du Covid-19 qui, au demeurant, gagneraient à diversifier leurs sources de financement en évitant le recours systématique aux banques pour satisfaire leur besoin de financement. Il n’est pas certain que le recours au marché boursier soit une mauvaise formule, ni que la création d’un compte associé en bas de bilan des entreprises soit une mauvaise opportunité. Or, ce sont là des options qui rendent possible ce qui est nécessaire.

 

Dans un contexte aussi périlleux, il est pour le moins curieux que nos établissements de crédit n’aient pas pris davantage d’initiatives pour soutenir les acteurs économiques. Mis à part les dons qu’ils ont consentis au Fonds 1818 et qui méritaient d’être plus conséquents compte tenu des profits record qu’ils ont engrangés ces deux dernières années, nos banques n’ont fait que relayer les mesures édictées et donc imposées par la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour soutenir les salariés et les entreprises. Leurs clientèles, après tout. Il aurait été utile que nos établissements de crédit annoncent par exemple que, dans la foulée de la baisse d’un point du taux directeur de la BCT, elles allaient réduire sensiblement leurs marges d’intérêt et de commission sur les nouveaux crédits. Cette réduction de leur marge d’exploitation ne va certainement pas les appauvrir considérablement et qu’en revanche elles y gagneraient en image et en prestige, symbolisant ses aptitudes à être une entreprise citoyenne consciente de ses responsabilités sociétales.

 

Enfin, les salariés. Il faudrait qu’ils oublient pour un temps que les primes et avances de toute sorte servies gracieusement à l’occasion des fêtes et autres rendez-vous nécessitent des dépenses. Il faudra se suffire du salaire pour sauvegarder l’emploi.

L’heure n’est plus aux tergiversations.

Par Houcine Ben Achour
07/05/2020 | 18:27
4 min
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Commentaires
Nephentes
Les veritables problemes sont exposes ici
a posté le 08-05-2020 à 16:07
Une nouvelle fois bravo pour la pertinence de votre article qui expose avec precision l'ampleur des defis socioeconomiques qui vont concerner tout le monde et en premier lieu le bon peuple occupe par les feuilletons et les polemiques de caniveau

Aucune instance de dialogue et prospective reunissant les acteurs concernes n'a ete prevue

Broutez et ruminez tranquilles chers herbivores on s'occupe de vous
DHEJ
Ah si seulement tu pouvais...
a posté le 07-05-2020 à 20:34
Raisonner de l'aval en remontant vers l'amont ?


ZABA avait créer un fonds des catastrophes, un fonds vidé par le M'?CANO pour dédommager la secte !


Alors de l'amont, ce n'est ni entreprise ni salarié, mais PAR FAMILLE pour maintenir le SYST'?ME TENDU !