alexametrics
lundi 29 avril 2024
Heure de Tunis : 01:51
Chroniques
Elyes Fakhfakh devrait quitter la table
Par Marouen Achouri
22/07/2020 | 16:59
4 min
Elyes Fakhfakh devrait quitter la table

 

« Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi », disait Charles Aznavour. Si l’on devait adapter cette célèbre phrase à la situation en Tunisie, on dirait qu’Elyes Fakhfakh doit quitter la table, puisque la rectitude est desservie.

Le chef du gouvernement de « la clarté et de la confiance » ne diffère pas tellement des autres politiciens de Tunisie, malgré ses tentatives pour nous faire croire l’inverse. Il est amusant de voir de quoi sont capables les chefs de gouvernement qui nous rabâchent les oreilles avec la nécessaire moralisation de la vie politique. Le chantre du « changement de logiciel », slogan phare de sa campagne présidentielle, démontre qu’il fonctionne exactement de la même manière que les autres.

 

Aujourd’hui, de très lourds soupçons –respectons la présomption d’innocence- pèsent sur Elyes Fakhfakh. Les rapports de l’Inlucc et des instances de contrôle de l’Etat sont édifiants, tant la loi a été allégrement enfreinte. Cela est-il arrivé par négligence ? Par sentiment d’impunité ? Par réelle intention de s’enrichir ? Nul ne le sait et en vérité, cela importe peu. Le problème qui se pose à l’heure actuelle concerne le fait que M. Fakhfakh continue à être chef du gouvernement, malgré cette affaire de conflit d’intérêts et malgré sa démission. Cela n’aurait pas du tout posé de problème si l’on pouvait supposer en lui un certain respect de la bienséance politique. Mais il est difficile d’y croire quand on voit les « gesticulations » politiques du chef du gouvernement, quand il a, par exemple, décidé de faire virer les ministres du parti Ennahdha. Des personnes comme Lotfi Zitoun ou Abdellatif Mekki ne méritent pas d’être limogés et encore moins humiliés parce qu’Elyes Fakhfakh a des comptes à régler. Au final, ce sont des personnes qui ont eu confiance en lui et qui ont travaillé sous ses ordres. Sans aucune vergogne, il leur a tourné le dos et les a utilisés dans une bataille déjà perdue avec Ennahdha. Ce sont des choses qui ne se font pas et qui jurent avec la haute valeur morale que l’on suppose dans la gestion de la chose publique. Mais il est bien clair que nous en sommes très loin.

Décidément, le président de la République, Kaïs Saïed a fait un bien mauvais choix en optant pour Elyes Fakhfakh. C’est l’histoire d’un énorme gâchis en réalité. Toutefois, le propre d’être un décideur et de devoir gérer les situations telles qu’elles se présentent. Au vu de la nature de l’affaire dans laquelle est impliqué Elyes Fakhfakh, au vu du fait qu’il utilise encore son poste pour régler ses comptes et pour noyauter l’Etat, il devient nécessaire de le mettre sur la touche. Le président a été poussé à intervenir dans cette affaire de conflit d’intérêts en demandant à Elyes Fakhfkah de démissionner. On peut supposer que ce n’est pas avec plaisir qu’il l’a fait puisque le chef du gouvernement aurait dû avoir la « décence » politique de présenter sa démission de son propre chef. Il faudrait maintenant une deuxième intervention de sa part pour pousser Elyes Fakhfkah à déléguer ses pouvoirs de gestion des affaires courantes à un autre ministre. Le respect de l’Etat et des institutions impose de procéder à cette douloureuse décision. Il n’y a pas de raison de pouvoir continuer à profiter d’un Etat que l’on ne respecte pas à la base.

 

Les défenseurs les plus acharnés d’Elyes Fakhfakh ont été incapables de le suivre sur le terrain miné dans lequel il s’est engagé. Ceux qui avaient le pouvoir de le défendre l’ont fait, même au prix de leur propre crédibilité, comme les Abbou par exemple. Mais au bout d’un moment, il est impossible de défendre l’indéfendable et il faut bien se rendre à l’évidence. La situation d’Elyes Fakhfakh ne lui permet plus d’être chef du gouvernement, même pour la gestion des affaires courantes. Certains voient en cela un acharnement et le mettent sur le compte des manipulations politico-judiciaires. L’objectif est de se débarrasser d’Elyes Fakhfakh parce que son travail gène, qu’il traite des dossiers sensibles et que certaines sensibilités politiques ne souhaitent pas qu’il y arrive. Donc ces « parties » ont tiré ce dossier des archives pour l’obliger à démissionner. Une belle histoire comme certains aiment en entendre, pourvu que leur héros reste sur le piédestal qu’ils lui ont dressé. Toutefois, cette légende du chef du gouvernement qui fait tellement bien son travail qu’on veut le virer a déjà été utilisée par Youssef Chahed lors de sa guéguerre avec Nidaa Tounes et Hafedh Caïd Essebsi, et avant lui par Habib Essid. Donc la fable du preux chef du gouvernement sur son cheval blanc qui est mis à terre par les méchants partis politiques ne prendra plus. Quand on est attrapé les mains dans le pot de confiture, la moindre des décences est de confier le pot à quelqu’un d’autre. 

Par Marouen Achouri
22/07/2020 | 16:59
4 min
Suivez-nous
Commentaires
J.trad
Je ne comprend pas bien la logique du jargon judiciaire ,mais
a posté le 23-07-2020 à 15:29
Par le biais de la logique ,je ne trouve pas logique ,que la loi oblige un chef de gouvernement ,qui à tout moment peut être demis de ses fonctions , à rompre ses engagements antérieurs avec des sociétés ,si du jours au lendemain ,il peut se trouver ,sur la touche , est ce que c'est facile pour lui de renouer avec les sociétés avec qui il a cassé ,ses engagements , il y a un grand paradoxe , dans la conception des lois , il y a paradoxe et paradoxes ,dans les lois civiles , pour éviter le risque de se trouver dans un compromis ,beaucoup de personnes compétentes fuient les postes politiques ,et ce qui prête au rire (ou plutôt à la désolation ) c'est que le risque de se trouver dans le tourbillon des soupçons ,est le cauchemars ,que les plus crédibles et les plus intégrés ,ne peuvent pas éviter .
why
One moment please
a posté le 23-07-2020 à 11:01
Autant je comprends l'indignation générale par rapport à cette affaire, autant je suis sceptique sur la réalité.
Que l'INLUCC réagisse aussi rapidement, que la commission d'enquête parlementaire à travers son président se discrédite, les méthodes connues d'Ennahdha de monter des "kompromat", tout ceci à être prudent.
Oui Fakhfakh a été maladroit dans sa communication de crise. Oui, il a été imprudent... Mais, encore une fois, le montage en lui-même me laisse sceptique. Pur ceux qui ont suivi, ce serait un groupement de sociétés qui a gagne une partie de l'appel d'offres.
Bref, tout ceci pour dire qu'on ne peut pas faire confiance à Ennahdha. Que Fakhfakh tombe aujourd'hui voudrait dire que la Tunisie va perdre un temps précieux. Et qu'Ennahdha est ce pire ennemi d'intérieur qui n'a d'autre objectif que de détruire le pays sans faire gaffe au peuple ni à ses souffrances.
Houcine
Fakhfakh gêne.
a posté le 23-07-2020 à 07:26
Il nettoie un peu et voilà unon insisté pour le sortir du jeu. Il vise le cercle de ceux qui aiment une Tunisie aux mains des groupes qui se croient légitimes par leur propre décret, c'est pourquoi il rassemble contre lui.
Quand on soutient une action juste, cela n'implique pas son adhésion à tout un projet.
Les islamistes semblent moins déranger, parce qu'ils tiennent les profiteurs, et se servent au vu et au de tous. Nonobstant la pagaille qu'ils ont organisée et le démantèlement des institutions rendues inopérante et serviles, plus que jamais.
On peut ajouter à la liste...
Welles
Et il laisse la place à qui?
a posté le 22-07-2020 à 22:10
'? monsieur Abbou... n'est-ce pas monsieur Achouri
Et monsieur Abbou n'est-il pas rien d'autre que le sous marin des islamistes . Vous n'avez pas eu assez avec la Troïka mais quelle misère de lire ce genre d'article biaisé dès le départ
Alya
D accord avec l auteur
a posté le 22-07-2020 à 21:08
FAKH2 S EST COMPORTE EN ENFANT GATE! SA MEGALOMANIE E. FAIT UN ETRE MAUVAIS,HAINEUX. JE ME FOUS COMPLETEMENT DE L ORIGINE DE MEKKI. C EST UN TRAVAILLEUR ACHARNE ET QUI A TRES IEN MENE SA MISSION
L'astronaute
@Welles (Orson? Herbert George?...)
a posté le 22-07-2020 à 18:29
Sans vouloir entrer dans une - forcément vaine - polémique avec vous, je ne partage pas votre avis. Par exemple j'ai été très inquiet au moment de la nomination de Mekki à la Santé, surtout au début de la pandémie et, de plus, avec son passif de ministre pas forcément recommandable. Mais force est de constater que, malgré les clivages politiques, il a géré au mieux, certes pas seul (et merci à Mme Ben Alaya, entre autres).
Zitoun, de son côté n'a pas fait beaucoup parler de lui à son ministère, mais il me semble faire partie des nadhaouis "ouverts d'esprit". Peut-être suis-je naïf ou berné, c'est possible. Mais j'ose encore croire que même parmi Ennahdha il y a des éléments de valeur, des compétences prêtes à se mettre au service de leur pays et pas à s'aligner sur les délires d'Erdogan et consorts.
En revanche l'attitude de Fakhfakh, évoquée dans l'article de M. Achouri, accumule les bourdes aux fautes, aux mensonges, voire à la forfaiture (la justice devra se prononcer à ce sujet). La situation est tellement catastrophique que j'en viens à me demander si la solution ne résiderait pas, enfin, en une union des bonnes volontés et des courages, y compris avec des personnalités d'Ennahdha. On peut être islamiste et de valeur, et laïque et abruti, les exemples ne manquent pas... Evidemment Ghannouchi est le problème central, même pour Ennahdha apparemment et il devrait tirer sa révérence, car il a suffisamment démontré qu'il n'est pas homme d'honneur. Je ne parle pas de consensus, mais de faire le bilan, clair et net, imparable, chiffré, d'en tirer les conclusions et de mettre en place un dispositif socioéconomique et juridique approprié. Je ne suis pas un fan des Abbou, loin s'en faut, mais là aussi la politique de lutte contre la corruption entamée a commencé à porter ses, maigres, fruits, avec des condamnations à Tunisair, la RNTA, Tunisie Autoroutes, etc.
Tout incite à baisser les bras et au fatalisme. Mais j'espère encore. C'est tout ce qui reste à ce pays.
Welles
Chronique à charge
a posté le 22-07-2020 à 17:19
Article tendancieux comme d'habitude avec monsieur Achouri qui prend toujours un malin plaisir à défendre les islamistes ici leurs ministres populistes
Impossible de continuer le journal on a un problème avec Internet. '?a n'arrête pas de sauter
kol
Foutage de gueule indeed
a posté le 22-07-2020 à 17:17
S'il faisait du super bon boulot, on n'en serait pas la auj.... avec nahdha qui continue de diriger le pays et de faire ce qu'elle veut...
amateur et arrogant en plus
degageage immediat pls
MH
L'echec de KS
a posté le 22-07-2020 à 16:51
KS s'est trompé lourdement dans le choix de FF. S'il s'est une fois, il peut se tromper une deuxième fois. KS n'est pas l'homme de la situation. Un président de la république se doit être visionnaire avec des idées claires et limpides.