« Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi », disait Charles Aznavour. Si l’on devait adapter cette célèbre phrase à la situation en Tunisie, on dirait qu’Elyes Fakhfakh doit quitter la table, puisque la rectitude est desservie.
Le chef du gouvernement de « la clarté et de la confiance » ne diffère pas tellement des autres politiciens de Tunisie, malgré ses tentatives pour nous faire croire l’inverse. Il est amusant de voir de quoi sont capables les chefs de gouvernement qui nous rabâchent les oreilles avec la nécessaire moralisation de la vie politique. Le chantre du « changement de logiciel », slogan phare de sa campagne présidentielle, démontre qu’il fonctionne exactement de la même manière que les autres.
Aujourd’hui, de très lourds soupçons –respectons la présomption d’innocence- pèsent sur Elyes Fakhfakh. Les rapports de l’Inlucc et des instances de contrôle de l’Etat sont édifiants, tant la loi a été allégrement enfreinte. Cela est-il arrivé par négligence ? Par sentiment d’impunité ? Par réelle intention de s’enrichir ? Nul ne le sait et en vérité, cela importe peu. Le problème qui se pose à l’heure actuelle concerne le fait que M. Fakhfakh continue à être chef du gouvernement, malgré cette affaire de conflit d’intérêts et malgré sa démission. Cela n’aurait pas du tout posé de problème si l’on pouvait supposer en lui un certain respect de la bienséance politique. Mais il est difficile d’y croire quand on voit les « gesticulations » politiques du chef du gouvernement, quand il a, par exemple, décidé de faire virer les ministres du parti Ennahdha. Des personnes comme Lotfi Zitoun ou Abdellatif Mekki ne méritent pas d’être limogés et encore moins humiliés parce qu’Elyes Fakhfakh a des comptes à régler. Au final, ce sont des personnes qui ont eu confiance en lui et qui ont travaillé sous ses ordres. Sans aucune vergogne, il leur a tourné le dos et les a utilisés dans une bataille déjà perdue avec Ennahdha. Ce sont des choses qui ne se font pas et qui jurent avec la haute valeur morale que l’on suppose dans la gestion de la chose publique. Mais il est bien clair que nous en sommes très loin.
Décidément, le président de la République, Kaïs Saïed a fait un bien mauvais choix en optant pour Elyes Fakhfakh. C’est l’histoire d’un énorme gâchis en réalité. Toutefois, le propre d’être un décideur et de devoir gérer les situations telles qu’elles se présentent. Au vu de la nature de l’affaire dans laquelle est impliqué Elyes Fakhfakh, au vu du fait qu’il utilise encore son poste pour régler ses comptes et pour noyauter l’Etat, il devient nécessaire de le mettre sur la touche. Le président a été poussé à intervenir dans cette affaire de conflit d’intérêts en demandant à Elyes Fakhfkah de démissionner. On peut supposer que ce n’est pas avec plaisir qu’il l’a fait puisque le chef du gouvernement aurait dû avoir la « décence » politique de présenter sa démission de son propre chef. Il faudrait maintenant une deuxième intervention de sa part pour pousser Elyes Fakhfkah à déléguer ses pouvoirs de gestion des affaires courantes à un autre ministre. Le respect de l’Etat et des institutions impose de procéder à cette douloureuse décision. Il n’y a pas de raison de pouvoir continuer à profiter d’un Etat que l’on ne respecte pas à la base.
Les défenseurs les plus acharnés d’Elyes Fakhfakh ont été incapables de le suivre sur le terrain miné dans lequel il s’est engagé. Ceux qui avaient le pouvoir de le défendre l’ont fait, même au prix de leur propre crédibilité, comme les Abbou par exemple. Mais au bout d’un moment, il est impossible de défendre l’indéfendable et il faut bien se rendre à l’évidence. La situation d’Elyes Fakhfakh ne lui permet plus d’être chef du gouvernement, même pour la gestion des affaires courantes. Certains voient en cela un acharnement et le mettent sur le compte des manipulations politico-judiciaires. L’objectif est de se débarrasser d’Elyes Fakhfakh parce que son travail gène, qu’il traite des dossiers sensibles et que certaines sensibilités politiques ne souhaitent pas qu’il y arrive. Donc ces « parties » ont tiré ce dossier des archives pour l’obliger à démissionner. Une belle histoire comme certains aiment en entendre, pourvu que leur héros reste sur le piédestal qu’ils lui ont dressé. Toutefois, cette légende du chef du gouvernement qui fait tellement bien son travail qu’on veut le virer a déjà été utilisée par Youssef Chahed lors de sa guéguerre avec Nidaa Tounes et Hafedh Caïd Essebsi, et avant lui par Habib Essid. Donc la fable du preux chef du gouvernement sur son cheval blanc qui est mis à terre par les méchants partis politiques ne prendra plus. Quand on est attrapé les mains dans le pot de confiture, la moindre des décences est de confier le pot à quelqu’un d’autre.
Que l'INLUCC réagisse aussi rapidement, que la commission d'enquête parlementaire à travers son président se discrédite, les méthodes connues d'Ennahdha de monter des "kompromat", tout ceci à être prudent.
Oui Fakhfakh a été maladroit dans sa communication de crise. Oui, il a été imprudent... Mais, encore une fois, le montage en lui-même me laisse sceptique. Pur ceux qui ont suivi, ce serait un groupement de sociétés qui a gagne une partie de l'appel d'offres.
Bref, tout ceci pour dire qu'on ne peut pas faire confiance à Ennahdha. Que Fakhfakh tombe aujourd'hui voudrait dire que la Tunisie va perdre un temps précieux. Et qu'Ennahdha est ce pire ennemi d'intérieur qui n'a d'autre objectif que de détruire le pays sans faire gaffe au peuple ni à ses souffrances.
Quand on soutient une action juste, cela n'implique pas son adhésion à tout un projet.
Les islamistes semblent moins déranger, parce qu'ils tiennent les profiteurs, et se servent au vu et au de tous. Nonobstant la pagaille qu'ils ont organisée et le démantèlement des institutions rendues inopérante et serviles, plus que jamais.
On peut ajouter à la liste...
Et monsieur Abbou n'est-il pas rien d'autre que le sous marin des islamistes . Vous n'avez pas eu assez avec la Troïka mais quelle misère de lire ce genre d'article biaisé dès le départ
Zitoun, de son côté n'a pas fait beaucoup parler de lui à son ministère, mais il me semble faire partie des nadhaouis "ouverts d'esprit". Peut-être suis-je naïf ou berné, c'est possible. Mais j'ose encore croire que même parmi Ennahdha il y a des éléments de valeur, des compétences prêtes à se mettre au service de leur pays et pas à s'aligner sur les délires d'Erdogan et consorts.
En revanche l'attitude de Fakhfakh, évoquée dans l'article de M. Achouri, accumule les bourdes aux fautes, aux mensonges, voire à la forfaiture (la justice devra se prononcer à ce sujet). La situation est tellement catastrophique que j'en viens à me demander si la solution ne résiderait pas, enfin, en une union des bonnes volontés et des courages, y compris avec des personnalités d'Ennahdha. On peut être islamiste et de valeur, et laïque et abruti, les exemples ne manquent pas... Evidemment Ghannouchi est le problème central, même pour Ennahdha apparemment et il devrait tirer sa révérence, car il a suffisamment démontré qu'il n'est pas homme d'honneur. Je ne parle pas de consensus, mais de faire le bilan, clair et net, imparable, chiffré, d'en tirer les conclusions et de mettre en place un dispositif socioéconomique et juridique approprié. Je ne suis pas un fan des Abbou, loin s'en faut, mais là aussi la politique de lutte contre la corruption entamée a commencé à porter ses, maigres, fruits, avec des condamnations à Tunisair, la RNTA, Tunisie Autoroutes, etc.
Tout incite à baisser les bras et au fatalisme. Mais j'espère encore. C'est tout ce qui reste à ce pays.
Impossible de continuer le journal on a un problème avec Internet. '?a n'arrête pas de sauter
amateur et arrogant en plus
degageage immediat pls