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Sociétés communautaires, la grande vadrouille
13/02/2024 | 10:52
5 min
Sociétés communautaires, la grande vadrouille

 

Malek Ezzahi semble bien content avec son chiffre de création de sociétés communautaires au nombre de cent. Jouant la propagande à outrance, il présente cela comme un franc succès, alors que c’est un cinglant échec.

 

Le 21 mars 2022 est pondu le décret n°15-2022 relatif aux sociétés communautaires. Un projet très cher au président de la République qui en parle depuis des mois déjà et dont il ne cesse encore de parler à ce jour.

Près de deux ans après la publication de ce décret, on dénombre cent entreprises créées sous ce régime. Le chiffre a été présenté par Malek Ezzahi, ministre des Affaires sociales, dans une interview accordée au journal "Al Maghreb" dans son numéro paru lundi 12 février 2024. « Ces sociétés ont reçu les financements et commencé leurs activités », a-t-il précisé.

Le ministre présente la chose comme étant un succès et en semble fier. Il caresse, ainsi, dans le sens du poil son président de la République qui croit dur comme fer que ce type de sociétés est celui qui va sauver l’économie tunisienne. Il a même nommé un secrétaire d’État ad-hoc, le 24 janvier dernier.

Lundi 12 février, le président recevait justement ce nouveau secrétaire d’État. Lors de l’entrevue, Kaïs Saïed a appelé à soutenir les personnes ayant lancé des sociétés communautaires, en les accompagnant dans leurs projets ou dans les projets qu’ils envisagent de lancer. La chose lui tient à cœur et il compte bien mettre tous les moyens en œuvre pour que ça puisse décoller. Le président de la République a ainsi insisté sur la nécessité de lever tous les obstacles devant ceux qui ont lancé ces sociétés. Il a dénoncé de nombreuses procédures qui « sont devenues un prétexte pour décourager ces projets ». Ensuite, il a proposé de permettre à certains d’exploiter les biens publics de l’État à des prix symboliques.

Au cours de la même journée, Kaïs Saïed avait reçu le président du Conseil bancaire et financier, Néji Ghandri. Avec lui aussi, il a évoqué les entreprises communautaires, lui suggérant que les banques octroient des prêts à des conditions favorables, en particuliers aux citoyens ayant pris l’initiative d’en créer.

Cependant, en dépit de l’enthousiasme de M. Ezzahi et des profondes croyances du président Saïed, force est de constater l’échec cuisant de ce type de sociétés.

 

La preuve par les chiffres. En près de deux ans, il y a eu création de cent entreprises communautaires qui ont bénéficié d’un appui direct ou indirect de l’État, via des financements ou des aides. Un chiffre à comparer avec les sociétés ordinaires (SA, Sarl, Suarl) dont le nombre avoisine les 800.000. D’après les dernières données de l’Institut national de la Statistique (INS), le nombre de sociétés a évolué de quelque 47.072 entreprises, cela sans compter celles qui ont fait faillite et qui ont été soustraites du décompte. En d’autres termes, le nombre de sociétés créées en une année dépasse les cinquante mille unités. Et c’est ce chiffre de cinquante mille par an qui est à comparer avec celui des cent en près de deux ans fièrement présenté par le ministre des Affaires sociales.

C’est évident, en mettant les deux chiffres face à face, il n’y a pas lieu de comparer. Le monde de l’entreprise garde les pieds sur terre et évolue naturellement, loin des discours propagandistes du monde politique.

Kaïs Saïed a beau présenter ses idées comme novatrices et salvatrices, il est démenti sur le terrain par les acteurs politiques, ceux-là même qu’il prétend sauver.

 

S’il y a un tel écart entre les discours fantasmagoriques de Kaïs Saïed et celui de la réalité du terrain, c’est parce que le régime a du mal à convaincre de la faisabilité et la pérennité de ses projets. Absence totale de communication, absence totale d’explication sur le fondement de ce type de sociétés, non-implication sérieuse des secteurs bancaire et boursier et des structures d’appui ordinaires de l’État (API, capitaux risqueurs, banques publiques).

Kaïs Saïed propose des idées disparates et espère, par son seul verbe, convaincre les masses. Pour appuyer ses dires, il a parlé d’expériences similaires dans d’autres pays, mais son régime n’a présenté aucune expérience dans ces pays. Il fait l’impasse totale sur le fait que ce type d’entreprises reste marginal, très marginal, et n’intéresse aucunement le vrai monde de l’entreprise.

Plus que tout, et c’est là le fond du problème, Kaïs Saïed zappe une composante essentielle d’une entreprise (et de l’État), celle du bénéfice. Quiconque va créer une entreprise va chercher, d’abord et avant tout, le gain. Qu’il soit rapide ou au bout d’un certain nombre d’années (en fonction de la nature de l’entreprise) le promoteur du projet a un seul objectif, faire un retour sur investissement.

Or dans les sociétés communautaires, cet aspect du gain est supprimé. On demande aux promoteurs du projet d’être égaux en termes de contribution au projet et on interdit aux actionnaires de posséder plus d’une action dans le capital ! En ce qui concerne le management de la société, le décret de Kaïs Saïed exige que chaque actionnaire ait une seule voix au conseil d’administration lors des prises de décision, quelle que soit la valeur de son apport au capital. Tout le contraire d’une entreprise ordinaire où la majorité des voix revient, généralement, à celui qui a le plus d’apport dans le capital.

 

Avec autant d’absence de communication pédagogique, autant de restrictions dans la gestion et en l’absence totale de toute perspective de gain potentiel, le projet de sociétés communautaires ne peut, en aucun cas, répondre aux rêves et aux aspirations des jeunes promoteurs. 

Une entreprise, quelle qu’elle soit, est un rêve porté par un ou un groupe de promoteurs. Ils lui cherchent un financement sur la base d’un business plan et ils prévoient à l’avance le retour sur investissement. On ne peut pas demander à ce promoteur de mettre sur la table son propre rêve pour qu’il le partage avec d’autres avec qui il a une égalité de voix dans la prise de décision et, pour boucler le tour, lui retirer tout espoir de s’enrichir grâce à son projet et son idée.

Du coup, le fait qu’il y ait eu cent entreprises créées en près de deux ans semble être un exploit. Pas dans le sens présenté par Malek Zahi, mais parce qu’un tel concept ne peut logiquement pas trouver une seule adhésion d’un vrai entrepreneur digne de ce nom.

 

Raouf Ben Hédi

13/02/2024 | 10:52
5 min
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Commentaires
Destouri
Winhom Erjel?
a posté le 13-02-2024 à 19:06
@Carthage libre: actuellement il n'ya qu'un seul et c'est une femme : Abir Moussi, et on sait où elle se trouve. Cqfd
Carthage Libre
Elle, au moins, elle a des couilles...La SEULE qui peut sauver notre Nation. La SEULE.
a posté le à 23:03
Merci Destouri : Prenez acte, à tout le monde, et je vous le dis, moi l'anti-Ben Ali, anti-RCD et anti-Ennahdha et islamiste :

Abir Moussi sauvera la Tunisie ; c'est le "black horse", notre espoire, celle qui va ndonner à ce pays ses lettres de noblesses, même si certains mysogines n'aiment pas qu'elle gueule.

Si Abir Moussi (si en français et si en tunisien) prend le pouvoir, elle fera décoller l'économie nationale, assainira nos finances, rétablira la CONFIANCE chose primordiale pour les investisseurs, sera PRAGMATIQUE, LOGIQUE et effectuera les rectifications nécessaires et je suis certain qu'elle rétabliera la démocratie et se fera un malin plaisir de débattre en direct devant TOUs ses opposants, argument contre argument.

OUI Abir Moussi était secrétaire générale adjointe chargée de...la femme au RCD. Mais elle était honnête, n'était pas d'accord avec la ligne du partie et voulait autre chose, comme un vrai dialogue national ; je le sais, parceque j'étais dans l'opposition à cette époque. Elle a essayé de faire de son mieux, étant très très jeune, sortie première de sa promotion d'avocate et avait une vision pour la femme en Tunisie.

Mais...dites moi...à tous ceux qui "défendent" Kaies saied ; combien d'entre vous avaient la carte du RCD MENTEURS. Elle aussi n'avait pas le choix.

Abir Moussi est le côté rassembleur et surtout elle veut une chose : réparer les erreurs du passé, du destour et rcd, et faire de la Tunisie un phare international.

Je vous le garantie. J'en suis profondément convaincu, moi l'anti RCD.

Ce qui nous interesse c'est l'intérêt suprême du pays, n'est ce pas...

C'est la seule alternative crédible pour nos enfants.
Abou Qalypse
Soyez moins familier dans le langage !
a posté le 13-02-2024 à 16:18
Je lis BN tous les jours et suis admiratif de votre liberté de ton mais par pitié arrêtez le langage familier:

" le texte est pondu"
idem pour les tribunes de NB, sur le fond nous sommes d'accord, mais votre forme est parfois contre-productive, vous écrivez comme vous parlez.
Il est possible d'être très méprisant envers KS tout en gardant une forme impeccable, ce à quoi je vous encourage.

Merci !
Hassine
El kafefas
a posté le 13-02-2024 à 13:08
Trouverons toujours un acquéreur
Se sont les seules créatures qui perdure à jamais ils résistent même aux bombes atomique et autres.
Que peut on faire c'est dans nos gènes
Carthage Libre
Ce genre "d'idées" ne peut venir que d'un esprit dérangé, malmené, souffranthors du monde réel...HONTE à vous ses "défenseurs". HONTE à vous.
a posté le 13-02-2024 à 11:56
Le pays coule...Et les imbéciles lui trouveront TOUJOURS une bonne fausse raison...Jusqu'au dernier quart d'heure.

Mais bien sur qu'on savait qu'il allait faire ça, même avant 2019 : le personnage dégageait quelque chose de dangereux, très dangereux, et on priait tous les dieux pour qu'il reste tranquille, dans son café, comme un animal de foire qui ira de temps en temps à la télé, genre programme caméra cachée "zelzel"...

Mais non!! Des FOUS l'ont mis au pouvoir!!

La trab7ek ya Nahdha.

La trab7ek ya Ghannouchi : c'est TOI qui nous a mis ce type avec 80% des nahdhaouis très mobilisés qui ont voté pour lui, après le "mot d'ordre" de Ghannouchi express et ferme ; vous avez oublié? Vous avez OUBLIE !!!

Que de temps perdu...

Ce type vous fait, nous fait perdre un temps précieux avec ses "idées" et ses "expériences" ; le pays ne peut plus souffrir de ce genre de personnage.

y'en a marre. Le pays est en très grave danger ; QUI va l'arrêter, faire revenir la démocratie et la liberté d'entreprise et d'action?

QUI va mettre un terme à cette FOLIE du 25 juillet

Le pays est officiellement en pré-faillite...et ce type rassou s7i7 en "expérimentant" des choses qui n'ont jamais marché dans l'histoire de l'humanité!!

WINHOM ERJEL!!!