Le temps d'Uber est venu !
Ils ne sont pas très aimés des automobilistes en raison de leur manières, ils ne sont pourtant que le reflet de la société. Les chauffeurs de taxis individuels sont entrés, ce 11 octobre, dans leur troisième jour de grève. Leurs principales revendications : l’augmentation des tarifs, bien sûr, l’obtention d’une amnistie fiscale et l’amélioration de leurs conditions de sécurité, surtout durant le service de nuit.
En prenant en otage les principales artères de la capitale, les chauffeurs de voitures « jaunes »,pensent faire plier les autorités quant à leurs revendications. Diviséset de moins en moins populaires, ils poussent les citoyens à envisager les moyens de transports alternatifs…et sans doute plus fiables. Et si Uber en faisait bientôt partie ?
Depuis qu’elle a débuté le 9 octobre, la grève des chauffeurs de taxis individuels n’a pas su gagner les cœurs. Son apogée a été atteinte mardi 10 octobre où les grévistes ont procédé au blocage sauvage de plusieurs artères de la capitale, comme la route de Bizerte ou encore Bab Saâdoun, porte d’entrée des hôpitaux et du quartier administratif de la capitale. Une entreprise qui leur a valu les insultes des usagers de la route et des fonctionnaires qui se sont retrouvés pris en otage puis déviés de leur chemin. « Ils bloquent les routes comme en France mais ne travaillent pas comme les Français » fait noter un citoyen en colère bloqué dans le bouchon du côté de Bab Saâdoun. La colère citoyenne contre les taxis a été amplifiée après qu’un chauffeur ait refusé de transporter à l’hôpital une femme sur le point d’accoucher, à cause de la grève.
En ce troisième jour de grève, un sit-in de contestation a lieu au niveau de la station Bab Alioua, mais il semble ne pas être suivi, car plusieurs taxis ont choisi de reprendre une activité normale. D’autres, ont, ces jours-ci, largement profité de la grève, en circulant sans lanternon et en faisant payer les usagers désespérés, des courses à des prix exorbitants.
Dans la matinée du 27 septembre 2017, avenue Jean-Jaurès, lors d’une tentative de braquage,Kamel Boughanmi, chauffeur de taxi individuel, fait un arrêt cardiaque et meurt. Un fait divers tout de suite récupéré par les membres du bureau exécutif de l’Union tunisienne des taxis individuels, qui 2 jours plus tard, le 29 septembre, ont annoncé une grève ouverte à partir du 9 octobre, pour « dénoncer la mort de leur collègue ».
Cette grève soutenue par de nombreux professionnels n’a pourtant pas eu l’aval de la Chambre Nationale des chauffeurs de Taxis, relevant de l’UTICA. Son trésorier,AdelArfa, a lors d’une interview donnée à nos confrères de Réalités, a déclaré : « L’UTICA n’est pas d’accord avec la grève. C’est l’Union tunisienne des taxis individuels qui a pris la décision, conformément au principe du pluralisme syndical. Que chacun fasse grève comme bon lui semble ». Il a également déploré l’agression et a dit : « Ce n’est ni la première ni la dernière agression d’un chauffeur de taxi. Il ne faut pas faire du commerce avec la mort d’un chauffeur ! ».
L’homme vraisemblablement en colère pour ce qui se passe, surenchéri disant : « L’Union Tunisienne des taxis a été créée sur la base de la loi régissant les associations. Elle ne relève d’aucune structure syndicale. De plus, le président de cette Union était un ancien membre de l’UTICA, qui a vu ses activités gelées en raison de ses dépassements. Il a alors décidé de créer sa propre union avec quelques bandits ».
Le transport public en Tunisie étant inefficace, les Tunisiens ont très souvent recours aux taxis. C’est précisément pour cette raison que cette grève des chauffeurs a eu autant d’impact sur le quotidien des travailleurs, ces derniers jours. Un presque-monopole qui ne saurait durer dans le temps si l’on pense à l’expansion vertigineuse qu’est en train d’acter la plateforme de transport étasunienne UBER, dans le monde.
Depuis quelques mois maintenant, le leader mondial des voitures de transports a démarré une page sur le réseau social Facebook pour sonder le marché tunisien. Uber est là ! A l’heure actuelle, on n’en sait pas plus sur les intentions de la firme quant à une éventuelle implantation en Tunisie. Contactés par Business News, les gestionnaires de la page ont préféré rester évasifs.
Il en faudra du temps pour comprendre les spécificités du marché tunisien et les habitudes des consommateurs locaux, habitués des taxis jaunes mais aussi des taxis collectifs, bus et autres transports publics. Une chose est sure, le marché tunisien est un marché particulier et il faudra sans doute opérer des ajustements à l’application d’origine pour coller à ses spécificités.
Lancée en 2010 à San Francisco, l’entreprise est aujourd’hui valorisée à plus de 50 milliards de dollars et est présente dans 310 villes de par le monde. Elle se base sur l’idée simple de connecter, via à une application mobile, le client au chauffeur. Avec Uber il est possible de voir à partir d’un smartphone quelles sont les voitures, reliées au service, disponibles et les plus proches géographiquement. Ceci permet ainsi d’économiser : temps, argent et énergie. Un service efficace donc, qui a séduit tout le monde et a touché des villes proches comme Casablanca et en un laps de temps très court. Cette expansiongéographique vertigineuse, Uber la doit aussi à un service de notation des chauffeurs et à une tarification claire et précise basée sur un algorithme mathématique.
Devant le raz-de-maréeUber, aucun chauffeur de taxi des villes où le service a été implanté n’a été épargné. Par dizaines de milliers, les conducteurs sont sortis manifester dans plusieurs villes du monde. Des opérations escargots organisées à Paris aux manifestations monstres de Barcelone, rien n’y fait, Uber est là et il compte bien prendre la grosse part du gâteau.
Une fois installé en Tunisie, les voitures « jaunes » devront « céder le passage » car il s’agit d’un concept contagieux et très virulent. Aussi, les chauffeurs qui y adhéreront vont devoir sourire et bien traiter leurs clients car ils seront surveillés et notés. Quant aux autres, ils n’auront qu’à bien se tenir !
Sofiene Ahres