alexametrics
vendredi 03 mai 2024
Heure de Tunis : 16:01
A la Une
Ce qu'il faut savoir sur l'affaire Wadie Jary
05/01/2024 | 11:49
4 min
Ce qu'il faut savoir sur l'affaire Wadie Jary

Cela fait plus de deux mois que Wadie Jary, président de la Fédération tunisienne de football (FTF) a été arrêté et pourtant son affaire continue, aujourd’hui encore, de susciter de nombreuses interrogations. Que contient réellement son dossier et qu'adviendra-t-il de la FTF en son absence ?

 

Depuis son arrestation, les rumeurs ont pullulé sur les réseaux concernant le président de la FTF. La dernière en date concerne sa supposée destitution de la Fédération « compte tenu des accusations portées à son encontre ». Cette rumeur a été démentie hier par BN Check en l’absence d’une décision officielle de limogeage du président de la Fédération. Pour l’heure, malgré son arrestation, Wadie Jary demeure à la tête de la FTF, même si les commentateurs de la scène sportive rivalisent en spéculations pour connaitre le nom de celui qui devra lui succéder. En attendant, les membres du bureau exécutif de la FTF devront élire l’un d’entre eux afin d’occuper la fonction de président provisoire ou permanent de la fédération.

 

Depuis son arrestation, le flou entoure le dossier Wadie Jary. Selon l’une de ses avocats, Leila Haddad, qui s’est exprimée sur Radio IFM, cette affaire serait purement politique et aurait pour motivation « des règlements de comptes non seulement politiques mais aussi personnels ».

C’est ce que soutient également l'avocat et membre de son comité de défense, Ahmed Ben Hassana, qui avait affirmé, sur la chaîne Attessia, que les accusations étaient « fabriquées ». L’avocat a exprimé sa «  totale confiance en l'innocence de Wadie Jary par rapport à toutes les accusations portées contre lui », et souligne qu’il est convaincu de sa libération de prison tôt ou tard.

 

Wadie Jary est accusé dans deux affaires. Il a été arrêté le 25 octobre 2023 et placé en détention provisoire dans le cadre d’une procédure engagée à son encontre par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est visé par un deuxième mandat de dépôt le 28 novembre pour « mauvaise gestion des deniers publics ». Le 26 décembre, la chambre des mises en accusation refuse sa libération et renvoie le dossier au juge d'instruction pour compléter certaines procédures.

La première affaire du président de la FTF concerne le contrat de l'ancien directeur technique de la Fédération Essghaier Zouita, que le ministère de la Jeunesse et des Sports avait considéré comme étant contraire à la loi, décidant ainsi de déposer une plainte pénale à cet égard en vertu de l‘article 96 du code pénal.

Dans le deuxième dossier, celui de l’affaire du don de la Confédération africaine de football (CAF), Wadie Jary fait l’objet de trois accusations, en l’occurrence : la spoliation de 175 mille dollars donnés par la CAF, la falsification de documents et la mauvaise gestion et le vol d’un millier de ballons d’une valeur unitaire d’environ 300 dinars, ainsi que de 300 dossards. 

Si ces affaires datent de quelques années, ce n’est pourtant que fin 2023, que les plaintes sont déposées. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour engager des poursuites ?

 

Wadie Jary ne s’est jamais vraiment caché de ses accointances politiques avec la sphère dirigeante de ce que le pouvoir actuel qualifie de « décennie noire ». Il était notamment proche de l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed et de l’ancien président de la République feu Béji Caïd Essebsi. Il avait même été proposé au poste de chef du gouvernement par le parti Tahya Tounes, présidé par Youssef Chahed. Il s’était, depuis un moment déjà, attiré les foudres du ministre des Sports Kamel Deguiche et les épisodes de tension entre les deux hommes s’étaient multipliés ces dernières années. Le ministre l'avait même accusé « d'œuvrer contre l’intérêt du pays ».

 

Pour l’instant, Wadie Jary fait partie de la liste des personnalités arrêtées par le pouvoir en place ces derniers mois dans le cadre de sa grande croisade contre la corruption. Plusieurs de ces dossiers sont « vides », « fabriqués » ou « ayant des dessous politiques ou même personnels » selon les avocats de la défense. Il est donc probable que Wadie Jary subisse le même sort de toutes ces personnes emprisonnées par le pouvoir car représentant une supposée « menace contre la stabilité et la sécurité de l’État »…

 

Synda Tajine

05/01/2024 | 11:49
4 min
Suivez-nous
Commentaires
khaled
.
a posté le 08-01-2024 à 07:17
Si ces affaires datent de quelques années, ce n'est pourtant que fin 2023, que les plaintes sont déposées. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour engager des poursuites ? cette phrase recapitule une mentalite a la tunisienne. la question meme est tellement absurde que je ne puisse meme pas croire qu'elle emane d'un journaliste cultive et sait bien de quoi il parle. des propos qui ne peuvent etre deriver qu'a travers une populace ignorante