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Lettre ouverte d'un jeune médecin à la ministre de la Santé
28/01/2017 | 11:00
3 min
Lettre ouverte d'un jeune médecin à la ministre de la Santé

Jeune médecin résident, Aymen Bettaieb a adressé, dans la soirée du vendredi 27 janvier 2017, via Facebook, une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Samira Merai.

Il y pointe du doigt les défaillances du système actuel et expose la détresse des jeunes médecins qui font face à des difficultés au quotidien.

Nous reproduisons la lettre dans son intégralité.

 

 

« Mme Samira Merai Friaa,


Je vous adresse cette deuxième lettre ouverte sur Facebook, car il me semble que pour que vous vous intéressiez un peu aux jeunes médecins il faut que l'on passe par les réseaux sociaux ou les radios et autres medias.

 

Cela fait 6 ans que j'ai commencé à m'intéresser à la vie politique et syndicale, et que je me suis engagé pour essayer d'apporter "un plus", au moins dans le secteur médical.
Et il me semble que durant ces 6 ans, vous êtes la seule ministre de la Santé qui n'a même pas pris la peine de dialoguer avec les jeunes médecins !
Pire encore, vous et votre cabinet avez pris des décisions de manière unilatérale impliquant ces jeunes médecins, leur avenir, et celui de la santé publique, sans même les consulter (jusqu'à ce qu'il y ait des protestations de leur part).

Vous avez aussi ignoré un principe primordial dans la vie politique, qu'est "la continuité de l'Etat".
Vous avez ignoré les promesses et décisions prises par vos prédécesseurs, tels que le travail de la commission du statut juridique des internes et résidents qui a travaillé avec 3 ministres avant votre arrivée, ou l'arrêté ministériel signé par 3 autres ministres en juin 2016 sur le salaire des spécialistes lors de l'année civile, ou encore les 30% de postes du résidanat, et j'en passe.

Votre administration et cabinet ont aussi organisé l'une des pires sessions de choix de postes d'affectation pour les résidents en décembre dernier, mêlant amateurisme et manque total de transparence.

 

Mme Samira Merai, aussi loin que je me souvienne, je n'ai pas entendu parler de médecins qui réclament, non pas une augmentation de salaire, mais juste que leurs salaires normaux soient versés.
C'est une honte de voir des médecins, internes, résidents, spécialistes et hospitalo-universitaires, Bac+7 pour les plus jeunes d'entre eux, quémander et réclamer que le ministère paie leur salaire durement gagné (aussi dérisoire par rapport au secteur privé ou à l'étranger soit-il).

 

Mme la ministre, actuellement la majorité écrasante des médecins envisage de fuir vers d'autres cieux plus accueillants à cause du cumul de bourdes ministérielles et la politique de santé désastreuse depuis des années.
L'exode des médecins tunisiens est une réalité reconnue par tous.
Mais vous semblez tout faire pour les encourager à partir en les dégoutant de la médecine dans leur pays encore plus.
Cela va des conditions de travail (comme la situation à l'hôpital de Kairouan qui souffre d'un déficit énorme et qui est menacé même de coupure d'électricité à cause de ses dettes à la STEG, et où les outils de travail manquent dangereusement... et je ne vais même pas évoquer ce qui se passe aux CHU de Sfax tellement la situation est hors contrôle), aux possibilités quasi-inexistantes de recherche ou d'épanouissement intellectuel, en passant par des salaires ridicules qui diminuent au lieu d'augmenter ou qui ne sont parfois même pas payés.

 

Je ne sais pas si c'est par inadvertance ou mauvaise foi, mais votre politique favorisant le secteur privé va affecter la santé publique, et si ça continue, dans quelques années le citoyen tunisien qui n'a pas les moyens de se faire soigner au privé devra crever ou peut-être aller se faire soigner en Libye...

J'espère que je me trompe ou que nous allons voir un changement dans votre politique bientôt, mais malheureusement je ne crois plus au père noël depuis longtemps.

 

Sousse le 27/01/17
écrit par un résident sans statut travaillant clandestinement à Kairouan en attendant son affectation par le ministère (comme tous les autres résidents du même hôpital).»

28/01/2017 | 11:00
3 min
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Commentaires (28)

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Docteur Mabuse
| 31-01-2017 17:39
Il fut un temps ou l'on venait de loin pour se faire soigner en Tunisie...
Il fut un temps, ou la propreté, l'ordre et la discipline régnaient dans ce si beau pays! Ce jeune médecin trouve encore le courage et l'envie d'écrire à un gouvernement corrompu, sans envergure et rétrograde...Qu'en ont ils à foutre de cette lettre ouverte, eux qui vont se faire soigner en France???!!! lâcher la proie pour l'ombre et voilà ce qu'est devenu notre si beau pays, la galle, la peste et le choléra sont aux portes de nos villes... pendant que ce gouvernement de gueux malodorants et barbus festoient sur les pauvres restes de Zaba... Elle est belle notre merdolution! Pourvu que cette jeune élite, poursuive son militantisme, pour sauver ce qui est encore "sauvable" RABI MAHK...

Mat,
| 30-01-2017 17:53
Quand la haine ne laisse ni voir, ni écouter, ni lire, ni écrire.....Samira Marai devint cousine de Rafik Bouchleka !!!!

Ali
| 30-01-2017 06:29
Les hôpitaux publics sont en faillite ,les cliniques privées se font
de l'argent sur le dos de la CNAM.
Nous devons essayer l'Hopital Privé A But Non Lucratif .
Tous les hôpitaux des Paus Bas sont de ce type. Et ça marche.
Je reste à la disposition pour donner plus de détails.
Merci

@@ahmed
| 29-01-2017 21:44
Je suis désolé je ne peux que vous inviter à vous informer un peu plus sur les systèmes de santé.
Rien n'est gratuit. Et le système privé se nourrit du système public. Savez vous que la santé est un tout dans un pays.
Mais aussi savez vous que la prévention est assurée presque entièrement par le secteur public. Le secteur privé ne s'intéresse qu'aux activités rémunératrice.
Savez vous que la CNAM donne 80% des remboursements au secteur privé?
Payer ne donne pas plus de droit dans la santé.

Ahmed
| 29-01-2017 15:45
Non c pas clair du tout .
Je persiste, il s'agit de deux mondes differents , celui qui dispose de la gratuité des soins dans le public et celui qui paye en Euro dans le privée.
Il faut encourager l'hôpital et le privée, les deux.

Ahmed
| 29-01-2017 14:19
Je remercie Dieu , pour ce beau métier.

je dis la vérité
| 29-01-2017 12:52
Le débat est ouvert, par cet article.
Ce jeune interne a envoyé un message de détresse. Il ne sera pas écouté.
Ce problème ne date d'aujourd'hui.

L'Etat tunisien, dès l'indépendance du pays, en 1956, avait voulu que ses ressortissants soient bien soignés.Vaccins, campagnes d'hygiène. Il avait même encouragé le contrôle des naissances, en promulguant une loi sus l'AVG.

L'Etat en créant des facultés de médecine, avait voulu que le pays soit doté d'une élite. Une élite médicale. Cela avait bien fonctionné.Des centaines de médecins formés avaient quitté le pays pour aller exercer ailleurs, en Occident surtout. L'Etat, en retour, n'avait pas reçu un sou de ces praticiens.

D'autres se sont installé sur leur propre compte et ont gagné un argent fou, en fraudant avec le fisc. D'ailleurs, tout le monde fraude...

Cela ne peut pas éternellement continuer comme çà. C'est pas possible!

Très peu de médecins rentrent dans le public. Alors, il faut imaginer la qualité de la santé dans les hôpitaux!

C'est un cercle vicieux. Par quoi commencer...?

A mon sens, il nous faut un Etat fort et qui frappe sur la table!

*Il doit réformer la profession médicale. Imposer.... Pour étudier en médecine, il faut signer un engagement de travailler deux ans pour l'Etat et dans tout le territoire, comme à l'armée. Si le futur étudiant refuse. Eh, bien il irait étudier ailleurs, ce serait son problème. Donnant-donnant. Gagnant-Gagnant. Pas Donnant-Perdant.

*L'Etat étant fort, il mettra le Conseil de l'Ordre, au pas.
Bavure médicale? Ce sera dorénavant pénal avec prison, si il y a négligence. On fermera même des cliniques, s'il le faut.

*Fraude fiscale? Eh bien on poursuivra en justice le professionnel fraudeur. Cela est d'ailleurs valable, pour tous les fraudeurs.

Il nous faut un Poutine, pour tout çà...
Avec cet Etat mou....?

je dis la vérité
| 29-01-2017 12:25
Je comprends le jeune interne en désarroi.Je le soutiens, dans la mesure où il vit un calvaire.Mais..

L'Etat tunisien a des responsabilités, donc des devoirs envers ses sujets.L'Etat n'a jamais réussi à trouver une issue pour que nos hôpitaux fonctionnent correctement.
L'Etat forme des centaines d'étudiants en médecine chaque année. Des milliards dépensés et en retour...Rien.

Une fois formés, nos spécialistes fuient leurs responsabilités et tournent le dos à l'Etat.
Le secteur de la santé est un secteur sensible, consommateur d'équipements chers et de médicaments inaccessibles aux petites bourses.Les finances de l'Etat sont dans une situation critique.

L'Etat tunisien a en face de lui un Conseil de l'Ordre puissant et violent.
Pas question pour cette corporation mafieuse d'accepter que de jeunes spécialistes ayant terminé leur cursus d'aller soigner des gueux dans les zones d'ombre.Ce bras de fer perdure...

L'Etat, infiltré par des lobbies, cède. Il fait appel à des médecins chinois.C'est une honte....
Les cliniques poussent comme des champignons, mieux équipés, alors que nos hôpitaux, ces hauts-lieux de la formation, sont délabrés et répugnants.A qui la faute?

Je n'ai rien contre les médecins qui exercent dans le public. Ils vivent le calvaire, eux aussi...
A mon sens, tout est à revoir dans ce pays...
Nous voulons des hôpitaux bien équipés, accueillants et propres.
Nous voulons que les médecins de libre pratique aient le sens du patriotisme, et donnent en retour à la Nation, ce qu'elle lui a donnée. Pas grand'chose au fond...Se comporter en contribuable honnête....

Si nos élites trichent....Alors, j'excuserai les contrebandiers aussi.
Je ne vise pas les médecins. Je n'ai rien contre eux. Je critique le système. Eux, ils en font partie. Ils tombent forcément sous la critique.
L'opinion publique en Tunisie est lucide. Les gens savent qui est intègre et qui ne l'est pas.
Tous les tenants des professions libérales devront améliorer leur image de marque et cesser de s'enrichir sur les dos du monde.

L'Etat tunisien n'a pas aujourd'hui de l'autorité. Le jour, où il l'aura, vous verrez des sanctions, des procès et tant d'autres mesures...

Mounir
| 29-01-2017 12:07
Que de belle parole, sans rire ca aurait été le meilleur des mondes mais malheureusement cher ami, tu mélanges les médecins du publiques et ceux du privés qui oui sont pour la plupart arrogants et cupides, ils ne voient en nous que de l'argent et on les imaginent facilement tous les soirs se torcher le derrière avec le serment d'Hippocrate avec le rire méchant et mesquins de gargamel lorsqu'il attaque le village des schtroumpfs (oui je caricature). Certains ont des cabinets qui ressemblent plus à une exposition d'art à New-York qu'à un lieu respectant les normes d'accueil et de bien être.

Les médecins internes de la santé publique se plaignent et ils ont raisons, les temps sont dures et c'est normal de les voir aujourd'hui petit à petit dévier vers la cupidités en rêvant d'un avenir fait de tromperies, mauvaises intentions, luxure et surtout de plein de magazines de comptabilité.
Personnellement les médecins du publics sont plus humains et l'État devrait les payer mais également élevés leur salaire car:
- L'impôt est au niveau de l'État prélevé à la source
- Le nombre de malade augmente, et plus l'État investis dans la santé et plus elle assure un avenir meilleur à la pays, de nombreux pays l'on compris (je prend l'exemple de l'Allemagne qui envoie à leur frais de simples travailleurs dans des centres de thalasso-thérapie, de détente et d'antistress, car ils savent que ce qu'ils investissent maintenant ils le gagneront plus tard, une population âgées en meilleure santé, plutôt qu'une population âgées en très mauvaises santés et qui ne peut qu'alourdir les caisses de la santé, des assurances et au final de l'État et du contribuable.

Et même si l'État ne le fait pas (ce qui est le plus probable) il vaut mieux plus tard que nous trouvions des hôpitaux fonctionnels que des cliniques qui des l'accueil demandent à voir ton compte bancaire avant ta lettre de liaison. Et ça, ca n'est possible qu'en prenant le partie de nos médecins de la santé publique (ceux du privées je m'en tape comme de l'an 40)

LOGIQUE
| 29-01-2017 11:45
Je pense donc je suis ok mais pensez juste. Cet article parle des déboires d'un jeune qui travaille à l'hôpital public et non d'un praticien du privé. Quand j'ai cité le cuisinier et le menuisier, je n'ai pas cité de sous métier, bien au contraire j'ai dit que leur art pouvait faire venir des touristes, et, ou s'exporter. A votre avis c'est les médecins qui circulent en Porsche? Tous les médecins ont une Mercedes ou une BMW. Donc sicut cogitant.