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Chroniques
Le président provisoire qui dure : Pourquoi ne veut-il pas se taire ?
10/11/2013 | 1
min
Le président provisoire qui dure : Pourquoi ne veut-il pas se taire ?
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Par Sofiene Ben Hamida



Dans une interview accordée à une chaîne satellitaire arabe, le président provisoire Moncef Marzouki a affirmé que son salaire ne dépasse pas celui d’un enseignant universitaire et que de toute façon, il publiera à la fin de son mandat un rapport moral et financier qui prouvera que ni lui, ni les dirigeants de la troïka au pouvoir n’ont dilapidé l’argent public. Une déclaration malheureuse de plus de la part du président provisoire qui frise la provocation et confirme le déni de la réalité dans lequel il s’est muré depuis qu’il s’est cloisonné à Carthage.
Le fait même que des dirigeants tunisiens, ceux de l’opposition compris, s’adressent à leurs concitoyens par le biais des médias étrangers est discutable dans la mesure où tous les sondages prouvent que les médias tunisiens sont mieux suivis par les Tunisiens que les médias étrangers. On pourrait penser alors que nos dirigeants font peu d’égards à l’opinion publique nationale et que leur objectif essentiel est de faire bonne figure auprès de leurs amis étrangers, ceux-là mêmes qui leur ont accordé l’hospitalité au temps de la répression de l’ancien régime.
Ils oublient que par ce comportement, ils réduisent les chances de convaincre les Tunisiens. Mais le veulent-ils vraiment ? Un jour, Moncef Marzouki et les autres devront s’expliquer sur leurs tendances à mépriser les médias et donc les citoyens tunisiens. Ils doivent aussi s’attendre à ce que les médias tunisiens leur rendent leurs amabilités et les snobent à leur tour, à l’occasion de leur prochaine campagne électorale. Auquel cas, ils auront toujours la possibilité de s’adresser à leurs amis des médias étrangers pour diffuser leurs messages de campagne à coups d’insertions publicitaires ou aller larmoyer auprès d’une Haica impotente.
Mais même quand on s’adresse à des médias étrangers, on se doit de dire la vérité et de ne pas travestir la réalité. En affirmant que son salaire ne dépasse pas celui d’un enseignant universitaire, le président provisoire ne semble pas avoir un souci d’exactitude. Comme si nos universitaires avaient un salaire de trente mille dinars. Comme si le salaire présidentiel n’était pas de douze fois supérieur à celui d’un enseignant à l’université. En disant des énormités de la sorte, le président provisoire a-t-il conscience qu’il frise le ridicule ?
On attendra que le président provisoire termine son mandat qui s’éternise pour savoir qu’il n’a pas dilapidé l’argent public. Il aurait dû, dans un souci de transparence, commencer par publier sa déclaration de patrimoine et ses rapports sur sa santé physique et mentale. Ne se targue t-il pas d’être le champion de la bonne gouvernance?
On est aussi impatient de savoir comment le locataire de Carthage va expliquer la nomination d’une armada de conseillers triés parmi les cadres de son parti sans qu’on puisse soupçonner la présidence de clientélisme. Ce rapport moral et financier sera aussi très attendu pour savoir à quel titre les dégâts causés par un parent de l’un des conseillers du président à une voiture de la présidence ont été payés et si le fait même d’utiliser une voiture de la présidence par un parent d’un conseiller du président entrait dans le cadre de la bonne gouvernance.
Quant à l’affirmation concernant la bonne gestion des dirigeants de la Troïka, seul Moncef Marzouki semble en être convaincu. Lui, comme tous les Tunisiens n’ont pas remarqué sûrement le nombre exorbitant de conseillers des ministres qui jouissent d’avantages aussi inutiles qu’inexplicables. Certains d’entre eux continuent même de jouir de ces avantages sans avoir à exercer. Les indemnités des membres de l’ANC, dont ceux de la première vice-présidente qui sont payées en devises, attestent de toute évidence que l’argent public est dépensé à mauvais escient.
10/11/2013 | 1
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