Le ministère de l'Intérieur ne veut plus être le Grand Méchant Loup !
Longtemps placé sous le signe de l’opacité la plus totale, le ministère de l’Intérieur a entamé, depuis la révolution de 2011, une métamorphose remarquable en ce qui concerne sa communication. Ce ministère, dont la structure impénétrable a depuis toujours été associée aux pratiques barbares de la dictature, apparaît aujourd’hui dans un nouvel habit privilégiant la transparence et une proximité inédite avec les citoyens. Pour cela, il a fallu revoir et mettre en place une stratégie de communication efficace et valorisante. Un pas qui semble pour l’instant porter ses fruits…
Le ministère de l’Intérieur n’a pas bonne réputation et pour cause ! Cet édifice aux airs de forteresse hostile a abrité, des années durant, les geôles d’une sombre époque. Dans les cellules au sous-sol atterrissent ceux qui ont fait les frais d’un régime autoritaire et policier afin d’y subir les sévices les plus tordus. A la révolution de 2011 c’est d’ailleurs devant ce bâtiment austère, cristallisant à lui tout seul les craintes d’un peuple opprimé, que se sont rassemblés les Tunisiens pour scander « dégage », slogan d’un ras-le-bol populaire devenu hymne des peuples qui ont décidé de briser les chaînes de la peur. Sept années se sont écoulées depuis et le ministère de l’Intérieur a su venir à bout de sa macabre étiquette et se faire plus proche des Tunisiens. Une proximité qu’il a pu établir grâce notamment à la refonte de sa stratégie de communication qu’il souhaite fonder sur la transparence, rendant ainsi accessible l’information.
La stratégie de communication du ministère consiste à déterminer les objectifs à long terme d’une institution, adopter des moyens d’action et allouer des ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs. « Notre stratégie est articulée autour d’une finalité bien précise qui est l’amélioration de l’image du ministère de l’Intérieur chez les médias et le public » indique un communiqué du MI relatif à la mise en place de sa stratégie de communication de crise.
Les objectifs de cette stratégie consistent à extérioriser et améliorer l’image du ministère de l’Intérieur chez les médias et le public, à installer un rapport de confiance avec les citoyens, à renforcer la sensation de stabilité et de sécurité chez les citoyens et enfin à établir un système fiable et fluide de communication interne pour une communication externe mieux développée.
Ainsi, la stratégie de communication interne devra unifier les messages et le processus de communication du ministère de l’Intérieur, à s’assurer que tous les intervenants soient informés sur la politique et les principales actions du ministère et à travailler en bonne coordination avec les directions générales du MI.
La communication externe revêt, quant à elle, deux aspects. Les relations avec les médias et la gestion de la communication sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est des médias, il s’agit de fournir toujours une information aussi actuelle, précise et vérifiée que possible, de consolider les relations avec les médias de tous genres et leurs représentants (syndicats, associations, etc.), d’améliorer les relations avec la société civile, de communiquer avec les médias à travers différents outils de communication (communiqués, déclarations, vidéos), d’utiliser des techniques de rédaction et de communication journalistiques pour rendre plus accessible le langage, le message pour les journalistes et par la suite pour les citoyens, de diversifier les sources d’information pour les journalistes et de publier des informations et des statistiques. Cette stratégie est également basée sur une coopération soutenue avec les journalistes, faisant ainsi appel à eux pour couvrir des évènements sur le terrain, de communiquer avec les médias lors des évènements sécuritaires, d’organiser des manifestations en commun avec les journalistes pour renforcer les relations avec les médias et pour les sensibiliser, de réaliser fréquemment des interviews avec les journalistes, de faciliter la réalisation de reportages télévisés, radiophoniques ou de presse écrite et d’organiser des conférences de presse mensuelles pour permettre une interaction constante avec le secteur.
En ce qui concerne les réseaux sociaux, soit le portail du ministère, la page FB, la page Twitter et la chaîne Youtube, le MI a amorcé une vraie révolution. Il a articulé sa stratégie autour de la publication quotidienne de communiqués actuels, de la création de hashtags relatifs aux évènements marquants. Le ministère œuvre, en outre, à fournir un discours contre l’extrémisme et la discrimination par le biais de vidéos et d’autres supports et à réaliser des spots de sensibilisation et de promotion du travail effectué par les sécuritaires. La page Facebook du MI est suivie par près d’1 million d’internautes et le ministère possède, au niveau des supports numériques, les interfaces les plus riches et les mieux accessibles.
Le nouveau contexte tunisien est marqué par une menace terroriste omniprésente et réelle, où les évènements les plus tragiques ont ébranlé une institution particulièrement ciblée. Contexte qui a soulevé la nécessité d’élaborer une stratégie de communication de crise adaptée. Lors des moments « sensibles », comme les attentats terroristes par exemple, le ministère de l’Intérieur opte pour une communication où l’erreur et les négligences sont « moins tolérables qu’en temps normal ».
La communication de crise obéit également à un rythme particulier. Elle est avant tout régie par l’urgence. L’idée est de publier le plus tôt possible, soit en maximum une heure de temps, les premières informations sur les réseaux sociaux. Il faut, ensuite, les faire suivre par un communiqué publié sur le site du ministère avant de rendre public un suivi régulier de la situation et d’interagir enfin avec les réactions des internautes. Tout un programme !
Le ministère de l’Intérieur cherche, à travers la nette amélioration de sa stratégie de communication, à redorer son image. Les efforts entrepris dans ce sens sont notables et il n’y a qu’à visiter les différents supports de l’institution gouvernementale pour le constater. A travers cette nouvelle dynamique, le MI instaure une proximité nouvelle avec les médias et les citoyens et fait preuve d’une volonté concrète de transparence et de plus de coopération. Il contrôle ainsi le meilleur outil anti-intox, et à travers une communication claire et régulière devient également maître de l’information qu’il souhaite véhiculer. Une approche tout bénef en somme…