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Le délitement de l'Etat n'épargne pas le football
30/03/2017 | 19:59
5 min
Le délitement de l'Etat n'épargne pas le football

Violence, régionalisme, anarchie, tels sont devenus les maîtres mots qui qualifient la réalité du football en Tunisie. Le sport le plus populaire au monde, s’est transformé en un véritable cauchemar qui menace même la stabilité et la sécurité de nos villes. Face à cela, le gouvernement ne pipe mot à propos de cette situation devenue plus qu’alarmante.

 

Le match de football qui a eu lieu hier entre l’Union sportive de Tataouine et le Club athlétique bizertin a accaparé, tristement, toutes les lumières et suscité une énorme vague de critiques sur la situation du football et du sport de manière générale en Tunisie.


Ce qui s’est passé à Tataouine était une véritable première dans l’histoire du football. L’arbitre reprend le match 25 minutes après avoir sifflé la fin. Il  permet, ainsi, à l’équipe locale de marquer un but d’égalisation fort litigieux après lui avoir accordé un coup-franc imaginaire. Cette mascarade avait pour prétexte de préserver la situation sécuritaire dans la ville après que les supporters aient menacé de tout brûler.
Autre fait, et non des moindres, des actes de violence ont eu lieu au cours de la partie. Les supporters n’ont pas manqué de jeter des pierres et autres projectiles sur les joueurs de l’équipe adverse, causant, ainsi de graves blessures, notamment de l’entraîneur du CAB.


La ville de Bizerte a été le théâtre de toute cette débandade et la réaction des supporters du CAB ne s’est pas fait attendre. Blocage de la circulation notamment au niveau du pont, protestations et pneus incendiés. La réponse était conséquente avec les faits enregistrés lors du match. Une situation qui a nécessité l’intervention des forces de l’ordre pour rétablir le calme dans la ville. Les dirigeants du CAB sont, également, intervenus pour calmer les esprits, en lançant des appels à la retenue et à la sagesse.

 

 
Le pire dans tout cela, c’est qu’il ne s’agit pas d’une première ou encore moins d’un cas isolé. La violence et ses tendances régionalistes se sont tellement répandues qu’elles font aujourd'hui partie intégrante du football tunisien. L’état des stades tunisien est plus que déplorable et le maintien de la sécurité est une tâche encore plus pénible. Il y a lieu de se poser la question sur le rôle de l'Etat  et de son éventuelle action pour gérer la situation. Or, l’Etat, plus précisément le ministère de la Jeunesse et du Sport, censé représenter l’autorité de tutelle, ne peut plus s’immiscer dans la gestion de la discipline vu la stricte interdiction imposée par la Fédération internationale de football (FIFA). Une situation exploitée à l’extrême par le Bureau fédéral actuel présdé par le tout puissant Wadiî El Jeri.


D’ailleurs, le statut disciplinaire stipule qu’en la matière, "la Fédération a l’autorité la plus étendue pour se prononcer sur toutes les infractions aux règlements généraux et pour décider de toutes sanctions [...] La compétence de la Fédération s’étend notamment aux matières de la discipline des joueurs, entraîneurs, dirigeants ou public, ainsi qu’à l’atteinte à la morale sportive, manquement grave portant atteinte à l’honneur, à l’image, à la réputation ou à la considération du football ou des affiliés de la Fédération".


C’est le président de la FTF, Wadi El Jeri, originaire de Ben Guerdène, qui se retrouve dans le collimateur des critiques, d’autant plus qu’il puise sa légitimité du fait qu’il a été réélu à la tête de fédération, malgré tous ceux qui s’y sont opposés. L’homme aux super pouvoirs multiplie les affrontements avec les présidents des clubs sportifs. Ils contestent à l’unanimité son ingérence dans le déroulement des matchs et son ascendant sur les arbitres qui déterminent le sort de certaines parties. M. Jeri est accusé d’alimenter les tendances régionalistes, en estimant que les faits l'incriminant sont tellement incontestables qu’ils ne peuvent être occultés.

 

Il n’y a pas longtemps, des incidents gravissimes ont eu lieu au stade de Sfax lors du Classico entre le Club Sportif Sfaxien et l’Etoile Sportive du Sahel où des dépassements et des propos indécents ont été enregistrés au vu et au su de tous, sans que la Fédération ne prenne de vraies mesures dissuasives. D’ailleurs, on craint d’éventuelles représailles à Sousse lors du match de retour entre les deux mêmes équipes.


D’autre part, certains vont jusqu’à évoquer la « main » de Jeri dans la montée fulgurante de l’US Ben Guerdène qui s’est vu catapulter à la phase du play-off et se qualifier aux demi-finales de la Coupe de Tunisie, sachant que cette équipe a bénéficié, tout au long de la saison en cours, d’un penalty dans pratiquement chaque match du championnat.
De là jusqu’à dire que les arbitres obéissent ou veulent faire plaisir au « président », il n’y a qu’un pas que certains n’ont pas hésité à franchir.
Le problème, c’est que ce genre d’incidents menace, d’un côté, la situation sécuritaire et attise le phénomène du régionalisme, de l’autre. Puisque certains parlent déjà d’un « sud hors-la-loi »…




Heureusement que le pouvoir semble avoir pris, enfin, conscience de la gravité de la situation puisqu’on annonce une réunion imminente présidée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, en présence du ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub, la ministre de la Jeunesse et du Sport, Mejdouline Charni, et l’inévitable président de la FTF, Wadiî Jeri.

En tout état de cause, tout le monde a intérêt à désamorcer la crise et à calmer les esprits afin de redonner au football et au sport, en général, ses lettres de noblesse et lui faire retrouver son aura. En attendant un retour du public, il est curieux et aberrant que plus de six ans après la Révolution, on n’arrive toujours à maîtriser un match de sport !

30/03/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (9)

Commenter

Intrusif
| 31-03-2017 09:52
Il est évident de constater l'abus de la démocratie aujourd'hui en Tunisie, c'est l'anarchie, la désobéissance civile. L'état régie le pays et doit être intrusif pour faire respecter l'ordre selon la loi. Le respect doit être de mise et la justice doit être impartiale et sans équivoque. Si on est pas capable éducationnellement de mériter la démocratie on doit malheureusement revenir en arrière, c'est très dommageable.

open_skay
| 31-03-2017 09:45
Pour éviter tous débordement qui peut virer vers une véritable guerre inter-régionale, Il faut absolument suspendre toutes les compétitions de sport collectif. 
Monsieur le premier ministre réagissez vite avant qu'il ne soit trop tard, notre pays se régionalise, se tribalise alors pour l'amour d'Allah réagissez et suspendez ces spectacles de clowns qui nous ne servent absolument à rien à par d'attiser la haine et le mépris 
Je vous ai prévenu

DHEJ
| 31-03-2017 09:26
Le ministère public doit être mêlé à cette histoire!


Le Wadii JERI est-il concerné par l'article 96 du code pénal???

Alouane
| 31-03-2017 09:13
Il est plus qu'urgent d'arrêter cette compétition et de suspendre toutes les activités de foot ball, ce sport coûteux et source de conflits. Les dépenses faramineuses , les salaires des joueurs et des arbitres ne sont nullement en adéquation avec la qualité des spectacles présentés. Exacerbant le régionalisme et la surenchère Wadii ElJari doit être évincé de toute responsabilité sportive.

Léon
| 31-03-2017 08:21
Si l'on avait échappé de justesse à la guerre civile suscitée par le comportement de certains clubs et publics (pour ne pas dire quasiment tous) en 2008, c'est bien parce qu'il y avait encore un état que le peuple respectait (ou du moins, craignait). État fortement affaibli par l'exercice 2008 du championnat et qui allait en payer les frais en 2011, suite encore à la colère d'un public.
Comme je l'ai expliqué moult fois dans ce journal patriote, le 14 janvier colonisateur, n'était rien d'autre dans l'inconscient de 90% du peuple (y compris des instruits et des très hauts diplômés) qu'un match de foot conjugué à des considérations régionalistes et tribales que certains ont cru gagner sur d'autres, scellant la fin de la réussite de leur pays, si jalousée par nos ennemis, et permettant la manipulation par ces derniers, des footeux que sont les tunisiens.
Juste un peu de sauce supplémentaire (cyber-collaborateurs...) et le tour était joué. L'homme de la prospérité et de la sécurité qui a su éviter à la Tunisie des centaines de milliers de morts (comme ce fut le cas en Algérie) et À MOINDRE FRAIS (j'insiste), se trouvait mis dans l'avion de l'exil, comme le Patriote Sidi El Moncef Bey, par la prétendue légitimité de la horde footeuse et malade.
Il faut savoir écouter Léon. Ce n'est pas pour rien, que j'ai appelé après le 14 maudit, et à maintes reprises, à arrêter le foot dans le pays des fanatiques footeux qui n'ont d'yeux que pour leurs équipes respectives de football. Vecteur de haine et de régionalisme le foot est le SEUL et UNIQUE responsable de la manipulation des foules et de la horde par les puissances coloniales nouvelles. Je vous avais dit qu'il y allait de la cohésion du pays. Mais vos responsables sont irresponsables, et au lieu d'écouter les Patriotes que nous sommes (car ils lisent TOUS TS et BN), ils préfèrent pirater le site de TS afin de cacher les vérités.
Depuis la merdolution des gueux, on a échappé plusieurs fois, et inextremis, à la rupture de cette cohésion. Pour ne citer que quelques exemples (il y en a bien plus): L'exercice 2015 où l'ess avait menacé d'arrêter et a été sommée de continuer le championnat.
L'exercice actuel où le président d'un club célèbre, fils de bonne famille, a soulevé sa région (historiquement patriote) par des pratiques de voyous, allant à l'encontre de la cohésion nationale. RIEN ne peut justifier cela. RIEN.
Enfin hier à Bizerte......
Quand écouteriez-vous Léon? celui n'a eu de cesse de vous dire qu'arrêter le foot est une mesure de salubrité publique, nationale, et patriotique, dans le peuple que l'on peut qualifier de tout ce que l'on veut sauf de sportif.
Ou du moins cantonner le foot aux compétitions régionales et en amateur. Je l'ai dit depuis le 14 maudit dans BN et dans TS et ce journal valeureux en est mon meilleur témoin.
Votre révolution: De belles bannières en apparence, cachant les vraies motivations et toute la saleté qui habite vos âmes et vos têtes pourries.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant Souverainiste.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

TH
| 31-03-2017 07:50
Ce matin sur Radio Med, Sofiane Ben Farhat appuyé de son compère Hassen, ont étripé le Premier Ministre pour sa politique aujourd'hui dans sa position concernant le dossier du football suite au match USTataouine V CAB.
Sofiane qui ne sait que critiquer et ne jamais donner des solutions, continue sa cabale quotidienne.
Tous les jours et avec tous les gouvernements, Sofiane a critiqué de manière virulente les premiers ministres.
Mais c'est quoi ça, cette critique acerbe et irrespectueuse à l'encontre du Chef du Gouvernement qu'il qualifie de poule.
Sofiane a reponses à tout.
Parfois et souvent,il nous gratifie d'exemples et comparaisons inopportunes et absurdes.
Qui le remettra en place et recadrera son discours?

ari
| 30-03-2017 23:06
Sanctionné le foot tunisien par l arrêt totale du championnat et match internationaux 2 ans de privation.
Ne pas avoir la main molle et être ferme sur la FIFA doit s'emmêler ...

takilas
| 30-03-2017 21:47
C'est lui ce Wadii Néri qui provoqué le désaccord lent le club Sfax et l'étoile de Sousse, car cela sera profitable pour l'équipe de sa ville Ben Guerdene et ce d'une part, et les équipes limitrophes à Ben Guerdene qui.lui serviront pour le populisme de son parti politique Nahdha, source de tous les maux de La Tunisie depuis six ans soit après le départ du dictateur Ben Ali en 2011.

kameleon78
| 30-03-2017 20:51
Le football n'est qu'un révélateur de la situation chaotique où se trouve le pays, vous avez un échantillon de la société tunisienne avec ce sport qui déchaîne toutes les passions légitimes mais aussi toutes les haines comme le régionalisme, les disparités sociales, la lutte de classe , les sensibilités politiques et même le racisme ordinaire, cela entraîne la violence et le chaos.