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Chroniques
Le bavardage de Béji Caïd Essebsi
23/11/2016 | 15:59
3 min

 

Hier soir, au lieu de regarder les matchs de football de la Champion’s League européenne, certains, dont l’auteur de ces lignes, avions préféré regarder l’interview du président de la République, Béji Caïd Essebsi. C’était une erreur.

La sortie médiatique du président n’avait pas d’intérêt dans le sens où il n’avait pas de message particulier à faire passer. Ou, peut-être, que nous, journalistes qui abusent de la liberté d’expression, ne sommes pas assez équipés pour comprendre. Bref, le président était attendu sur deux sujets, au moins, celui de Lotfi Nagdh et celui de NidaaTounes.

 

Pour ce qui est de Lotfi Nagdh, le président s’est dit « choqué » par le verdict, mais que la justice suivra son cours et qu’il est de son droit d’exprimer un avis sans pour autant s’ingérer dans le travail de la justice. Il a ensuite remis sur le tapis la rengaine d’Ennahdha et du CPR qui commandent les LPR, auteurs de l’assassinat. Heureusement que Zyed Krichen était là pour lui demander pourquoi s’allier avec Ennahdha s’il sait qu’ils ont commandité le meurtre.

A ce moment, c’est une autre rengaine qui a été mise en route pour bien faire la différence entre « alliance » et « coexistence », parce que, parait-il, ce n’est pas la même chose.

Ennahdha et Nidaa « coexistent », pas dans l’espace public tunisien ou dans sa vie politique, non, au sein du gouvernement ! On pourrait y croire si les élus des deux partis ne votaient pas pareil à l’assemblée pour faire tomber des articles comme celui de la levée du secret bancaire…

 

Pour ce qui est de Nidaa Tounes, l’argument de Béji Caïd Essebsi a été de dire qu’il n’est pas le seul à avoir un fils… On ne peut pas dire le contraire, il a raison ! Mais il doit être le seul à être président de la République tout en ayant un fils directeur exécutif du parti qui a gagné les élections. Donc, réduire la question à la relation père-fils est seulement une pirouette comme celles auxquelles le président nous a habitués.

Il s’est ensuite demandé s’il devait sévir dans les deux camps pour sauver Nidaa Tounes. Il a ensuite fait allusion à Ridha Belhaj en parlant « des ennemis qui portent les habits d’amis ». Le président a donné l’image d’un homme assailli par les complots, qui veut se dédouaner sans s’impliquer.

Donc, à propos des sujets sur lesquels il était attendu, le président n’a pas donné de vision claire. C’est plutôt un message d’impuissance qu’il a délivré à ceux qui ont suivi cette interview.

 

Concernant l’autre sujet polémique, celui de la base militaire US en Tunisie, le président de la République a confirmé la présence de drones américains sur le territoire tunisien, ce qu’on sait déjà. Il a fallu que Zyed Krichen insiste pour obtenir des informations précises sur cette question. Donc, il y a des drones américains dans une base tunisienne, il y a près de 70 instructeurs américains aussi, qui apprennent aux Tunisiens à le faire. Enfin, les informations récoltées par les drones sont partagées entre Tunisiens et Américains. Pourtant, Youssef Chahed, le chef du gouvernement, disait au journal Le Monde, le 8 novembre 2016, qu’il n’y avait pas de drones qui décollaient de Tunisie vers la Libye. Donc, les drones doivent surement se promener dans l’espace aérien tunisien et les Américains se délectent des paysages de notre beau désert, puisque les drones ne vont pas en Libye…

 

Hier, on a eu l’image d’un président conscient des difficultés du pays, mais incapable d’y apporter des solutions. Il a essayé de « s’en sortir » avec son côté sympathique en essayant quelques blagues et en agrémentant son discours de proverbes. Désormais ça ne marche plus ! Les gens n’ont plus envie de rire et veulent des solutions concrètes à des problèmes réels. Avoir confiance en l’avenir, garder espoir sont devenus des slogans vides de sens.

 

Le président n’avait rien de spécial à nous dire hier, autre que de nous faire savoir qu’il est toujours là. Une nouvelle qui fera sans doute plaisir à « son ami » Obama. Mais, il n’y avait pas de substance, pas de message et pas de posture. C’était une sortie complètement inutile. Il n’a rien déclaré, il a seulement bavardé, un jour de Champion’s League …

 

 

23/11/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (29)

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G&H
| 26-11-2016 11:48
J'avais raté cette occasion pour jouer à la belote parce que je sais que la plus belle femme au monde ne peut donner puisqu'elle à.

afour
| 24-11-2016 16:21
si BCE n'est pas conscient que l'effritement du pays est du en grande partie a l'effritement de Nidaa laissant le cours libre aEnnahdha c que la vision de loin et de pres du president est a revoir a moins que .....

M'hamed Ben Mohamed Belkhodja
| 24-11-2016 16:12
Le président a encore une fois affirmé que " les américains n'ont pas besoin de bases au sol car ils ont des porte_avions"
Vu le nombre de base américaines dispersées à travers le monde, cette affirmation ne peut qu'être mise en doute.
L'une des raisons qui explique le nombre élevé de ces bases, est que le coût d'exploitation d'une base terrestre n'a rien à voir avec le coût de mise en 'uvre d'un porte-avions avec sa flottille d'escorte(Sous-marins,croiseur), de ravitaillement(Pétroliers,cargo) et les avions en vol permanent pour la surveillance .
Par ailleurs, du fait que dans les eaux internationales la circulation maritime et le survol sont libres, alors qu'ils sont contrôlés autour des bases terrestre situées dans un territoire national, ces e bases terrestre sont plus sures, car on ne peut s'en rapprocher sans donner l'alerte.
Comme nos alliés américains connaissent bien leur intérêts, il serait étonnant de les entendre dire que "nous proférerons les porte-avions à une base terrestre"!

mahbouba dziri
| 24-11-2016 15:27
Bravo Marouane. Je suis entièrement d'accord avec ce que vous avez écrit. Et encore, je pense même que vous avez été un peu clément. En suivant l'interview du président de la république je passais de la tristesse à la colère. La tristesse d'une citoyenne qui observe la déchéance politique d'un homme en qui elle cru, et la colère contre un président qui continue, sans vergogne, à affabuler et à mentir, sur tous les sujets. En le suivant aussi , je pensais un homme que j'ai outrageusement dénigré en son temps, croyant qu'il faisait un nauséabond jeu personnel , mais envers qui je veux rendre aujourd'hui un sincère hommage. Il s'agit bien entendu si Omar S'habou. Il aurait pu prétendre aux plus hautes fonctions, s'il s'était tu avant les élections. Il a choisi de se sacrifier sur l'autel de la vérité. Voici que le temps lui donne raison. Mes respects cher monsieur

Papi
| 24-11-2016 15:22
Discution stérile,discours fatigué et fatiguant,dévoile et démontre les limites politiques et physiques du président .La Tunisie est plus que jamais dans une situation très dangereuse,les hommes politiques cherchent le chaos et veulent détruire le pays par tous les moyens.On un mot une deuxième Syrie.

Famous Corona
| 24-11-2016 15:22
Moi et toute ma famille sommes une position similaire: Nous nous sommes mobilisés corps et âme pour BCE et NT et avons sans aucun doute fait au mieux pour favoriser la réussite, mais la question qui se pose: Si BCE n'avait pas conclu de marché avec RG, serait-il élu avec tout le sud en partant de Sfax et une bonne partie des régions centrales à la solde d'Ennahdha? Le doute s'impose qu'on le veuille ou pas! Je crois que les consignes passées par RG à sa base ont été déterminantes dans le succès de BCE qui en échange a donné certaines garanties relatives à certaines affaires dans lesquelles les Nahdhaouis sont cités....

Carthage Libre
| 24-11-2016 14:41
A lire et à relire. Chaque mot de ton texte est une torture véridique, pour nous qui aimons notre pays.

Notre seul espoir désormais de nous débarrasser d'Ennahdha, vu que 1 million de ce qui semble être des tunisiens chez nous la soutienne même si les portes de l'enfer s'ouvrent au sens littérale du terme, viendra du réveil des peuples des pays avancés, qui ont placé des guerriers anti-islamistes à la tête de leurs pays ; fini les Clinton et Obama et administrations qui ont "expérimentées" l'islam politique au pouvoir, sur nos dos, et pour notre malheur, celui de nos enfants et de notre pays.

jeromi
| 24-11-2016 14:27
Beji caid Essebsi n est plus maitre de ses facultes mentales il dit n importe quoi son fils est gate et abime les tunisiens ne doivent pas rester des sinistres des ses demaguogues ineduques

welles
| 24-11-2016 14:10
Franchement votre article est à charge, il pointe votre position défavorable au président mais à ma connaissance un chroniqueur doit briller par son objectivité

Famous Corona
| 24-11-2016 12:59
J'adhère aux points de vue de MA car tout le long de l'entretien, BCE n'a fait que dribbler sinon "botter en touche", évitant les réponses trop engagées. Bilan: il s'est joué de Z.Krichen et de M.Belkadhi avec délicatesse mais efficacité au point que ces derniers sont repartis les poches vides mais...contents!!