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Chroniques
L'austérité n'est-elle pas inévitable ?
05/10/2017 | 18:00
4 min

 

La date fatidique du 15 octobre, dernier délai pour le dépôt du projet de Loi de finances et du budget au bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), approche à grands pas, très grands pas sans que l’on sache ce qu’il contient réellement comme mesures fiscales nouvelles. Tout ce qu’on annonce comme mesures ne peut être pris au pied de la lettre car c’est encore la valse des consultations au niveau du ministère des Finances. Rien n’est définitivement décidé. Pendant ce temps, chacun y va de ses supputations et partant prend position. Chaque catégorie socioprofessionnelle y est allée avec son scénario, le même pour tous. Chacune jugeant qu’elle va être la seule victime expiatoire du tour de vis fiscal qui se profile dans le prochain projet de Loi de finances. Et donc tous refusent d’être les « dindons de la farce ». Pourtant, tous ont des attentes et tous veulent qu’elles soient satisfaites. Le beurre et l’argent du beurre.

 

Après l’UTICA qui a parlé au nom des industriels, des commerçants et des artisans, après les déclarations tonitruantes des représentants des professions libérales et en attendant de connaître la position de la Centrale syndicale des salariés, UGTT, qui ne semble pas pressée de la formuler, à moins qu’elle n’en ait pas, la CONECT, l’autre organisation patronale, a choisi de réunir experts et universitaires pour donner force à sa position ou plutôt à l’exigence qu’elle formule pour le projet de Loi de finances, à savoir redresser les finances publiques et, « en même temps » comme disait le candidat Macron, relancer l’économie du pays. Or, c’est ce « en même temps » qui cause problème. Il est aujourd’hui de plus en plus difficile de le mettre en œuvre. C’est comme si on demandait à un tétraplégique en début de traitement de se mettre debout et de marcher.

 

Un choix incontournable

La situation économique du pays est telle qu’il ne s’agit plus de faire et l’un et l’autre. Il faudra choisir ou l’une ou l’autre. La relance n’exige pas que des réformes. Elle exige aussi des moyens que l’Etat est aujourd’hui dans l’incapacité de fournir. Ce serait déjà rassurant qu’il trouve les moyens pour boucler son budget de 2017 et de préserver ses réserves en devises. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant  que la plupart des mesures fiscales nouvelles qui seraient introduites dans la prochaine Loi de finances ne servent d’abord à cela et ensuite, le cas échéant, à stabiliser les ressources propres du budget de l’Etat. Cela s’est déjà vu ces dernières années.

Il ne faut pas se bercer d’illusions. La seule priorité qui compte aujourd’hui réside dans l’assainissement des finances publiques. Il faut se l’avouer et l’avouer. Le pays ne pourra pas se soustraire d’une politique d’austérité.

Faut-il s’en étonner ? Ce serait faire preuve de surdité. Car, il y a un peu plus d’un an, Youssef Chahed, le chef du gouvernement a solennellement averti, lors de son discours d’investiture, que si la situation économique ne s’améliore pas en 2017, on n’échapperait pas à l’austérité : « Si les choses ne vont pas mieux en 2017, la Tunisie devra adopter une politique d’austérité. Tout le monde est responsable de cette situation.»


La croissance se situera en-deçà des prévisions. On n’enregistrerait, au mieux, qu’un taux de croissance de 2% contre un objectif de 2,5%.  En tout cas, cela ne permettra pas de stabiliser, à défaut d’infléchir, la courbe du chômage. Dans le même temps, malheureusement, les finances publiques se sont détériorées. Le déficit budgétaire dépassera les limites fixées par la Loi de finances en raison d’une part des dérapages au niveau des dépenses de rémunération et des dépenses de compensation et d’autre part de la charge du remboursement de la dette du fait de la détérioration du taux de change qui elle-même résulte d’un choix incontournable : préserver autant que faire ce peut les réserves en devises du pays. Au 30 septembre 2017, le service de la dette atteint 5,1 milliards de dinars contre 3,3 milliards de dinars une année auparavant. Les avoirs en devises affichent l’équivalent de 95 jours d’importation contre 112 jours à la même date de l’année dernière. Ce ne sont pas les réformes de relance, quand bien même elles sont nécessaires et impérieuses, qui inverseront la situation. Leurs effets ne sont pas immédiats alors que les mesures d’assainissements financiers le sont assurément.

Le gouvernement aura-t-il cette audace de la dernière chance ? L’austérité n’est-elle pas inévitable ?

 

05/10/2017 | 18:00
4 min
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Commentaires (6)

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A4
| 09-10-2017 10:28
Les caisses de l'état sont vides. Les privés ne sont pas payés: entreprises, concepteurs, bureaux d'études, etc ...
Mais on continue certainement à payer les bandits d'el kammour !

OMBRAX
| 09-10-2017 10:21
la solution pour renflouer les caisses de l'état? le profane tunisen la connait. Que dire de ces savants economistes accrochés à leurs postes comme des tiques. Cherchez l'argent là où il est: combattre l'économie parallèle, combattre la corruption, revoir le code des impots, faire payer plus d'impots à toute la profession lbérale et enfin moderniser et numériser le ministère des finances.

Givago
| 06-10-2017 12:22
Vous ne pouvez pas vivre au dessus de vos moyens,et vous ne pouvez pas payer des gents à rien faire (foutre)le choix est vite fait et en plus la seul alternative est l'austérité.

Gg
| 06-10-2017 11:45
Yaqdhan, on fait comment quand on dépense plus qu'on ne gagne?
Il n'y a que deux solutions: soit on gagne plus, soit on dépense moins.
Croire qu'il y a d'autres possibilités est un mythe...

DHEJ
| 06-10-2017 08:46
!!!

Yaqdhan
| 06-10-2017 07:43
"L'austérité inévitable", vieille lune néolibérale à remiser dans la malle vermoulue de la mythologie économique.