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Chroniques
La Tunisie trainée dans la boue
05/11/2014 | 16:19
4 min

Par Marouen Achouri

Il est douloureux de voir son pays, sa patrie, souillé et trainé dans la boue par des étrangers en collaboration avec des Tunisiens de naissance. Deux exemples principaux illustrent ce malheureux phénomène : le « documentaire » produit et diffusé par Al Jazeera sur le meurtre du martyr Chokri Belaïd et l’invitation du « philosophe » français Bernard Henri Lévy.

Il faut dire que la chaîne qatarie, Al Jazeera, a mobilisé une partie de ses inféodés pour tenter de porter atteinte à notre pays. On pourra citer le statut du journaliste Fayçal Kacem qui recommande de voter pour Moncef Marzouki. Une idée somme toute compréhensible puisque l’homme en question ne sait rien des élections ni de l’exercice démocratique. C’est normal, il vit au Qatar.

Ça ne s’est pas arrêté là. Ni une ni deux, Al Jazeera, la chaîne qui avait créé des décors pour mettre en scène la guerre en Libye, se propose d’élucider le meurtre de Chokri Belaïd ! Evidemment, il est inutile de rappeler que la recherche de la vérité n’est absolument pas le but de ce programme. Le but était d’éloigner les regards des responsables, de trouver des prétextes fallacieux et de casser le symbole qu’est devenu Chokri Belaïd après sa mort.

La chaîne a été aidée en cela par des personnes tunisiennes de naissance qui ont apporté leur eau au moulin d’Al Jazeera. On citera à leur tête le triste individu dénommé Maher Zid. On y ajoutera les producteurs et les scénaristes de cette fiction qui se prétend être une vérité. Selon cette fable, Chokri Belaïd aurait été tué par des anciens du régime de Ben Ali et les terroristes arrêtés de la Goulette ne sont que des enfants qui aiment jouer avec les motos, sans plus. On sent bien là le talent de Maher Zid dans l’investigation. C’est ce même Maher Zid qui avait dit que ceux qui sont morts des mains des terroristes à la montagne étaient en fait des chercheurs de trésors ! Ce sombre individu qui avait été embauché en tant que greffier dans un tribunal en vertu de l’amnistie générale, se découvre une veine de « journaliste ». Une insulte pour notre métier.

Des étrangers, des Qataris qui plus est, se mêlent d’affaires tuniso-tunisiennes avec un total mépris de notre pays. Ils s’ingèrent, influencent, financent, soutiennent certains vendus en Tunisie pour espérer un jour jouer un rôle beaucoup trop grand pour ce tout petit émirat. C’est une honte pour nous, Tunisiens, de nous taire face à ces pratiques d’un côté, et de compter parmi nous des traitres à la nation vendus au pétrodollar.

Un autre événement illustre le déshonneur de la Tunisie. La venue de Bernard Henri Lévy a déclenché une cabale médiatique violente contre celui qu’on désigne comme penseur en France. Ce qui est malheureux par contre c’est que tout le monde a tenté d’utiliser cet incident pour son profit politique. Certains ont dit que c’était Mohsen Marzouk, leader de Nidaa Tounes, qui était derrière cette invitation. D’autres ont affirmé qu’il s’agissait d’une invitation émanant de Moncef Marzouki. Toutefois, personne ou presque n’a pensé à l’insulte faite à la nation tunisienne.

BHL a raison quand il s’élève contre les idées conspirationnistes qui le mettent au centre d’un gigantesque complot mondial de déstabilisation, ce serait lui donner trop d’importance. Contentons-nous des faits. Le premier concerne son rôle dans la guerre qui a été livrée à la Libye. Ce monsieur a théorisé pour cette guerre, a parcouru les plateaux pour la justifier et a convaincu les autorités françaises d’y prendre une part non négligeable. Il a fait jouer ses lobbies et ses relations dans les médias et dans différents organismes de l’Etat français pour arriver à faire la guerre à la Libye. Il a aussi eu l’audace de se filmer en Libye pour se faire le héros d’un navet appelé « Le serment de Tobrouk ».

Le deuxième fait concerne la valeur intellectuelle de cet individu. Le « philosophe » a écrit un livre en 2010 intitulé « De la guerre en philosophie » - On comprend le choix du titre, c’est la guerre son rayon- dans lequel il cite un autre auteur dénommé Jean Baptiste Botul. Il parle aussi de conférences tenues par M. Botul en Argentine. Le problème c’est que Jean Baptiste Botul n’a jamais existé ! Il s’agit du pseudo choisi par un agrégé de philosophie et journaliste du « Canard enchainé ». Par conséquent, quand BHL insulte les Tunisiens en les traitant de crétins, on ne peut s’empêcher de penser à la formidable citation de Georges Courteline : « Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet ».

On s’est tellement empêtrés dans nos basses manoeuvres politiciennes, on s’est tellement divisés en camps opposés que c’est la Tunisie en tant que nation qui en paye aujourd’hui le prix. Nous avons atteint des niveaux historiques de bassesse et de non respect à notre pays. Pour qu’on en arrive à être insultés par BHL et pour que la chaîne des Qataris s’ingère dans les affaires tunisiennes, il fallait vraiment tomber très bas. Aujourd’hui, la question est : Pourra-t-on se relever un jour, mettre un terme à ces mascarades et faire de notre pays, au moins, une nation respectée ? Là est l’un des articles du contrat proposé au prochain chef de l’Etat.
05/11/2014 | 16:19
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