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La Tunisie, pays d'une enfance en détresse
22/02/2015 | 15:59
5 min
La Tunisie, pays d'une enfance en détresse

Ces dernières années sont loin d’être roses pour l’enfance en Tunisie. Au bilan : des agressions sexuelles, des nourrissons livrés à des crèches illégales, des enfants frappés par l’hépatite, des écoliers infectés par les poux et quelques décès dus à la négligence. L’Etat, est, certes, responsable en vertu de l’article 47 de la Constitution, de la protection de l’enfant et de ses droits. Le ministère de la Femme et de la Famille est, toutefois, plus directement concerné.


Récemment, deux nourrissons âgés de 3 et 6 mois sont décédés dans une crèche clandestine à Sfax. La pseudo-crèche est une maison appartenant à une famille nécessiteuse qui accueille, en permanence, entre 20 et 30 enfants dont les âges varient entre 3 mois et 4 ans. S’exprimant sur le drame, la ministre de la Femme et de la Famille, Samira Maraï, a déploré l'accident, tout en soulignant qu’au cours des dernières années, l’Etat tunisien « ne prêtait pas attention » au secteur de l’enfance. Un constat tiré après une consultation du dossier de l’enfance, a-t-elle indiqué sur Mosaïque Fm.

 

Cet accident n’est pas une première en Tunisie. Il y a à peine quelques mois, un autre bébé était décédé par asphyxie dans une crèche illégale située dans un quartier chic de Tunis, précisément au centre urbain nord. Eploré par la perte de son fils, le père de l’enfant explique, sur Shems Fm, que ce dernier s’était étouffé à cause d’un dispositif servant à bloquer le biberon au niveau de la bouche. « Pour ne pas s’embêter à tenir le biberon, l’enfant est placé dans une sorte de cale-bébé avec le biberon coincé entre sa bouche et l’accessoire» a-t-il précisé.

 

Bien que la mort d’un enfant soit le pire malheur qui puisse se produire dans ces établissements, il y en a qui sont plus choquants. Rappelons qu’en mars 2013, une fillette de trois ans avait été victime d’un viol sordide. La petite fille a été abusée par le gardien du jardin d’enfants, un homme divorcé de 50 ans. Une dame travaillant dans le même établissement serait aussi de mèche avec l’agresseur. Elle avait probablement filmé la victime, avec d’autres enfants en bas âge, dansant nus. Commentant les faits, la ministre de la Femme de l’époque, Siham badi, avait manqué, pour le moins, d’adresse. Ses propos jugés trompeurs et révoltants avaient provoqué une vive indignation chez les parents de la fille, mais aussi chez l’opinion publique. Ainsi, dans sa version des faits, Mme Badi a déclaré que le viol avait eu lieu dans le cadre familial élargi de la petite fille, alors que ses parents et les PV de police attestent du contraire.

 

Si la situation générale dans les crèches et les jardins d’enfants est fortement critiquable, celle des centres pénitentiaires pour mineurs serait bien pire. « Les conditions dans ces centres sont indescriptibles et dépassent tout entendement » estimait Naila Chaâbane, secrétaire d’Etat aux Affaires de la femme et de la famille, lors d’une visite, décembre dernier, au centre des mineurs délinquants de Gammarth. Les matelas sont infestés de punaises, les toilettes sont installées à l’intérieur même des dortoirs, les murs de la cuisine sont couverts de salissures et les odeurs dans les pièces sont insupportables, peut-on constater.

 

La négligence, la violence sexuelle, le mauvais traitement et les conditions déplorables à l’intérieur de certains jardins d’enfants, crèches ou autres centres abritant des enfants ne constituent pas les seuls torts infligés à cette jeune catégorie de la population.

 

En dehors de ces établissements, la désertion des services publics dans les régions reculées et la précarité de la couverture sanitaire dans d’autres se paye cher pour les enfants et, dans bien des situations, cela leur coute la vie comme ce fut le cas il y a deux jours dans la zone de Saïda à Sidi Bouzid où une jeune écolière est décédée d’une hépatite. Ses parents pointent du doigt le manque d’équipements médicaux et la faiblesse des moyens alloués à leur région. Dans leurs doléances au chef du gouvernement, en visite dans le village, ils avaient demandé la création d’un service d’urgence, la mise à disposition d’une ambulance ainsi que d’un médecin résident.

 

Même si la situation des enfants, dans les grandes villes, semble nettement meilleure que dans d’autres régions, la réalité n’est pas toute rose non plus. La pédiculose sévit, en effet, dans plusieurs écoles de la capitale et d’ailleurs. Environ 550 élèves sont atteints par les poux, selon un dernier recensement. Un chiffre inquiétant pour certains, mais pas pour la directrice de la Santé scolaire et universitaire, Habiba Torki. « C’est 550 cas sur deux millions d’élèves et d’étudiants. La situation n’est pas donc aussi inquiétante que cela » a-t-elle tempéré dans une déclaration à Jawhara Fm.

 

La protection des enfants, leur bien-être, leur santé et leur éducation sont du ressort de l’Etat, mais notamment du ministère de la Femme et de la Famille, qui, par ses prérogatives, est le premier qui se doit  de veiller au respect des droits de l’enfant et d’assurer sa sécurité.

 

Le ministère semble plutôt dans la passivité et la nonchalance. Malgré les cris d’alerte, les crèches et les jardins d’enfant anarchiques continuent à exister, tranquillement, dans l’impunité. Les responsables à la tête de ce ministère se contentent de quelques déclarations après la survenance de chaque drame. Des déclarations où ils tentent de se dérober de leur responsabilité. « Les crèches de ce genre sont illégales et ne relèvent pas de la délégation de l’Enfance » a argué Sami Kallel, responsable des institutions de l’Enfance. Et même la fois où la liste des crèches et jardins d’enfants autorisés a été publiée, c’était en septembre 2014, suite à une forte pression des médias et de l’opinion publique. Trop peu, trop tard.

On peut, également, se demander pourquoi l'Observatoire des Droits de l'Enfant avait cessé de sortir ses rapports annuels sur la situation de l’Enfant. Le dernier qu’il a publié remonte à l’année 2009. Est-ce de la négligence ou c’est l’absence de fermeté qui conforte la paresse ?

 

Elyes Zammit

 

22/02/2015 | 15:59
5 min
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Commentaires (10) Commenter
message aux tunisiens expatriés
arbi
| 24-02-2015 18:43
vous nombreux qui désirez rentrer au pays pour retrouver la douceur de vivre, les plats de mama, le réseau pro de papa et les copains flemmards, n'oubliez pas la réalité qui terrasse le pays et surtout ne revenez pas si c'est pour vous valoriser face à la misère d'un peuple.
Tunisie, pays d'une enfance en détresse.
fennec
| 24-02-2015 08:45
BN , gardez cet article a la UNE aussi longtemps que vous pouvez SVP.
Bravo pr cet article
Aly
| 23-02-2015 20:06
Il faut l'envoyer a la nouvelle ministre de la femme et de la famille qui doit nous montrer de quoi elle est capable .
Les adolescents en prison
gardel
| 23-02-2015 16:23
Habitué à voyager en Tunisie, né en Tunisie de parents italiens, c'est la première fois que j'entends prler d'une enfance tunisienne dans le désarroi et la pauvreté. Des moyens médicaux et financiers peuvent être mobilisés en FRance pour peu qu'il existe des associations tunisiennes qui se préoccupent de ces sujets. La description de la prison pour mineurs de Gammarth me désole. Philippe de Nova terra.
@le Patriote
tounsi
| 23-02-2015 11:50
Vous croyez que sous ZABA on vous disait tout?
Formation, information et controle.
warda
| 23-02-2015 11:39
On devrait créer des formations specialisées en petite enfance avec diplome et stage.Ensuite, placer des organismes de contrôle avec des inspectrices et infirmières se déplaçant dans les creches une fois par semaine.etc
le projet de bourguiba a ete neglige
canalou
| 23-02-2015 08:35
la priorite apres l independance a été donnee a l enseignement ,la sante et a l emploi . Nous avons recolte de bons resultat mais avec l arrivee de ben ali et le projet de privatisation ,l ecole publique a été negligee . Il n y a plus de projet social dans les ecoles pour aider les familles nécessiteuses ,les assistantes sociales ont disparus ,les clubs fermes ,le programme de limitation des grossesses abandonne .OU sont les associations islamistes ? en europe les religieux sont dans leur role ,ils s occupent du social a l image de l abbe pierre qui s est occupe des sans abri . Chez nous ils font de la politique mensongere .
Mais d'ou proviennent ces problèmes?
Le Patriote
| 22-02-2015 23:41
A l'époque de Ben Ali, on n'entendait aucune de ces histoires. Maintenant, on en apprend tout les jours, des plus dramatiques aux plus chocantes. Quelqu'un aurait-il l'amabilité de m'expliquer pourquoi cela est venu d'un coup?Devrait-on remettre tout sur la tete de ZABA?
Il faut que chacun de nous aident son frère tunisien de n'importe quelle façon pour le bien de notre chère Tunisie et Caid Essebsi doit vraiment s'attaquer au bien-être de nos enfants avant tout pour leur assurer un avenir dans leur pays afin qu'eux meme puissent batir le futur Tunisien.
L'enfance n'a pas confiance en Tunisie
DHEJ
| 22-02-2015 22:21
Que dire des parents!
Attaquons le probleme à la source
abdelwaheb B.
| 22-02-2015 18:16
Elever et éduquer les parents semble la priorité des priorités. Qu 'en est il aujourd'hui du planning familial placé par Bourguiba? Le comble et c'est un paradoxe, c'est de voir des familles pauvres avec au moins quatre enfants dans les bras tandis que les familles riches en général, n'ont pas plus de deux enfants. Bien entendu les enfants des familles pauvres ont plus de chances de sombrer dans la délinquence que ceux des riches ou familles aisées. En chine, n'eut été un systeme fort et severe concernant le nombre d'enfants limité à un par famille, le nombre de chinois aurait probablement doublé ou peut être même triplé pour sombrer sous les 4 milliards de chinois au lieu des 1milliards et demi aujourd'hui. Et la chine n'aurait jamais pu être ce qu'elle est aujourd'hui. Les parents avec plus d'un enfant sont condamnés à la prison. Pour le bien du pays, rien n'est severe, il faudrait appliquer cela en Tunisie aussi. Les familles dont le revenu est inférieur à1000 Dinars par mois, n'ont pas droit à plus de deux enfants, celles dont le revenu est de 4000 Dinars (en moyenne sur trois ans) ont droit à trois enfants et ainsi de suite. Dans dix ans, la Tunisie ne s'en sentirait que mieux.