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La Tunisie, concernée par le « scandale du carburant toxique »
30/09/2016 | 19:59
4 min
La Tunisie, concernée par le « scandale du carburant toxique »

L’ONG Public Eye a dénoncé, dans un rapport publié le 15 septembre 2016, la vente en Afrique de carburant à forte teneur en soufre. Selon l’ONG, des négociations suisses profiteraient des « faibles standards [ndlr : en matière de contrôle des carburants] pour vendre des carburants, interdits en Europe, à des pays africains ». Un carburant qui serait derrière l’explosion de la pollution soulevant des craintes quant à la santé publique de pays africains parmi lesquels figurerait la Tunisie.

 

Al Irada, parti politique fondé par Moncef Marzouki, a tenu une conférence de presse hier, jeudi 29 septembre 2016, au siège du Parlement au Bardo, afin de réagir audit rapport et demander des comptes au gouvernement tunisien. Lors de cette conférence, Imed Daïmi, secrétaire général, a exigé du gouvernement l’ouverture d’une enquête immédiate. Il a ainsi lancé un appel à la présidence du gouvernement mais aussi aux ministères de la Santé, des Energies, et de l’Environnement, alertant contre ce que le parti qualifie de « scandale du carburant toxique ». Daïmi avait ajouté que des questions autour de ce scandale seront adressées lors de la prochaine plénière à l’ARP, aux dits ministres.

Dans son allocution, Imed Daïmi a affirmé que la Tunisie faisait partie des pays qui importaient ce type de carburant hautement dosé en substances toxiques. « Bien que ce genre de diesel est interdit en Europe, il est commercialisé en Afrique, notamment en Tunisie, en Egypte, au Congo et en Somalie », a-t-il dit. Le dirigeant d’Al Irada, parti de l’opposition, affirme se baser sur un rapport établi par une organisation internationale de protection de l’environnement pour établir que la Tunisie court des risques en commercialisant ce produit nocif.

« Il est de notre devoir, en tant que membres de l’opposition, de révéler ce genre de scandale à l’opinion publique », a déclaré Daïmi qui accuse, par ailleurs, l’ETAP  d’être de connivence dans cette affaire. Al Irada pointe du doigt, par la même, « l’absence de tout contrôle établi par l’Etat tunisien  sur le carburant importé ».

Le parti appelle à la formation d’une commission mixte réunissant des représentants des ministères de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, des Affaires locales et de l’Environnement et de la Santé, et ce afin de prendre les mesures adéquates devant servir à « réformer le système juridique relatif à l’importation des carburants » ajoutant que des pays tels que le Maroc, Kenya, Soudan, Mali, Niger, Gabon, Mozambique et Zambie, ont renoncé, et ce depuis 2005, à l’importation de ce carburant toxique et ont réussi à revoir leur réglementation de manière à stopper l’importation de ce genre de substances.  

 

Le rapport de l’ONG suisse, Public Eye, basée en Lausanne, comporte 160 pages et est le fruit de 3 ans d’enquête. Il s'intitule "Dirty Diesel". Public Eye a prélevé des échantillons à la pompe dans les pays objet de cette étude auxquels elle a fait subir des tests. Les examens réalisés montrent que la teneur en soufre des carburants étudiés est « jusqu’à 378 fois supérieure à la teneur autorisée selon les normes européennes ».  En plus de leur haute teneur en soufre, ces carburants contiennent un taux élevé de benzène. « Un taux qui atteint des niveaux interdits par les normes européennes », note le rapport.


Dans son enquête, Public Eyes explique que des négociants suisses fuient la réglementation européenne, qui impose des standards particuliers en matière de production et de vente de carburant, en préférant le vendre à des pays africains profitant « des faibles normes » pratiquées dans ces pays. Selon ce rapport, les sociétés Vitol, Trafigura et Addax & Oryx fabriquent ce qu’ils qualifient de carburant de « qualité africaine », et réalisent d’importants profits au détriment de l’environnement et de la santé des populations africaines concernées.

 

Ces entreprises fabriquent un carburant « pas cher et de mauvaise qualité » et dont les composantes de base sont « nocives pour la santé et l’environnement », peut-on lire dans ce rapport. Ce carburant n’est pas accepté sur les marchés européen et américain car considéré comme étant de moindre qualité et ayant besoin d’un traitement supplémentaire pour réduire, ou éliminer, le danger que représentent les substances qui le composent. A noter que certains composants de base, dont figurent des déchets ou des produits recyclés issus de l'industrie chimique, présentent des risques supplémentaires lorsqu'ils sont mélangés aux carburants. Pour les commerçants, ces composés de base ne coûtent pas cher. Ils sont donc très rentables lorsque le carburant est vendu en « qualité africaine » et sans avoir, donc, subi des traitements supplémentaires.

 

A travers ce rapport, l’ONG suisse ambitionne de pousser les pouvoirs en Afrique à établir des normes et des réglementations plus strictes en matière de carburant, et ce, afin d’éviter que des entreprises étrangères profitent de ce « no man’s land » réglementaire pour faire passer un produit « insalubre », non seulement pour l’environnement mais aussi pour la santé des populations vivant dans ces pays. En effet, même si ces pratiques sont jugées scandaleuses, elles ne violent pourtant aucune loi africaine même si elles ne respectent nullement les droits humains exigés par les principes de l’ONU.

En lançant ses accusations, le parti Al Irada s’attaque ouvertement au gouvernement tunisien qu’il accuse de laxisme et, même de connivence, espérant avoir, pour une fois, le beau rôle en dénonçant ce scandale sanitaire.

 

Pour l’heure, si les entreprises mises en cause n’ont pas encore réagi, le ministère tunisien des Energies aurait démenti l’implication de la Tunisie dans ledit scandale…

 

 

Synda TAJINE

30/09/2016 | 19:59
4 min
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Commentaires (26)

Commenter

tarekkil
| 04-10-2016 12:01
Avant de dire que la Tunisie est concernée, avez vous lu le rapport que voici et qui rapporte le nom des pays d'Afrique de l'Ouest concernés par le sujet!!
"Dans le cadre de son enquête, Public Eye a effectué des prélèvements dans des stations essence de huit pays africains (Angola, Bénin, Congo-Brazzaville, Ghana, Côte d'ivoire, Mali, Sénégal et Zambie) détenues ou alimentées par ces maîtres du négoce pétrolier, comme Trafigura, Vitol ou Oryx. Plus de deux tiers des échantillons contiennent un taux de soufre supérieur à 1 500 parties par million (ppm). Avec une pointe à 3 780 ppm au Mali."

UCULUS
| 03-10-2016 12:46
Des allégations de ce Daïmi, toujours à l'affût, avec son patron, pour tout dénoncer en fin de compte : le comble, c'est qu'il reste des gens naïfs qui leur lisent et les croient alors que leur corruption a été mise à nu à plusieurs reprises ... On ne peut croire des gens non crédibles et qui ne sont dignes d'aucune confiance et d'aucune croyance ... Le malheur est que , par esprit revanchard, les lecteurs et les commentateurs les suivent dans leur raisonnement et savent juste pour protester même quand qu'il s'agit de diffamation. La Tunisie a besoin de la sagesse de ses citoyens par ces temps difficiles et croyez ce que vous voulez croire, ce type et son patron ont causé plein de tord au pays et ils sont là juste pour créer des problèmes dont on peut se passer ; car ils croient que ce sera la solution pour revenir au pouvoir, ce qui n'arrivera jamais

jojo
| 03-10-2016 10:51
Mr marzouki vous qui etiez au pouvoir qu avez vous fait a ce sujet.

Hâte de revenir
| 02-10-2016 12:19
Cherchez bien , il y a d'autres problémes, on est dans le 1/3 monde, on est pas la Californie, Allemagne, France ..
Gazoil, Stents, médicaments, Boudhour, etc...
Comme on crée une révolution et on revient au pouvoir vite vite vite

conseil tunisien
| 02-10-2016 07:35
mille remerciements au parti AL IRADA d'avoir dévoiler ces pratiques criminelles !!!

nazou
| 01-10-2016 19:37
Les médias étrangers font comme BN. ils rapportent.
Faites plutôt des recherches sur le fameux journaliste d'investigation Sylvain besson.

Forza
| 01-10-2016 18:58
Voici des liens de medias étrangers qui traitent du sujet du Sénégal jusqu'au Luxembourg et une des sociétés suisses était impliquée aussi dans le scandale des décharges d'Abidjan il y'a quelques année lors de la guerre civile. Il s'agit de la santee des gens, le gouvernement peut stopper cet import et honnêtement lorsque je vais en Tunisie pour les vacances, je constate une très grande pollution de l'air et ce n'est pas seulement le nombre de voitures qui est en cause mais aussi la qualité des carburants.
http://www.lequotidien.lu/international/des-negociants-suisses-accuses-de-vendre-des-carburants-toxiques-en-afrique/
http://www.france24.com/fr/20160916-dirty-diesel-negociants-suisses-accuses-vendre-carburants-toxiques-afrique
http://www.au-senegal.com/carburants-toxiques-au-senegal-vers-des-controles-de-qualite-renforces,13149.html?lang=fr
http://www.senxibar.com/Andreas-Missbach-l-homme-qui-pilote-l-enquete-sur-le-carburant-toxique-Les-premiers-prelevements-ont-tout-de-suite_a37485.html

nazou
| 01-10-2016 18:19
Quant on connaît la bordille de soit disant journaliste d'investigation qui nous pond, cette affaire !!
On a tout compris !!!

Le gouvernement a d'autres chats à fouetter que de s'épuiser avec les pyromanes du cpr !!!
Un coup ils cherchent le pétrole !
Un coup le pétrole est nocif !
Un coup y-à des élus qui se font acheter pour voter des lois !
Sans oublier les pauvres bougres qu'ils montent comme des réveils !!!
En leur disant que l'état a du fric, mais qu'il le garde pour lui !!!
Ce qui oblige lugtt à négocier avec les travailleurs pauvres, pour avoir des augmentations de salaire !!!
Alors lugtt n'en fini pas d'essayer de calmer les chômeurs, les pauvres, et les désespérés !!!!
Mais jusqu'à quand L'UGTT va t-elle jouer le rôle de pompier qui éteint les feux allumé par des ORDURES ??!!!

Halim
| 01-10-2016 17:10
Le carburant importé durant la troika était un scottish black label...

Premiumwatcher
| 01-10-2016 16:43
Pour des gens qui ont été au pouvoir, comment peuvent ils ignorer que la Tunisie a ses propres raffineries et importe donc que du pétrole que ses raffineries transforment en essence, en gasoil et en bitume. Bande d'idiots ignares