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Chroniques
La lente mise à mort du gouvernement
04/05/2017 | 15:59
5 min

A lire et écouter les hommes politiques, indépendamment de leur appartenance ; à lire et écouter les experts politiques de tous bords, on est en présence d’une incroyable confusion sur les raisons qui ont amené le chef du gouvernement Youssef Chahed à limoger ses ministres des Finances, Lamia Zribi, et de l’Education nationale, Néji Jalloul. En tout cas, cela ne va nullement renforcer l’efficacité du gouvernement pour résoudre la crise multiforme que traverse le pays. Bien au contraire, cela va fragiliser davantage un gouvernement déjà à bout de souffle, n’arrivant pas à gérer « les pressions » avec lucidité et intelligence. N’y a-t-on pas constaté que Youssef Chahed s’est subitement déjugé en moins d’un mois d’un principe de conduite qu’il a solennellement fait sien : ne sanctionner un membre du gouvernement que sur la base de son rendement? Car, enfin, on ne peut pas croire que le rendement de Néji Jalloul à la tête du ministère de l’Education ait pu se dégrader si précipitamment, depuis l’interview télévisée au cours de laquelle le chef du gouvernement a réaffirmé d’une part son attachement à ce principe et d’autre part, son total soutien, sur cette base, à son ministre de l’Education.

 

Cela serait extrêmement difficile, sinon impossible, de l’admettre compte tenu des propos tenus par le porte-parole officiel de la présidence du gouvernement, Iyed Dahmani : « Le rendement de Jalloul n’est pas à mettre en doute », a-t-il déclaré sur le plateau de l’émission 24/7 sur El Hiwar Ettounsi, trois jours seulement après la mise à l’écart sans ambages du ministre de l’Education. Ce ne sont pas non plus les pressions de l’UGTT qui en sont la source, a-t-il ajouté, sans fournir pour autant une quelconque raison probante, à considérer comme telle l’affirmation de Iyed Dahmani sur d’énormes tensions prévalant au sein du département de l’Education. Tensions dont il ne fournit d’ailleurs ni les tenants, ni les aboutissants, mais que le gouvernement a considéré qu’elles touchaient l’intérêt suprême de l’Etat, ainsi que celui des élèves. C’est stupéfiant. L’intérêt suprême de l’Etat est évoqué pour des tensions au sein du ministère du ministère de l’Education, mais nullement pour les tensions qui prévalent à Tataouine et qui font dangereusement tâches d’huile. Là, le gouvernement a fait le choix de la négociation sur des revendications proprement surréalistes, au contraire de ce que prônait Néji Jalloul pour le secteur de l’éducation.


D’ailleurs, on ne négocie pas sous la pression. Youssef  Chahed en a fait l’amère expérience à Tataouine. En outre, il n’en a visiblement pas tiré l’enseignement idoine : réagir avec fermeté. Au contraire, c’est curieusement au retour de Tataouine qu’il a pris la décision d’écarter son ministre de l’Education. En tout cas, l’opinion publique largement convaincue que le gouvernement a cédé aux injonctions de l’UGTT et aux désidératas des représentants syndicaux de l’éducation nationale. Une attitude dont il a payé cash la portée à travers le traitement subi par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Zied Laâdhari, lors de sa visite au site de la société El Fouledh, en se faisant « dégager » par les représentants du syndicat de base de l’entreprise nationale. Une effrayante dérive en perspective.

 

Le cas de Lamia Zribi est autrement plus symptomatique. Là aussi, on n’a pas jugé la ministre des Finances sur son rendement, mais sur ses propos. Elle a été sanctionnée comme l’a été l’âne – qu’elle m’en excuse – dans la fable de Jean de La Fontaine, « les animaux malades de la peste ». Elle a osé dire tout haut ce que, dans la sphère du pouvoir, on feignait d’envisager. L’animal de mauvais augure, en quelque sorte. Car, hormis cela, que pourrait-on lui reprocher ? Plusieurs de ses collègues n’ont pas été éjectés pour plus que cela.

Le ministre du Transport aurait dû être écarté à la suite des tensions à Tunisair. Le ministre de l’Equipement et de l’Habitat aurait dû être démis de ses fonctions à la suite de la signature de la convention conclue entre le ministère et certains promoteurs immobiliers dans le cadre de la nouvelle législation de soutien à l’acquisition d’un premier logement par les ménages tunisiens. Le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale aurait dû être éjecté compte tenu de nos faibles performances pour attirer les investissements étrangers. A cet égard, la dernière publication du cabinet Ernest & Young sur l’attractivité des destinations africaines d’investissement montre que la Tunisie ne fait plus partie du top 10 des sites d’investissement les plus attractifs d’Afrique en 2017, ayant de surcroît perdu 5 rangs à la 13e place, alors que le Maroc trône à la 1er place, suivi par le Kenya et l’Afrique du Sud . Le ministre de l’Industrie et du Commerce aurait dû être écarté au regard du déficit abyssal de notre balance commerciale et de la détérioration des parts de marché, extérieur et intérieur, du produit tunisien. La ministre du Tourisme et de l’Artisanat aurait dû être limogée après ses puériles inaugurations de restaurant, café et autre boulangerie-pâtisserie. Et l’on peut continuer ainsi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un gouvernement constitué de ministres qui ne sauraient plus où donner de la tête entre leurs fonctions et les intérims qu’ils doivent assurer et assumer, avec le risque d’étioler définitivement son efficacité et donc de le voir disparaître inéluctablement. Une lente mise à mort du gouvernement semble se profiler.

 

 

04/05/2017 | 15:59
5 min
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Commentaires (15)

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déjà-vu
| 08-05-2017 16:31
Le bédouin inculte ne s'est lâché en tunisie que quand on lui a enlevé brides et oeuillieres, croyant sincèrement parfois que l'ancien régime l'empéchait de ressortir ses facultés créatives...

Vous êtes comblés. La bête démontre des aptitudes inépuisables pour la ruine, le mal, la revanche et la destruction.

C'est après la nakba de 2011 que l'âne s'est mis à ruer tous fers dehors.
C'est lui qui s'est toujours opposé à toutes civilisation et citoyenneté.

Désormais intouchable, ventru, bedonnant et toujours aussi farouchement opposé à l'état, il n'aura cesse de semer la zizanie jusqu'à la destruction de ce pays dont ses dromadaires aujourd'hui remplacé par des bolides n'ont jamais reconnu les frontières. Trafiquant, pilleur de butin et primitif, on lui a sciemment laissé les mains libres à travers une constitution hybride qui favorise les alliances louches et l'ineptie débilitante.

Aucun gouvernement n'y pourra rien tant que les descendants des esclavagistes tantôt version cravaté et tiré à 16 épingles, tantôt version barbu, sale et sanguinaire mèneront la danse.

C'est le même énergumène sans scrupules, au nord, au sud, à l'est et à l'ouest. Il suffit de gratter la fine couche qui recouvre sa crasse.

Il parle toujours de "lyoum". car amnésique et incapable de voir plus loin qu'aujourd'hui...Aucun avenir.

reKaskaslou...et mat.

révolution des enseignants chercheurs docteurs ,doctorants
| 05-05-2017 18:29
Tout a fait , il faut un expert en économie à al tête de ce gouvernement , regardez en France c'est Macron le préféré (détient d'une expérience ) , n'est pas impliqué dans des affaires de corruption.la corruption est pire que le terrorisme , le problème c'est que tant Ennahdha fait partie de la coalition avec son argent du Katar , les progressistes cherchent qu'a s'enrichir , le peuple meurt sous la crise économique et sociale . il nous faut des gens compétents et intègres .Le problème ce n'est pas Chahed car on lui a laissé l'héritage des anciens gouvernements qui ont tour à tour pillé ce pays , or il reste plus rien à faire , le malheur dans ces ministres c'est qu'ils veulent rester coute que coute , hausse de l'euro , regardez les touristes britaniques vont arriver , bientôt la Ghriba ...comme pour lepen pas de programme économique sur le moyen terme , avec cheikh des nahdhaoui , il vaut mieux qu'on retourne vivre dans des tentes et vivre du troc des animaux pendant qu'ils nous vendent ces valeurs empoisonnées ils se tapent des séjours dans les iles caraïbes ...bref la honte à ces égoïstes voleurs de la révolution ...

basta
| 05-05-2017 18:06
(Encore Un Qui Mord La Poussière).

Il est clair qu'on ne fait que patauger en tâtonnant.. avec les gouvernements successifs, et qui n'ont fait qu'aggraver l'état actuel des choses, d'autant plus qu'on a remis le pouvoir à des vieillards datant du siècle dernier pour les guider... et à des charlatans, et à des présidents qui devraient être dans un asile de fous ou de vieillards.

basta ce tâtonnement d'aveugles; et voilà ce que je propose:

Qu'on propose au Roi du Maroc de prendre les rênes du pouvoir chez vous... parce qu'il a démontré depuis presque 20 ans:

1- Qu'il est capable de régner, et d'améliorer le sort de ses sujets sans avoir à voler ( car il est déjà plus que riche)

2- Qu'il est un descendant du prophète ' qui enlève toute légitimité aux charlatans, car ils ne peuvent pas entrer en compétition avec le descendant de celui qui a prêché la religion, qu'ils prétendent de défendre.

( alors on n'a plus besoin des charlatans qui prétendent vouloir sauver vos âmes ... parce qu''ils ont peur de dieu... mais, qui ont démontré durant ces 6 dernières années qu'ils ne sont que des voleurs et des menteurs.)

Hanni2
| 05-05-2017 15:30
Vous me semblez très imbu de votre personne! Qui êtes vous pour nous donner du "vous et vos semblables" tel un super professeur qui sait tout sur tout et nous assène ce qui finalement n'est rien d'autre qu'une opinion comme une vérité définitive? Ben Ali à certes fabriqué des têtes vide en série mais ce n'est certainement pas lui qui a rempli ces mêmes têtes avec le poison wahabo-frériste...ce n'est pas Ben Ali qui a invité des prédicateurs moyen-ageux, ce n'est pas Ben Ali qui a mis à disposition des terroristes une compagnie aérienne et ce n'est certainement pas Ben Ali qui a dit "si je pouvais j'irai moi-même faire le jihad...

"L'ère de l'ignominie , qui a fait émerger ces mentalités bédouines abjectes qui bloquent toute tentative de rationalisation et de modernisation de notre système socio-productif."

C'est une blague? Rassurez moi? Vous avez suivis l'actualité ces six dernière années? N'avez vous pas remarqué que notre dette, environ 40% du PIB en 2010 et désormais à presque 60% du PIB...qui est à l'origine de la régionalisation des conflits si ce n'est la troika et à leur tête le droitdel'hommiste de pacotille qui provoque les foules avec ses propos irresponsables...qui a vidé les caisses de l'état une fois au pouvoir?...qui a engagé des milliers d'incompétents improductifs qui touchent des salaires à ne rien faire et plombe le budget de l'état pour des décennies? Qui fait fuir le entreprises internationales en permettant des blocages d'usine parfois par une seule personne??? Qui a assimilé le tourisme européen à un toursime de prostitution? Etc,Etc...ne croyez vous pas que tout cela a quand même une petite incidence sur notre appareil productif?...mais bien sur c'est la faute de Ben Ali, tellement facile...oui oui...

Un peu d'humilité ne vous ferais pas de mal..;o)

Hannibal

PS: Cet écris est bien de moi et je n'ai donc violé aucun droit d'auteur pour cette fois! Soyez rassuré!

Nephentes
| 05-05-2017 14:06
Vous me semblez être un nostalgique de l'ère ben ali.

L'ère de l'ignominie , qui a fait émerger ces mentalités bédouines abjectes qui bloquent toute tentative de rationalisation et de modernisation de notre système socio-productif.

Vous et vos semblables êtes les ennemis de la Tunisie; les autres abrutis dont ces goujats irresponsables de l'UGTT ne sont que vos avatars.

El Chapo
| 05-05-2017 12:31
6 ans après la merdolution qui a eu droit à une standing ovation de la part du Cheikh Hussein Moubarack Obama, vous voilà dénudé comme des afghans et affamés comme des somaliens , la destruction des structures de qui reste de ce pays n'est plus qu'une question de temps ...

Le plan de la secte de la confrérie ikhwano-*** avec à leur tête le Gourou RG avance à pas sûrs et efficaces, El Khilefa errachideh essadissa remplcera bientôt l'oeuvre de Bourguiba pour vous ramener vers les confins de l'obscurantisme de l'humanité..

A4
| 05-05-2017 12:23
C'est la baraka d'ennakba. Tout ce qu'elle touche se transforme en ... (autocensure) !

CBLT FM
| 05-05-2017 10:54
Tout comme au moment de la troyka, c'est la Nahdha qui continue à orchestrer en sous main le ballet des actions gouvernementales. Depuis l'avènement du gouvernement d' « ettawafoc » en 2014, elle orchestre, aussi paradoxalement et toujours en sous main, le ballet des revendications sociales.
En cela Enahdha reste fidèle au dicton tunisien qui dit en substance « Il met le feu dans la baraque et se demande d'où vient la fumée ».

Nephentes
| 05-05-2017 10:12
Il se dégage des différents remaniements dans cette présidence BCE une désagréable impression de MANIPULATION et de légèreté opportuniste, voire sacarstique.

Comme si BCE et Ghannouchi se comportaient comme des exécutants chargés d'animer une scène de théâtre et duper un public d'abrutis inconscients.

Une gestion d'une immense tromperie, en somme.

La question de l'existence d'un "cabinet fantôme" réel décideur du sort de ce pays ne peut pas être écartée.

La gouvernance en trompe l''il du pays et la gesticulation dans un décor de carton-pâte, c'est de l'histoire ancienne en Tunisie.

DHEJ
| 05-05-2017 10:07
Et serais-tu partie prenante dans cette varie révolution???


Non je ne pense pas vraiment! Mais contre va se soulever le tunisien???


Sauf contre sa stupidité!