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La grogne des douaniers, une menace à prendre au sérieux !
28/03/2017 | 19:59
5 min
La grogne des douaniers, une menace à prendre au sérieux !

 

Médecins, juges, enseignants et douaniers, si la semaine dernière devait porter un thème, ce serait celui des revendications, des mouvements de protestation et des grèves. Le mouvement des douaniers, est toutefois passé quasi inaperçu. Si les choses ne s’étaient pas gâtées et que des heurts n’avaient pas éclaté à Radès entre les sitineurs et les forces de l’ordre, ce mouvement n’aurait pas fait couler une goutte d’encre.

Pourtant, l’importance de ce corps de métier, pilier de l’économie tunisienne, semble inversement proportionnelle à l’intérêt qui semble lui être accordé. Pourtant, le 22 mars au port de Radès, centre névralgique du pays, on est passés près de la catastrophe.

 

Le syndicat unifié des agents de la douane tunisienne a organisé un sit-in de contestation à la place de la Kasbah pour que soit réexaminée la liste de leurs revendications. Le cortège s’est ensuite déplacé vers le port de Radès où des agents des forces de l’ordre ont été dépêchés pour circonscrire le mouvement.

 

 

De vives altercations ont alors éclaté entre les deux corps de métier, offrant au public une image cauchemardesque d’une épreuve de force entre deux fronts. Plus tard, par communiqués interposés, les deux corps ont réaffirmé leur solidarité et souligné que ce qui s’est produit n’est qu’un incident isolé.

Le syndicat de la douane exigeait du ministère de tutelle des accords relatifs à l’augmentation de la prime de risque et celle du désert ainsi qu’à la restructuration de la direction générale de la douane.

Par la voix du colonel Hatem Hlel, membre du bureau exécutif du syndicat de la Douane, le corps exige « un renfort humain et matériel, l’amélioration des conditions de travail, l’alignement sur les primes de risque qui ont été accordées aux autres corps armés, la gratuité des transports publics et la restructuration du corps de la douane ».

Il a ajouté, lors de son intervention sur Nessma TV, que le syndicat ne lâchera pas ses revendications et que les mouvements de protestation se poursuivront tant que le ministère des Finances fera la sourde oreille et refusera d’octroyer aux douaniers des droits qu’ils considèrent légitimes.

 

La ministre des Finances, Lamia Zribi, a, pour sa part, exhorté les douaniers protestataires à être plus compréhensifs au vu de la situation financière du pays.

Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, elle a déclaré avoir reçu les douaniers pour écouter leurs doléances en ajoutant que certaines revendications des douaniers sont effectivement légitimes tandis que d’autres sont pour le moment très difficiles à satisfaire compte tenu de l’état des finances du pays. Elle a cependant précisé que la porte du dialogue reste ouverte.

 

C’est pourtant l’absence de dialogue et le refus de la ministre de recevoir les représentants des douaniers à la Kasbah, qui a fait que la manifestation se soit déplacée au port de Radès, a souligné Hatem Hlel.

Un déplacement qui, semble-t-il, a eu de quoi inquiéter les autorités. Le mercredi étant, en effet, le jour où l’on enregistre le plus grand flux d’importations rendant toute perturbation au port de Radès absolument inconcevable.

« Nous avons organisé des sit-in dans de nombreux ports du pays et jamais nos mouvements n’ont dérapé ou entravé le cours de l’activité d’où notre étonnement de voir les forces de sécurité venir protéger un territoire dont nous avons nous-mêmes la charge et que nous protégeons depuis toujours » a précisé Hatem Hlel.

 

Le membre du Bureau exécutif du syndicat de la Douane a confirmé qu’un autre sit-in se tiendra à Radès le 5 avril et que les douaniers opteront pour l’escalade si rien n’est fait entre temps pour satisfaire leurs revendications.

Il faut toutefois rappeler, que le règlement intérieur (loi fondamentale) du corps de la douane, amendé en 2013, octroie au corps armé de bénéficier d’une structure syndicale mais avec interdiction totale de faire grève sous peine radiation.

C’est donc une poignée de protestataires qui effectuera le sit-in tout en garantissant la poursuite du fonctionnement normal du port, a souligné Hatem Hlel.

 

Le syndicat des agents de la douane a, en outre, rappelé que leurs revendications sont principalement professionnelles et liées à la réforme du secteur et qu’elles n’ont pas de  lourdes conséquences financières comme a tenté de l’insinuer la ministre des Finances.

Il s’agit notamment de réviser la loi organique relative à la Douane, de régulariser la situation des agents recrutés après la révolution, d’adopter plus de transparence dans les mutations et les nominations, d’établir un partage équitable des PV et d’augmenter les primes concernant les heures supplémentaires.

« Où sont donc les revendications exagérées dont parle la ministre qui ignore le dialogue et fait preuve de nonchalance envers la plupart de nos doléances induisant en erreur l’opinion publique ? » indique le syndicat des agents de la douane.

 

Les arguments du syndicat des agents de la douane se tiennent et d’ailleurs personne, à part la ministre des Finances, n’a contesté ou critiqué leur bien-fondé. Etant eux-mêmes sur le front, comme le sont les autres corps, militaires et sécuritaires, il est tout à fait normal d’exiger une prime de risque à la hauteur de la menace encourue.

 

Si critique il y a eu, elle a concerné la forme, avec une crainte bien visible de voir gelée l’activité des ports du pays. Si cela venait à se produire un jour, ce serait lourd de conséquences et rien que pour le risque que cela présente sur l’économie déjà en berne du pays, il faudrait que les autorités donnent au dossier l’importance qu’il mérite. Satisfaire les revendications des douaniers permettrait aussi, peut être, d’éradiquer enfin la corruption qui gangrène ce corps…

 

Myriam Ben Zineb

 

28/03/2017 | 19:59
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Commentaires (4)

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Prorata Temporis
| 30-03-2017 14:37
"Tu arrives à de meilleurs résultats avec un mot gentil et un flingue qu'avec un mot gentil tout seul" (Proverbe des quartiers chauds français)

C'est le discours, l'attitude, la philosophie que vous appuyez, celle des bandits et de la loi de la jungle.

Vous avez si peu de foi en l'humanité ?

el manchou
| 29-03-2017 14:58
Avec la prolifération de mini-caméras, nos pauvres douaniers ne peuvent plus avoir de rachwa comme au temps de Zaba.

Il leur faudrait donc une prime d'absence de rachwa pour compenser cette perte.

Je suis à titre personnel partisan d'un doublement du salaire des douaniers assorti d'une loi qui punit les douaniers corrompus d'au moins 10 ans de prison.

El Chapo
| 29-03-2017 09:36
Des douaniers qui roulent en Jeep Grand Cherokee badgé en tant que police des douanes rutilantes à 201 000 dinars en se pavanant en plein jour au vu et au su de tout le monde ..
Je ne vois pas pour quelles raisons ils se mettraient en grogne ... ?!?

En voyez vous ?

DHEJ
| 28-03-2017 21:34
Entre fuites et envasement, la rétention est faible!


D'OU-ANE?