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Interview de Wided Bouchamaoui : Personne ne peut ni ne pourra jamais menacer l'UTICA !
02/10/2015 | 20:15
8 min
Interview de Wided Bouchamaoui : Personne ne peut ni ne pourra jamais menacer l'UTICA !

Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), nous a reçus dans son bureau au siège de la centrale patronale lundi 28 septembre 2015. Elle a évoqué, sans ambigüité, la situation de l’économie tunisienne ainsi que le bras de fer avec l’UGTT parmi divers autres sujets. Interview.

 

Vous avez, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme concernant la situation de l’économie tunisienne. Est-ce que vos appels ont été entendus ?

Ce qui est sûr c’est que j’ai dit la vérité, rien que la vérité et les résultats sont là confirmant mes propos. Mes appels ont été entendus, je pense que tout le monde est conscient de la gravité de la situation économique en Tunisie. Nous avons besoin, aujourd’hui, d’actions concrètes. Certes, c’est bien de faire le diagnostic de la situation, mais il faut aussi donner un remède. Aujourd’hui nous connaissons la situation du pays : tous les indicateurs sont négatifs et l'économie est dans une situation très grave. Mais, qu’avons-nous fait pour éviter cela? Tout malade risque gros quand on ne lui donne pas son médicament !

Aujourd’hui, il faut vraiment entreprendre les réformes nécessaires pour avoir une meilleure visibilité et il faut que les gens reprennent le travail aussi.

 

Comment évaluez-vous le rendement du gouvernement de Habib Essid sur le plan économique ?

Ce n’est pas mon rôle d’évaluer. Ce que l’on sait, est que le chef du gouvernement a toute la volonté de travailler. Il a besoin de l’unité, aussi bien du peuple que de toutes les associations, toutes les organisations et de tous les politiques, étant donné qu’aujourd’hui, tout seul, il ne peut rien faire. Dieu merci, en Tunisie nous avons appris à dialoguer ensemble, à discuter ensemble et avons trouvé une solution grâce au dialogue. Le chef du gouvernement a besoin d’avoir à ses côtés des personnes qui l’épaulent et qui travaillent avec lui pour sortir de cette situation.

Il faut aussi que ce gouvernement ose entreprendre les réformes nécessaires. Il faut aujourd’hui passer à la vitesse supérieure. Malheureusement, il y a eu deux attentats de grande ampleur, outre une situation sécuritaire grave. Tous les efforts ont donc été concentrés sur le volet sécuritaire. Aujourd’hui, en ce qui concerne les chantiers économiques, je pense que M. Essid et les membres du gouvernement n’ont plus le choix et doivent s’atteler à ces problématiques et trouver les solutions adéquates pour sauver, ensemble, l’économie du pays. En tant que partenaires sociaux, nous nous devons de l’épauler.

 

Par quel chantier devra-t-il commencer, selon vous ?

Premièrement, il faut que le secteur public commence les projets d’infrastructure : il y a beaucoup de projets en stand-by ou entravés. Il est important que l’Etat donne ce signal fort par le biais de la réalisation de projets qui vont attirer l’investissement privé. Deuxièmement, il y a eu un effet d’annonce pour certaines réformes depuis quelques temps. L’effet d’annonce est passé et le gouvernement doit commencer les réalisations : le Code d’investissement, la réforme PPP, la réforme fiscale, etc. La majorité de ces projets sont bien avancés, il faut juste les finaliser et les faire passer devant l’ARP… Que l’on s’y mette !

 

Vous avez, récemment, été l’invitée d'Angela Merkel à Berlin. De quoi aviez-vous discuté ?

Il s’agit d’une initiative d'Angela Merkel, la chancelière allemande, qui préside actuellement le G7. L’objectif du forum était d’étudier la situation de la femme, d’une manière générale, sur le plan politique, économique et social et d’essayer de comprendre les raisons de son absence dans plusieurs postes de décision au niveau politique, où elle n’est pas bien représentée dans les parlements et les gouvernements, ainsi que dans les institutions internationales. Nous avons aussi parlé de la précarité de l’emploi dans certains secteurs où la femme est sous payée malgré des conditions de travail difficiles.

Personnellement, j’ai eu la chance de discuter avec Mme Merkel. Nous avons évoqué, alors, la situation économique de la Tunisie. Je l’ai remerciée pour ce que l’Allemagne a fait pour la Tunisie, tout en lui expliquant que ces efforts restent insuffisants, vu les challenges qui nous attendent. Je lui ai dit : "Nous nous sommes retrouvés seuls à combattre le terrorisme. Nous ne sommes pas responsables et nous nous battons seuls, surtout avec la situation en Libye. Nous avons besoin de l’aide internationale pour faire face à ce fléau très néfaste pour le pays aussi bien pour la sécurité que pour le commerce". Nous avons également besoin de relancer les investissements. Bien que les investissements allemands en Tunisie n’ont pas baissé, il faut les relancer davantage pour la relance du pays.

En outre, nous avons parlé du Forum tuniso-allemand, qui se tiendra le 5 octobre 2015 à Stuttgart (en Allemagne). Un événement que nous préparons depuis un an pour faire la promotion du pays, pour parler de son climat d’investissement et pour encourager d’autres investisseurs à venir investir en Tunisie dans certains créneaux spécialisés tels que la santé, les TIC, l’automobile et les énergies renouvelables.

 

La rencontre entre vous, Houcine Abassi, Béji Caïd Essebsi et Habib Essid a donné lieu à une entente sur la préservation de la paix sociale. Pensez-vous qu’elle sera respectée ?

Lorsque nous nous engageons pour quelque chose, nous respectons nos engagements, mais nous ne pouvons pas nous investir tant qu’il n’y a pas cette entente et ce climat social. Tout le monde doit être en mesure de respecter cet engagement. La paix sociale a un prix et tout le monde doit partager ce prix : ce n’est pas à nous seuls de payer.

S’il existe un moyen de faire des ajustements ou d’accorder des augmentations, bien sûr selon la capacité financière des entreprises, nous sommes prêts. Nous avons, cependant, besoin aussi d’avoir une meilleure productivité, un meilleur engouement pour le travail et que les gens travaillent. Si on trouve que le climat est bon, pourquoi pas ? On n’a aucun problème à respecter nos engagements, si toutes les conditions sont réunies. Mais il faut que tout le monde respecte ses engagements et non pas qu'une seule partie le fasse !

 

A quoi est donc dû le blocage ?

Pour moi, il n'y a aucun blocage. Aujourd’hui, nous avons commencé les réunions avec l’UGTT, en vue d’établir un accord cadre général pour entamer les négociations. Il y a eu du retard, c’est tout à fait compréhensible dans les négociations de dossiers importants qui demandent plusieurs réunions pour se mettre d’accord. Il y a eu depuis la création de l’UGTT et de l’UTICA des négociations difficiles, donc ce n’est pas quelque chose de nouveau. Il y a des tactiques, ici et là, pour nous provoquer mais nous sommes habitués.

Nous sommes toujours ouverts au dialogue : depuis la création de l’UTICA, notre force c’est d’être toujours à l’écoute et nous n’avons jamais refusé une négociation. Nous pensons que les dernières déclarations de Belgacem Ayari n’ont pas lieu d’être, car dans une négociation, il y a des hauts et des bas et chaque partie présente sa vision des choses, jusqu’à ce qu'un compromis soit trouvé, les blocages faisant partie intégrante des négociations. Nous n’avons jamais refusé le dialogue. Nous refusons, par contre, catégoriquement les provocations et les menaces. Personne ne peut et ne pourra jamais nous menacer. Ça c’est certain !

 

Une grève telle que décrite par Belgacem Ayari "générale et historique" peut-elle réussir ?

S’ils veulent la faire qu’ils la fassent, ça ne nous gêne pas !

 

Que pensez-vous du projet de loi de réconciliation nationale ?

Nous avons déjà communiqué notre position. Aujourd’hui, il est temps de trouver une solution. On ne peut pas laisser des dossiers économiques trainer pendant 5 ans. Il faut trouver une solution. Bien sûr, je rappelle qu’avant tout, les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires sont des Tunisiens, on ne peut pas les écarter. Ceux qui ont bénéficié d’avantages doivent rendre au peuple ce qu’ils ont pris : nous sommes d’accord sur ce point. Mais il faut respecter la législation et appliquer cela sur tout le monde.

Nous avons apprécié dans l’initiative du président de la République la séparation entre la partie économique et celle liée aux atteintes aux droits de l’Homme. Sinon, c’est logique que ceux qui ont profité du système remboursent l’Etat pour qu’il y ait des investissements dans les régions intérieures. Nous sommes contre les vengeances et les règlements de compte. Est-ce que quelqu’un a calculé combien va nous coûter la non-réconciliation ?

 

Où en est l’initiative lancée par l'UTICA au cours de l’été ?

Nous avons travaillé d’une manière très intense avec nos partenaires du secteur privé. Dans les semaines à venir, nous émettrons des propositions concrètes lors d’une conférence de presse où nous présenterons notre plan d’action. Ce n’était pas facile, puisqu’il fallait regrouper toutes les données et mettre à jour certaines données suite aux attentats du Bardo et de Sousse. Au mois d’octobre, nous allons donc présenter un plan d’action détaillé pour chaque axe.

 

 

Avez-vous des ambitions politiques pour l’avenir ?

J’ai des ambitions dans la vie. Mais actuellement, je suis à la tête de l’UTICA et mon mandat s’achève en janvier 2018. J’ai beaucoup de challenges à relever, de dossiers à traiter et je me consacre pleinement à la gestion de l’UTICA. Certes, on m’a suggéré de grands postes mais j’ai refusé. Les adhérents de l’UTICA m’ont élue pour une mission bien déterminée et mon objectif est de réussir cette mission pour avoir la conscience tranquille. C’est le plus important !

Je ferai tout mon possible pour réussir ce challenge qui intervient dans des conditions économiques très difficiles. Pour moi, ça serait la meilleure récompense.

 

Imen NOUIRA

02/10/2015 | 20:15
8 min
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Commentaires (15)

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Alex niffer
| 05-10-2015 21:03
Si demain on a la capacité d adaptation des Guous des autres et capable de fabriquer et produire ce qu ils veulent mais pas ce qu on a à leur vendre. la tunisie sortira le plus rapidement possible de ce tunnel sans fin.

Alex niffer
| 05-10-2015 20:17
Avec tous les respects que je vous dois et autant que citoyen concerné et intéressé, vous ne proposez rien de constructif ni sur le long ni cours terme afin de sorir notre économie de la dépendance et la faire propulsé par le capital indestructible ce que j appelles moi le capital de l intelligence manuels et visuels et créative.

Mounir
| 04-10-2015 12:49
Laissez cette Dame rêver des grands postes' Elle fait partie de ces gens d'une intelligence moyenne qui se prennent pour des génies! Et c'est très grave à mon sens

Montaigne
| 04-10-2015 10:34
Bouchamaoui stigmatise les propos "provocateurs" d'autrui, tout en usant du meme style; sinon, que veut dire "personne ne peut ni pourra jamais menacer l'UTICA" ou "s'ils veulent la faire (la greve) qu'ils la fassent,ça ne nous gène pas".De tels propos relèvent d'un langage musclé peu rassurant, quant à l'avenir des négociations sociales.Dictature patronale? Dictature syndicale? Non,le Tunisien n'acceptera ni l'une ni l'autre

Kammoun Nabil
| 04-10-2015 00:11
Bravo Mme Bouchamaoui Vous avez bien répondu et tout dit en toute transparence nous sommes très fier de vous pour continuer votre mission à l'UTICA pour lever tous les défis des difficultés sociaux-économiques que la TUNISIE est entrain de vivre et défendre les secteur privés.
Je saisit cette occasion pour vous informer et demander votre soutient:
Notre secteur de l'optique-optométrie souffre encore des conflits interprofessionnel soulevé par les médecin ophtalmologistes.
On compte sur votre compréhension et la continuité de votre soutien permanent à défendre la profession pour la mètre dans les standards internationaux à fin de booster l'emploi des jeunes diplômes en Tunisie et à l'étranger.
Il y a deux semaines un dialogue avec les ophtalmo est réengagé au ministère de la santé. Les ophtalmos s'obstinent à demander au ministère à réviser notre cahier de charge pour avoir la main mise sur le destin et l'avenir de la profession d'opticien-optométriste pour bloquer son évolution et la faire reculé dans une pratique arcaillique pour des intérêts purement individuel tout en ignorant l'intérêt général du niveau de nos services qu'on doit offrir au citoyen Tunisien et visiteur étranger.Notre travail doit répondre aux niveau des standards internationaux. On doit préserver nos acquis pour préserver la haute qualité de nos services et équipements optiques à fin d'accomplir notre noble tache de bien soigné la vision de nos clients.
Avec Nos remerciements.

Jamel
| 03-10-2015 22:01
Madame Wided Bouchamaoui ne m'a pas encore pleinement convaincu ! Je trouve l'interview ci-dessus banale et superficielle.

Puis, il faut arrêter de nous raconter des histoires du genre "on m'a suggéré de grands postes mais j'ai refusé." Ceci n'est qu'un signe d'un grand besoin de reconnaissance!

Myself
| 03-10-2015 20:20
Bravo pour ton exposé clair , net et sans commentaires.
Tu as tout dit et expliqué aux gueux :
Leur futur est le Nationalisme ARABE point barre!
Et on trouvera toujours en Tunisie des mal embouchés de la politique qui tiendront un autre discours mal intentionné pour te donner la réplique.
Tu as fait un exposé politique clair , net et sans ambiguïté.
De la part d'un immigré "Boche" qui n'est pas souvent d'accord avec toi sur l'emballage de tes com, mais pour une fois je te le dis, je te le cris que c'est la sitution future pour TOUS les gueux d'Afrique, du Moyen Orient, d'Europe et d'Asie et des Amériques.

Rahim
| 03-10-2015 18:40
Éclairez ma lanterne ,est ce les nominations à la présidence de l'UTICA est pour la vie comme le fût Hédi Djilani sous la dictature ???

Aramis
| 03-10-2015 17:28
la classe et l'intelligence de hedi djilani ne peuvent etre egales , c'est dommage qu'il soit ecarte bien que wided bouchamaoui n'est pas mal .

salahtataouine
| 03-10-2015 16:28
c est la victoire qui se dessine !!!!
un souvrainisme ,un patriotisme et des etats independants , c est le but pour perdurer dans ce monde !

modaffar annawab disait dans les anneés 80 "kafiroun man hajja makkata bidoun silah"

nous y voilà ,la fin de l islamisme a sonné et le printemps d obama warrior bat de l aile !!

Merci le TSAR ; merci BACHAR en attendant l entreé de ESSISSI et la glorieuse armeé d egypte