alexametrics
vendredi 26 avril 2024
Heure de Tunis : 04:53
Chroniques
Incitations fiscales et primes à tout va
02/02/2017 | 15:59
3 min

 

Le projet de loi réformant le système des incitations fiscales à l’investissement vient d’être adopté. Il ne constitue qu’un pan d’une réforme de toutes les autres formules d’incitations, comme les subventions et les primes ou encore les prises en charge par l’Etat des contributions aux régimes de sécurité sociale.

 

L’histoire peut sembler puérile, elle n’en reflète pas moins un art consommé de la cohérence. Lors de la présentation du code de l’impôt des personnes physiques et l’impôt sur les sociétés, celui-là même qui régit notre actuelle législation fiscale directe, au début des années 1990, on avait interrogé son père-fondateur, Hassen Dachraoui qui est d’ailleurs le père-fondateur de notre système fiscale actuel, dans la mesure où il fut également le père de la TVA en Tunisie et de notre législation en matière de droits d’enregistrement ; on l’avait ingénument interrogé sur les raisons pour lesquelles il a limité les abattements pour enfants à charge dans la déclaration de revenu des personnes physiques, à seulement 3 enfants.

Sa réponse fut d’une cinglante évidence : parce qu’au-delà de 3 enfants, cela irait à l’encontre des objectifs de la politique de planning familial du pays, a-t-il tout simplement répondu. La même démarche régit d’ailleurs les allocations familiales servies par nos caisses de sécurité sociale. En effet, l’aide trimestrielle que fournissent les caisses sociales aux ménages ayant des enfants à charge est strictement limitée aux trois premiers enfants, pas plus. Tout cela pour dire, ou plutôt rappeler, que ce genre d’approche, on ne peut plus pragmatique, évite opportunément toute sorte d’errements.

 

Il faudrait espérer que le projet de loi de réforme des incitations fiscales, adopté mercredi 1er février 2016, par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), obéisse à cette démarche.  Certes, il est déjà heureux qu’on réforme notre système d’incitations fiscales tant les résultats qu’il affiche sont sans commune mesure avec l’effort consenti. Chaque année, les incitations fiscales et autres avantages financiers accordés par l’Etat pour impulser l’investissement, l’emploi, l’exportation et le développement régional atteignent des montants considérables. Depuis 2010, les avantages fiscaux et financiers accordés par les pouvoirs publics pour soutenir le développement socioéconomique du pays représentent, bon an mal an, 1,4 milliards de dinars. Cela équivaut à environ 8% des ressources fiscales annuelles de l’Etat et près de 10% de l’investissement global annuel du pays.

Malheureusement, cela n’a pas permis de relancer  la croissance, ni de fouetter les exportations, ni de dynamiser les régions intérieures. Si l’on s’en tient uniquement au critère d’emploi, cela signifie que, durant ces dernières années, l’Etat aurait contribué à hauteur de 30 000 dinars environ pour chaque emploi créé.  Pire encore, cela représente l’équivalent de 30 000 dinars pour chaque création nette d’emploi. A l’évidence, la réforme du système était nécessaire à la fois d’un point de vue d’efficacité économique et de saine gestion des finances publiques.

 

Cependant, le projet de loi précité ne concerne que le volet fiscal des incitations. Il n’aborde pas le volet social, c’est-à-dire les mesures d’exonération et autres de prise en charge par l’Etat aux régimes sociaux pour stimuler la création d’emploi. Il n’aborde pas le volet des primes : prime à l’investissement, prime à l’exportation, prime au développement régional ou prime à l’emploi. Sur cet aspect aussi, une revisite est nécessaire. Elle est d’autant plus nécessaire au regard des ressources financières de l’Etat et du principe de cohérence dans l’utilisation des deniers publics.

 

Un exemple suffit pour illustrer le propos : les primes à l’investissement. Dans certains cas et situation, leurs octrois mériteraient d’être plus sélectifs ou mieux ciblés. Est-il logique d’accorder indifféremment la même prime pour un investissement d’acquisition  de biens ou d’équipements fabriqués localement et pour un investissement d’acquisition de ces mêmes biens ou équipements lorsqu’ils sont importés ?  Ne voit-on pas là une forme de subvention à l’importation et une fragilisation de notre tissu industriel ?

02/02/2017 | 15:59
3 min
Suivez-nous

Commentaires (12)

Commenter

Tunisienne
| 08-02-2017 14:34


Bonjour cher Nestor,


Je dois d'abord avouer que je suis intriguée au plus haut point par "Sos n.burma : ***" : le message a-t-il été censuré ou auto-censuré ? Hhhh...


Je te remercie de tes délicates attentions (la musique et les autres liens) pour me faire sortir de la morosité ! C'est le temps tristounet d'hier matin qui m'avait fait parler de morosité, et j'espère ne t'avoir communiqué aucun sentiment négatif...

Sur l'ESS, tu ne croyais certainement pas si bien faire en me communiquant ces pistes de réflexion, je sors justement d'un cours dans ce domaine... C'est dire combien ces expériences concrètes de l'ESS m'intéressent ! Je voudrais particulièrement creuser les expériences (créatives et réussies) menées dans le contexte tunisien même si elles ne sont pas nombreuses. Je m'intéresse aussi (dans la suite de notre échange) aux expériences qui pourraient servir de créneaux pour la sous-traitance dans le secteur formel. En attendant de voir se développer un tiers-secteur à part entière...


Sur ce, ami généreux et prévenant, je te souhaite plein de belles choses et, au minimum, une excellente fin de journée !


Tunisienne


N.Burma
| 08-02-2017 09:27
Chère Tunisienne,

Les jours se suivent et heureusement ne se ressemblent pas, aussi j'émets le v o e u, que demain sera un autre jour, où la morosité s'efface pour laisser place au sourire et à la joie. Je te proposerais bien la messagerie privée pour en parler le cas échéant.
J'ai vu que tu as décortiqué le marché informel plus que ne peut l'être une crevette et je m'en réjoui, c'est vraiment un document de tout premier ordre pour disséquer la question très complexe de l'informel, aussi bien par les fraudes de toutes sortes des sociétés légales, que par l'affront du marché parallèle et l'impossibilité pour l'Etat de le réduire à la portion congrue.
Sans vouloir déclarer une guerre sans merci contre le marché parallèle, il m'a semblé que des expériences menées à l'étranger donnent de bons résultats pour limiter les dégâts du marché parallèle. Il s'agit du secteur de l'économie solidaire et sociale.
La société civile française en accord avec les autorités civiles de l'Etat, a déployé des ressources considérables pour créer l'économie sociale et solidaire, on peut estimer aujourd'hui à plus de deux millions d'actifs qui travaillent et obtiennent un salaire grâce à l'ESS.
Sans entrer dans les détails du succès de l'ESS, on peut commencer par citer les organismes charitables qui prennent en charge une bonne partie du secteur, je mentionne la communauté d'Emmaüs qui déploie des trésors d'ingéniosités pour créer un travail durable auprès d'une population précaire. Le succès d'Emmaüs s'explique notamment par la connaissance du marché, ils sont capables de récupérer, de réparer et de remettre en circulation des produits qui auraient été voués à la poubelle, sans le savoir-faire de cette grande association. Ce savoir et savoir-faire qu'elle dispense, enseigne à la population non qualifiée.
Il existe une autre grande association qui se nomme « Envie » et qui s'est spécialisée dans la récupération de tous les appareils électroménagers qu'elles retapent et fournissent une garantie d'un an sur tous les objets qu'elle vend.
D'autres associations récupèrent des vieux ordinateurs destinés à la destruction, ces associations démontent pièce par pièces les ordinateurs pour récupérer les éléments à recycler.
D'autres associations à qui les municipalités ont fourni un champ que les associations cultivent, rentabilisent en produisant bio et en assurant la vente par paniers à des usagers qui s'abonnent pour obtenir à titre régulier un panier de fruits et légumes bio de saison.
D'autres associations effectuent des travaux de repassage de vêtement, d'aides sous toutes les formes, sans nuire au secteur privé.
Il existe même des associations financières qui achètent des appartements pour y loger à titre de locataires des personnes de faibles revenus afin que ces personnes remontent la pente et redeviennent autonomes.
Il se trouve que je m'intéresse au miel et je sais, comptes à l'appui, qu'il faudrait 150 ruches à un apiculteur expérimenté pour pouvoir y vivre et faire vivre sa famille. 150 ruches, c'est 2000 kilos de miel à l'année au minimum, c'est aussi un budget de 30.000 dinars pour la création de cet emploi qui peut s'amortir en de trois ans c'est à dire que l'investisseur se rembourserait le budget au terme des trois ans et l'opération pourrait être répétée auprès d'autres apiculteurs.
Les grandes sociétés privées de Tunisie, (elles ne sont pas très nombreuses mais tout de même) peuvent faire des actes symboliques avec le monde associatif pour limiter les dégâts sociaux et permettre de construire des filets sociaux de sécurité pour évite le pire.

A l'humble amie morose je souhaite la plus agréable des journées


1 Deux minutes d'humour à enrayer la morosité : https://www.youtube.com/watch?v=D-DZUnh8-Ro
2 Quatre minutes avec Goran Bregovic (Variations musicales sur chup-chik) à recommander le matin au réveil: https://www.youtube.com/watch?v=77tfFhBxaoA
3 Appréciation de la Coface (Compagnie d'assurance d'Etat, du gouvernement français)
http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Tunisie
4 Sos n.burma : ***


Tunisienne
| 07-02-2017 13:37


Bonjour ami,


Bien-sûr que si !

Merci encore pour ce document rigoureux, qui synthétise l'essentiel et permet de prendre la juste mesure de l'ampleur du phénomène de l'informel. Un phénomène qui est dramatiquement amplifié par le contexte sociopolitique islamo-révolutionnaire actuel et les discours populistes dominants qui tendent à légitimer l'informel (comme avec l'affaire de Jelma, par exemple). L'informel ne fait pas que tuer l'Etat, il marque et renforce le délitement du sens civique et esthétique.

Mais l'informel est d'abord une mentalité, très prégnante même chez les chefs d'entreprises formelles (sous-déclarations, recherche de différents types d'«ouvertures» et de flexibilité), et encore plus dans les entreprises familiales (c'est-à-dire une grande partie de notre tissu entrepreneurial). En termes d'exemplarité pour les autres, ce n'est donc pas ce qu'il y a de mieux !

Cette mentalité exprime, non seulement la défiance à l'égard de l'Etat, mais également l'attentisme voire l'exigence arrogante et autoritaire vis-à-vis de l'Etat, sans rien vouloir donner en retour. C'est donc 'également- l'expression d'un déficit de citoyenneté.

D'où la nécessité d'éduquer, d'expliquer, de sensibiliser à cette dimension de la citoyenneté (vaste chantier avec le populisme et la cacophonie ambiants, les messages politiques contradictoires voire les sabotages de ceux qui ne croient pas en l'Etat !).

D'où également l'urgence de la mise en 'uvre d'une stratégie socioéconomique fortement concertée et coordonnée (entre les différents départements) et incluant des critères priorisés et sélectifs de développement d'activités (facilité administrative d'entreprendre, fiscalité allégée, approche durable et inclusive, possibilité de valorisation des ressources et opportunités spécifiques par région, potentiels de marché et de croissance...). Les activités et emplois informels pourraient alors progressivement trouver à s'insérer dans ces cadres formels.

Pour différentes raisons, le BTP devrait, à mon avis, être inscrit parmi les secteurs prioritaires : la résistance de ce secteur à la crise et sa capacité à employer, la concentration dans ce secteur de pratiques à la limite de la légalité, les grands travaux envisagés (dans et entre les régions) et les possibilités d'absorber une bonne partie des activités et emplois informels dans le cadre des grands projets menés en PPP dans les régions, les possibilités de croissance, de développement et de renouvellement (logement durable...), les opportunités d'exporter le savoir-faire accumulé vers des pays maghrébins/ africains, etc.

Je propose également de faire la lumière (dans les schémas de l'informalité) sur les modes préconisés dans tous les secteurs (de la plus grande entreprise aux professions libérales, en passant par tout ce qu'il y a au milieu) pour avoir des clients/ marchés et pour conclure des transactions menées «de gré à gré» sur la base du favoritisme, du copinage, des échanges de bons procédés (avec différentes formes et nuances de corruption).


Je propose enfin la mise en place d'un accompagnement spécifique aux micro-entreprises, un accompagnement qui devrait être axé sur des besoins et des métiers spécifiques, recensés et catégorisés, et qui viserait à terme à faire sortir les personnes/ microstructures accompagnées de l'informalité.



Quant à la musique de Goran, aaah..., un vrai moment de vie et de vibration ! Elle est enivrante, exaltante, elle donne des ailes, elle défie toute propension à la morosité...

Voilà ce que pouvait dire ton humble amie en ce jour morose !


Très bonne journée



N.Burma
| 07-02-2017 09:22
Chère Tunisienne,

Pas de nouvelle du marché informel ou des atouts qui feraient séduire les investisseurs ?
Pas de nouvelle de Goran et de son ensemble de cuivre ? Avec Goran, on sait ce que la musique veut dire, c'est comme un texte de Marx, en rythme ! On finit par penser comme penseraient Goran et Karl à la fois !
Je me suis dit, Goran va faire danser Tunisienne et l'énergie musicale est parfaite pour la pensée énergique !
Très bonne journée !

Tunisienne
| 05-02-2017 16:34


Un grand merci, cher Nestor, pour les précieux documents et la superbe musique !


Salut



N.Burma
| 05-02-2017 14:15
Chère Tunisienne,

Quand dans un magasin bien achalandé tu ne trouves pas le produit exact que tu recherches, l'épicier habile est toujours prêt à te proposer un produit équivalent, qui peut satisfaire ta demande, sans pour autant être le produit que tu voulais.
Les deux documents dont je t'ai parlé proviennent d'une grande administration sise à Tunis et dont il faut montrer patte blanche à l'entrée et à la sortie, tout fonctionnaire muni de sa carte professionnelle à jour, y a accès.
Tout cela pour te dire que je n'aimerais pas que par une imprudence de ma part, une ou un ou deux abrutis, s'y présentent avec une ceinture explosive, voilà pourquoi, je te communique deux documents singulièrement très proches des deux documents d'origine et qui feront parfaitement l'affaire.
Ciao Bella et en la circonstance Bella Ciao !

1 En écho à Laurent Pagny :
https://www.youtube.com/watch?v=PEp711KyvgI

2 document sur le secteur informel :
http://joussour.org/wp-content/uploads/2016/11/2016-01-25-Le-secteur-informel-en-Tunisie-Draft.pdf

3 start-up democray (le document)
https://www.fichier-pdf.fr/2014/09/11/tunisie-start-up-democracy-1/preview/page/1/


Tunisienne
| 04-02-2017 15:16



Bonjour cher Nestor,


Très touchée par tes encouragements, je t'en sais gré et te remercie d'impulser des débats de haut niveau et de grande qualité dans tous les domaines !


Est-ce que ces études gouvernementales sont consultables ?



Bon weekend !



N.Burma
| 04-02-2017 12:39
Chère Tunisienne,

J'ai lu ta contribution avec autant d'intérêt que celle lue, du maitre de maison HBA et j'en reste collé sur ma chaise par ta maitrise de ce dossier, sans vouloir te tresser des lauriers, je ne connais pas une seule autre personne sur ce site, qui serait capable d'éclairer les lecteurs et lectrices sur les enjeux de cette question stratégique entre toutes que celle de la création d'emplois.
Je persiste à penser que le plan gouvernemental, malgré ses défauts, mérite d'être poussé, mis en pratique et même défendu, car ce plan est à mon avis le soldat Ryan qu'il faut sauver.
J'ai entre les mains deux études gouvernementales, l'une qui porte sur l'ampleur de l'économie informelle et l'autre sur les start-up issue de la conférence « investir en Tunisie : start-up democracy.

La première étude fait un tour complet sur pratiquement toutes les formes qui caractérisent le marché informel sous toutes les variétés et représentant d'après les sources du gouvernement près 36 % du PIB et plus de deux millions d'employés.
La seconde étude, sur les start-up, met en évidence les capacités réelles des ressources humaines de Tunisie, ces ressources, capables de transformer la Tunisie en Singapour, ou Hong Kong en une décennie de stabilité politique, de sécurité territoriale et de calme social, qualités indispensables pour un renouveau économique qui mettrait fin au calvaire.
Un pays qui est capable de produire plus de 70.000 têtes chercheuses par an et qui dispose d'un terrain favorable aux énergies solaires, pourrait s'en sortir, pour peu qu'il cesse de trébucher sur le sexe des anges et les applications stupides de rituels religieux.
Voilà ce que je puis répondre à tes terribles diagnostics, terribles mais justes réalisables, il n'en faut pas plus !

Bonne journée, Tunisienne, tête chercheuse !

Tunisienne
| 03-02-2017 18:34


Bonsoir cher Nestor,


Je te remercie !


Tout en saluant la justesse de ton argumentation sur les différentiels de coûts de création d'emploi par activité, je pense qu'on peut quand-même admettre que la création d'un poste d'emploi (un emploi qui peut d'ailleurs être tout à fait précaire) coûte trop cher à l'Etat (avec, évidemment, les limites de tout chiffre retraçant une moyenne) : lorsqu'on sait que l'Etat met le paquet tous azimuts sur l'entrepreneuriat de façon indifférenciée et sans trop mettre la pression sur la question de la durabilité de l'emploi (y compris pour l'entrepreneur lui-même); si on ajoute les coûts de l'accompagnement, de l'appui technique sectoriel, de la prospection de marchés...; si on tient compte des exonérations du paiement de certaines charges et cotisations pendant les premières années (même si ces exonérations ne concernent pas toutes les entreprises); si on ajoute les contrats d'insertion dans un premier emploi..., le chiffre de 30.000 dinars peut tenir la route. Un investissement qui n'est pas compensé par la création d'emplois qualitativement et quantitativement importants : les investisseurs ont tendance à faire des montages de projets où le poste des ressources humaines est le plus négligé, bricolé et comprimé en coûts et effectifs.

Je pense d'ailleurs qu'une politique de promotion sélective de secteurs/ filières/ activités jugés prioritaires (pour le développement régional durable et inclusif, la création d'activités à forts potentiels de croissance, l'exploitation d'opportunités de marchés, etc.) devrait également être sélective et exigeante en termes de politiques d'emploi dans ces activités, dans le sens de permettre d'attirer les meilleurs, de leur permettre de devenir encore meilleurs et de les fidéliser. C'est, à mon avis, primordial et à même d'avoir, dans une phase ultérieure, un effet d'entraînement sur l'emploi moins qualifié...


Très bonne soirée !




N.Burma
| 03-02-2017 12:47
Lisant attentivement la chronique d'économie de Houcine Ben Achour, je suis en admiration qu'il ait si bien retracé, traduit et réécrit la pensée fiscale citant l'illustre fondateur de la fiscalité, en la personne de Hassen Dachraoui.
Déjà en s'arrêtant un instant sur la démographie, c'est à partir de trois enfants que la reproduction de la société se poursuit sans heurts de surpopulation et sans crainte d'extinction de l'espèce humaine tunisienne ! Il me semble sage, économiquement parlant d'inciter la population et notoirement les ménages à un savoir-vivre autour d'une famille de trois enfants au maximum.
La chronique aurait pu s'arrêter à ce stade de l'équilibre entre démographie et fiscalité, démographie et économie, démographie et liens sociaux, en développant bien sur la question sur l'organisation de la société régie autour de trois enfants par ménage.
Sur le deuxième volet de la chronique de HBA (Houcine Ben Achour) à propos des incitations de l'Etat pour encourager la création d'emplois et favoriser les exportations, BHA se plaint du coût excessif des créations d'emplois (30.000 dinars par emploi) comme si le coût était invariable selon le secteur d'activité, en étant volontairement excessif, le coût d'un chirurgien sur un plateau de chirurgie n'est pas comparable au coût d'un menuisier dans son atelier de menuiserie, les dépenses de l'Etat pour créer un chirurgien ne sont pas les mêmes que pour former un menuisier, par conséquent, ce n'est pas le coût moyen qui deviendrait important, mais dans quels secteurs de l'économie les incitations sont les plus importantes eu égard aux choix du gouvernement dans sa politique de l'emploi.
Là où je partagerai l'avis de HBA, c'est à propos des incitations sélectives concernant le made in Tunisie, oui, on peut reprendre la formule de choc de Trump à propos de l'industrie automobile américaine qu'il incite à revenir aux USA sous peine de lui infliger un taux de TVA assez dissuasif.
Je vois bien quelques secteurs où la Tunisie pourrait se hisser à un bon niveau de production, le secteur pharmaceutique ou l'agroalimentaire, peuvent en effet être des vecteurs de développement durable et porteurs de créations d'emplois.
Mais quoique fasse le gouvernement, tant que le cancer qui ronge littéralement l'économie du pays n'est pas enrayé, tant que le marché parallèle se taille de croupions à l'économie légale chancelante, le pari du gouvernement est forcément battu en brèche et condamné d'avance.


Je salue au passage Tunisienne en lui souhaitant une très agréable journée, tout en la remerciant pour « Ma Liberté de penser » Florent Pagny, qui m'a littéralement enchanté durant au moins une heure de temps !