Quand eux, parlent de GAFA, BATX et IA, nous parlons d'UGTT, SIAPE et C.J.
Sous d’autres cieux, la tendance est à l’excellence et à la méritocratie comme en témoigne l’élection du célèbre mathématicien Cédric Villani à la députation en France. Un homme qui a défrayé la chronique par ses positions tranchées et en disant tout haut ce que la majorité pense tout bas : les déclarations d’intention et la distribution d’iPad ne suffisent pas pour sauver le système éducatif qui sombre inéluctablement dans la tourmente à cause de cette mixité sociale dans les écoles et le taux élevé d’enfants issus de l’immigration qui ne maitrisent pas les fondamentaux de la langue et des sciences.
Et en ces périodes de fortes turbulences internationales et nationales marquées par tant de distorsions idéologiques, de montée du populisme et de grand-écarts intellectuel entre les Nations, je vous dresse un petit tableau comparatif entre les phrasés , les mots et les postures utilisées dans les différents médias par nos politiques locaux et par le reste du monde.
GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon. Des entreprises américaines de la Sillicon Valley, qui totalisent à elles seules, plus de 1000 milliards de $ de chiffre d’affaires et qui dominent le monde en surfant sur la révolution numérique qui a commencé en 1990. En à peine 30 ans, ces entreprises sont devenues les géants du monde en faisant d’internet un levier de croissance et de développement.
BATX : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi
L’équivalent chinois des GAFA avec des entreprises qui ont non seulement rattrapé le retard mais dépassé leurs homologues américains en capitalisant sur les composantes le soft et le hard.
I.A : intelligence Artificielle. Quand l’ordinateur Deep Blue bat le champion du, monde d’Echecs Gary Kasparov, le monde a basculé vers ce qu’on appelle aujourd’hui l’intelligence artificielle. Les nano processeurs ont pris la place des neurones humains et on a développé ce qu’on appelle la nouvelle science : le transhumanisme.
Des ingénieurs tentent actuellement de construire des machines en se basant sur le « deep learning », qui est un entassement de milliards de données stockées dans l’ordinateur pour lui permettre d’identifier sa propre perception des choses et des objets. En 2012, la machine a pu identifier un chat sans que personne ne lui dise que c’est un chat.
Le « Big data » avec ses milliards d’informations personnelles et matérielles ont été introduites dans ses gigantesques machines, pour faire rouler leurs algorithmes sur la base de ces données, des théories ont été développées, des jobs ont été créés et d’autres ont disparu ou sont en voie de disparition. Le médecin deviendra certainement l’infirmier de sa machine dans quelques années.
Aujourd’hui c’est le temps du Full data.
Zuckerberg a promis que d’ici quelques années, vous n’aurez plus besoin de votre Smartphone, pour communiquer avec vos amis, mais d’un casque télépathique. Le Smartphone est peut-être le dernier objet matériel qui fait le pont entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle.
Et nous, ou en sommes-nous de toute cette intelligence ?
N’en déplaise aux plus romantiques, nous nous contentons du simple rôle de consommateur passif de ces technologies sans apporter, comme l’ont fait les chinois, nos spécificités et notre couche d’intelligence.
Nous nous disputons encore pour installer des usines de voitures pour créer des emplois d’ouvriers et d’exécutants sans tenter de créer des usines technologiques pour créer de l’intelligence génératrice de croissance et de richesse.
Mon vœu pour cette nouvelle année civile, est que nous soyons les prestataires d’Apple pour fabriquer non seulement des smartphones mais surtout les applications qui lui sont intégrées.
Quand les gens ont pris la ruée vers l’or gris, après avoir épuisé l’or jaune et l’or noir sur leur route, nous n’arrivons même pas à nous débarrasser d’un détritus sédimentaire polluant pour les beaux yeux de 500 employés qui veulent toujours vivre à Sfax.
J’aime une belle formule de DR Laurent Alexandre* : pour l’économie du futur, il faut des travailleurs ultras qualifiés, un écosystème numérique et un Etat stratège, et dans tout ça je pense que nous n’avons rien.
Le fossé qui nous sépare du reste du monde ne cesse de s’agrandir et sans une prise de conscience rapide et salutaire, il nous sera impossible de rattraper ce retard.
L’Europe qui nous devance de très loin est déjà à la traine par rapport à l’Amérique et à la Chine mais les nouveaux gouvernants, comme Macron, qui ont rompu avec la politique politicienne, sont en train de rééquilibrer les rapports de force mondiaux en tentant de freiner l’autoritarisme de ces nouveaux régimes qui sont GAFA et BATX.
En Tunisie, nous avons besoin de dirigeants qui capitalisent sur l’intelligence et la méritocratie. Nous avons besoin de dirigeants qui soient convaincus que le Big Data est le plus grand espace de stockage sans que nous ayons besoin de Km de terrains, qu’Internet va soigner 90% des cancers, que 80% des transactions commerciales en ligne sans payer de fonds de commerce, que nous pouvons faire du tourisme sans avoir d’hôtels et transporter des personnes sans avoir de taxis.
Internet est certainement la vraie révolution et si chez nous elle a permis de polluer le débat public, de légitimer la calomnie, de diffuser la vulgarité et d’aider à l’embrigadement, sous d’autres cieux elle permet de créer de nouveaux business, de générer de la richesse, de faciliter la vie avec les objets connectés et de généraliser le Savoir puisque dans un avenir proche l’éducation est appelée à devenir une branche de la médecine et que le monde deviendra sans frontières.
Le monde est déjà l’intelligence artificielle, alors qu’en Tunisie, hélas nous sommes encore au stade des discussions superficielles.
Bon réveil 2018
*DR Laurent Alexandre : Neurologue « La guerre des intelligences »