B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.
C’est stupéfiant ce que certains ministres et secrétaires d’Etat qui ont eu en charge le portefeuille des Finances au sein des gouvernements successifs depuis 2011 ont la mémoire courte ou perdu le sens de la mesure.
Critiquer la loi de finances et la politique budgétaire du gouvernement actuel leur est légitime, cela ne fait aucun doute. Sauf qu’il conviendrait préalablement qu’ils assument leurs responsabilités et avouent leurs erreurs sur certains choix budgétaires qui ont rendu la situation des finances publiques si périlleuses aujourd’hui. Tous ont contribué au gonflement du stock de la dette. Tous ont laissé filer le budget des rémunérations et le budget de subventions. Aucun n’a rendu opérationnelle la moindre réforme structurelle.
Alors, entendre certains d’entre eux parler « d’absence de politiques publiques », « de rafistolages », « d’adoption d’hypothèses irréalistes dans l’élaboration du budget de l’Etat », « de nécessaires réformes structurelles et de révision de la politique de subvention », laisse rêveur. Heureusement, il s’en trouvera un, Hakim Ben Hammouda, qui avouera au micro d’une station radio, que l’actuel gouvernement « devra faire ce qu’on n’a pas fait ».
La loi de finances 2018 matérialise, en fait, une grande partie de ce qui devait être entrepris il y a quelques années. La hausse de la TVA, la limitation des importations par un relèvement des barrières tarifaires et par un resserrement des conditions de financement des importations, la fixation d’un plafond à la subvention des produits énergétique, la maîtrise de la masse salariale en arrêtant les recrutements nets, toutes ces mesures ont été proposées aux gouvernements de l’époque, ministres et secrétaires d’Etat aux Finances compris. Malheureusement, ils ont fait la sourde-oreille, pour ne pas dire l’autruche, face au péril.
En 2014, l’homme d’affaires, Hamadi Bousbiï, s’est payé une pleine page du quotidien La Presse pour livrer ses « réflexions concernant d’éventuelles solutions aux déficits actuels » à travers lesquelles il recommandait au gouvernement d’ « établir une liste des produits importés non essentiels qui ne bénéficieraient d’aucun crédit bancaire et obliger les importateurs à bloquer un montant équivalent pour 6 mois au Trésor ».
Cette liste, qui représenterait selon lui 8 à 10 milliards de dinars d’importation, « ferait diminuer les importations de 2 à 3 milliards de dinars et permettrait au Trésor de disposer d’un fonds de roulement de 3 à 5 milliards de dinars ». Il y proposait aussi « l’instauration d’une taxe de 1 à 1,5% sur les paiements en devises (achats et ventes) qui pourrait rapporter 1 milliard de dinars à l’Etat » ou encore d’introduire « un droit de consommation de 10% à 15% sur les communications téléphoniques ». A la même époque, le Centre de recherches et d’études sociales (CRES) serinait les autorités pour qu’elles accélèrent la mise en œuvre du « projet d’identifiant social », étape essentielle à la mise en place de l’identifiant unique, l’outil fondamental sans lequel la politique de subvention de l’Etat n’aurait aucun sens et donc aucune efficacité.
Ce n’est qu’aujourd’hui qu’on consent à prendre de telles mesures et d’autres en plus. Elles sont douloureuses, nul ne peut le nier. Sont-elles indispensables ? En tout cas, elles sont incontournables pour freiner l’effrayant déficit des finances publiques et remédier à la sérieuse fragilité de la position extérieure du pays, premières causes à la dégradation du taux de change du dinar. Il va falloir serrer la ceinture aujourd’hui, avant de la serrer davantage demain et éviter l’excessive empathie à l’égard de ceux qui s’offusquent, râlent ou protestent contre la cherté de la vie du fait de l’application de la loi de finances 2018, alors même qu’ils en étaient amplement avertis, oublieux que leur train de vie est bien supérieur à leurs revenus. Sur ces mêmes colonnes, on rappelait, il y a moins de 6 mois, qu’en 2015, dernière statistique disponible, la consommation par habitant dépassait largement le revenu disponible par habitant.
Au cours de l’entretien accordé à la chaîne de télévision Watania 1, le chef du gouvernement Youssef Chahed a pris pour exemple le Portugal qui s’est infligé une cure de rigueur drastique et de vraies réformes structurelles. Balayé par la crise financière, dévoré par le chômage de masse (18% en 2013), englué dans les déficits abyssaux (10% du PIB) et une dette phénoménale (110% du PIB), il était, en 2011, à deux doigts de la banqueroute. Six ans plus tard, c’est une tout autre ambiance. La croissance est repartie (1,8% prévu en 2017), les comptes publics sont sortis du rouge, le chômage a été divisé par deux et la balance commerciale est redevenue positive (+ 4,1 milliards d’euros en 2016).
Un renversement pareil n’a été rendu possible que lorsque les autorités portugaises se sont attaqués à la plus sensible des réformes qu’un gouvernement, quel qu’il soit, est amené à mettre en œuvre : le marché du travail. On a assoupli les conditions de licenciement, introduit des mécanismes pour permettre aux entreprises en difficulté de régler leurs problème sans trop de casse, permis une forme de modulation du temps de travail au sein de l’entreprise. Afin de réduire le coût du travail, on est allé jusqu’à supprimer trois jours de congés payés et quatre jours fériés.
Pour redresser les finances publiques, les autorités portugaises n’ont pas hésité à réduire de presque 10% les effectifs de l’administration, allonger le temps de travail et même de diminuer les salaires. Dans le même temps, elles ont revu à la baisse le remboursement de certaines prestations sociales, elles ont augmenté de 2 points de pourcentage la TVA et elles ont cédé plusieurs actifs appartenant à l’Etat.
Elles y sont arrivées parce qu’elles ont avoué de but en blanc que ces orientations allaient appauvrir les ménages et que cela constituait la seule issue. Elles y sont arrivées parce que les partenaires sociaux, à de rares exceptions, se sont mis d’accord pour travailler ensemble dans l’espoir de lendemain meilleur pour tous. Ils ont accepté de jouer le jeu même cela n’a pas été facile de part et d’autre d’avaler autant de couleuvres et de contenir une contestation de plus en forte de la population. « Cela nous a obligés à de grands sacrifices, mais nous en avions l’obligation morale », avouait récemment, à la revue Capital, Carlos Silva, le Secrétaire général de l’UGT (Union générale des travailleurs ou l'União Geral de Trabalhadores), l’un des plus influents syndicats portugais, proche du Parti socialiste portugais.
En prenant exemple du Portugal, Youssef Chahed pensait-il à tout cela ?
Commentaires (16)
CommenterConfusion Portugal-Espagne
B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.
peut être que Chahed a la solution et qu'il arrive un peu trop tard pour convaincre les tunisiens
enfin bref, la Tunisie est un petit pays jeune et dynamique mais trop divisé. gouvernements après gouvernements n'ont fait qu'affecter les écarts sociaux et aujourd'hui le tunisien souffre, oui, il souffre d'un problème identitaire et bien plus, entre ce qu'il vit et ce qu'il voit à la télé et ce qu'il entend, on est en pleine confusion!
essayer d'aider les pauvres, les vais pauvres, essayer d'encadrer la jeunesse d'aujourd'hui qui avec les drogues et cachets et autres sont foutus, trouver une solution au blanchiment d'argent, et commerce parallèle.....
Notre salut
Comparaison n est pas raison
Au Portugal on parle le portugais pas l espagnol
Sinon, je note que dans tous les pays l herbe semble plus verte chez le voisin.
Ce type d article que l on retrouve au Portugal, remplacer Tunisie par Portugal et Portugal par Espagne
incomparable .....
Question de mentalité
Entre-temps une politique d'austérité a été instaurée pour résoudre la crise, mais la mentalité de ces pays n'a rien à voir avec le notre qui est un état assisté par le FMI et la population n'est pas solidaire, allez dire au syndicat de l'enseignement que les salaires vont être réduits de 20% en Tunisie le temps de remettre le pays sur les rails, l'UGTT dégagera le ministre de l'éducation et de l'économie, donc au départ ce n'est pas du tout la même mentalité, les portugais ou les espagnols sont patriotes, ils ont des dirigeants de qualité, rien à voir avec notre gouvernement constitué de politiques qui défendent avant tout leur intérêt partisan.
La preuve on a vu hier la Nahda critiquer le gouvernement sur sa politique alors qu'ils font partie de ce gouvernement, un pied dehors, un pied dedans, cela ne peut pas marcher.
En conclusion, ce sera difficile d'instaurer le modèle portugais en Tunisie, avec des Taboubi, des Ghannouchi et autre Hafedh Sebssi.
Quelle est l'expérience du GAMIN dans le "COPIE/COLLER"?
D'ailleurs peut-il se passer de la SÉCURITÉ ou la réduire, une sécurité qui coûte déjà trop chère pour le budget de l'état???
Le Portugal un pays prospère avec des citoyens patriotes et une bonne gouvernance
Oui il le faut
Il fallait la comprendre plus tôt
Sinon au point où nous en sommes pourquoi ne pas laisser l'UGTT et les opposants à la loi des finances diriger l'exécutif et voir ce qu'ils feront