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Chroniques
Les voies des nouvelles approches sont impénétrables
Par Ikhlas Latif
26/04/2024 | 16:59
4 min
Les voies des nouvelles approches sont impénétrables

 

Croyez-le ou non, nous avons une deuxième chambre législative investie il y a plus d’une semaine, mais personne ne sait exactement quelles sont ses prérogatives.

Pensez-y un peu. Il y a quelques mois, l’Instance supérieure ‘indépendante’ pour les élections (Isie) avait organisé le scrutin pour être en conformité avec les nouvelles dispositions incluses dans la constitution présidentielle. Une campagne électorale a eu lieu, des gens ont déposé leurs candidatures et ont présenté des programmes, puis des électeurs se sont déplacés aux urnes pour élire ces gens. Par la suite, il y a eu un suffrage entre les nouveaux élus pour choisir leurs représentants aux conseils régionaux, puis au Conseil national des régions et des districts. Tout ce processus a abouti donc à l’investiture de la deuxième chambre, mais sans qu’on n'ait une idée précise sur ce qu’est ce conseil. On peut dire sans douter que c’est un précédent dans le monde entier. Du jamais vu ! Peut-être que la chose fait partie des nouvelles approches, qui changeront la pensée humaine, portées par le régime. Peut-être que ces approches sont tellement révolutionnaires et avant-gardistes qu’il est difficile pour nous, communs des mortels, d'en percer le sens. Difficile à comprendre en effet.

 

Le fait est que personne ne connait à ce jour les prérogatives, le rôle et le périmètre d’action de ce nouveau conseil. L’idée d’une assemblée bicamérale nous vient du président qui avait établi cela dans sa constitution rédigée unilatéralement. Au troisième chapitre relatif à la « fonction » législative, un petit nombre d’articles évoque le Conseil national. Ce que l’on sait c’est que la loi de finances et les plans de développement ne peuvent être adoptés qu’à la majorité absolue des deux chambres, que les élus du conseil bénéficient de la même immunité que ceux de l’Assemblée des représentants du peuple et que le conseil national exerce des pouvoirs de contrôle concernant les questions relatives à la mise en œuvre du budget et des plans de développement. La constitution de 2022 dispose aussi qu’une loi devra réglementer les interactions entre l’ARP et le conseil national. C’est tout !

Alors que les nouveaux élus ont investi le siège de l’ancienne chambre des conseillers, il n’existe aucune loi qui réglemente les fonctions de la deuxième chambre, ou la nature de ses relations avec les autres institutions de l’État. Étonnamment, le président de la République a affirmé que c’est maintenant qu’il fallait trouver les idées pour ce faire. Les voies des nouvelles approches sont impénétrables pour les non-croyants en le processus du 25-Juillet.

 

Croyez-le ou non, nous devrions avoir à l’automne 2024 une élection présidentielle, mais personne ne connait la date exacte du scrutin ou les conditions de candidatures. Partout dans le monde et dans les pays qui se respectent (qu’ils soient une démocratie ou pas), le calendrier électoral est connu bien à l’avance. La date peut même être fixée des années avant l’élection tant il ne s’agit que d’un simple détail. Sauf que sous les cieux tunisiens, berceaux des nouvelles approches révolutionnaires, on n’en sait que dalle. Du jamais vu !

 

Au cours de la semaine, l’Isie a renvoyé la balle dans le camp du président. Sous pression, l’instance dite indépendante, avait déclaré que la date et le calendrier seront annoncés tout de suite après la fin des élections du conseil national des régions. Mais toujours rien. Alors, l’Isie, qui a toutes les prérogatives selon la loi de définir la date, a fait savoir qu’elle attendait que le président publie le décret de la convocation des électeurs pour agir. Cependant, et selon la loi, la convocation des électeurs ne se fait qu’avant trois mois du scrutin. Et durant cette période, le président peut convoquer les électeurs trois mois avant ou à la dernière minute. Rien ne l’en empêche. Il pourrait par exemple choisir de le faire à un mois de l’élection et ainsi tout le monde resterait suspendu à son bon-vouloir, à commencer par l’Isie qui n’a pas joué son rôle en définissant au préalable la date exacte. C’est le serpent qui se mord la queue.

Par ailleurs, on attend toujours de savoir quelles seront les modifications faites aux conditions de candidature. On sait que la question de l’âge et de la nationalité sera révisée pour être en adéquation avec les dispositions de la constitution de 2022, mais ça nous parle aussi de nouvelles conditions notamment la nécessité pour le candidat de fournir une copie de son casier judiciaire. Alors que des personnes ont déjà annoncé leur candidature et que d’autres envisagent de le faire, ni la date de l’élection ni les règles du jeu ne sont claires. Le flou total.

 

Peut-être que le régime apprécie tellement le suspens, qu’il compte nous surprendre encore une fois. On ne sait jamais. Et puis ce serait inutile d’essayer de comprendre ou d’analyser puisqu’on vit actuellement sous le règne de la confusion et du fait accompli.

Par Ikhlas Latif
26/04/2024 | 16:59
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Commentaires
Be zen
J'aime bien . . .
a posté le 27-04-2024 à 11:43
. . . J'aime bien les guillemets que vous mettez à "indépendante".
J'aime aussi la "constitution présidentielle". Très juste et bien trouvé.
J'aime aussi quand vous parlez encore de cette même Is"i"e et vous écrivez "l'Isie a renvoyé la balle dans le camp du président".
Elle est OU l'"Indépendance" de cette instance ? ? ?
J'aimerais tant que les soutiens du pouvoir me l'expliquent.
Vous finissez chère Ikhlas Latif par dire "Et puis ce serait inutile d'essayer de comprendre ou d'analyser puisqu'on vit actuellement sous le règne de la confusion et du fait accompli".
Je ne peux qu'être d'accord avec vous. Et je n'attends du coup absolument RIEN de tangible de concret des explications des afficionados du pouvoir.
Hélas ! ! !
Vladimir Guez
Toute ressemblance avec un quelconque pays d'Afrique du Nord ne pourrait être que fortuite
a posté le 27-04-2024 à 07:59
Les Shadoks vivent sur une planète aux volumes changeants, dont ils tombent parfois. Bêtes et méchants, ils construisent des machines improbables qui ne fonctionnent pas, le plus souvent sous l'impulsion du professeur Shadoko.
Les Shadoks sont un peu les rois de l'échec, mais attention rien à voir avec un échec plein de panache. Eux, leur truc, c'est l'échec bête, pesant, obstiné, l'échec bas du front et absurde, qui fait de ces oiseaux bizarres les enfants du père et de la mère Ubu, satisfaits de leur ratage, entêtes dans leur nullité, car comme on dit chez les Shadoks, "en essayant continuellement on finit par réussir. Donc plus ça rate, plus on a des chances que cela marche".
Les shadoks essayent, ils essayent tout d'abord face aux Gibis. Car les Gibis sont aussi intelligents que les Shadoks sont bêtes, c'est ce qui leur permet d'envisager avec sérénité les efforts déployés par les Shadoks pour leur nuire. Il faut dire que les Shadoks en tiennent une sacrée couche, menés par le professeur Shadoko, savant incompréhensible, aux idées stupides, ils tentent vainement de construire une fusée fonctionnant au Cosmogol 999.
Chelbi
Fond du sujet
a posté le 26-04-2024 à 18:05
Il faut monter plus de sagesse et d'intelligence face au voyeurisme et malhonnêteté de ce régime. On continue de raisonner toujours avec la logique et le bon sens pour expliquer ses actes. Or, c'est une perte de temps et d'énergie. Meme si son torchon appelé 'constitution' est bien cousu et le cadre légal régissant les pouvoirs est bien défini, il reste toujours un régime illégitime et hors la loi. C'est ça le fond du sujet sur lequel les actions doivent focaliser. Qu'il invente une dixième chambre de députes s'il le veut, il est et restera un pouvoir illégal et illégitime.
Zarzoumia
Jouha
a posté le 26-04-2024 à 17:50
Ce qui se passe actuellement est plus drôle que Jouha wa edostour.
Après ceux qui gueulaient TAKBIR. certains gueulent TAFSIR.
Heureusement que les voies des nouvelles approche FOSSIRATE, mais la y3lamou ta2wilohou illa 9aysoune. Et les plus érudits ou les plus lèches disent, on y croit.
Za9afouna ya mbahamhom.
A4
Ciel, que "Rabb'ocop" est grand !!!
a posté le 26-04-2024 à 17:07
ROBOCOP (3)
Ecrit par A4 - Tunis, le 10 Octobre 2021

Tel un maudit pécheur
Je viens vous avouer
Mon passé de tricheur
Aux actes inavoués

Tel un vil repenti
A genoux je me mets
Je me fais tout petit
Pour me faire pardonner

Car le jour du destin
Désertant les urnes
J'ai brûlé mon bulletin
Restant taciturne

J'ai voulu faire le fou
Faire semblant d'ignorer
L'immense Manitou
L'unique à adorer

Moi, minable terrien
Comptant le temps en jour
Mais ne comprenant rien
Aux éloquents discours

Je m'émeus quand j'entends
Ces mots de vérité
Qui disent que le temps
N'est qu'une éternité

Dans une éternité
Ou même peut-être deux
Nous saurons, hébétés
Les décisions du Dieu

Nous saurons que c'est lui
Qui seul peut décréter
Quand entre lui et lui
Il peut se concerter

Quant à ceux qui veulent
Entamer un dialogue
Il ordonnera seul
D'ouvrir son monologue

Il leur dira, haletant
D'un air désabusé
Quand ça sera l'instant
De lancer les fusées

En attendant cette heure
J'ai un pèlerinage
A faire loin des voyeurs
Au temple de Carthage

Je dois me prosterner
Pour rentrer dans les rangs
Prier et entonner
Que "Rabb'ocop est grand" !