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Économie tunisienne : divergences entre le FMI et la Banque mondiale
Par Houcine Ben Achour
10/05/2024 | 08:33
3 min
Économie tunisienne : divergences entre le FMI et la Banque mondiale

 

Par ces temps d’incertitude, le métier de prévisionniste n’est pas une sinécure, ni à l’abri de la critique. Le récent différend entre le gouvernement et l’Institut national de la statistique (INS) sur les résultats de la croissance 2023 en fut une illustration. Une nouvelle polémique surgirait-elle à l’occasion de la publication par les deux institutions de Bretton Woods, que sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), de leurs respectives perspectives économiques mondiales ? On pourrait aisément s’y attendre tant les écarts de prévisions sur l’évolution de la situation économique en Tunisie durant la période à venir établies par les deux organisations multilatérales de financement sont significatifs.

 

Selon le FMI, la Tunisie devrait enregistrer un rythme de croissance annuelle moyen de 1,8% durant la période 2024-2026 alors que la BM estime ce rythme à 2,3%. Cela représente un-demi-point de pourcentage de croissance par an. Ce qui est loin d’être négligeable surtout lorsqu’on se situe à un niveau de croissance aussi bas. Le gouvernement, pour sa part, prévoit un taux de croissance de 2,1%, à mi-chemin entre les estimations des deux institutions financières. Au demeurant, chez les uns comme chez les autres, la croissance serait molle, ne permettant pas de répondre efficacement aux défis qu’affronte l’économie du pays et particulièrement celui de ses finances publiques.

L’écart d’estimation du taux de croissance renverrait probablement à une appréciation différenciée du FMI et de la BM sur l’évolution des déterminants de cette croissance que sont l’investissement et les échanges extérieurs. Selon le Fonds, le taux d’investissement demeurerait très bas durant la période 2024-2026, autour d’une moyenne de 12,3% par an alors que ce taux atteint généralement le double pour les pays émergents comme le notre. Ainsi, chaque année, le pays perdrait du terrain par rapport à ses concurrents.

Sur le front de l’inflation, la décélération du rythme de hausse des prix serait moins forte pour le FMI en comparaison avec les estimations de la BM. La moyenne annuelle d’inflation durant la période de référence serait de 7% pour l’un et de 6% l’autre.

Cependant, la plus importante divergence entre les deux institutions réside dans l’évolution des échanges extérieurs du pays durant la période à venir. Pour le FMI, les exportations de biens et services évolueraient à un rythme annuel moyen de 1,3% durant les trois prochaines années. La Banque mondiale, quant à elle, estime que ce rythme serait deux fois et demi plus rapide à 3,4% l’an. Il en est de même des importations de biens et services avec une progression annuelle moyenne de 5,2% pour le FMI et seulement 3,2% pour la BM.

Du coup, l’impact de telles prévisions sur les finances publiques est diversement apprécié par les deux institutions financières multilatérales. S’agissant du solde budgétaire, il afficherait un déficit de 4,8% à la fin de 2026 selon le Fonds alors que la Banque mondiale ne l’estime qu’à 3,2% du PIB. De son côté, le gouvernement a fixé un objectif de 3,9% de déficit pour l’exercice budgétaire 2026. Curieusement, en ce qui concerne la dette publique, les prévisions du Fonds sont à l’inverse de celles de la BM. L’un estime que l’encours de la dette atteindrait 79,1% du PIB en 2026 alors que l’autre l’a estimé à 81,5% du PIB. C’est chacun dans sa propre perspective qu’ils abondent au niveau du solde de la balance des paiements courants et des réserves en devises du pays. Selon le FMI, le déficit des paiements courants équivaudrait à 3,9% du PIB en moyenne sur la période de 2024-2026 tandis que la BM a prévu une moyenne de déficit de 2,4% du PIB durant la même période. L’écart d’estimation représente une enveloppe de près de 4,5 milliards de dinars sur la période. Ce qui implicitement ne serait pas sans effets sur les réserves en devises du  pays. Les deux institutions prévoient une baisse du niveau des réserves du pays. Le Fonds estime que celles-ci perdraient environ 13 jours d’importations entre 2024 et 2025 alors que la Banque mondiale ne prévoit une baisse que de 3 jours d’importations.

Maintenant, qui dit vrai ? 

Par Houcine Ben Achour
10/05/2024 | 08:33
3 min
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Commentaires
Lotfi
Ces chiffres dépendent du fitir président
a posté le 10-05-2024 à 19:35
Si saied reste, je penche plutot vers les chiffres du FMI (et même pire). Si un autre (zneidi par EXEMPLE est élu fin 2024), je pencherai vers les chiffres de la BM ET M'?ME MIEUX QUE '?A.
Tunisiens, réveillez vous !
Ok
Ula tunisie est un bateau à la dérive teau à la derive
a posté le 10-05-2024 à 12:28
Personne ne peut savoir ce qu'il va lui advenir
Rationnel
Tout dépend des énergies renouvelables
a posté le 10-05-2024 à 11:24
Plusieurs projets d'énergie renouvelables (surtout solaire) sont approuvés et en cour, si ces projets sont finances et achevés, ceci va améliorer la prévision et la croissance peut dépasser les prévision plus optimistes de la BM.

Un projet de 100 MW solaire est un investissement en devises d'environ $100 million ( 314 million TND). Les investissements extérieur en Tunisie sont de 514 pour les 3 premiers mois de l'année 2024. Donc un projet de 100 MW est important. Un projet fut inauguré il y a deux jours et devrait être achevé d'ici la fin de l'année ou au début de 2025 (un exploit dans un pays ou les grands projets prennent une décennie ou plus), deux autres cherche un financement. La majorité de ces projets ont commence en 2019 mais des obstacles de la part de l'UGTT et la STEG ont ralenti leurs progrès. Le financement de ces projets devrait être plus aisés maintenant que ces deux parties sont prêts a accepter les énergies renouvelables. Le coût de ces projet baisse de 20% par an ou plus vu que le prix des équipements descend et avec le développement de l'expertise le risque de développement devrait baisse.
La BCT peut financer ces projets a un taux de 0% comme elle l'a fait pour la dette du gouvernement et réduire le coût de ces projets d'avantage, les fonds étrangers requis peuvent être obtenus avec l'élaboration d'un agrément swap avec la banque centrale chinoise (PBoC) comme c'est le cas de 40 pays émergents pour la majorité des pays musulmans (Indonésie, Malaisie, Kazakhstan, Ouzbékistan, ..).

Le déficit en énergie représente 56% du déficit commercial, la transition vers le renouvelable va éliminer ce déficit. Le prix de l'électricité produite par ces projets d'énergie solaire coûte le 1/5 de l'électricité produite a partir du gaz naturel importé. Ceci est confirmé par l'étude de la banque mondiale (Tunisia Economic Monitor: Renewed Energy to the Economy Spring 2024).
Donc la croissance, la réduction du déficit budgétaire et commercial, dépendent en grande partie de la BCT, la STEG et de l'UGTT et des responsables du secteur.

Vu la conjoncture, ce sont probablement les seuls projets qui peuvent aider le pays a survivre une deuxième décennie noire. L'Argentine du Président Milei a connu un changement rapide dans sa situation financière en quelques mois, mais la Tunisie n'est pas prête a accepter des solutions aussi dramatiques comme la suppression de la moitie des ministères...
le financier
n importe quoi
a posté le à 23:30
quand je lis ca , je me dis que le tunisien croit au pere noel
"La BCT peut financer ces projets a un taux de 0% comme elle l'a fait pour la dette du gouvernement et réduire le coût de ces projets d'avantage, les fonds étrangers requis peuvent être obtenus avec l'élaboration d'un agrément swap avec la banque centrale chinoise (PBoC) comme c'est le cas de 40 pays émergents pour la majorité des pays musulmans (Indonésie, Malaisie, Kazakhstan, Ouzbékistan, ..)."

le taux zero n existe pas en tunisie meme pour la bct . le taux represente les futurs cash flow de la devaluation de la monnaie . et le swap chinois , va dormir c est pas a la demande de la tunisie mais de la chine qui ne fait pas ds le social , faudra leur laisser le port de rades
Juan
TROP de diplomés
a posté le à 16:05
et la suppression des 3/4 des diplomés, futurs chomeurs.
le financier
cher houcine
a posté le 10-05-2024 à 10:32
cher houcine, le pb n est pas de savoir qui a raison ou tord car meme la Fed se trompe sur ses previsions .
Il faut regarder le trend , la tendance , et la tendance reste mauvaise parceque il n y a pas de personne assez competente pour redresser la bar economique et financiere de ce pays .
Honnetement ne pas savoir gerer un pays qui represente un quartier en chine , la ville de new york ou un quartier au Caire est une honte . surtout quand il y a tout a faire
ABF123
FMI Vs. BM
a posté le 10-05-2024 à 09:48
il faut croire le plus technique et le moins politisé, le choix est facilement fait, c est plutot la BM