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Chroniques
Face à cette frénésie délirante, le pays cherche désespérément ses sages
Par Sofiene Ben Hamida
19/05/2024 | 15:58
3 min
Face à cette frénésie délirante, le pays cherche désespérément ses sages

Par Sofiene Ben Hamida


La manifestation de soutien au président de la République qui s’est tenue ce dimanche sur les marches du théâtre municipal n’a pas été franchement grandiose. Contrairement à ce qui avait été annoncé, elle n’a pas été la grande parade, la démonstration de force qui réunirait un million de personnes comme le prédisait certains.

Les appels propagandistes sur les réseaux sociaux et le grand ramassage par bus dans les régions n’ont pas suffit. Cette manifestation a été juste une de ces manifestations ordinaires, comme on a eu l’habitude de voir ces derniers mois, qui a réussi à animer, un tant soit peu, l’artère principale de la capitale en cette matinée maussade de mois de mai.

 

Elle a montré surtout que le désamour du citoyen avec les formations politiques de tous bords, quelles en soient les appellations, est bien réel. Quoi qu’on dise, il est évident que dans la Tunisie d’aujourd’hui, les syndicats restent les seuls cadres capables de rassembler leurs adhérents et de mobiliser les foules.
La démonstration faite par les avocats tunisiens à l’occasion de leur grève générale observée jeudi dernier est éloquente. Quant aux différents rassemblements organisés par la centrale syndicale, l’UGTT, ils sont franchement édifiants.
 
La manifestation de soutien au président aujourd’hui rappelle qu’au temps de la dictature, afin de fêter le « changement », des rassemblements grandioses avec des milliers de participants, tous frais payés, sont organisés. Même les taxis de Tunis sont mis à contribution et défilaient dans les rues de la capitale, le portrait de Ben Ali sur le pare-brise.
On sait maintenant que ces manifestations, parce qu’elles n’étaient pas sincères, n’ont servi à rien et le régime de Ben Ali s’est effondré à la première secousse populaire sérieuse.
 
Cela confirme une vérité : la rue accepte mieux les manifestations des contestataires que les manifestations des courtisans hypocrites. Au baromètre de la sincérité, le cri de la colère porte plus loin. La manifestation de soutien de ce dimanche n’a pas été donc la réponse espérée par ses organisateurs au rassemblement des avocats le jeudi dernier.
 
Mais cela n’a aucune importance. Ce qui est important par contre, c’est comprendre que ce n’est pas par manifestations interposées qu’on peut résoudre les problèmes du pays. Il est urgent de stopper cette logique suicidaire de fragmentation de l’unité populaire. Il est absolument nécessaire de s’abstenir d’utiliser la rue comme cadre de règlement de conflits.
Un jour, l’irréparable sera atteint et la rue deviendra le cadre de confrontations physiques entre des groupes de Tunisiens montés les uns contre les autres. Pour ceux qui font semblant de ne pas savoir, la confrontation entre des groupes de la population s’appelle une guerre civile. Ils doivent savoir aussi que dans une guerre civile, il n’y a pas des vainqueurs et des vaincus. Il n’y a que des victimes, des plaies qui ne se referment que difficilement et des cicatrices ineffaçables.
 
 
Dans la Tunisie moderne, il y a eu souvent des crises entre les pouvoirs en place et leurs oppositions politiques ou sociales. Mais il y a toujours eu des femmes et des hommes, des intermédiaires ou des sages qui s’interposaient entre le pouvoir et ses détracteurs. Forts de leur statut moral, ils réussissaient souvent à éviter le pire et à encourager la reprise des négociations pour régler les conflits.
Wassila Bourguiba faisait partie de ces sages intermédiaires. Les plus connus étaient Dr Sadoun Zmerli et Hassib Ben Ammar. Paix à leurs âmes. Ils nous manquent cruellement pour stopper cette frénésie délirante.
 
Quelques personnalité publiques, respectées et écoutées par tous auraient pu jouer ce rôle crucial d’intermédiaire entre le président Kaïs Saïed et ses détracteurs. Malheureusement pour le pays, l’ancien chef de gouvernement Habib Essid et l’ancien président Mohamed Ennaceur sont desservis par une santé fragile et un âge avancé. Le recteur Iyadh Ben Achour a été délibérément mis dans l’opposition. Quant au recteur Sadok Belaïd, il a été intentionnellement humilié en public.
 
Par Sofiene Ben Hamida
19/05/2024 | 15:58
3 min
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Commentaires
Juan
le mensonge est flagrant
a posté le 20-05-2024 à 10:57
partout dans le monde, qd on manifeste c'est contre le régime, pas pour ...
manifestant achetés, bus loués gratis, boissons et choco gratis ...
tout est truqué d'avance.
Tounsi Tounsi
La sagesse est effectivement une nécessité
a posté le 20-05-2024 à 07:52
Mais elle doit être utilisée à bon escient. Si elle entrave l'action du gouvernement, celui-ci sera perçu comme faible par ses adversaires politiques.
L'intérêt général et la fidélité à nos valeurs doivent guider l'action de tous les tunisiens. Et je pense que KS est guidé par cela, car nous n'avons jamais eu un président qui osait dire clairement ce qui n'allait pas.

Qu'on l'apprécie ou pas, on ne peut lui retirer le mérite de dénoncer ce qui ne va pas à tous les niveaux, dans tous les domaines et n'hésite pas à pointer les responsabilités sans ménager les susceptibilités. Il n'est pas dans le calcul politique ni au service de la caste dominante, et c'est ce qui le rend sympathique aux yeux du peuple longtemps méprisé par ces gens.

Il faut prendre aussi cela dans l'équation : tant que des individus se sentiront au-dessus des lois pour piller le pays, ils donneront du grain à moudre aux partisans des idées de KS.

Qu'on le veuille ou non, le peuple veut le changement positif qu'il espérait en 2011.
Nephentes
Panurge et ses moutons enragés
a posté le 19-05-2024 à 23:18
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle?
Moi, si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
A1
Quand allez-vous comprendre !
a posté le 19-05-2024 à 22:01
Mr Ben Hamida, quand allez-vous comprendre ? quand allez-vous enfin comprendre ? quand allez-vous comprendre qu'il n'y a jamais eu, il n'y a pas et il n'y aura jamais ni écoute, ni échange ni dialogue ni conférence ni débat. Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Qui voulez-vous que sa majesté (que dis-je... pardon sa sainteté) écoute si le saint homme est en connexion directe 25G avec le Peuple, l'Histoire et surtout le bon Dieu lui même de son 7ème ciel. Une sainte trinité qui est en train de faire des miracles en hissant le pays vers les très très hautes sphères. Ne constatez-vous pas les nouveaux niveaux jamais atteints auparavant de notre souveraineté nationale ? N'avez-vous pas vu comment les ambassadeurs des nations prétendument grandes ont été convoqués illico-presto par notre honorable secrétaire d'état et obligés de faire amende honorable ? Je vous dis que c'est un saint homme et les miracles et les bienfaits pousseront ses adeptes (c'est à dire tout le peuple à part une poignée de traitres qui ont tous été neutralisés) à lui construire trois mausolées plutôt qu'un: l'un du coté de Mnihla, l'autre du coté de Carthage et un troisième à Kairouan (mieux même que la sainte Manoubia qui n'en n'a que deux !) en attendant la diffusion de la bonne parole et de la nouvelle Tarika dans les quatre coins de la planète. Que dieu sauvegarde notre patrie.
Jilani
C'est tout à fait juste
a posté le 19-05-2024 à 20:15
Depuis que KS a désavoué Sidon belaid, le pays va de mal en mal. KS aurait pu gagner les élites du pays et tous les tunisiens s'il a suivi sadok belaid et cette commission qu'il a lui même cree. Les tunisiens aurait participé en masse à toutes les élections, les opportunistes auraient été mis à l'écart sans ce brouhaha. Mais ks les a desohonore et a perdu la confiance des élites du pays.