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Chroniques
Avoir une opinion contraire n’est pas un crime
Par Marouen Achouri
15/05/2024 | 15:59 , mis à jour à 19:00
3 min
Avoir une opinion contraire n’est pas un crime

 

Il est devenu commun de dire que le seul véritable gain que l’on a obtenu de la révolution est la liberté d’expression. Celle-ci se trouve aujourd’hui sérieusement menacée, non seulement par les agissements du régime à travers les arrestations de journalistes et de chroniqueurs via le décret 54 liberticide, mais également par une certaine adhésion populaire à ces restrictions.

Mourad Zeghidi, Borhen Bssais, Sonia Dahmani, Zied El Heni et d’autres payent le prix de leur liberté de penser et sont contraints d’aller s’en expliquer devant des brigades de police et des magistrats. Pourtant, tout ce qu’on leur reproche, finalement, est de ne pas penser comme il le faudrait. Ils défendent des opinions et prennent des positions contraires à celles prônées par les versions officielles et se mettent même à décortiquer le discours officiel en montrant ses faiblesses et ses manquements. Certains y voient une forme d’opposition et les plus zélés vont même jusqu’à parler de trahison. En réalité, ils n’ont fait que leur travail de chroniqueurs et de journalistes. Il en existe d’autres qui mettent beaucoup de ferveur et d’enthousiasme à défendre le régime en place et à répandre les thèses de la version officielle, assez bruyamment soit dit en passant.

De toute manière, quelle que soit la thèse défendue ou l’opinion prônée, cela ne devrait pas conduire en détention et l’on ne devrait pas avoir à s’en expliquer devant un juge d’instruction. Avoir une opinion contraire n’est pas un crime et il n’est pas du rôle d’un juge de statuer en cette matière.

D’un autre côté, cette conviction doit d’abord être ancrée en nous, en tant que citoyens. C’est nous qui devons être le premier rempart contre toute atteinte à ce qu’on s’accorde à considérer comme la seule réalisation tangible de la révolution. Une opinion s’écoute d’abord, se discute ensuite. On peut même finir par la démonter complétement, on peut aussi la refuser, on peut parfois l’adopter mais en aucun cas on ne peut la criminaliser. Les avis et les opinions se respectent car il en va du respect du droit à la diversité.

Aucun peuple, aucune société, aucune civilisation n’a pu avancer sans respecter ce droit à la différence et cette tolérance envers ceux qui ne pensent pas comme nous. Par ignorance, beaucoup de Tunisiens ont peur de cette différence, et la peur conduit à la violence comme le disait Ibn Rushd. Lui aussi pensait différemment en son époque et en a payé le prix très cher.

Si nous souhaitons réellement être des citoyens, nous devons entériner le fait que toutes les opinions existent et qu’il est tout à fait normal que certaines d’entre elles ne nous plaisent pas. Toutefois, cela ne devrait pas se traduire par le fait de priver la personne ayant un avis différent, voire impopulaire, de la possibilité de l’exprimer quand même. En aucun cas nous ne sommes obligés d’adopter ces opinions, nous ne sommes pas obligés d’aimer ou d’admirer ni même de respecter celui qui a tel ou tel avis. Par contre, personne ne devrait avoir le droit de priver une autre personne de son droit de s’exprimer librement.

 

Ce qui est ironique dans cette histoire, c’est que les Tunisiens deviennent extrêmement sensibles à ces questions, quand cela se passe ailleurs. Un nombre incalculable de commentaires a été mis en ligne en marge des manifestations d’étudiants contre les exactions qui ont actuellement lieu à Gaza. Pratiquement tous les Tunisiens étaient intransigeants sur le fait que ces étudiants ont tout à fait le droit de s’exprimer et de défendre leurs opinions même si ladite opinion n’est pas majoritaire aux États-Unis. Ce qui parait tellement évident à l’étranger est maintenant remis en question en Tunisie où une simple critique sarcastique conduit devant le juge avec le soutien de patriotes de la 25ème heure dont le réel objectif est simplement de plaire au pouvoir en place.

Par ailleurs, lorsqu’on est sûr de son bon droit et de ses positions, on ne craint pas la différence ni même la critique. Le faible est celui qui répond à la différence par la violence sous quelque forme que ce soit. Crier, frapper, emprisonner etc… sont des formes de violence. Les médias, les chroniqueurs, les artistes, les journalistes, les réalisateurs et d’autres ne sont pas là pour nous dire ce qu’on veut entendre, ils ne sont pas là pour nous conforter dans ce que nous croyons savoir, ils ne sont pas là pour nous plaire ou pour que nous les aimions. Ils ont là pour éclairer les esprits et ouvrir les horizons, si nous les laissions faire évidemment.

 

Par Marouen Achouri
15/05/2024 | 15:59 , mis à jour à 19:00
3 min
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Commentaires
Gg
Bravo!
a posté le 16-05-2024 à 11:14
Pour l'ensemnle de votre analyse, bravo.

"Aucun peuple, aucune société, aucune civilisation n'a pu avancer sans respecter ce droit à la différence et cette tolérance envers ceux qui ne pensent pas comme nous. Par ignorance, beaucoup [...] ont peur de cette différence, et la peur conduit à la violence comme le disait Ibn Rushd"
Comment ne pas acquiescer?

Confidence: je vois bien que mon avis va en général à l'encontre de la majorité sur ce forum. Mais je parle quand même, non pour convaincre, c'est impossible. Ni pour provoquer.
Mais pour montrer que l'on peut voir les choses autrement.
Et parce que je suis de l'avis d'autres majorités, ailleurs.

Encore merci pour cet article :-)
PALESTINE VINCRA
@bla bla du sioniste
a posté le à 18:12
"...montrer que l'on peut voir les choses autrement..." c'est exactement ce que fait votre mentor avec son terrorisme d'Etat en massacrant les civils désarmés femmes et enfants palestiniens.

Face au droit international, le boucher de gaza " voit les choses autrement" comme vous Gg !

Vive La Palestine
Mort au Sionisme
Fabrice
@L'auteur
a posté le 16-05-2024 à 00:16
Entre l'avocate qui joue à la journaliste et le journaliste qui joue au magistrat... Curieux mélange de genres ! Merci de nous dire qui vous a donné votre diplôme de droit puisque vous savez mieux que les juges, apparemment !

Que la justice fasse son travail.
Chelbi
Il plus faible que l'on imagine
a posté le 15-05-2024 à 16:29
Si des paroles lui font peur, c'est qu'il incarne une faiblesse intrinsèque meme s'il se barricade derrière toutes les armées et polices du monde.
Naim
Dans quel monde survivent les tunisiens ?
a posté le 15-05-2024 à 16:17
Les français conscient du declin social, sécuritaire, éducatif, de sanitaore et du pouvoir d'achat de leur société, ces français font recours aux chaînes d'informations alternatives qui sont sur YouTube pour se tenir informés. Pourquoi ' kéké rose, Macron a censuré la parole libre et permis à la presse mainstream, BFM, LCI, CNEWS pour ne citer que les principales, Macron a délivré l'information jounalistique aux oligarques français et lobbistes juifs qui l'ont amenés au pouvoir suprême. Ce que vous avez de la peine à comprendre, cher Monsieur, c'est que les autorités tunisiennes ont sifflés la fin de la récréation afin d'assurer à vous, vos proches, vos amis, vos connaissances et à l'ensemble des patriotes honnêtes le droit sacré à la sécurité et de se sentir protégé et libre dans ses mouvements.
Gg
@ Naim encore
a posté le à 12:49
" chaînes d'informations alternatives qui sont sur YouTube pour se tenir informés"

Croyez vous ce que vous affirmez là ?
Les chaine YT et compagnie ne sont que des réseaux d' "influenceurs", tous plus fanatiques ou paranos, malhonnêtes, les uns que les autres. Tout se passe sous des pseudos qui cachent les vraies identités, c'est le royaume du fake et de l'intox, on ne peut même plus faire confiance aux photos.
Bref, journaliste est un métier, une déontologie, une éthique. Sans cela, sans eux, point d'information, rien que de la manipulation.
Gg
Non, Naim, non
a posté le à 11:32
"Macron a censuré la parole libre et permis la presse mainstream, BFM, LCI, CNEWS pour ne citer que les principales, Macron a livré l'information jounalistique aux oligarques français et lobbistes juifs qui l'ont amené au pouvoir suprême"
Ces chaines représentent un (gros) courant de pensée, Macron n'a pas tenté de les museler.
Je vous laisse vos propos contre les juifs, on a les mêmes en France contre les musulmans !
Djebari
Liberté d'expression en France
a posté le à 19:33
Ce qui est écrit ici sur la France est faux, j'y vis et je sais ce qui s'y passe.
En France je pouvez exprimer votre opinion librement et vous n'irez pas en prison pour autant.
Gg
Oui
a posté le à 11:25
C"est exact, on a même le droit de manifester pour des causes... discutables !
Le Révolté
à Naim
a posté le à 17:34
Votre commentaire est absolument incompréhensible. Vous mélangez tout. c'est du charabia. Où vous voulez en venir ?