C’est un communiqué sans appel. C’est une décision qui tombe comme un couperet pour des centaines d’étudiants en médecine dentaire. Une décision qui aura des répercussions malheureuses sur l’avenir de plusieurs jeunes diplômés tunisiens. Un avenir incertain pour des personnes qui ont trimé, qui ont passé des années à travailler dur pour y arriver, dont les familles, pour certains, se sont saignées pour que leurs enfants décrochent le diplôme tant attendu.
Les médecins dentistes titulaires d’un diplôme étranger (même après avoir obtenu l’équivalence) et ceux qui ont été réorientés vers la Faculté de médecine dentaire de Monastir ne seront plus inscrits automatiquement au tableau de l’Ordre des médecins dentistes de Tunisie.
Le CNOMDT a par ailleurs décidé de n’inscrire, chaque année, au tableau de l’ordre que 15 médecins dentistes titulaires de diplômes étrangers et 100 dentistes diplômés de la Faculté de médecine dentaire de Monastir.
Quels sont les pays étrangers visés par cette mesure ? Pourquoi une telle décision aussi radicale ? Et quel sera le sort des jeunes diplômés tout bonnement lâchés et sommés, sans égard aucun, d’aller voir ailleurs ?
Pour ce qui est du premier point, rien, aucune indication ! Tous les pays étrangers sont mis dans le même sac. Que le diplôme ait été décerné par une université américaine, roumaine ou malgache, c’est du pareil au même. Si c’est pour contrer le travail de la commission d’équivalence, jugée trop laxiste par la profession, notamment concernant les diplômés de Roumanie ou autre, ce n’est pas précisé dans ce communiqué. Il est de notoriété que des jeunes tunisiens dont les scores ne leur permettent pas d’intégrer cette spécialité en Tunisie, choisissent, à leurs frais, de suivre un cursus dans ces pays, disons « plus souples » moyennant finances. La valeur de ces diplômes a été longtemps décriée, mais la commission d’équivalence, rattachée au ministère de l’Enseignement supérieur, a continué à attribuer ce document nécessaire à l’exercice de la profession.
L’Ordre des médecins dentistes décide donc de frapper fort et sans plus attendre annonce aux parents que si leur progéniture envisage d’aller étudier à l’étranger, elle ne pourra plus travailler en Tunisie. Dans la foulée, l’ordre se retire de la commission chargée de l’octroi de l’équivalence, l’accusant de l’accorder à tous les diplômés sans tenir compte de son avis et de la non-satisfaction des conditions requises.
Situation inextricable pour les étudiants qui se retrouvent pris au piège de tout un système défaillant. En otage d’un bras de fer qui s’est engagé depuis des années entre l’ordre, le syndicat des médecins dentistes de libre pratique et le département de l’Enseignement supérieur. Ces organes ont demandé à ce que le nombre d’étudiants orientés, chaque année, vers la faculté de médecine dentaire ne dépasse pas 120 étudiants et une révision à la baisse du nombre des équivalences accordées aux diplômés des universités étrangères. Ce qui selon eux n’a pas été respecté.
Le CNOMDT a ses raisons. Des raisons qui tiennent la route dans l’absolu. Il justifie cette décision par la détérioration de la situation du secteur à cause du grand nombre d’étudiants inscrits en Tunisie et à l’étranger. Une situation qui a irrémédiablement un impact direct sur la qualité de la formation et sur la hausse du chômage des médecins dentistes. C’est les chiffres font mal : en 2016, près de 160 médecins dentistes ont dû fermer leurs cabinets et 950 autres se trouvent au chômage.
Pour l’Amicale nationale des internes et résidents en médecine dentaire, ces mesures, au contraire, ne constitueraient aucunement une solution au problème de chômage qui touche la profession depuis des années, mais l’aggraverait.
Dans tout cela, les seules victimes sont les centaines d’étudiant qui se retrouvent confrontés à un avenir plus qu’incertain. Victimes d’un secteur de l’enseignement supérieur dans l’impasse, victimes d’une machine qui s’est grippée depuis belle lurette, une machine à fabriquer des diplômés chômeurs. Repenser le système de fond en comble et en toute urgence est la seule solution.
Commentaires (14)
CommenterVoir comment cela se passe ailleurs?
Et pourquoi pas un ordre des 3attara ?
Cet ordre veut juste protéger les enfants de dentiste pour qu'ils puissent hériter du cabinet de papa.
... LA COMMISSION D'EQUIVALENCE A T-ELLE ETE DEBOUSSOLEE PAR LE FRIC ? ...
Le chef du gouvernement est en train de mener une guerre contre la corruption. C'est bien.
...
Dans les secteurs de [l'attribution de diplômes] il y a aussi - souvent - une forme de corruption ...
...
Secteur à nettoyer au karcher + javel !
...
URMAX
Récompense
Facultés privées
historique
les normes et puis le potentiel ?
Et puis se poser les vraies questions dont pourqoui on ne prend pas assez soin de nos dents?
Et de là à la limite juste sensibiliser les parents et les élèves sur le niveau de leur mise sur cette branche....