Il faut interdire le féminisme qui a détruit la famille.
Message adressé aux "vieilles filles", le célibat serait une punition divine pour celles qui s’étaient refusées à de potentiels maris "valables". Attention ! Un tel refus entrainerait un châtiment irrévocable, puisque le bon Dieu les priverait définitivement de l’époux tant attendu !
Alors les filles ne soyez pas trop regardantes, jetez-vous sur le premier homme vertueux qui se présenterait, sous peine de subir la malédiction divine et vous retrouver célibataires – Dieu vous en garde-, à vie.
C’est la dernière sortie du prédicateur et ancien soutien de Moncef Marzouki, Béchir Ben Hassen. Des propos qui ne sont pas étonnants venant d’un intégriste notoire, mais qui en ont scandalisé plus d’un. Pourquoi s’en offusquer lorsqu’on sait qu’une grande majorité des familles tunisiennes n’hésite pas à mettre la pression à leurs filles en âge de se marier ? Le célibat de leurs enfants, surtout de sexe féminin, est considéré comme une sorte d’échec pour certains parents. Certes le prédicateur invoque ici, pour étayer sa "thèse", le courroux divin, mais pour les Tunisiens (je ne généralise pas), il s’agit bel et bien d’une malédiction "sociale".
Dans cette Tunisie qui se targue d’être en avance sur la question des droits des femmes, qui ne rate pas une occasion pour rappeler que la Tunisienne est libre et émancipée, la vérité est bien ailleurs.
Pourquoi s’en offusquer lorsqu’on se rappelle d’un ex-président qui classifie les femmes en voilées et en "safirat" ? A y penser, il nous vient à l’esprit la brillante phrase prononcée par un député : « D’abord soyons d’accord sur le fait que la femme est un être humain », ou celle d’un ancien candidat à la présidentielle qui se dit pourtant progressiste (aujourd’hui président de la République) : « Après tout ce n’est qu’une femme »…
Le sexisme a la dent dure en Tunisie. Il est vrai qu’il n’est pas le seul apanage de notre société, mais cette hypocrisie de certains, cette hypocrisie de porter un discours soi-disant moderniste et d’agir à ses antipodes, est bien ancrée chez nous. Du sexisme ordinaire personne ou presque n’en parle et si jamais on l’évoquait, on ricanerait et on vous traiterait de féministe radicale. Parce que le terme même de féminisme revêt désormais une connotation péjorative.
Dans notre société, on tolère qu’une femme puisse mener des études et puisse travailler. Cela est un fait. Cependant, le regard porté au "sexe faible", le comportement qu’on lui réserve est bien sournois. On te tolère, mais ne viens en demander plus, ne t’avise pas de piétiner sur mes platebandes ou à viser plus haut que ta condition de femme ne le permet.
Etre une femme qui entre dans le monde du travail signifie être l’objet de commentaires et de blagues sexistes, de les subir au quotidien et de devoir composer avec, sous peine de se trouver traitée de personne qui traine des "complexes".
Une femme qui travaille doit fournir plus d’efforts que son collègue du genre opposé pour s’imposer et faire ses preuves, parce qu’on douterait de facto de ses aptitudes, parce que son collègue homme serait plus intelligent et par conséquent, elle, plus limitée. En Tunisie, une femme doit travailler deux mois de plus pour gagner le salaire d’un homme sur une année, et si elle a "la chance" de toucher le même salaire que son collègue, elle s’entendra dire : « tu es payée autant qu’un homme, estime toi heureuse et arrête de te plaindre »…
Il ne faudra pas non plus omettre que le congé maternité, est très rarement payé par l'employeur et que même s'il le paye, cela impacte les primes et l'évolution des femmes, et ce dans les plus grosses boites du pays.
Des remarques désobligeantes, la Tunisienne en entend partout, et pas que dans le cadre de son travail. Elle est le plus souvent jugée sur son apparence, infantilisée, chosifiée et traitée comme étant un objet.
Le pire, c’est que ceux qui se disent progressistes s’avèrent être les plus à même à adopter ces stéréotypes. Quand pour une grande partie de la société, on perçoit que le must de la réussite sociale pour une femme est son statut d’épouse. Quand on considère que sans mari à ses côtés pour la "préserver", elle aurait échoué. Pourquoi s’étonner des propos d’un prédicateur de seconde zone.
Exercé au quotidien, passé sous silence, le sexisme ordinaire est une agression, une forme de violence et tant qu’on minimise ses effets, il ne disparaitra pas comme par enchantement.
Pour le sociologue Pierre Bourdieu « les femmes ont en commun d'être séparées des hommes par un coefficient symbolique négatif». À méditer…
Commentaires (24)
Commentercomplexe d'infériorité
Il faut interdire le féminisme qui a détruit la famille.
J'adore
Vaut mieux s'abstenir
Il y a des choses que les jeunes ignorent ,et que les personnes âgées ...
Anchaana minal'ardhi wasta3marana fiha ....
Wa 3asaa an takrahou chayan ,wa yaj3ala Allahou fihi khayaliyya kathiran
L'alerte rouge
Al3ala9 ,c'est le premier élément évoqué ,par le createur
Vous les femmes ,vous les femmes,vous pensez avec le coeur....
Un détail non abordé...
Eh oui, messieurs les intégristes de la mariée vierge, vos avez souvent été cocus avant de vous marier... et même plus après parfois.