Vous nous avez apprivoisés, alors continuez à nous faire partager vos écrits !
nos meilleurs voeux vous accompagnent
Qui n’a pas été ému par Nessim Soltani, cousin du jeune berger décapité vendredi 13 novembre qui s’est exprimé hier à la télévision sur sa détresse et celle des siens. Il est revenu sur la pauvreté, mal sans cœur qui les frappe et les prive de l’essentiel, de tout ce dont un homme a besoin pour vivre, de tout ce qu’un citoyen est en droit de réclamer pour être digne. Nessim a crié sa colère, sans lamentation et sans rancune, sans quémander et sans insulter, sans être ni pathétique ni agressif. Cet équilibre dans sa parole sur les déséquilibres sociaux et économiques dont il subit les travers tous les jours nous a touchés, nous téléspectateurs assis confortablement devant nos postes de télévision. Ce jeune émergeant subrepticement d’en deça les seuils inimaginables de la pauvreté, nous a transcendés.
Nessim je ne connais de toi que l’expression franche sur le plateau de Nessma hier soir, les larmes étouffées et le cœur lourd. Je connais de toi la détresse et l’optimisme, la souffrance et le pardon. Comment commenter autrement ta douleur et prétendre l’analyser. Tu as tout dit Nessim, tu nous as tout dit et, sur nous-mêmes, tu nous as éclairés.
Nessim, brise qui nous réveille et nous brûle, tu es l’image vivante de notre égoïsme et de notre culpabilité. Tu es cette lucidité que nous perdons souvent, cet optimisme qui va et vient au gré des moments.
Tu as parlé de ta pauvreté comme d’un « fait accompli ». Toi le Tunisien qui ne connais de la patrie qu’une carte d’identité et des rêves au goût de fatalisme. Tu connais plus que personne la soif, la faim, le froid, la chaleur et tous les besoins humains que tu as avec les tiens perdus. Nos besoins à nous sont pour toi un luxe. Nos exigences, à ta patience, un sacrilège.
Tu as parlé de ton don de toi-même comme d’un devoir. Toi qui ne vis plus que pour les tiens. Pour que la sœur réussisse à l’école, pour que la mère se repose, pour que la famille connaisse la satiété. Tu as tout fait Nessim, tout connu, même le mépris de celui dont le droit au travail devient un acte de mendicité, le dos au mur, face à un mur, des rêves infranchissables pour celui qui n’a rien. Tu pleures en voyant les élèves, toi qui as mis fin à tes rêves d’école, de blouse et de cahiers pour travailler et envoyer des mandats, te tuer pour qu’ils vivent et vivre pour que leurs rêves à eux ne meurent pas.
En faillite tout notre système ! Ses politiques qui pleurent sur commande le couffin vide d’une potentielle électrice, ses électeurs qui se contentent des promesses alors que pour vous rien ne change, sa paix qui s’appuie sur la politique et sur votre altruisme, son équilibre qui se créé grâce à votre écrasement résigné. On protège des énergumènes politiques et on vous laisse mourir. Vous êtes l’âme de ce pays sans cœur qui vous enfante et vous délaisse au fin fond de la misère.
On vous laisse en proie au terrorisme et on annonce publiquement qu’on le combat. Vous êtes les premiers sur des champs de batailles mal menées. Les garants des terres et du troupeau, corps abandonnés qu’on ne recherche même plus. Toi, ton défunt cousin et tous ceux qui comme vous souffrent en silence, vous êtes les victimes de notre terrorisme à nous. Un terrorisme silencieux et perfide qui vous enterre dans les zones de l’ombre et vous oublie ensuite en s’accaparant la lumière.
Vous avez pourtant compris toi et les tiens que l’important c’est la patrie et que, seulement pour elle, les combats valent, notamment ceux menés contre la vie. Cette vie qui continue avec vous à la marge, votre souffrance, votre courage et notre intérêt pour vous un soir d’après-choc. On sombrera ensuite dans l’oubli, obnubilés par nos problèmes à l’importance très relative, par l’opinion publique que nous-mêmes nous façonnons et qui au final nous éloigne de l’essentiel. Et l’essentiel c’est vous car, de vous, vient le salut ou la faillite. Et nous sommes, incontestablement, dans la misère absolue.
Après t’avoir vu, sur écran, un certain lundi soir, je nous souhaite la paix de l’âme, Nessim, et je vous souhaite le meilleur des avenirs.
Au regret de vous annoncer que ceci est ma dernière chronique sur Business News. Vous pourrez désormais me lire sur mon blog qui regroupe l’ensemble de mes articles et chroniques www.inesoueslati.com ou sur le site d’Express fm, radio dont je suis désormais la rédactrice en chef. A tous ceux qui m’ont suivie sur Business News, les meilleures salutations et un au revoir.
Qui n’a pas été ému par Nessim Soltani, cousin du jeune berger décapité vendredi 13 novembre qui s’est exprimé hier à la télévision sur sa détresse et celle des siens. Il est revenu sur la pauvreté, mal sans cœur qui les frappe et les prive de l’essentiel, de tout ce dont un homme a besoin pour vivre, de tout ce qu’un citoyen est en droit de réclamer pour être digne. Nessim a crié sa colère, sans lamentation et sans rancune, sans quémander et sans insulter, sans être ni pathétique ni agressif. Cet équilibre dans sa parole sur les déséquilibres sociaux et économiques dont il subit les travers tous les jours nous a touchés, nous téléspectateurs assis confortablement devant nos postes de télévision. Ce jeune émergeant subrepticement d’en deça les seuils inimaginables de la pauvreté, nous a transcendés.
Nessim je ne connais de toi que l’expression franche sur le plateau de Nessma hier soir, les larmes étouffées et le cœur lourd. Je connais de toi la détresse et l’optimisme, la souffrance et le pardon. Comment commenter autrement ta douleur et prétendre l’analyser. Tu as tout dit Nessim, tu nous as tout dit et, sur nous-mêmes, tu nous as éclairés.
Nessim, brise qui nous réveille et nous brûle, tu es l’image vivante de notre égoïsme et de notre culpabilité. Tu es cette lucidité que nous perdons souvent, cet optimisme qui va et vient au gré des moments.
Tu as parlé de ta pauvreté comme d’un « fait accompli ». Toi le Tunisien qui ne connais de la patrie qu’une carte d’identité et des rêves au goût de fatalisme. Tu connais plus que personne la soif, la faim, le froid, la chaleur et tous les besoins humains que tu as avec les tiens perdus. Nos besoins à nous sont pour toi un luxe. Nos exigences, à ta patience, un sacrilège.
Tu as parlé de ton don de toi-même comme d’un devoir. Toi qui ne vis plus que pour les tiens. Pour que la sœur réussisse à l’école, pour que la mère se repose, pour que la famille connaisse la satiété. Tu as tout fait Nessim, tout connu, même le mépris de celui dont le droit au travail devient un acte de mendicité, le dos au mur, face à un mur, des rêves infranchissables pour celui qui n’a rien. Tu pleures en voyant les élèves, toi qui as mis fin à tes rêves d’école, de blouse et de cahiers pour travailler et envoyer des mandats, te tuer pour qu’ils vivent et vivre pour que leurs rêves à eux ne meurent pas.
En faillite tout notre système ! Ses politiques qui pleurent sur commande le couffin vide d’une potentielle électrice, ses électeurs qui se contentent des promesses alors que pour vous rien ne change, sa paix qui s’appuie sur la politique et sur votre altruisme, son équilibre qui se créé grâce à votre écrasement résigné. On protège des énergumènes politiques et on vous laisse mourir. Vous êtes l’âme de ce pays sans cœur qui vous enfante et vous délaisse au fin fond de la misère.
On vous laisse en proie au terrorisme et on annonce publiquement qu’on le combat. Vous êtes les premiers sur des champs de batailles mal menées. Les garants des terres et du troupeau, corps abandonnés qu’on ne recherche même plus. Toi, ton défunt cousin et tous ceux qui comme vous souffrent en silence, vous êtes les victimes de notre terrorisme à nous. Un terrorisme silencieux et perfide qui vous enterre dans les zones de l’ombre et vous oublie ensuite en s’accaparant la lumière.
Vous avez pourtant compris toi et les tiens que l’important c’est la patrie et que, seulement pour elle, les combats valent, notamment ceux menés contre la vie. Cette vie qui continue avec vous à la marge, votre souffrance, votre courage et notre intérêt pour vous un soir d’après-choc. On sombrera ensuite dans l’oubli, obnubilés par nos problèmes à l’importance très relative, par l’opinion publique que nous-mêmes nous façonnons et qui au final nous éloigne de l’essentiel. Et l’essentiel c’est vous car, de vous, vient le salut ou la faillite. Et nous sommes, incontestablement, dans la misère absolue.
Après t’avoir vu, sur écran, un certain lundi soir, je nous souhaite la paix de l’âme, Nessim, et je vous souhaite le meilleur des avenirs.
Au regret de vous annoncer que ceci est ma dernière chronique sur Business News. Vous pourrez désormais me lire sur mon blog qui regroupe l’ensemble de mes articles et chroniques www.inesoueslati.com ou sur le site d’Express fm, radio dont je suis désormais la rédactrice en chef. A tous ceux qui m’ont suivie sur Business News, les meilleures salutations et un au revoir.