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Chroniques
A-t-on encore les moyens de fonder une famille ?
Par Synda Tajine
26/03/2024 | 16:59
3 min
A-t-on encore les moyens de fonder une famille ?

 

En dehors de toutes les pressions politiques qui secouent le pays. De l’épée de Damoclès qui pèse sur la tête de chaque journaliste, chaque avocat et chaque opposant politique, une autre, pèse sur la tête de chaque citoyen. Celle du coût élevé de se marier et d’enfanter. Un sujet qui mériterait qu’on en parle davantage. A-t-on encore les moyens de fonder une famille ? Et surtout, a-t-on encore envie de le faire ?

 

Les chiffres les plus récents de l’Institut national de la statistique évoquent une baisse évidente du nombre de mariages en Tunisie. « Les mariages sont passés de près de 110 mille en 2014 à seulement 77 mille en 2021 », a déclaré le DG de l’INS à la presse.

Non seulement on se marie moins, mais on se marie également à un âge de plus en plus avancé. Et plus on a de diplômes, plus cet âge tend à augmenter. De 30-31 ans en moyenne, l’âge du mariage passe à 35 ans pour un couple de diplômés.

Idem pour le nombre annuel de nouveaux nés qui est passé, lui, de 225 mille en 2014 à seulement 160 mille en 2021.

Une combinaison de facteurs sociaux, éducatifs et familiaux est derrière cette évolution de la société tunisienne et de la composition de la famille. L’accès à l’éducation, la généralisation de la contraception, l’activité professionnelle n’y sont certainement pas pour rien. Mais une autre dimension a beaucoup à dire dans cette modification de la famille tunisienne.

Une dimension économique qui impacte fortement le taux de mariages. Ces dernières années (2017-2021), le nombre des mariages a diminué d’environ 25%, passant de 95 mille en 2017 à 71 mille mariages en 2021. Idem pour le nombre des naissances. Durant la même période, les Tunisiens ont eu 23% moins de bébés dans l’ensemble des régions du pays (chiffres INS).

 

Même si, dans le monde, la population ne cesse d’augmenter, le nombre de naissances par famille lui ne cesse de baisser. Ces changements démographiques sont en effet loin d’être l’apanage du citoyen tunisien. Dans d’autres pays aux cultures différentes, on observe la même configuration ou presque. En France, par exemple, le nombre de naissances en 2023 est inférieur d’environ 20% à celui de 2010.

Derrière ces chiffres bien parlants, une réalité socio-économique, elle aussi évidente. Le mariage coûte de plus en plus cher en Tunisie tout comme l’accès au logement.

Le passage à la parentalité n’est désormais, lui aussi, plus une décision à prendre à la légère. Les coûts du suivi médical de la femme enceinte, de l’accouchement, de la scolarité et des différents autres besoins d’un enfant en bas âge ne cessent d’augmenter, alourdissant ainsi le portefeuille des jeunes parents qui doivent y réfléchir à deux fois avant de prendre cette décision qui impactera leur vie. La décision est d’autant plus lourde lorsqu’il s’agit de donner un frère ou une sœur à leur premier enfant. En effet, alors qu’une femme tunisienne accouchait en moyenne de six enfants en 1975, ce nombre passe à deux actuellement.

Une situation qui impacte directement la hausse parallèle du taux de divorces mais aussi celui des enfants nés hors du cadre du mariage. Des enfants auxquels la société tunisienne n’accorde que très peu de place et qui sont, malgré eux, obligés de subir la stigmatisation culturelle et religieuse.

 

Cette mutation de la société influe profondément sur la configuration de la Tunisie. Ses effets visibles seront encore plus visibles d’ici quelques années. C’est sur les pays de la vieillissante Europe que la Tunisie marche démographiquement, même si la situation économique n’est certes pas la même. Son indice synthétique de fécondité s’approche en effet de celui enregistré en Europe ces dernières années.

 

Une reconfiguration moins lente que ce qu’on pourrait penser aux conséquences mal planifiées sur la société tunisienne. Pour l’instant, aucune politique publique connue n’a été mise en place afin de saisir les messages que donnent les chiffres, et d’anticiper la mutation de la société tunisienne afin de mieux y faire face…

 

Par Synda Tajine
26/03/2024 | 16:59
3 min
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Commentaires
Hammadi
Vous l avez cherche
a posté le 31-03-2024 à 22:06
Ca pend de la définition de la phrase fondé une famille.
Nos grands parents n avaient pas le 1/10 de ce qu on a aujourd'hui mais ils ont reussi a fondér des familles, car ils ont une definition correcte et réaliste de la famille que ce soit chez les hommes ou les femmes.
Aujourd hui nous sommes devenus tres matérialistes et surtout les femmes qui voient les hommes comme des chèques a blanc, pour se marier le jeune tunisien doit avoir un bon travail,un bon salaire,une maison,une voiture,depenser aumoins 50milles dinars pour chouchouter la mariee et sa famille et apres le marriage il doit toujours t
Repondre présent aux caprices de sa femme et sa famille pour etre respecte.
Le marriage en tunisie est une tres mauvaise affaire pour les hommes, soyez pragmatiques et faite attention les hommes vous ridquez votre avenir.
G&G
Un pays qui abandonne ses jeunes s'écroule
a posté le 30-03-2024 à 01:58
j'avais le privilège de deviner la situation d'aujourd'hui 14 ans en arrière.
Oui, En effet je me rappelle Il y a 14 d ans le bureau même du premier ministre, j'avais tiré la sonnette d'alarme sur la catastrophe qui nous guettait. Une catastrophe négligée totalement par une administration m'en-foutiste qui voulait sacrifier nos jeunes pour soi-disant sauver les caisses sociales. Je me rappelle aussi avoir proposé des solutions concrètes pour sauver la jeunesse tunisienne. Parmi celle que BN a eu la gentillesse de publier sur son honorable journal le 15 avril 2016.
Mais il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Juan
on avait les moyens simples
a posté le 27-03-2024 à 15:13
mais de nos jours, on veut la voiture importée, l'essence importé, les pièces importées, les bananes importées, le whiskey importé, aliments pour chien importés ....
GROW UP !!
Hamza Nouira
Et bien....
a posté le 27-03-2024 à 13:17
Synda. Cette situation a deja été discuté il y a plusieurs années où nous savons que la Tunisie est en dessous du seuil de régénération de sa population. Comme le Danemark également.

Je suis d'accord avec vous concernant le prix du mariage. C'est malheureusement dû aux traditions vénale des familles qui souvent demandent au marié une dot hors de prix et, bien sûr, les invitations au "wedding" des gens que l'on ne verra plus jamais dans sa vie (qui également coûtent très cher puisque il faut les nourrir). Est ce vraiment nécessaire ?

Malheureusement beaucoup ne se marient pas à cause de cette principale raison.

Quant à ceux qui sont mariés et qui ne veulent pas faire d'enfant c'est leur choix. Ils préfèrent le confort consumériste que le réconfort d'une famille avec des enfants. C'est ainsi.

De plus, on sait parfaitement qu'à tous cela viens la difficulté à avoir des enfants.
Je me demande si, dans les récoltes, la dose des produits chimiques est maîtrisée. Est ce que dans les produits transformés est ce la même chose? Etc
Cela y joue et viens s'ajouter aux perturbateurs endocriniens....

Enfin, la politique de deux enfants sous l'ère Bourguiba est resté dans les esprits. Et cela continue d'être perpétué bêtement.

Quand on veut une famille on se sacrifie pour. Mais où sont les hommes aujourd'hui ? Et que sont devenus nos femmes également ?

Une régression perpétuelle qui finira par nous mener à notre fin et bien sûr, être remplacer par d'autre population. C'est la sélection naturelle de Darwin. La seule chose que je partage avec lui.

Bonne journée!
Gg
Tendance lourde
a posté le 27-03-2024 à 08:59
On assiste à une baisse de la natalité dans tous les pays du monde, y compris en Inde et en Chine.
En 1970, nous comptions 3 milliards d'humains, 6 milliards aujourd'hui.
A l'appproche des 9 milliards, une régulation naturelle semble se produire, et c'est une bonne chose, sinon les maladies, la famine et le manque d'eau, se chargeraient de stopper une croissance folle.
En Tunisie, il faut ajouter les conditions économiques. Je ne compte plus le nombre de jeunes couples qui abandonnent l'idée de se marier, faute de travailler et de gagner sa vie...
Hamza Nouira
Gg
a posté le à 13:18
Vous comparez des milliards et quelques millions que nous sommes. On est une race en voir de disparition. Comme les dinosaures. 7ata na7na tla3na n3ishou à l'ère préhistorique....
Ok
Pourquoi des stats de 2021
a posté le 26-03-2024 à 23:59
Est ce qu'il faut 2ans 3 mois pour nous sortir des stats de 2021
Ben Mansour
Bien sûr
a posté le 26-03-2024 à 23:24
Bien sûr, on a toujours les moyens de fonder un foyer. Il suffit d'être appliqué : "" mariez-vous pauvres, vous serez enrichi par Dieu ""
En d'autres termes, fondez petit à petit votre foyer et commencez petit pour devenir grand . La base de tout ceci est de bien gérer la situation et les budgets par le couple .
*******
La vie à changé
a posté le 26-03-2024 à 22:56
Il faudrait se marier en famille, et arrêtez, "le m'as tu vu", et les dépenses inutiles.
La vie est très difficile partout, "elmarhoum" avait dit que c'était fini la vie de l'abondance.

Changez vos comportements
DHEJ
Il faut que le fisc réponde à...
a posté le 26-03-2024 à 20:22
... La question!


Naim
'?a sert à quoi.
a posté le 26-03-2024 à 20:11
Trop compliqué et pas seulement en tunisie.
Youssef
Les femmes tunisiennes
a posté le 26-03-2024 à 19:40
Le gros problème est les exigences irréalistes des filles tunisiennes. Le réseaux sociaux n'ont fait qu'acclerer le mouvement