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Zied Dabbar : en un an, 39 journalistes ont été inculpés en dehors du décret 115 !
03/05/2024 | 16: 00
4 min
Zied Dabbar : en un an, 39 journalistes ont été inculpés en dehors du décret 115 !

 

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a présenté, vendredi 3 mai 2024, à l’occasion de Journée mondiale de la liberté de la presse, son rapport annuel sur la réalité de la liberté de la presse en Tunisie.

 

Cette année, allant du 3 mai 2023 au 3 mai 2024, a été marquée par une situation exceptionnelle pour les journalistes, caractérisée par une escalade des menaces contre la liberté de la presse. Des journalistes ont été jugés à plusieurs reprises pour leur travail journalistique alors que les restrictions, les menaces et les attaques à leur encontre ont continué. Des journalistes ont été déférés à 39 reprises devant la justice, en vertu de lois répressives, telles que la loi contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, le Code des télécommunications, le Code pénal et le décret 54.

Au cours de cette même période, les tribunaux tunisiens ont prononcé cinq peines de prison contre des journalistes et des chroniqueurs, ce qui représente un grave précédent. Ces inculpations ont été effectuées en violation du décret 115 réglementant la profession journalistique. L'absence d'un organisme de régulation a contribué à doubler le nombre de poursuites judiciaires.

En outre, le syndicat a recensé pendant cette année, 211 agressions contre des journalistes, des correspondants de presse et des photographes. Le pouvoir politique, notamment la présidence de la République et de l'Assemblée des représentants du peuple, a continué d'adopter une politique de cloisonnement face aux médias. L’information a été bloquée et l’accès restreint, laissant la sphère publique recevoir une seule version, celle de l’autorité en place.

 

 

Commentant le rapport, le président du syndicat, Zied Dabbar a, indiqué, au micro d’Elyes Gharbi lors de son passage à l'émission Midi Show, que ce document permet de parvenir à deux constats : un vide législatif et un vide institutionnel, outre l’absence d’une vision de l’État tunisien dans le secteur.

S’agissant du vide législatif, il a indiqué que la Tunisie est le seul pays où on n’applique pas la loi relative à la liberté de la presse et à la protection des journalistes. Il est aussi le seul pays à appliquer des lois répressives contre les journalistes telles que la Loi de lutte contre le terrorisme, le Code des télécommunications, le décret 54, le Code pénal et d’autres textes de loi (environ une dizaine de lois).

Et de noter que rien que sur l’année que couvre le rapport, 39 inculpations ont été faites hors du décret 115 et sur la base d’autres textes de loi, le tout en portant atteinte au droit de défense, avec certaines problématiques et une rapidité des procédures.

En ce qui concerne le vide institutionnel, M. Dabbar a souligné que quatorze ans après la révolution, il n’y a toujours pas d’instance de régulation.

En contrepartie, le discours officiel de l’État défend et garantit les libertés. Et de noter que théoriquement, le chapitre des droits et libertés dans la Constitution de 2022 donne beaucoup de garanties, mais toutes ces garanties ont été torpillées par une ligne dans le décret 54.

 

Le président du SNJT a indiqué que les médias publics sont devenus comme une administration, au niveau de la loi et même de son effectif. En l’absence de volonté politique et d'un programme clair de l’État, ces médias ne pourront pas évoluer.

Selon lui, le pouvoir n'écoute personne aujourd'hui en Tunisie, ce qui représente un énorme problème. Et d’expliquer aux responsables en place que les médias et journalistes sont des partenaires dans ce pays. "La démarche unilatérale de l’État est claire. Il est clair aussi que les actes et les paroles ne vont pas dans le même sens. Il est clair aussi qu’en l’absence d’un projet de réforme du secteur, on veut le diviser", a-t-il déclaré.

Le président du syndicat a cité, à titre d’exemple, certains responsables étatiques qui refusent de donner des déclarations aux médias privés. Il a indiqué dans ce cadre que certaines conférences de presse ont été organisées en Tunisien en l’absence de journalistes tunisiens mais en présence de journalistes étrangers. Et de rappeler que l’accès à l’information est un droit, lié à la liberté d’expression.

 

S’agissant l’interdiction de traitement médiatique dans l'affaire de complot, Zied Dabbar a indiqué que le syndicat va déposer une requête devant le Tribunal administratif, en estimant que gueuler ne sert à rien dans certains cas et que c’est bien de prendre son temps et de bien réfléchir. L’important, selon lui, est le dénoument.

 

I.N.

03/05/2024 | 16: 00
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