L'expert en économie, Walid Bel Hadj Amor, a commenté les propos tenus hier par le président de la République Kaïs Saïed, concernant le financement des associations.
La ministre des Finances, Sihem Nemsia, avait évoqué deux milliards, 316 millions de dinars et 306 mille dinars de fonds reçus de l’étranger par les associations entre 2011 et 2023. Un chiffre que le chef de l’État a interprété comme une ingérence dans les affaires internes du pays au nom de la société civile.
Walid Bel Hadj Amor a estimé que si le chiffre peut paraitre astronomique, il faudrait néanmoins le relativiser et l’analyser.
« Ce montant porte donc sur la période 2011-2023 soit treize ans, on parle donc de 180 millions de dinars par an. On pourrait d’abord le comparer aux montants des dons et prêts reçus par l’État tunisien en moyenne annuelle sur cette période. Je n’ai pas le chiffre exact mais je suppose qu’il est trente à quarante fois supérieur, au moins. D’autre part, selon les données disponibles, le secteur associatif emploierait en Tunisie environ 30.000 personnes. Ces 180 millions de dinars ramenés au nombre d’employés représentent 6.000 dinars par an et par employé, c’est à dire 500 dinars par mois » a précisé l’expert.
Il a souligné que ni la fiscalité relative aux employés, ni la TVA appliquée aux associations n’a été prise en compte dans cette première analyse, ajoutant que si les associations récipiendaires ont déclaré leurs impôts et taxes, 40 à 50% de ce montant serait donc allé dans les caisses de l’État.
« Maintenant au-delà de la question de l’origine de l’argent, toutes les associations ne sont pas angéliques et il est fondamental de les soumettre aux mêmes contrôles que les entreprises et éviter qu’elles ne viennent gonfler les chiffres du secteur informel. Saborder le secteur associatif parce que l’administration ne fait pas son travail de contrôle serait la pire des erreurs » a conclu Walid Bel Hadj Amor.
M.B.Z