Youssef Chahed : Abid Briki a dévié, il a été alors écarté !
Le chef du gouvernement Youssef Chahed a affirmé, ce soir du dimanche 26 février 2017, que l’ancien ministre de la Gouvernance et de la Fonction publique, Abid Briki a été écarté parce qu’il a dévié des règles de l’action gouvernementale.
« Abid Briki a bien joué son rôle en tant que ministre. Cependant, il reste un ministre comme n’importe quel autre. Nul n’est au dessus de l’Etat. Faut-il encore rappeler que l’UTICA est aussi un partenaire important dans l’accord de Carthage. Et M. Ghariani est une personnalité nationale et nous l’avons désigné pour ses compétences. Aucun ministre ne démissionne par étapes. Et puis M. Ghariani ne travaillera pas seul, il agira dans le cadre du gouvernement et selon les dispositions de l’accord de Carthage », précisa M. Chahed lors d’une interview spéciale conduite par Hamza Belloumi, ce soir du dimanche 26 février 2017, sur Al Hiwar Ettounsi.
Le chef du gouvernement a assuré, par ailleurs, qu’il n’y a, actuellement, aucun ministre sur la liste de départ, ni de remaniement prévu dans la période à venir. « Le remaniement ministériel fait partie des prérogatives du chef du gouvernement, et si on constate qu’un ministre ne se montre plus efficace, il sera écarté. Actuellement, personne n’est sur la liste de départ », souligna-t-il.
Quant au rendement du gouvernement, Youssef Chahed a assuré que certaines choses se sont améliorées, notamment, le volet sécuritaire estimant qu’il reste, tout de même beaucoup de travail à faire. « Le taux de pessimisme est de 68%, c’est normal. C’est le même taux enregistré en Allemagne. Le plus inquiétant c’est le manque de confiance, notamment, dans le rang des jeunes. Et c’est cet axe qui nous intéresse le plus », affirme M. Chahed.
« Il est clair que nous avons donné une vision, du moins pour les trois prochaines années. Et nous avons fourni des solutions urgentes à travers plusieurs projets, notamment, les microcrédits, le premier logement… », indique M. Chahed, estimant que ceci n’est pas suffisant et que les chantiers demeurent géants, allant du chômage à la lutte contre la corruption en passant par les conflits d’intérêt. « En s’y attaquant, plusieurs têtes vont tomber. Mais tout cela passera par la voie de la justice. C’est un travail de longue haleine et nécessite beaucoup de patience et de persévérance ».
Et d’ajouter que durant les six dernières années, rien n’a été effectué sur le plan économique et social. Il a considéré que la réforme est un passage obligé « Nous n’avons pas le choix, la réforme n’est pas une option. Nous devons passer aux réformes. Ce sera douloureux et les tensions continueront à faire surface, mais nous n’avons pas le choix », a-t-il insisté.
Abordant la question des banques publiques, le chef du gouvernement a indiqué que l’un des soucis majeurs est la difficulté de financement, « Nous n’avons pas besoin de trois banques publiques, nous avons injecté 700 millions dinars dans la STB en 2015, et si ça continue nous serons amenés à injecter 500 millions de dinars de plus en 2019. Il faut arrêter l’hémorragie, c’est du non-sens ».
Il s’est également exprimé sur la question des appels au limogeage du ministre de l’Education, Néji Jelloul, de la part des syndicats de l’enseignement, « l’UGTT est un partenaire stratégique, certes, mais une journée de grève rien que pour appeler au limogeage d’un ministre est inadmissible. Tous les ministres font l’objet d’une évaluation quasi quotidienne et celui qui montrera son inefficacité sera écarté ».
Interrogé sur la question de la réforme des caisses sociales, le chef du gouvernement a déclaré que plusieurs options sont envisagées : « Soit nous augmentons l’âge de la retraite, soit nous augmentons les cotisations ou nous créons une TVA sociale. Un mix de toutes ces options est, également, possible. Il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui ne touchent que le SMIC. D’ailleurs, il sera augmenté à partir de la semaine prochaine ».
Et de noter qu’« il y a une nette amélioration de la situation sécuritaire, ainsi qu’une certaine stabilité. Dans ce cadre, nous devons saluer tout l’appareil sécuritaire pour les efforts déployés dans l’instauration de la sécurité dans le pays ». Il est, également, revenu sur la question des terroristes revenant des foyers de tension, réitérant sa position selon laquelle toutes ces personnes seront arrêtées et jugées selon les dispositions de la loi anti-terroriste.
Youssef Chahed a indiqué, dans un autre contexte, que Hafedh Caïd Essebsi est considéré comme tout autre chef de parti, ajoutant que la relation avec le palais de Carthage est excellente. « Oui je consulte le président de la République. C’est Béji Caïd Essebsi, ce n’est ni un étranger, ni un intrus. Et puis je ne vois pas le mal de profiter de ses 60 ans d’expérience sur la scène politique », a-t-il martelé. Et d’ajouter, que la présidence de la République n’intervient pas dans ses décisions et qu’il reste, lui seul, à la tête du pouvoir exécutif.
Sarra Hlaoui