Ecrit par A4 - Tunis, le 15 Novembre 2012
Ils sont venus dès l'aube se suivant un à un
En traînant leurs vieilles babouches et leurs couffins
Ils sont venus tôt par petits groupes de voyeurs
Impatients d'assister à l'immense frayeur
Ils ont accouru nombreux par grandes hordes
Voir la vilaine voleuse au bout d'une corde
L'ambiance était bien chaude et le ciel menaçant
Un décor lugubre et un climat angoissant
Pourtant ils sont là avec enfants, chats et chiens
Pour voir l'amputation de la première main
Les tripes pleines de haine et le regard vengeur
Sous un gros nuage et une lourde moiteur
Soudain les cris jaillissent de toutes les gorges
A la vue du bourreau, son outil de forge
Et la frêle silhouette qui marche en trébuchant
De celle qui a volé l'orange du marchand
C'est un petit bout de femme nourrie du désert
Couverte d'un épais drap de couleur misère
Soumise, elle tendit la main d'un air effaré
Pour en être sauvagement vite séparée
Le coup était fort et sec éjectant la main
Devant la sale gueule noire d'un bâtard de chien
Qui ne fit qu'une bouchée de la pauvre menotte
Sous les rires endiablés de la foule de coyotes
Une foule enthousiaste et composée surtout
De ceux ne sachant rien et ceux ignorant tout
Le plus doué parmi eux, et ça c'est certain
Est à peine capable de compter jusqu'à un
Il y a même des voilées couvertes de mousseline
A la démarche vulgairement masculine
Ils raconteront sûr avec grande fierté
Qu'ils ont pu voir la première main amputée
Qu'ils ont encore à l'oreille, même si c'est hideux
Le cri strident de la voleuse coupée en deux
Les assoiffés de sang aux âmes qui dégénèrent
Ne peuvent prier que pour un dieu sanguinaire