D’après des fuites de l’enquête qu’a menée le juge d’instruction chargé de l’affaire Sheratongate, le don chinois destiné à l’organisation d’un colloque, d’un montant d’un million de dollars (1,640 million de dinars) aurait été versé dans le compte personnel à la STB de Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères.
D’après les éléments en possession de Business News, et déjà publiés par deux médias de la place, le trésorier général de la Tunisie, dépendant du ministère des Finances, a été interrogé par le juge d’instruction et c’est lui qui a donné ces éléments concernant le virement qui a atterri dans le compte personnel du ministre. Il a déclaré qu’il lui a été demandé par le cabinet du ministre des Finances, en date du 19 octobre 2012, de vérifier si le virement d’un million de dollars a été versé dans le compte BCT de la Trésorerie générale de la Tunisie, le trésorier a alors répondu par la négative précisant qu’il a appris (sans dire comment) que ledit montant a été versé dans un compte ouvert à la STB au nom du ministre. Cette opération est contraire à la réglementation a précisé le trésorier.
Autres éléments troublants dans l’instruction menée par le juge, les contradictions entre les propos de Rafik Abdessalem et ceux des témoins interrogés.
Ainsi, le ministre a déclaré qu’il a bien logé au Sheraton, parce qu’il devait recevoir des délégations étrangères à la date des 13, 14 et 17 janvier 2012. Le représentant légal du Sheraton a indiqué pour sa part que son hôtel n’a pas reçu de délégations étrangères à cette date.
A la date du 16 février 2012, et alors qu’il était de retour de Lisbonne, le ministre a dû séjourner au Sheraton parce qu’il devait rencontrer des journalistes en vue de préparer une conférence de presse prévue le lendemain. Le représentant légal du Sheraton a indiqué ne pas avoir reçu de délégations étrangères à cette date, à l’exception d’un ministre suédois dont le séjour a été payé par son ambassade, et qu’il n’y a eu aucune conférence de presse le 17 février.
Précisons que ces éléments n’ont pas été authentifiés d’une manière catégorique, mais on sait qu’ils ont été obtenus par d’autres médias et que les avocats chargés de défendre Olfa Riahi, à l’origine de cette affaire du Sheratongate, ont déjà connaissance de toutes ces informations et des éléments en possession des médias.
Si ces informations sont avérées, on s’interroge sur ce que peut faire le juge d’instruction. Peut-il procéder à l’arrestation ou, au moins, à l’interdiction de voyage de l’ancien ministre ? Légalement, il en a tout à fait la possibilité, c’est certain. Mais concrètement ? Avec les risques sur l’intégrité physique ou de mutation, le juge d’instruction chargé de l’affaire se trouve seul et dans une situation pas du tout confortable !