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Tunisie – L'intelligence économique, un élément essentiel chez les PME
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Selon Carlo Revelli, fondateur d'AgoraVox, premier site de journalisme citoyen et participatif, l’intelligence économique est : «un processus de collecte, de traitement et de diffusion de l’information qui a pour objet la réduction de la part d’incertitude dans la prise de toute décision stratégique.»
Lors du congrès national du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) portant sur le thème : « l’intelligence économique, levier de développement et de performance des PME tunisiennes », le chef d’escadron à la Direction générale de la gendarmerie française, Xavier Leonetti a identifié comme l’espionnage économique, une frange infime (à hauteur de 3%) de l’ensemble des informations au service de la veille stratégique d’une entreprise.
En effet, dans un environnement mondialisé à forte concurrence, il n’y a plus de place à des entités industrielles ne maîtrisant pas l’information et les outils d’accès lui permettant une prise de décision plus optimale et ciblée en vue de conquérir de nouveaux marchés. Cela devient une véritable guerre « silencieuse » entre les entreprises et, même à plus grande échelle, entre les Etats, où quasiment tous les coups sont permis pour avoir accès à l’information. Mais nous n’en sommes pas encore là en Tunisie. Il s’agit, en l’occurrence, de se perfectionner en termes d’intelligence économique.
Ce qu’il faut savoir, justement, à propos de l’intelligence économique, est qu’elle suscite impérativement la mise en place d’un cadre stratégique fondé sur un cadre légal et une législation appropriés. Mais encore, il est crucial que des politiques économiques spécifiques soient mises en œuvre. Celles-ci seraient assorties d’une bonne gouvernance, davantage de transparence et, surtout plus de facilité d’accès à l’information.
Or, en Tunisie, cette prescription fait toujours défaut. D’abord, les PME (Petite et Moyenne Entreprise), eu égard à la taille de leur activité, s’inscrivent en faux quant à la mise en place d’une intelligence stratégique et par conséquent économique. Ensuite, et toujours en raison de leur taille, les PME sont rudement concurrencées, dans ce domaine, par les grandes entreprises et, par ricochet, par les groupes industriels. Ces derniers ont, de ce fait, des moyens infaillibles pour accéder à l’information pertinente et en temps voulu, et c’est ainsi qu’ils mènent la vie dure aux PME. Sachant, par ailleurs, que 97% du tissu économique national est représenté par les PME, ce qui nous amène à dire qu’elles constituent le véritable pilier de l’économie tunisienne. Toutefois, sur le volet de l’intelligence économique, elles demeurent loin dans la course.
Par ailleurs, sur le volet des réalisations en matière d’intelligence économique, la Tunisie ne peut se vanter de grandes réalisations, loin s’en faut. Les avancées accomplies dans ce domaine demeurent encore assez timides, poussant le pays à accuser un sérieux retard en comparaison avec d’autres pays.
Selon Fethi Ben Mimoun, président de l’Association Tunisienne d’Intelligence Economique (ATIE), la Tunisie souffre d’une sérieuse défaillance quant à une véritable politique publique formalisée, institutionnalisée et conceptualisée combinant opérateurs publics et privés. Et il ajoute que « «l’ATIE a vu le jour en raison du constat lié au retard accusé par la Tunisie dans la prise en charge de la démarche de l’intelligence économique. Celle-ci est loin de constituer, au niveau de la sphère gouvernementale, une véritable politique publique volontariste et réfléchie. Au niveau des entreprises, elle est loin d’être reconnue comme étant une dimension stratégique du management. Elle est pratiquée d’une façon spontanée et instinctive par des managers qui se fient à leur flair et à leur expérience, sans qu’elle ne soit prise en charge et formalisée au niveau organisationnel et humain».
De ce fait, la pratique de l’intelligence économique est encore au stade embryonnaire, fragmentaire et bien dispersée, en ce sens qu’elle est mise en place par quelques grandes entreprises ou certaines institutions publiques et privées à l’instar de la FIPA (Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur) l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprise) et le CEPEX (Centre de Promotion des Exportations). Et encore, il faut dire que même ces acteurs économiques pratiquent, plutôt, une veille ayant trait à leurs domaines de compétences, au lieu d’une véritable démarche d’intelligence économique.
Force est de constater que nombreux sont les freins s’opposant à la mise en œuvre d’une authentique et tangible politique en matière d’intelligence économique. Un des obstacles les plus frappants est le manque voire absence de collaboration entre les deux secteurs public et privé. Et puis, il y a aussi une absence d’une culture de collaboration ou de mutualisation entre les entreprises tunisiennes sur le plan des expériences et des compétences sur les marchés extérieurs. La méfiance et la défiance restent de rigueur à ce propos et se dressent comme une barricade infranchissable.
Les enjeux économiques substantiels ne font guère l’objet d’un réel débat national, des enjeux engageant l’avenir de la Tunisie devenant ainsi un des dommages collatéraux du trop-plein de politique. Aussi, le recul constaté dans les rangs de la rationalité, du savoir en général et de la culture marque-t-il le point d’orgue dans l’absence de l’intelligence économique. A ce niveau, tous les acteurs du domaine politique, social et économique sont concernés, car il devient péremptoire d’élever cette composante élémentaire au progrès économique, d’un rang d’ersatz.
Nadya B’CHIR
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