alexametrics
vendredi 26 avril 2024
Heure de Tunis : 12:40
Chroniques
En 2017, il faudra avoir…confiance !
05/10/2016 | 15:58
3 min

 

L’année 2017 est une année qui restera probablement gravée dans l’Histoire de la Tunisie. Ce sera une année difficile sur tous les plans, particulièrement économique.

Comme l’a dit et répété notre chef du gouvernement, Youssef Chahed, la situation est extrêmement alarmante et il faudra faire des sacrifices. Il est vrai que le chef du gouvernement d’union nationale s’est montré extrêmement alarmiste quant à la situation qu’il a trouvé en arrivant à la Kasbah. Il a dressé un tableau noir…qu’on connaissait déjà.

 

Le diagnostic, la situation actuelle, sont connus de presque de tout le monde, d’un côté. Mais surtout, chaque chef du gouvernement qui est venu prendre ses fonctions a déclaré la même chose : la situation est catastrophique, la conjoncture est difficile, faites des efforts, il faudra des sacrifices etc. Et après, il ne se passe rien ou presque.

Les gens en ont marre de ce discours alarmiste sans profondeur et sans solutions concrètes pour des problèmes bien identifiés. Les gens ne donnent plus aucun crédit à celui qui vient leur décrire une catastrophe à leurs portes et qui se met à leur niveau pour se lamenter et pour « sensibiliser ». Les gens sont conscients que tout va mal, ils le vivent tous les jours, ils le constatent tous les jours et surtout, ce sont les premiers à le subir, tous les jours.

 

Le plus grave dans cette situation est que la rengaine du sacrifice ne marche plus. On ne peut pas toujours demander aux mêmes personnes de faire des sacrifices. Un père de famille classique a subi, cette année, les dépenses de Ramadan, ensuite de l’Aïd, ensuite celles des vacances d’été, puis l’autre aïd avec la rentrée. Il se prend de l’inflation dans les dents chaque jour et n’arrive plus à joindre les deux bouts puisque la classe moyenne se mue chaque jour en classe pauvre. De l’autre côté, s’il suit un peu les informations, il constatera qu’il suffit de couper des routes pour obtenir des postes de travail, qu’il suffit de menacer d’une grève pour être augmenté, qu’il est en fait plus avantageux de travailler dans l’informel que de subir de plein fouet la retenue à la source.

En 2017, les prélèvements obligatoires risquent d’augmenter et ce même père de famille risque de se trouver avec une augmentation de 25% de la vignette de sa petite 4 chevaux, avec une augmentation du prix de l’électricité et j’en passe, au nom du sacrosaint patriotisme et esprit du devoir.

 

Ces notions, même abstraites dans une certaine mesure, ne sont pas étrangères aux Tunisiens. L’idée de faire un effort collectif pour sauver la nation est une idée qui peut rassembler et créer le consensus. Seulement, une condition doit être respectée : tout le monde doit s’y mettre ! Et c’est là où le bât blesse et où le Tunisien perd confiance et estime qu’il est floué. Il estime que l’effort n’est pas réparti de manière égale et que c’est le salarié, victime de la retenue à la source, qui paye le prix fort. Et malheureusement, il n’a pas tout à fait tort.

Il existe des aberrations en Tunisie actuellement. Comment convaincre ce père de famille de payer encore plus à l’Etat quand il sait par exemple qu’un médecin ayant son propre cabinet paye moins d’impôt qu’un médecin de la fonction publique ? Comment le convaincre de payer plus alors qu’un avocat, par exemple, peut construire un immeuble et le louer sans payer quoi que ce soit ? Comment le convaincre quand il sait qu’il existe des milliers de personnes qui travaillent dans l’informel qui ne paient rien du tout ? Comment le convaincre quand il sait que les plus gros contrebandiers blanchissent leur argent dans l’immobilier au vu et au su de tout le monde ?

Le plus gros des challenges en 2017 sera celui de rétablir la confiance et de montrer à la population que tout le monde est, réellement, concerné. Il faudra le montrer par les faits et non par les discours. Les gens en ont marre des discours…

05/10/2016 | 15:58
3 min
Suivez-nous

Commentaires (7)

Commenter

SH
| 06-10-2016 16:16
on ne touche pas aux métiers libéraux parce qu'ON partage avec eux. je vous laisse le soin de découvrir ces "ON". Embaucher d'autres "ON" ou augmenter le budget du Ministère des finances ne fait qu'accélérer les pertes fiscales provenant des métiers libéraux. La solution est MIN AYNA LAKA HATHA.

Mohamed obey
| 06-10-2016 13:19
Nos hauts responsables de l'Etat, quand ils échouent de faire face aux maîtres (ou puisqu'ils ne les arrange pas de les confronter), ils ont les esclaves à marcher dessus.

DHEJ
| 06-10-2016 12:00
Mais c'est quoi cette nouvelle notion de père de famille CLASSIQUE dans un pays qui se veut un ETAT DE DROIT???


Est-ce un CITOYEN CIVIL qui respecte le CODE PENAL???


epicure
| 05-10-2016 21:40
Vous dites: "Comme l'a dit et répété notre chef du gouvernement, Youssef Chahed, la situation est extrêmement alarmante et il faudra faire des sacrifices"

Et que propose l'un de ses ministres islamiste afin d'assainir la situation et de sortir le pays de son marasme ?
Un salaire de 600 dinars pour les chômeurs diplômés.
Un irresponsable à écarter RAPIDEMENT du pouvoir.

Forza
| 05-10-2016 19:02
Un des signes de la richesse concentrée dans quelques mains sont les prix astronomique de l'immobilier. Dans les quartiers hip de Tunis on paye des prix supérieurs parfois à ceux pratiqués en Europe. Quelques terrains pieds dans l'eau ont des prix de 1500 dinars le mètre carré et plus et on voit des gens qui achètent pour un milliard de millièmes un terrain à bâtir. Ces fortunes sont faites a cause de l'évasion fiscale, professions libérales a la médecin, pharmacien, expert comptable, commerçants qui trafiquent avec des produits de la Chine et de Taiwan et les requins de la contre bande (mouch elayacha) et last but not least les familles oligarques. Ces familles qui étaient déjà puissantes sous Ben Ali ont augmenté encore leur main mise sur l'économie (et je pense même de la contreband0e) du pays et font des milliards de bénéfices (rabi yzidhoum pour la part de l'économie formelle et la trabahmoum pour la corruption et la contrebande)) mais voilà ils ne payent pas d'impôt. Donc commencer par les familles oligarques (1% d'impôt exceptionnelle sur la fortune non productive - il ne faut pas toucher aux moyens de production), les professions libérales et les grands contrebandiers et le petit peuple acceptera des sacrifices. Bon tout ça est théorique car les familles oligarques ont le vrai pouvoir et les figures qu'on voit sur la scène politique sont des figurants. On choisit un président bon parleur, un chef de gouvernement jeune et un cheick avec de bons contacts avec les saoudiens, on laisse le petit peuple commenter sur BN et Babnet pour croire être libres et souverains et on fait ce qu'on veut.

TeTeM
| 05-10-2016 17:03
C'est une belle analyse avec laquelle je suis assez en phase...

observator
| 05-10-2016 16:43
Avant de demander au petit peuple des sacrifices, il faut réduire d'abord substantiellement la corruption.

Pour cela il faut :
1/-Avoir le pouvoir et la volanté de mener ce combat pat le gouvernement.
En a t il la capacité je doute fort mais soyons obtimistes.
2/-Il faut se donner les moyens :
Il faut avoir des fonctionnaires zélés bien formés incorruptibles pour appliquer les lois et les règles avec fermeté. Les avons-nous ?
contrôleurs, inspecteurs d'impôts magistrats, fonctionnaires de police....
3/- Il faut que tous les fraudeurs et les corrompus rendent des comptes en commençant par les gros.
Après cela va être plus facile s'attaquer aux plus petits.
Une fois la corruption est réduite, il serait plus légitime à l'Etat de demander à tous les tunisiens au delà d'un certain seuil des sacrifices dans leur intérêt à long terme.
Le problème aujourd'hui c'est que l'Etat est noyauté par tous ces gros corrompus et fraudeurs.
Le gouvernement actuel, en lui accordant le bénéfice du doute, a t il les moyens de sa politique ?.

Je pense que non. Les raisons sont évidentes. Ce gouvernement aura du mal à s'attaquer à Abassi ou Mme Bouchamaoui s'ils s'averent qu'ils ont frauder en matiere fiscale et autre.
Donc on risque de tourner en rond. Peut être que sous la pression des événements produira un effet choc qui fera que les choses vont finalement bouger.
C'est qui est sure c'est que demain plus aujourd'hui, si rien de concret et de palpable n'est fait le risque est grand de voir la situation empirée d'une manière inquiétante.
Le gouvernement a tout intérêt à sacrifier tous ces gros corrompus que de ne pas le faire. Dans le cas contraire les conséquences vont être désastreuses pour le pays et pour tout le monde.
Il faut espérer un sursaut.
Rabi krim.