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Dilou : voici quelques exemples des absurdités dans l'instruction de l'affaire de complot
22/04/2024 | 15:29
6 min
Dilou : voici quelques exemples des absurdités dans l'instruction de l'affaire de complot

 

L’avocat et membre du comité de défense des accusés dans la fameuse affaire de complot contre la sûreté de l’État, Samir Dilou a indiqué que plusieurs faits et noms inclus dans le dossier de l’instruction étaient absurdes, tel que celui d’une personne dont la voiture était stationnée aux alentours de la maison de Khayam Turki. « L’instruction est comique… Les commentaires des citoyens étaient sous forme de blagues et de railleries », a-t-il dit.

Invité le 22 avril 2024 de Khouloud Mabrouk à « Fi 90 Dkika » sur « Radio IFM », Samir Dilou a affirmé que dans la même instruction et dans le même document, Bochra Belhaj Hmida était innocentée puis quelques paragraphes après considérée comme accusée. Celle-ci est soupçonnée d’être une agente de liaison entre les présumés comploteurs et les autorités françaises. L’instruction explique cela par le fait que Bochra Belhaj Hmida a été officiellement décorée par le président français Emmanuel Macron. La liste des accusés comprend 41 personnes, dont sept actuellement en prison malgré la fin des quatorze mois de délais de détention. Il s’agit de Khayam Turki, Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Kamel Letaïef.

« Les accusations sont formulées dans deux pages et demi… Elles comprennent des crimes terroristes, l’adhésion à une organisation terroriste, l’atteinte à la sûreté alimentaire et attentat à l’encontre du président de la République. Je pense que nous sommes le seul pays à convoquer des citoyens pour avoir parlé du président en son absence… L’attentat n’a jamais été un crime lié aux déclarations… Il est lié aux actes… Celui qui a poussé Sarkozy a été condamné à six mois avec sursis d'exécution », a-t-il dit.

 

 

 

Samir Dilou a qualifié l’instruction de scénario d’une série Netflix. Il a expliqué que Kamel Letaïf, contrairement à ce qu’avait affirmé le témoin anonyme, n’avait pas de nièce et ne s’était pas rendu au Luxembourg. Le témoin s’est représenté auprès de la justice pour modifier son récit. Il a inclus de nouvelles personnes à la liste des accusés dans son témoignage. « Prenons l’exemple de Ghazi Chaouachi et Ridha Belhaj… Ils sont partis en France et l’un a pris son vol de retour depuis Lyon alors que l’autre depuis Paris… Ghazi et Ridha sont des beaux-frères… Ghazi a visité son fils, Elyes, à Lyon et Ridha est resté à Paris pour voir son fils Mahmoud… On accuse certains d’avoir trop voyagé… Issam Chebbi est accusé d’avoir eu le numéro de téléphone d’un certain John Thorne… Ce dernier est en contact avec plus de 1.500 activistes, car il a représenté Amnesty International en Tunisie durant des années », a-t-il déclaré.

Samir Dilou a indiqué que Khayam Turki et Lazhar Akremi étaient accusés de vouloir causer la hausse des prix des produits alimentaires. Ils auraient eu un échange à ce sujet en prenant un café à Ennasr.

Il a par ailleurs indiqué que la brigade de police avait traduit le mot anglais « officers » en officier. Le juge d’instruction a chargé trois traducteurs de procéder à la traduction. Ces derniers ont expliqué que « officers » se traduisait en « responsables ». L’avocat a indiqué que le p.v dressé par les traducteurs a été annulé et que le juge d’instruction a repris la traduction faisant référence à des officiers. Il a pointé du doigt le chaos au niveau de la procédure et a indiqué que les accusés étaient considérés comme étant des victimes de détention arbitraire.

« Il n’y a plus de justice… On a procédé à une suspension du code de procédure pénale… Ce témoin s’est remémoré, après des mois et sur un coup de tête, les noms de Noureddine Bhiri, Sahbi Atig et d’autres… Qu’est-ce qui l’empêcherait de se présenter un mois en arrière et de nommer de nouvelles personnes… Le témoin anonyme aurait dû être exposé aux éléments pouvant conduire à sa récusation… Il est en lien avec certaines entités que tout le monde connaît… Nous, en tant que membres du comité de défense, sommes certains que ces témoins ne se sont pas présentés de leur plein grès… Il n’y a pas d’autres éléments que les témoignages… Nous avons présenté une demande afin de dévoiler l’identité des deux témoins XXX et XX, mais elle a été refusée, car lorsqu’elle sera dévoilée, leur témoignage sera automatiquement rejeté en raison des conflits les opposant à une partie des accusés », a-t-il ajouté.

Samir Dilou a évoqué une incohérence et une absurdité des témoignages. Il a indiqué avoir procédé à une recherche Google, mais sans rien trouver au sujet de certaines institutions israéliennes. Celles-ci n’existent même pas. Le témoignage indique qu’une réunion a eu lieu au sein de l’ambassade de Tunisie en Belgique et en présence d’officiers de l’armée et de sécuritaires alors que l’actuel ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar était l’ambassadeur. L’instruction indique, aussi, que Bernard Henri Lévy était derrière le blocage de la production de phosphate.

« Peut-on parler d’un contrat de mariage concernant une seule personne ? Peut-on parler d’un mariage avec une seule bague ? Ceci n’est pas concevable… Idem pour le complot. Or, le ministère public a innocenté les ambassadeurs, mais a considéré les autres comme des suspects… Le comité de défense a déposé une demande auprès du juge d’instruction afin d'auditionner officiellement ces personnes… Au lieu de procéder à cela, on a convoqué deux des membres du comité de défense et on a ouvert une instruction les visant », a-t-il déploré.

Samir Dilou a considéré qu’on allait interdire aux citoyens et aux médias d’assister à l’audience qui sera tenue dans le cadre de cette affaire par le tribunal de première instance. Il a estimé que les magistrats avaient peur de s’opposer aux pressions exercées au sujet de cette affaire. Il a indiqué que ces derniers avaient peur d’être révoqués tel que les 57 juges limogés par décision du président de la République, Kaïs Saïed. Il a indiqué qu’il n’y avait pas lieu de s’interroger sur l’indépendance de la justice, mais sur son existence.

« Le président a qualifié les accusés de comploteurs… On doit les appeler accusés… Quel juge osera les libérer… Le président a prononcé le jugement et il ne reste aux juges que de se prononcer au sujet de la peine… La demande de l’accélération des procédures est une accélération de la prononciation de la peine… Le président, comme tout autre responsable, reçoit des rapports… Nous accusons la personne derrière ces rapports de véhiculer de fausses informations… L’enquête a été initiée suite à un courrier émanant d’une entité sécuritaire… La ministre de la Justice a demandé au ministère public d’ouvrir une enquête… Maître Abdelaziz Essid, ayant évoqué un courrier trafiqué, a été poursuivi en justice. Mais, la juge ayant prononcé un non-lieu en sa faveur n’a toujours pas repris ses fonctions », a-t-il expliqué.

Samir Dilou a assuré que les délais de détention ont pris fin et que les accusés étaient détenus de façon illégale. Il a affirmé que du point de vue de ces derniers éléments la présidentielle prévue d’ici fin de l’année 2024 n’était pas une véritable élection.

 

S.G

22/04/2024 | 15:29
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