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Egalité de l'héritage: Le moment est venu pour que cesse la schizophrénie !
09/05/2016 | 19:59
5 min
Egalité de l'héritage: Le moment est venu pour que cesse la schizophrénie !

 

La question de l’égalité de l’héritage entre les femmes et les hommes est à l’actualité cette semaine. Mehdi Ben Gharbia, député indépendant à l’Assemblée des représentants du peuple, a proposé un texte législatif permettant de dépasser cette inégalité qui persiste depuis bien longtemps. La Tunisie, pays avant-gardiste dans le monde arabo-musulman en matière des droits de la Femme, a pourtant un long chemin à parcourir pour pouvoir prétendre reléguer aux oubliettes une multitude de lois discriminatoires.

 

Le texte de loi proposé par Mehdi Ben Gahrbia n’a pas laissé indifférent. Les détracteurs ont rapidement crié au scandale et, en passant, à l’apostasie. C’est que pour ces réactionnaires purs et durs, la question de l’égalité dans l’héritage entre les deux sexes, toucherait les fondements même de l’Islam, mettant en péril un modèle de société patriarcal immuable.

Première à s’opposer à ce projet de loi, la députée islamiste Yamina Zoghlami, indiquant qu’elle ne voyait pas son utilité et sa pertinence, assurant que cette initiative mènera le pays droit au mur : « Il y a eu une campagne contre le Coran et contre les libertés. Ce n’est pas comme s’il s’agissait des premières préoccupations de la femme et des familles tunisiennes ! ». Yamina Zoghlami a déclaré qu’une telle proposition pourrait ouvrir la porte aux extrémistes et leur donner une raison pour sévir : « Il est vrai que nous avons une Constitution et des libertés, mais ce projet de loi pourrait nuire à la Tunisie. Quel est son intérêt ? ».

Et c’est autour de Othmane Battikh, mufti de la République de s’y mettre. Selon lui, le Coran est clair là-dessus, ne laissant aucune place à l’interprétation. Le mufti a tranché : la règle de l’héritage ne doit pas changer ! Il assure que cette question n’a pas sa place dans le débat public, arguant que le pays a d’autres problèmes économiques et sociaux. Le ton est donné. On essaie d’entrainer le débat sur le terrain du religieux, alors même que la question qui se pose ici, est celle d’une loi civile qui améliorera justement la condition économique et sociale d’un large pan de la société, à savoir les femmes.

 

Tant que les femmes ne jouiraient pas de l’égalité successorale, on ne pourra jamais parler d’égalité et de démocratie. Cette discrimination est le miroir de toutes les inégalités qui subsistent dans notre société. Justement, le député Mehdi Ben Gharbia pointe cette sorte de schizophrénie caractérisant notre société. En Tunisie, les ménages dépensent les mêmes sommes, à part égale, pour l’éducation, la santé et les études de leurs enfants, filles et garçons. Pourquoi lors de la succession, la fille devrait hériter moins que son frère ? Alors que la femme participe 50% du PIB du pays, elle reste néanmoins traitée en être de seconde zone, en complémentaire.

La Tunisie s’est dotée d’une Constitution, considérée à l’avant-garde du monde musulman. L’article 21 dispose que les citoyens et les citoyennes, sont égaux en droits et devoirs. Qu’ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune. Alors que l’Etat se doit de garantir aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs, leur assurant les conditions d’une vie décente. Quant à l’article 46, il stipule que l’Etat s'engage à protéger les droits acquis de la femme, les soutient et œuvre à les améliorer, garantissant l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines. De bien belles paroles. Serait-ce des paroles dans le vent ! De quelle égalité peut-on se targuer, si les femmes ne le sont pas en termes de droits successorales ? L’Etat se devant d’améliorer les droits acquis de la femme, c’est dans cette optique qu’un groupe de députés de plusieurs formations politiques ont signé la proposition de loi.

Le projet présenté par Mehdi Ben Gharbia prévoit dans son article premier que les héritiers, en l’absence d’un accord préalable pour le partage des biens, l’Etat devrait trancher en faveur de l’égalité des parts dans l’héritage.

 

Un sondage effectué par Sigma Conseil entre le 16 et 19 avril 2016 auprès de 1227 Tunisiens âgés de 18 ans et plus, relève que 58% des Tunisiens considèrent que l’inégalité de l’héritage entre hommes et femmes est une injustice envers la femme puisqu’elle participe aux dépenses du foyer aux côtés de l’homme. On relèvera toutefois que dans ces 58% de sondés, seulement 48% des hommes le pensent, alors que chez les femmes le taux s’élève à 68%. D’autre part, 47% des Tunisiens soutiennent l’idée d’une loi obligeant l’égalité dans l’héritage alors que 84% soutiennent une loi laissant le choix à l’ascendant. Ils sont 53% à être contre une loi qui obligerait à l'égalité dans l'héritage entre l'homme et la femme. En outre, les sondés sont favorables à 73% à une loi qui laisserait le choix aux frères et sœurs de se mettre d’accord entre eux. On relèvera par ailleurs, que la majorité des Tunisiens interrogés,  estime qu'il faudrait une loi qui aidera à améliorer la situation économique de la femme. Il faut dire aussi que 52% des sondés pensent que les dépenses du ménage sont une responsabilité conjointe entre l’homme et la femme.

 

Mehdi Ben Gharbia et les députés signataires n’entendent pas se placer sur le plan religieux. En effet, en tant qu’élus leur rôle est d’appliquer la Constitution de 2014, consacrant l’égalité entre les genres. « Jusqu’à quand cette schizophrénie va-t-elle se poursuivre, a martelé M. Ben Gharbia, nous disposons d’une Constitution qui garantit l’égalité et ce ne sont pas des paroles en l’air. Il faudra la mettre en application ! ».

 

Pour les détracteurs du projet de loi, le moment serait mal choisi. Mais ce ne sera jamais le moment ! Pour qu’une société évolue, il est nécessaire qu’il y ait une véritable volonté politique qui tire vers l’avant, et cette initiative s’inscrit dans cette optique. Bousculer les tabous, s’inscrire clairement contre cette forme de discrimination fondée sur le genre, c’est la mission dévolue aux députés portant ce projet de loi.

 

La Tunisie dispose d’une législation avancée en matière d’émancipation des femmes, édictée en 1957 par l’ancien président de la République, Habib Bourguiba. Ces lois n’ont pourtant pas touché à la loi islamique en matière d’héritage, selon laquelle les femmes héritent de la moitié de ce qui revient aux hommes. Il serait temps que cela cesse ! Ce projet de loi ne finira pas de susciter la polémique et le courroux des conservateurs de tous bords. Mais s’il passe ce sera une étape historique dans la lutte continue pour les droits de la femme.

 

Ikhlas Latif

09/05/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (19)

Commenter

Gg
| 14-05-2016 22:16
... de Thoura, de Rafik de Jendouba, des personnes qui veulent un islam vivant, prolifique, ouvert au coeur et a l'intelligence, et non sclérosé et cadenassé à jamais.
Merci, vous lire fait du bien.

kol
| 10-05-2016 18:28
Ses maths sont corrects:
58% de 1227 = 48% du nombre d'hommes sondes +68% du nombre de femmes sondees
Le nombre de femmes sondees = 1227 -nombre d'hommes sondes
Cela veut juste dire qu'il y a plus d'hommes sondes que de femmes
Si on resout l'equation a une inconnue, il y 617 hommes dans ce sondage et 610 femmes
CQFD :) - j'adore les maths!!!
et c'est pour ca que je devrais heriter exactement la moitie de qu'herite mon frere, ce n'est pas juste sinon!!!! coran ou pas, les parents aiment leurs enfants de la meme maniere ; par ailleurs je travaille autant que mon frere et peut etre meme plus pourquoi devrait-il avoir plus d'aide pour demarrer/continuer sa vie que moi!?!
enfin et c'est ma pensee la plus sincere, ce debat ne devrait pas etre sur l'egalite mais sur la liberte car mes parents devraient avoir le droit de donner ce qu'ils ont a qui ils le veulent et comme ils le souhaitent, que ce soit leurs enfants a part egales ou non, ou a un etranger, ou a une oeuvre de charite ou meme a l'etat, a un orphelinat etc...
ni l'etat ni la religion ne devrait intervenir ici; car je me suis tjs demande comment faisaient mes compatriotes juifs, qui ont une loi islamique appliquee a eux... ou meme autre athes...
Bref, je penses que ma pensee sera une goutte dans l'ocean mais ma goutte quand meme!!!
Liberte de leguer comme on le souhaite!

BEN AMARA
| 10-05-2016 17:30
on en parle seulement des droits des femmes ,mais ou sont les droits de l'homme ??? si cette loi passe,la fille doit obligatoirement passer un an comme le garçon le militaire,doit faire tous ce qu'il fait l'homme.

SAMIA
| 10-05-2016 15:22
ABOU EL ALA EL MAARI a mis le doigt sur l'origine de nos maux Voici quelques-uns de ses vers audacieux :

La raison, pour le genre humain
Est un spectre qui passe son chemin.

Foi, incroyance, rumeurs colportées,
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois ...
À toute génération ses mensonges
Que l'on s'empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?

Deux sortes de gens sur la terre :
Ceux qui ont la raison sans religion,
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.

Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,
Toutes les religions se valent dans l'égarement.

Si on me demande quelle est ma doctrine,
Elle est claire :
Ne suis-je pas, comme les autres,
Un imbécile ?
ABOU EL ALA est un GAND HOMME il est né à une époque qui n'est pas la sienne
DECOUVREZ TASSABIH ABOU ELALA sur youtub

Ek
| 10-05-2016 14:44
Droit égalité loi.... Etc etc, je le rappelle encore. Nous sommes égaux en droits et devoirs article 21, alors droit de garde ? Pension ? Pourquoi on n'entend personne en parler. Pourquoi nous ne sommes pas égaux.. Service militaire ? Pourquoi seuls les hommes le font(obligatoire pour la majorité). Récoltez vous, pourquoi vous ne le faites que pour les femmes.

Mohamed Obey
| 10-05-2016 14:37
L'égalité des genres femme-homme passe nécessairement par un partage égal du patrimoine du parent. Sinon, il faut dire explicitement que la Tunisie n'est pas encore prête à un nivellement démocratique des deux sexes...Et il faut aussi dire que la discrimination entre l'homme et la femme est intrinsèque à la justice du Pouvoir Absolu et qu'il n'est pas possible de changer la jurisprudence musulmane qui lui sert de base dans nos contrées.

moha
| 10-05-2016 11:51
Il faut arrêter de pleurer sur le coran qui ne sert à rien pour l égalité mais en 2016 seules les lois peuvent être appliquer
la religion favorise la pauvreté et n est pas réaliste dans le monde moderne

DHEJ
| 10-05-2016 09:34

11. Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles. S'il n'y a que des filles, même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s'il n'y en a qu'une, à elle alors la moitié. Quant aux père et mère du défunt, à chacun d'eux le sixième de ce qu'il laisse, s'il a un enfant. S'il n'a pas d'enfant et que ses père et mère héritent de lui, à sa mère alors le tiers. Mais s'il a des frères, à la mère alors le sixième,

APRES EXECUTION DU TESTAMENT QU'IL AURAIT FAIT OU PAIEMENT D'UNE DETTE.

De vos ascendants ou descendants, vous ne savez pas qui est plus près de vous en utilité. Ceci est un ordre obligatoire de la part d'Allah, car Allah est, certes, Omniscient et Sage .

12. Et à vous la moitié de ce que laissent vos épouses, si elles n'ont pas d'enfants. Si elles ont un enfant, alors à vous le quart de ce qu'elles laissent,

APRES EXECUTION DU TESTAMENT QU'ELLES AURAIENT FAIT OU PAIEMENT D'UNE DETTE.

Et à elles un quart de ce que vous laissez, si vous n'avez pas d'enfant. Mais si vous avez un enfant, à elles alors le huitième de ce que vous laissez

APRES EXECUTION DU TESTAMENT QUE VOUS AURIEZ FAIT OU PAIEMENT D'UNE DETTE.

Et si un homme, ou une femme, meurt sans héritier direct, cependant qu'il laisse un frère ou une soeur , à chacun de ceux-ci alors, un sixième. S'ils sont plus de deux, tous alors participeront au tiers,

APRES EXECUTION DU TESTAMENT OU PAIEMENT D'UNE DETTE,

sans préjudice à quiconque.

(Telle est l') Injonction d'Allah! Et Allah est Omniscient et Indulgent.



Le vilain Mehdi BEN GAHRBIA est immoral par son projet de loi, il pousse les "héritiers" sans les identifier à départager ce dont ils ne possèdent pas!



Or le BON dieu a laissé la porte grande ouverte par la phrase miraculeuse à savoir:


APRES EXECUTION DU TESTAMENT OU (inclusive) PAIEMENT D'UNE DETTE!

RAFIK DE JENDOUBA
| 10-05-2016 09:07
Le coran , certes a tranché en matière d'héritage, mais pour bien le comprendre : l'aveuglement de le texte et le contexte son intimement liés , il faut bien admettre que des versets ont bien été descendus sur MOHAMED selon les circonstances de sa vie et les obstacles culturels de l'époque c'est toute l'intelligence du coran et sa singularité
Ne pas intégrer le contexte dans la compréhension du coran c'est travestir la noblesse de la parole divine
l'islam est descendu en arabe chez des peuples sauvages et incultes, cupides et dénués de valeurs humaines ils enterraient leurs fillettes vivantes ,la femme n'avait pas de place dans la société, elle n'avait pas le droit à la vie. DIEU l'a élevé en lui accordant des droits servis dans plusieurs versets pour la protéger des exactions de l'inculture des arabes d'il ya 14 siècles.
SOURAT LES FEMMES
Dans une des Sourats les plus importantes du coran, elle comporte 186 versets DIEU est intervenu dans la vie des hommes pour rendre justice et proféré ses admonestations à l'encontre de cette culture barbare qui exclut la femme . Vu les circonstances de l'époque et les particularités culturelles d'une société primaire et inculte, la femme était un objet dénuée de toute appartenance à la race humaine. C'est vous dire l'indigence de ces peuplades qui s'adonnaient à la perversion justement au détriment de la femme
SOURAT ENNAHL Versets 58 et 59 :
« Et lorsqu'on annonce à l'un d'eux une fille son visage s'assombrit et une rage profonde l'envahit il se cache des gens à cause des malheurs qu'on lui a annoncé , doit il la garder malgré la honte et l'enfouira t- elle dans la terre, combien est mauvais leur jugement »
SOURAT ETTAKWIR versets 8 ET 9 :
« Le jour ou on demandera à la fillette enterrée vivante pour quel péché elle a été tuée »


QUANT A L'HERITAGE
En quoi serait il contraire à la religion que de rétablir une égalité à l'héritage ?
Le droit accordé est un minimum ,si on va au-delà de ce minimum pour une meilleure justice ,DIEU serait il offensé ? qu'ils se saisissent ces pseudos oulamas
Le monde a changé , de sociétés tribales l'humanité s'est métamorphosée en sociétés urbaines , l'individualisme est devenu une nouvelle culture , la notion de clan et de famille devient disparates , elle est en voie de disparition . la particularité du coran dans son essence philosophique est cette faculté à adapter ses textes à toutes les cultures dans le temps et l'espace sans pour autant déformer son message originel
c'est ce que nos cheikh , muftis ,oulamas , prédicateurs semblent ne pas le comprendre , ils sont dépourvus de raison (AFALA YAAKILOUN) , l'esprit sectaire et sclérosé , victimes de tabous séculaires des arabes du 7ème siècle , ils ont fait de l'islam une religion figée , intolérante recroquevillée sur elle-même, dépourvue de sens humain, n'en déplaise à ces islamistes apprentis de la politique .
Hermétiquement fermés à toute innovation ou remise en cause d'acquis culturels inadaptés au monde d'aujourd'hui ces hiérarques de l'islam sont les pires ennemis de l'islam , c'est ainsi qu'ils ont fait des daéchiens et des terroristes de tous bord qui assassinent au nom justement de ce sectarisme religieux qui leur a été inculqué
C'est là la faillite morale de ces exégètes et cheikh , muftis et prédicateurs et pseudos oulamas ?
Notre mufti ,n'est pas en reste , il a manqué de communication ; ne faut il pas rappeler la valeur du texte tout en laissant le débat ouvert ? ne faut il pas rappeler que l'islam est une culture mouvante qui s'adapte à toutes les circonstances dans le temps et dans l'espace . Au contraire notre mufti s'est enfermé pour condamner tous ceux qui osent réfléchir
Le monde est conduit par son élite , celle là même qui projette la vie d'une société dans le temps et lui procure une matière et une manière pour échafauder l'édifice d'une société humaine. Condamner cette réflexion c'est mourir à petit feu . c'est ce qui arrive aujourd' hui à la société arabo-musulmane qui a fait de l'indigence et de l'intolérance un fonds de commerce .
c'est bien cette intolérance de l'église chrétienne et son pouvoir d'inquisition qui a contribué à sa chute et à son exclusion du pouvoir temporel qu'elle a voulu accaparer à tout prix . il en est de même de cet islamisme rampant à la saoudienne qui risque de se désintégrer, si ce n'est pas déjà fait .

Thoura
| 10-05-2016 09:03
Ce que je sais qu'on n'a gardé de la "chariaa" que la question de l'héritage. N'y a t il pas anguille sous roche ??? Ce que je sais aussi c'est que l'effort intellectuel dans l'islam n'est pas interdit et qu'il même encouragé. M.B.G.a lancé une idée:pourquoi la fermer avant de la discuter et de l'approfondir. Et si les gens qui se réclament religieux s'y opposent je leur ne continuer pas à brimer systématiquement la femme et par la manière qui vous plait et qui vous convient:sachez qu'elle est notre maman,notre fille ou notre moitié.Le monde évolue.