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Chroniques
Où est passé le gouvernement ?
03/11/2016 | 19:59
3 min

 

On a laissé la ministre des Finances affronter toute seule les critiques au projet de Loi de finances 2017. Pas un ministre n’est monté au créneau pour défendre le projet. Cela donne une singulière image d’un gouvernement d’union.  

 

La cohésion et la solidarité ne semblent pas être le point fort du gouvernement de Youssef Chahed si l’on en juge par la réaction de ses membres pour faire face aux critiques fusant de toute part concernant le projet de Loi de finances pour l’exercice 2017. Depuis la publication du projet, seule la ministre des Finances est montée au créneau pour défendre un projet qui, en principe, engage le gouvernement dans son ensemble et non point seulement le ministère des Finances.

 

Il est vrai que pour l’heure, l’opinion publique n’a connaissance du projet de Loi de finances que des dispositions visant à rendre plus transparente la fiscalité des professions libérales. Or, celles-ci ne concernent que deux articles d’un projet de loi qui en contient plus d’une soixantaine d’autres devant traduire les choix de politique socioéconomique du gouvernement pour l’étape à venir. Et si le ministère des Finances demeure le maître d’œuvre du projet, c’est le gouvernement dans son ensemble qui en est le dépositaire. C’est à tous les membres du gouvernement de monter au créneau en mettant en perspective, à travers les dispositions qui influencent leurs domaines d’intervention, la cohérence globale d’un projet censé répondre aux exigences économiques et aux impératifs sociaux de l’heure mais aussi à la nécessité d’une juste répartition des efforts et d’une allocation optimale et équitable des ressources disponibles.    

 

Si le ministère des Finances est seul habilité à expliquer techniquement les dispositions du projet de Loi de finances, c’est aux autres ministères, du Développement, de l’Emploi, de l’Industrie, du Commerce, etc. d’expliquer le sens et la portée des mesures qui interfèrent dans leurs domaines d’intervention.

 

Il est pour le moins curieux que des ministères tels celui du Développement ou celui de l’Emploi ou encore celui l’Industrie n’aient pas jugé utile de fournir leur éclairage sur les dispositions du projet visant à dynamiser l’investissement et à encourager l’initiative privée. Il en est de même du ministère du Commerce ou bien de l’Agriculture, s’agissant des mesures de traitement de l’endettement des petits agriculteurs et des artisans contenues dans le projet de Loi de finances. La liste est longue des dispositions qui interpellent directement ou indirectement les ministères autres que le ministère des Finances. Et quand bien même ils n’en seraient pas les inspirateurs, ils en sont la caution.

 

C’est précisément à cette aune qu’on évalue la cohésion d’un gouvernement et la solidarité qui anime ses membres autour d’un projet. Youssef Chahed, chef du gouvernement, n’a pas sonné la mobilisation du gouvernement, ni imaginé une stratégie de communication efficace pour réussir la première épreuve d’importance, celle de faire adopter son projet de Loi de finances. A défaut d’être intransigeant, il lui convient, au moins, d’être ferme et ne pas succomber aux chants des sirènes des lobbyistes, ni prêter une oreille bienveillante aux corporatismes les plus étriqués. Le message qu’il a adressé récemment aux directeurs généraux de la fonction publique selon lequel celui qui a peur de prendre ou d’appliquer les décisions, en particulier les plus difficiles, car ô combien nécessaires, n’a qu’à céder sa place, ne vaut-il pas aussi pour le chef de gouvernement et les ministres ?

Le projet de Loi de finances lui donne l’occasion d’en administrer la preuve. La saisira-t-il ?

 

 

03/11/2016 | 19:59
3 min
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Commentaires (6)

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Nahor
| 05-11-2016 05:27
Merci enfin pour votre illustration.

Il y a eu un problème d'envoi de réponse. En tout cas, je vous signale cet article:
http://www.businessnews.com.tn/badis-bahri--ou-sont-passes-les-62-milliards-de-dinars-de-budget-au-developpement,520,68098,3

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2016 10:59
98% de la population tunisienne, qui représentent entre-temps la masse pauvre, soutiennent la loi de finances 2017! Et les 2% des privilégiés de notre société ont intérêt à soutenir la loi de finances 2017 afin de garantir la paix sociale.

Certes, il faut chercher un compromis avec l'UGTT mais jamais avec l'UTICA, les avocats et les médecins. Ces derniers ont profité depuis l'indépendance de la Tunisie socio-économique! Avec l'arrivée de Mr. Youssef Chahed, les règles de jeux vont être plus justes (fairs) afin que la masse pauvre puisse encore manger à sa faim.

Il faut aller voir dans quel luxe vie aujourd'hui la bourgeoisie tunisienne: dans des petits châteaux d'une trentaine de chambres, plusieurs salles de bain, plusieurs toilettes, plusieurs salles de séjours, des piscines, des bibliothèques, plusieurs voitures, les chambres sont bourrées de meubles de grand luxe, etc., etc. etc.

Par contre chez les paysans sans terre à Tazarka, la même chambre est en même temps cuisine, salle de séjour, et lieu de préparation de devoirs de maison pour nos enfants écoliers, nous n'avons pas de salles de bain mais nous allons une fois par semaine au bain maure (hammam). Nos chambres sont sans meubles, on dort par terre et on mange par terre. Nous n'avons pas de salles de séjour mais on rencontre les amis au café de notre village ou après les prières du vendredi à la mosquée de notre village. Notre mode de vie à une dimension religieuse: simplicité et modesti! Nous n'avons pas ce désir de possessions matérielles dans une Tunisie de plus en plus matérialiste. Nous n'avons pas peur du vide dans nos petites maisons en forme de tube et aux toitures arrondies en demi-cercle. Nous ne construisons pas nos maisons en béton pour l'éternité et pour les prochaines centaines générations futures comme le font la bourgeoise et l'oligarchie tunisienne. Non, nous vivons en harmonie avec la nature sans abus de consommation, nous sommes heureux avec très peu de chose, on espère tout simplement manger à notre faim et ne pas avoir froid la nuit! Est-ce que c'est trop demandé????

Comprenez enfin qu'il y a trop d'injustice sociale en Tunisie et que la loi de finances 2017 est un grand espoir pour la masse pauvre

Il faut se libérer de cette idée absurde de l'entrepreneur tunisien créateur qui serait le personnage central de notre développement économique, qui prendrait des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant qu'un peu de capital-risque et d'être libéré des charges fiscales. Une idée platonique que voudrait nous imposer l'UTICA et Mr. Houcine Dimassi qui ne cessent pas d'ailleurs de survaloriser leurs inspirations. Les membres de l'UTICA exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle afin de corriger les inégalités sociales, ils assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'État sans pour autant apporter de remèdes à notre économie.

Il faut introduire l'impôt de solidarité, en Tunisie. La contribution de solidarité doit être créée en Tunisie afin de financer les régions les plus pauvres de notre pays. Toute personne résidant en Tunisie et ayant une richesse supérieure à une limite minimale doit payer un impôt direct sur la base d'une déclaration estimant la richesse détenu portant sur l'ensemble des biens sous soustraction des dettes. Cet impôt est dû par les personnes dont le domicile est en Tunisie sur tous leurs biens, qu'ils soient sur le territoire national tunisien ou en dehors de ce dernier. Je considère ces contributions comme légitimes et nécessaires à l'unité de notre pays. Les différences que le marché crée peuvent être nuisibles pour la démocratie si l'écart qui sépare les niveaux de vie des pauvres et des riches ne cesse d'accroître.

La pauvreté de notre société tunisienne est la conséquence en particulier du développement d'une mauvaise richesse. Aveuglé par le désir d'une richesse illimitée, le mauvais riche ne peut voir le malheur des nécessiteux et ni éprouver de pitié devant leurs peines.

Je rappelle que l'Allemagne a introduit l'impôt de solidarité pour l'ex-RDA. Il était destiné à soutenir la reconstruction de l'Est, le "Soli" a été prélevé juste après la réunification et représentait 5,5 % des impôts sur le revenu et sur les sociétés.

Je suis de l'avis de Mounir: la loi de finances 2017 passera par le parlement et les membres de l'UTICA, les avocats, les médecins, la bourgeoisie et l'oligarchie n'ont pas d'autres choix que de l'avaler s'ils osent la refuser!

Très Cordialement

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2016 10:56
2ème partie:
Je résume:
- Le parlement tunisien a été élu au suffrage universel direct et il faut respecter la volonté du peuple et accepter ses décisions.
-Il faut chercher un compromis avec l'UGTT, en effet une augmentation salariale de 4,2% (équivalente à l'inflation) aux 800000 fonctionnaires et salariés des entreprises et établissements publics ferait une somme cumulative annuelle inférieure à 350 Millions de dinars ===> c'est vraiment un "maigre" montant que le Budget de l'Etat pourrait facilement supporter et que l'on peut récupérer par d'autres impôts (la bourgeoisie a les moyens afin de faire donation de cette somme négligeable)'
-Nous avons tous, riches et pauvres, intérêt à garantir la paix sociale en Tunisie et ceci n'est possible que grâce à une meilleure justice sociale (penser aux grands malheurs qu'ont subis les classes privilégiées durant la révolution française, la révolution la plus barbare de tous les temps)

Très Cordialement

Jamel Tazarki


Jean-Jacques Goldman - Tournent les violons
https://www.youtube.com/watch?v=-eR6v2zcy4c

Nahor
| 04-11-2016 02:51
Si elle n'est pas amendée... Le Peuple ne se laissera pas traîner à l'abattoir par un parlement dont la formation, le rôle, le fonctionnement (et la corruption interne des certains partis... ) relachent tous les ferments dans l'air d'une nouvelle vague révolutionnaire.

Et l'UGTT n'est pas là pour le décor, qu'il n'en déplaise pas @Mounir et à ceux qui croient encore aux fachismes d'hier.

N.G.M. -Activiste de Droits Humains

Mounir
| 03-11-2016 18:03
On s'en fout de ce que veulent l'UTICA, les avocats et les médecins. La Loi de finances 2017 passera au parlement et l'UTICA et tous les autres qui refusent de payer leur impôt ne leur restera que de l'avaler... Oui, Cher Mr. Houcine Ben Achour, ça ne sert à rien de discuter il faut seulement passer par le parlement' On a trop discuté pour rien' Vos reproches est un signe que vous n'avez rien compris aux nouveaux règles de jeux.

DHEJ
| 03-11-2016 17:15
Une question intéressante mais la réponse edt-elle l'inaptitude des autres collègues de Lamia de pouvoir défendre la fameuse loi?