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Chroniques
Dans le pays des Socrate, les Islamistes n'auront jamais le dernier mot
28/10/2013 | 1
min
Dans le pays des Socrate, les Islamistes n'auront jamais le dernier mot
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Par Nizar BAHLOUL

C'était plus drôle avant, au début de la mandature, indéterminée, de l'actuelle troïka. Il ne se passait pas une semaine, alors, sans que Sonia Ben Toumia ne sorte un gag ou que Brahim Gassas ne pique une crise. On s'amusait avec la savate de cette Nahdhaouie qui prend son pied ou de cet Aymen Zouaghi qui dormait sous la coupole de l'ANC. On rigolait à fond avec le français de Hamadi Jebali et la bonté divine de Marzouki. Raouf Ayadi est traité de fou et Mohamed Abbou de traître. C'était le bon temps et on disait, entre deux crises de fou rire, "meskina tounes"(pauvre Tunisie !), sans se soucier trop de l'avenir. Et comment penser à cet avenir quand on sait que notre peuple a été politiquement abêti durant les deux dernières décennies ? D'ailleurs, même si on le voulait, on n'aurait pas pu. Les bêtises des députés, des ministres et du président de la République occupaient tellement les médias et le public qu'il n'y avait plus de place à une réflexion profonde et à un chouia de prospective.

Aujourd'hui, on ne rigole plus. Socrate est mort. Socrate est assassiné. Il prend le chemin de Nagdh, Belaid, Brahmi et des dizaines de martyrs tués durant ces 22 mois du gouvernement de la troïka et des Islamistes. La facture de nos fous rires est salée. Trop salée. Qui est Socrate ? Cherni de son nom, il est un de ces milliers d’officiers brillants formés par la République. Chaque année, et depuis des décennies, les ministères de l’Intérieur et de la Défense engageaient les majors de promotion et les plus brillants des élèves et des étudiants pour des cursus spécifiques et pointus.
Les Socrate Cherni et ses confrères ont été formés pour défendre la nation, le drapeau et la République. Quand il y a un problème, ils ne prennent pas l’avion pour se réfugier à Londres ou à Paris, ils ne se cachent pas sous le lit, ils sont au front. Et quand ils gagnent une bataille, ils ne sortent pas dans les médias pour crier victoire et réclamer des dividendes, ils reviennent dans leurs casernes pour se former encore davantage à servir la nation et le drapeau. Cette élite n’a de Dieu que la Tunisie et c’est là le problème aux yeux des obscurantistes et leurs enfants venus avec une culture nouvelle.
Il n’y a pas que Socrate, Socrate est un parmi des dizaines de soldats morts ces dernières semaines, à cause de l’amateurisme de nos gouvernants et la cécité de beaucoup d’entre eux. Brillant par son parcours, bel homme au prénom accrocheur et symbolique, Socrate érigé en icône de son corps de métier et de sa nation, permettra de garder vive sa mémoire et celle de ses confrères morts « au combat ». Sa mort et celle de ses collègues aura probablement amorcé un changement sur la scène politique.

Le dialogue national est repris et les adversaires politiques sont, de nouveau, assis autour d’une table. Et c’est reparti pour un nouvel épisode de cette série « People break » concoctée par la troïka au pouvoir. L’opposition continue encore à croire qu’il y a une solution pacifique pour que cette troïka quitte le pouvoir, juste après avoir parloté autour d’une table. Croient-ils que ceux qui leur ont menti hier vont être sincères aujourd’hui ?
On va donc encore dialoguer avec Rached Ghannouchi qui dit la chose et son contraire en deux heures d’intervalle ? On va dialoguer avec Ali Laârayedh qui aurait dû quitter définitivement la scène politique après l’invasion de l’ambassade américaine en septembre 2012 ?
L’ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali est revenu, ou tente de revenir, sur la scène politique et ce après avoir admis lui-même son échec en février dernier ? Ce même Hamadi Jebali par qui tous nos malheurs sont arrivés ? C’est pourtant bien lui qui a nommé un grand nombre de ces incompétents à la tête des ministères, des gouvernorats et des délégations ?
On va redonner encore une chance à l’ANC illégitime et immorale depuis un an. Cette même ANC qui a laissé de côté la Constitution pour s’occuper de lois anti-démocratiques et de lois liberticides ? Cette ANC dont les élus ont été attrapés en flagrant délit de falsification de textes ou de votes ?
On va laisser une chance aux Sonia Ben Toumia, Raouf Ayadi, Samia Abbou, Samir Ben Amor et Habib Khedher d’inscrire leurs noms dans l’Histoire et lier leurs noms à la première constitution de l’après-révolution ?
On va encore laisser Moncef Marzouki, Adnane Mansar et Tarek Kahlaoui à Carthage ?
On va continuer encore à dialoguer avec ceux qui crient : « nous sommes tous des Ben Laden » et qui refusent d’admettre qu’Ansar Al Chariâa est un mouvement terroriste ?

Le dialogue entamé, après mille interruptions, n’est qu’une énième manœuvre de la troïka pour gagner encore plus de temps. Ceux qui ont l’espoir de voir ce dialogue aboutir et parlent d’unité nationale et de concorde n’ont qu’à aller voir les pages FB de certains députés et responsables CPR/Ennahdha pour mesurer leur degré de sincérité dans ce dialogue. Allez écouter les Raouf Ayadi, Samir Ben Amor et Néjib Mrad. Il est plus facile de croire au père Noël qu’à leur bonne volonté.
La priorité des Islamistes radicaux d’Ennahdha et leurs acolytes du CPR n’a jamais été les intérêts de la Nation et de la République. Et d’ailleurs, ils n’ont jamais été emprisonnés pour cela. Ils ont un idéal qu’ils poursuivent et un objectif final à atteindre. Seul cet objectif compte, quel que soit le prix. Y compris le sang. Ça fait des décennies qu’ils poursuivent cet objectif, malgré les dures années de prison et de privations. Ce ne sont certainement pas quelques opposants et syndicalistes qui les feront dévier de cela.

Non ! Les Nagdh, Brahmi, Belaïd, Socrate et les dizaines d’autres soldats de l’armée et agents des forces de l’ordre ont été sauvagement assassinés et il est immoral et injuste que les responsables politiques de leur mort récoltent les honneurs !
Les Islamistes avec leur culture nouvelle et les CPR avec leur haine et avidité n’ont pas à avoir le dernier mot et encore moins à dicter leurs conditions, juste parce que l’opposition est divisée, tremblante et fantoche.
C’est l’intérêt suprême de la nation qui doit primer. La République et ses institutions doivent vaincre face aux enfants à la culture nouvelle. C’est pour cela et rien que pour cela que Socrate est mort et que des dizaines de milliers d’autres Socrate sont prêts à mourir.
Nos gouvernants actuels (présidence, ANC et gouvernement) ont commis tellement de dégâts en si peu de temps qu’ils n’ont plus le droit de rester ! Ces symboles de l’échec et de la division n’ont plus moralement le droit de gouverner ce pays où l’on assassine des Socrate, tant qu’ils n’ont pas été mandatés majoritairement par le peuple dans un suffrage électoral transparent et sans fraude.
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