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CONECT : Export et investissement, clés de la relance économique
24/01/2018 | 20:00
4 min
CONECT : Export et investissement, clés de la relance économique

 

La situation économique, les défis à relever et les chantiers à entreprendre sont au cœur des préoccupations des politiques, entreprises et citoyens. 2018 sera une année difficile, avait prévenu Youssef Chahed, mais elle sera de ce fait une année charnière et décisive. C’est dans ce cadre que la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) s’est prononcée sur les différentes problématiques économiques du pays, lors d’une conférence de presse de la CONECT, tenue ce mercredi 24 janvier 2018.

 

Tarek Cherif, le président de la confédération, a ainsi avoué, dans une déclaration à Business News, que « la situation économique du pays est compliquée et qu’il faut que les Tunisiens renouent avec le travail et la productivité ». Il a estimé que « la Loi de finances 2018 est en train de pousser les entreprises vers l’évasion fiscale et vers le marché parallèle ». Pour lui, « la pression fiscale n’est plus supportable pour les entreprises et les citoyens, le comble étant que ces différentes taxes et impôts ne servent pas à investir et à créer de la richesse, mais à payer les salaires des fonctionnaires et des déficits des entreprises publiques et des caisses sociales ».

«La LF2018 atteint la capacité et la volonté de l’investissement», confie-t-il à Business News. « Or, paradoxalement, développer l’export et capter des investissements sont les seules issues pour relancer l’économie tunisienne »

Certes les chiffres de l’export ont commencé à s’améliorer, mais il faut aussi prendre en considération le glissement du dinar, en comparant les montants à l’export en devise et non pas en dinars.

Ceci dit, les problématiques liées à l’export sont toujours les mêmes et se résument en trois points : financement, logistique et coût. Bien sûr, les lenteurs de chargement et de déchargement des conteneurs (moins de 10 conteneurs en une heure) et le temps d’attente pour l’accostage des navires dans les ports, n’ont pas été résolus et font perdre au pays des centaines de millions de dinars.

Les mesures décidées récemment pour favoriser l’export sont louables, mais restent en-deçà des attentes, notamment en ce qui concerne les coûts du transport, l’entreprise ne pouvant maîtriser que 40 à 50% de ses coûts lorsqu’elle exporte. En effet, les entreprises réclament la prise en charge par l’Etat de 100% des frais de transport pour les exportations vers l’Afrique, pour être sur un pied d’égalité avec la concurrence, en termes de compétitivité.

Prenant l’exemple du Maroc, M. Cherif a précisé que ce pays a investi 4,3 milliards de dollars en Afrique en 2017. En effet, le Maroc ne lésine pas sur les moyens, avec une présence bancaire, diplomatique, aérienne, maritime et d’assurances, dans plusieurs pays africains. Mieux, le pays vient d’annoncer la création d’un ministère de la Coopération africaine.

Ainsi, M. Cherif estime qu’il faudrait mettre en place des incitations, une politique d’Etat et un plan d’internationalisation des entreprises tunisiennes.

 

Tout ceci ne peut se faire, évidemment, sans financement. La CONECT dénonce un problème important de financement des PME, notamment à l’export. Plusieurs PME ont pu décrocher des commandes à l’étranger, mais n’ont pas trouvé de banques pour financer leur matière première.

«Pas de financement, pas d’investissement», a expliqué M. Cherif, en soulignant la nécessité de créer une banque du commerce extérieur, l’équivalent de la banque marocaine BMCE. Il a martelé que lorsqu’une société tunisienne s’installe dans un pays, non seulement elle emploie des Tunisiens mais elle vend aussi à ce pays des produits ou services tunisiens. Les exemples dans ce sens sont multiples.

 

Des réformes sont à faire au plus vite. Tarek Cherif, en tant que président de la confédération, estime qu’elles doivent concerner 4 ou 5 volets : simplifier les démarches administratives, régler les problèmes de financement, alléger une fiscalité «confiscatoire», encourager les PPP et surtout rationnaliser la caisse de compensation. Certaines sont faciles à réaliser, précise-t-il, « si les politiques ont le courage et la volonté de les faire ».

«Je suis un homme d’affaires, je ne juge pas sur les intentions mais sur les résultats», a déclaré Tarek Cherif. Oui, le gouvernement avait pris d’importantes décisions en ce qui concerne la simplification des procédures administratives ainsi que l’amélioration des délais de manutention et de dédouanement, particulièrement, au port de Radés. Il avait aussi décidé, à l’issue du Conseil supérieur des exportations, d’augmenter le budget du FOPRODEX et l’octroi d’avantages préférentiels, en termes des frais de transport et d’assurance) pour l’exportation vers les marchés africains. Mais, ces décisions resteront lettre morte, comme plusieurs autres qui les ont précédé, s’il n’y a pas une volonté politique pour changer les choses.

 

La Tunisie est un petit marché et le pouvoir d’achat s’est largement détérioré ces dernières années. Les entreprises tunisiennes n’ont d’autres choix que de se tourner vers l’export. Certes, il faut préserver les marchés traditionnels comme le marché européen, mais il faudra en conquérir d’autres, notamment le marché africain, qui peut être une opportunité pour les entreprises tunisiennes. Des coopérations tripartites peuvent être une solution adéquate où les entreprises tunisiennes pourront apporter leur savoir-faire, des investisseurs les fonds nécessaires et les pays africains bénéficieront de services ou produits finis, de qualité à des prix très compétitifs.

 

Imen NOUIRA

24/01/2018 | 20:00
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