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Comment affronter la flambée des prix ?
15/01/2008 | 1
min
Comment affronter la flambée des prix ?
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Tout le monde garde encore en tête cette récente journée du jeudi 3 janvier où les cours du brut avaient dépassé pour la première fois de leur histoire le seuil des 100 dollars le baril. Une flambée qui ne s’est pas produite seule puisqu’elle a entrainé sur son sillage une montée vertigineuse des prix des matières premières, notamment les métaux ferreux (fer, cuivre…) et non ferreux (aluminium, étain…) ainsi que le ciment. Justement ce sont ces éléments-là qui intéressent les acteurs économiques tunisiens d’autant plus que la flambée de ces matières premières va certainement inciter les pouvoirs publics tunisiens à surveiller dès à présent et de plus près leur marché. La raison est simple : la Tunisie va bientôt vivre au rythme de plusieurs mégaprojets exigeant d’importantes quantités de métaux ferreux que nous importons actuellement.

Avec cette poussée de fièvre commerciale, il faut s’attendre à une augmentation des importations du fer et alliages (aciers, fontes) et de semi-produits sidérurgiques comme les tôles et les profilés en prélude du démarrage de ces mégaprojets. D’autres produits comme la ferronnerie (fers ronds à béton, fers carrés, fers rectangulaires…) devraient également faire l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics. A rappeler que le budget économique pour l’exercice 2008 prévoit que la production du fer va devenir stable aux alentours de 250.000 tonnes, soit le même volume qu’en 2007. Si cette production obtenue dans la mine de Jerissa pourrait être considérée comme bonne, elle paraît cependant insuffisante en raison des méga projets qui attendent le pays.
S’agissant du ciment, il n’est pas en reste. Des efforts sont d’ailleurs consentis depuis 2006 pour répondre à la demande appelée à croître continuellement et pour plusieurs années. Ainsi, la cimenterie tunisienne est appelée à accroître sa croissance de deux points au cours du prochain quinquennat (2007-2011). Concernant la demande de ciment à moyen et long termes, elle devrait augmenter de 4,5% par an avec un pic allant jusqu'à 7% en 2013-2014, due notamment aux projets d'infrastructures et de construction immobilière en Tunisie. Les investissements réalisés par l’ensemble des usines aussi bien privées que publiques et la capacité de production totale installée du secteur ont permis à la réalisation de 6 millions de tonnes de clinker en 2006. Côté ventes, elles sont passées de 4,109 millions de tonnes en 1998 à 5,835 millions de tonnes en 2006 sur le marché local, soit une évolution dépassant les 39 %.
La nouvelle cimenterie de Gafsa, dont l’entrée en production est prévue à l’horizon de l’année 2009, sera réalisée dans le cadre d’un partenariat tuniso-espagnol. Elle sera construite dans le bassin minier de Gafsa sur une surface de près de 170 hectares. Sa capacité de production devrait atteindre 3 millions de tonnes par an, dont 70 % seront consacrés à la consommation locale et 30 % à l'exportation. Le groupe espagnol Aricam a consacré des investissements de l'ordre de 200 millions d'euros (environ 350 millions de dinars), à la construction de cette cimenterie.
A rappeler que le pays compte actuellement sept cimenteries : la Cimenterie de Bizerte, d'Oum El Khélil, de Gabès, de Jebel Oust, d'Enfidha, la Société tuniso-andalouse de ciment blanc (SOTACIB) et les Ciments artificiels tunisiens. En tout, elles produisent annuellement 7,325 millions de tonnes dont 325.000 tonnes de ciment blanc produites par la SOTACIB. La production de ciment a ainsi augmenté de 3% en 2006. Cette évolution vient satisfaire les besoins d'une demande intérieure et extérieure en croissance quasi continue. A titre d'exemple, les exportations totales de ciment se sont élevées à 1,4 million de tonnes (+11,7%) pour environ 89 millions de dollars (+42,6%) selon le rapport 2006 de la Banque Centrale. L’industrie des ciments est l’une des bases du secteur industriel tunisien. Elle enregistre depuis quelques années une croissance exponentielle en raison de l’intérêt grandissant porté par plusieurs investisseurs étrangers aux différentes cimenteries tunisiennes.
Prendre le taureau par les cornes
Sur le plan international, le marché des métaux de base et des matières premières a retrouvé ainsi la « faveur » des investisseurs, voire des spéculateurs. D’aucuns estiment même que ce sont ces derniers, ajouté à l’appétit sans cesse croissant de la Chine, qui ont semé la zizanie sur ce marché. L’explication est simple : les prévisions de cours pour 2008 et 2009 montrent que les ferreux et les non-ferreux vont prendre une part croissante dans la consommation mondiale. Les données publiées par le Groupe international d’étude du cuivre ont montré, elles aussi, que la consommation mondiale de cuivre raffiné a cru de 7 % en 2007 par rapport à l’année précédente. La hausse de la consommation est de 38 % pour la Chine qui a dû tripler ses importations pour satisfaire ses besoins.
Avec tous ces facteurs aussi imprévisibles les uns que les autres, les acteurs économiques doivent conjuguer les efforts pour que cette conjoncture qui, selon certains analystes, est loin de se dissiper pour des raisons que l’on vient d’évoquer. Cette nouvelle envolée des prix des matières premières va certainement inciter les pouvoirs publics, premiers « dépositaires » de ces ouvrages, à revoir leurs calculettes. Car il ne faut pas oublier que ce sont l’ensemble des prix des matières dites premières (agricoles, minières…) qui suivent aujourd’hui une flambée sans précédent. Résultat : le budget national prévu risquerait de s’avérer insuffisant. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Mais il va falloir mettre les bouchées doubles pour que l’ensemble des mégaprojets dont le pays sera émaillé ne soient hypothéqués, voire sérieusement entamés par cette conjoncture.

15/01/2008 | 1
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