C’est une bien triste histoire qui est pratiquement passée inaperçue cette semaine, happée dans le tourbillon des intarissables querelles politiques. Une histoire comme on en voit souvent en Tunisie et qui ne font plus le buzz. Ce n’est qu’une enfant de 2 ans qui est morte faute de soins. Une enfant parmi tant d’autres, dont la situation précaire des parents, conjuguée à un système de santé défaillant, a joué de pas de chance. Un système pourri qui broie les plus démunis, alors que la classe moyenne, de plus en plus paupérisée, peine à se soigner dignement.
Pourtant sur le papier, l’égalité de tous à l’accès aux soins est un principe fondamental sur lequel est axée notre législation sanitaire. La meilleure constitution au monde, celle de 2014, le dispose même dans son article 38. L’Etat devant garantir la prévention et les soins à tout citoyen et fournir tous les moyens afin de garantir la qualité des services de santé. La gratuité des soins pour les personnes à faible revenu est censée l’être aussi.
Tout cela est bien beau, n’est-ce pas ? Sauf que tout Tunisien sait ce qu’il en est réellement. On connait l’état de décrépitude de nos hôpitaux, le manque de moyens et d’équipements, les longs mois d’attente pour pouvoir subir une intervention chirurgicale ou tout simplement une IRM. Parfois, le patient trépasse en cours de route avant de pouvoir accéder à ces soins. Une situation aggravée par les disparités régionales, puisque les régions intérieures du pays sont encore plus défavorisées et enregistrent, à titre d’exemple, une mortalité infantile deux fois plus élevée que la moyenne nationale.
Cette semaine un bébé de deux ans est décédé parce que dans sa région, il n’y avait pas de SMUR pédiatrique [ndlr. Service Mobile d'Urgence et de Réanimation]. Parce qu’en 2017, dans cette belle Tunisie qui a réalisé tant d’acquis dans le secteur de la santé, on a tiré sur les freins, on marche désormais à reculons en espérant sauver un tant soit peu ce qui reste des meubles. Triste sort que celui de cette petite fille que ses parents ne verront pas grandir, triste sort que celui de ce petit pays ployant sous la médiocrité et qui ne deviendra, au rythme actuel des choses, jamais grand.
Cette semaine la classe politique était occupée à commenter la rixe au sein d’Afek Tounes. Elle était occupée à s’indigner du très bas taux de participation aux élections législatives d’Allemagne et à l’élection, pas si surprenante, d’un certain Yassine Ayari. Exit la classification de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux, exit une loi de finances qui impactera sévèrement le citoyen, exit la dette publique qui s’alourdit de jour en jour, exit la décrépitude à tous les niveaux et dans tous les secteurs.
La politique en Tunisie, tue. Elle tue par l’incompétence de responsables qui n’ont rien fait pour changer les choses ou les ont empirées. Des gosses meurent parce que l’Etat n’a pas été capable de faire face ou de trouver des solutions aux inégalités de santé qui touchent tout particulièrement les personnes les plus démunies. Il s’agit là d’une priorité de santé publique, mais chacun a ses propres priorités.
La politique en Tunisie tue, parce que l’énergie dépensée par les politiques à se chamailler, à entraver le travail gouvernemental pour servir des intérêts purement partisans, passe avant tout, avant l’intérêt de la patrie et du citoyen. Entre des ministres qui déposent leur démission sous la pression de leur parti, fragilisant encore plus le gouvernement, un parti au pouvoir qui n’arrête pas de pleurnicher depuis son échec aux législatives partielles et qui menace son partenaire, les chantiers pourtant essentiels à l’avancement du pays restent en suspens.
Au point où l’on est, ça ne sera pas le dernier petit Tunisien qui mourra à cause de l’échec de générations de politiques, à cause de l’échec de l’Etat.
Commentaires (7)
CommenterLe pays à la dérive
Inégalités
2- l'égalité est une utopie. Quand vous habitez un coin perdu sans pouvoir accéder rapidement à une structure sanitaire "efficiente" vous n'aurez jamais les mêmes chances que celui qui est à quelques minutes d'un service d'urgence bien équipé en personnel et en matériel.
3- aucune mesure ne pourra obliger les médecins à rester là où ils n'ont pas envie de s'installer. En France toutes les incitations matérielles et fiscales ont échoué. Et il est trop tard pour user de la force.
4- la plupart des nouveaux traitements dits "ciblés" (particulièrement contre certains cancers) sont inabordables pour nos faibles moyens. Aucune chance de les voir disponibles chez nous.
Conclusion: comme le dit le fameux dicton: il vaut mieux être riche et en bonne santé, que pauvre et malade.
il faut arrêter l'hémorragie!
Ras el gartalla khamej
Un beau papier..
Pour la politique des TRAÎTRES elle tue L'ESPOIR...
Un vieux égaré, un outsider et un GAMIN...
Lamentable
Milles excuses et milles pardons a la petite ange qu'elle repose en paix, elle est l'une parmi des milliers de victimes de ce système pourri et déchéance de ce pays malheureusement
Le problème est aussi le manque de volonté de corriger ces disparités
Bon article d'Ikhlas