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Ce que les Américains pensent de la visite de Mehdi Jomâa aux Etats-Unis
08/04/2014 | 1
min
Ce que les Américains pensent de la visite de Mehdi Jomâa aux Etats-Unis
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L'ambassadeur américain, Jake Walles, a tenu, le 8 avril 2014, une conférence de presse concernant la récente visite du chef du gouvernement tunisien aux Etats-Unis d'Amérique. On n'y a appris rien de nouveau concernant ladite visite, ses enjeux et ses résultats. Le seul enseignement à tirer est celui-ci : la communication autour de cette visite est bouclée et ficelée de main de maître.

Les discours qu'ont fait Jake Walles et Mehdi Jomâa se ressemblent à un tel point qu'ils auraient pu être intervertis sans problème. L'accent a été principalement mis sur la coopération économique entre les deux pays caractérisée par le fait que les USA offrent leur garantie à la Tunisie pour un montant de 500 millions de dollars.

Il a également été largement question de l'aide apportée à la Tunisie concernant la lutte contre le terrorisme. L'ambassadeur américain a mis en exergue la coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays. Cette coopération se matérialise par la formation apportée par les militaires américains aux forces de sécurité tunisiennes dans la lutte contre le terrorisme. Il est également question de fourniture de matériel militaire dont l'ambassadeur n'a pas voulu donner le détail. Par ailleurs, il a été question d'investissement, d'échanges entre étudiants et de bourses universitaires.

Les thèmes centraux de cette visite ont été repris à outrance par les médias. La volonté tuniso-américaine de montrer qu'une page se tourne était claire durant toute la visite. Durant sa visite aux USA, le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomâa a eu droit à tous les honneurs. Il a été reçu par le président américain Barack Obama accompagné de son vice-président Joe Biden. Il s'est également entretenu avec plusieurs membres du congrès et a visité deux fleurons de la technologie américaine que sont Google et Microsoft.

Ce sont là des honneurs auxquels aucun chef du gouvernement tunisien post-révolution n'a eu droit. Il est clair que les Etats-Unis d'Amérique montrent ainsi leur soutien à l'option d'un gouvernement de technocrates présidé par Mehdi Jomâa. En lui fournissant cette stature internationale et en acceptant de mettre la main à la poche, les Américains confirment leur approbation pour ce choix issu du dialogue national. Durant la conférence de presse, plusieurs journalistes tunisiens ont tenté d'explorer cette piste en demandant à l'ambassadeur ce qu'il voulait dire par sa déclaration selon laquelle il avait recommandé à l'administration américaine de garder un œil sur Mehdi Jomâa.

En diplomate chevronné, Jake Walles a esquivé les questions en réaffirmant que les Etats-Unis d'Amérique n'ont à aucun moment interféré dans la décision tunisienne et que le choix de Mehdi Jomâa s'est fait sans eux. Admettons. Mais la différence de traitement par les Américains de Mehdi Jomâa en comparaison avec Ali Laârayedh ou encore Hamadi Jebali n'est elle pas un message en soi ? oui, sans nul doute.

Tous les moyens ont été mis en œuvre pour ficeler la communication autour de cette visite. Annoncée des jours avant sa tenue, la visite s'est faite sur invitation du président américain Barack Obama. Des représentants de médias tunisiens ont accompagné le chef du gouvernement dans son périple américain. Par la suite, de retour en Tunisie, Mehdi Jomâa a tenu une conférence de presse à l'aéroport le dimanche 6 avril 2014. Le lendemain, son ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, a fait une apparition médiatique pour décrire cette visite et en énumérer les bienfaits pour la Tunisie. Mardi 8 avril, c'est l'ambassadeur américain, tout juste de retour des USA, qui s'y colle. A quelques tournures de phrases près, il a répété ce qui a été rendu public dans le communiqué commun élaboré à l'issue de cette visite.

Le message essentiel à comprendre à travers cette communication se base sur deux aspects. Le premier consiste à mettre en exergue le soutien indéfectible des Etats-Unis à la transition démocratique en Tunisie sur les plans économique et sécuritaire. Le deuxième consiste à dire, de manière plus subtile, qu'une page se tourne dans les relations tuniso-américaines avec l'avènement de Mehdi Jomâa en tant que chef du gouvernement.

Après s'être dégradés de manière inquiétante au lendemain de l'attaque de l'ambassade américaine le 12 septembre 2012, les liens entre les deux pays sont maintenant au beau fixe. Pour montrer que tout va bien entre la Tunisie et les Etats-Unis, il y a eu cette "invention" du dialogue stratégique entre les deux pays. Une consultation qui doit réunir les hauts dirigeants des deux pays chaque année. Pas le genre de décisions que peut prendre un chef du gouvernement provisoire sensé gouverner jusqu'aux prochaines élections seulement.

En somme, grâce à cette communication, le message est clairement passé. Mehdi Jomâa bénéficiera du soutien américain dans sa mission temporaire à la tête du gouvernement tunisien. Il s'est murmuré dans les couloirs de Washington que le profil de Mehdi Jomâa plaisait beaucoup car il ressemble à "un homme d'affaires pragmatique". Une perception qui tend à renforcer l'idée selon laquelle Mehdi Jomâa est "l'homme de la situation" même si, en termes de réalisations, les résultats se font attendre.

L'un des objectifs que s'est fixé Mehdi Jomâa est de rétablir le prestige de l'Etat. Il est clair que cette visite aux Etats-Unis d'Amérique contribuera fortement à l'accomplissement de cet objectif, au moins en termes d'image. Reste maintenant à développer un effort marketing aussi conséquent pour "vendre" les réalisations de ce gouvernement. Ce ne sont pas les dossiers brulants qui manquent sur le bureau de Mehdi Jomâa.

Marouen Achouri
08/04/2014 | 1
min
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