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Béji Caïd Essebsi, 1er président de la 2ème République tunisienne

La journée est historique pour la Tunisie et la date du dimanche 21 décembre 2014 entrera définitivement dans l’Histoire. C’est celle où les Tunisiens ont élu, dans un suffrage universel, le premier président de leur deuxième République. Béji Caïd Essebsi, 88 ans, est donné vainqueur avec quelque 55,5% des voix, selon les résultats de sondage des sorties des urnes. La révolution tunisienne, commencée le 14 janvier 2011, est bel et bien en marche.
Après les élections transparentes du 23 octobre 2011, ayant fait monter 217 députés pour rédiger une constitution, finalement prête le 27 janvier 2014, les Tunisiens avaient rendez-vous avec deux scrutins décisifs pour la fin de cette année. Le premier a eu lieu le 26 octobre 2014 pour élire la première Assemblée de la 2ème République et a vu monter Nidaa Tounes, parti créé par Béji Caïd Essebsi. Le second rendez-vous s’est déroulé en deux temps, les 23 novembre et 21 décembre 2014 et a vu l’élection, non officielle encore, de Béji Caïd Essebsi.
Aussitôt les premières estimations rendues publiques, et avant même que l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) ne proclame les résultats officiels (pas avant 24 heures normalement), les Tunisiens sont sortis crier leur joie. Leur joie d’avoir réussi ce scrutin, leur joie de voir Caïd Essebsi président ou leur joie de voir Moncef Marzouki quitter le palais de Carthage. Peu importe. C’est peut-être le tout à la fois, mais la joie y est. Elle se voit et elle s’entend.
Il y a, à peine, deux ans, l’octogénaire était persona non grata auprès du pouvoir. Tout comme son parti et ses leaders. La troïka au pouvoir refusait même d’assister aux mêmes plateaux TV qu’eux. « C’est une bulle médiatique », raillaient les uns. « Personne ne votera pour eux », renchérissaient les autres. Deux ans après, c’est avec un score de 55,5% que le « vieux » a réussi. Un signe très significatifs pour les superstitieux.
Né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, Béji Caïd Essebsi est un avocat tunisien qui a occupé plusieurs postes de ministre et d’ambassadeur sous la présidence de Habib Bourguiba. Après le 7 novembre 1987 et l’arrivée de Zine El Abidine Ben Ali au pouvoir, il occupe le poste de président de l’Assemblée entre mars 1990 et octobre 1991, avant de quitter le paysage politique pour près de 20 ans.
Il reviendra sur la scène le 27 février 2011, au lendemain de la révolution. Il est appelé à la rescousse par le président provisoire Foued Mbazâa après la fuite de Ben Ali et l’échec cuisant de Mohamed Ghannouchi, alors Premier ministre, de tenir le pays. Béji Caïd Essebsi, avait une seule mission et elle sera réussie, de l’avis unanime des observateurs et hommes politiques : stabiliser le pays et le mener à bon port pour organiser des élections réellement démocratiques en vue d’élire une assemblée constituante. Entre février et décembre 2011, le nouveau Premier ministre sera reçu par les présidents des plus grandes puissances régionales et mondiales. Partout dans le monde, on lui attribue le succès de la révolution tunisienne.
La donne changera radicalement après décembre 2011 et la montée au pouvoir de la troïka, un mariage contre-nature, à l’époque du moins, entre les islamistes et les laïcs.
Moncef Marzouki, élu député avec 17.000 voix, est catapulté président provisoire de la République par les islamistes. Ces derniers prennent les postes-clé du gouvernement et les premiers signes annonciateurs de crises apparaissent.
Le 26 janvier 2012, Béji Caïd Essebsi annonce un projet fédérateur pour contrer l’hégémonie naissante de la troïka. Face à une opposition trop faible, la troïka cherche à imposer son bon vouloir sur tout. Six mois plus tard, le projet fédérateur voit le jour et s’appelle Nidaa Tounes. Il regroupe en son sein d’anciens ministres, des figures de la gauche, des figures syndicalistes, des militants de Droits de l’Homme et d’anciens membres du RCD dissous.
Pour le contrer, ses opposants assimileront systématiquement ce nouveau parti aux seuls RCDistes et à un retour de l’ancien régime. Moncef Marzouki le dénigrera partout, même à l’étranger. Ses sympathisants et les médias qui le soutiennent ou qui couvrent ses activités, sont harcelés, dénigrés, insultés, agressés. Des procès sont montés de toutes pièces contre ceux qui soutiennent Nidaa, alors que ceux qui l’insultent et appellent à sa mort sont systématiquement relaxés, au cas où ils sont poursuivis. Le grand malheur arrivera en octobre 2012 avec le lynchage de Lotfi Nagdh, premier dirigeant de Nidaa Tounes à Tataouine. Il laissera six orphelins derrière lui. L’électrochoc est grand, mais pas suffisant pour sensibiliser les Tunisiens sur le danger qui les guette. L’Assemblée constituante entre dans l’illégalité légale puisque son mandat était prévu pour un an seulement.
Plusieurs électrochocs suivront et des dizaines de morts et d’égorgés. La guerre civile guette les Tunisiens et l’opposition à la troïka est totalement disloquée. Seul Nidaa Tounes réussit à dépasser ses guerres intestines et ses luttes d’égo. Il s’impose, de fait, dans le paysage politique. La bipolarisation est là. Les médias sont divisés en deux, également, ceux qui le soutiennent ouvertement et ceux qui le dénigrent systématiquement. Les premiers auront l’avantage de l’audience. Le peuple prend réellement conscience et commence à bouger. Un sit-in de plusieurs semaines au Bardo et le Dialogue national imposé par les puissants centrale syndicale, centrale patronale, les avocats et la Ligue des Droits de l’Homme, poussent l’ANC à achever sa constitution, avec un an et demi de retard, et les islamistes à quitter le pouvoir. De la troïka, seul Moncef Marzouki perdure. Il s’autoproclame porte-drapeau de la révolution, en dépit des abus incontestés d’une partie de son équipe et des multiples bourdes qu’il a enregistrées durant ses trois ans d’exercice au palais de Carthage. Il refuse de quitter sa tour d’ivoire et n’entend guère les critiques, de plus en plus virulentes.
La Tunisie prépare les élections et le camp de Marzouki tente par tous les moyens de voter une loi d’exclusion pour éliminer ses adversaires politiques de la scène. Peine perdue. Les islamistes ne le soutiennent plus. Les événements en Egypte et la mauvaise tournure de la révolution libyenne leur ont donné suffisamment conscience de la gravité de l’heure. Les diplomates étrangers multiplient les visites et les appels au calme aux deux camps.
On annonce les dates des élections et la campagne commence. Au premier acte, l’auto-proclamé porte-drapeau de la révolution reçoit sa première claque, son parti obtient à peine 68.000 voix et 4 sièges au nouveau parlement. Les islamistes s’en tirent mieux, mais ne pèsent plus « que » 900.000 voix contre 1,5 million aux élections précédentes. Nidaa est premier et largement victorieux.
Vint la présidentielle. Les islamistes s’unissent autour de Moncef Marzouki, mais aussi unis soient-ils, ils ne réussissent pas à atteindre 1,1 million de voix. Béji Caïd Essebsi en aura 200.000 de plus.
Le résultat du second tour est confirmé en ce 21 décembre 2014 avec 55,5% des voix et plus de 1,6 million d’électeurs. Béji Caïd Essebsi est le nouveau président de la République. Il est le premier président de la 2ème République.
Le sauveur, c’est lui, a estimé la majorité des électeurs tunisiens. Il a réussi à sauver le premier acte de la révolution, il réussira certainement les actes suivants. Inchallah.
Après les élections transparentes du 23 octobre 2011, ayant fait monter 217 députés pour rédiger une constitution, finalement prête le 27 janvier 2014, les Tunisiens avaient rendez-vous avec deux scrutins décisifs pour la fin de cette année. Le premier a eu lieu le 26 octobre 2014 pour élire la première Assemblée de la 2ème République et a vu monter Nidaa Tounes, parti créé par Béji Caïd Essebsi. Le second rendez-vous s’est déroulé en deux temps, les 23 novembre et 21 décembre 2014 et a vu l’élection, non officielle encore, de Béji Caïd Essebsi.
Aussitôt les premières estimations rendues publiques, et avant même que l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) ne proclame les résultats officiels (pas avant 24 heures normalement), les Tunisiens sont sortis crier leur joie. Leur joie d’avoir réussi ce scrutin, leur joie de voir Caïd Essebsi président ou leur joie de voir Moncef Marzouki quitter le palais de Carthage. Peu importe. C’est peut-être le tout à la fois, mais la joie y est. Elle se voit et elle s’entend.
Il y a, à peine, deux ans, l’octogénaire était persona non grata auprès du pouvoir. Tout comme son parti et ses leaders. La troïka au pouvoir refusait même d’assister aux mêmes plateaux TV qu’eux. « C’est une bulle médiatique », raillaient les uns. « Personne ne votera pour eux », renchérissaient les autres. Deux ans après, c’est avec un score de 55,5% que le « vieux » a réussi. Un signe très significatifs pour les superstitieux.
Né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, Béji Caïd Essebsi est un avocat tunisien qui a occupé plusieurs postes de ministre et d’ambassadeur sous la présidence de Habib Bourguiba. Après le 7 novembre 1987 et l’arrivée de Zine El Abidine Ben Ali au pouvoir, il occupe le poste de président de l’Assemblée entre mars 1990 et octobre 1991, avant de quitter le paysage politique pour près de 20 ans.
Il reviendra sur la scène le 27 février 2011, au lendemain de la révolution. Il est appelé à la rescousse par le président provisoire Foued Mbazâa après la fuite de Ben Ali et l’échec cuisant de Mohamed Ghannouchi, alors Premier ministre, de tenir le pays. Béji Caïd Essebsi, avait une seule mission et elle sera réussie, de l’avis unanime des observateurs et hommes politiques : stabiliser le pays et le mener à bon port pour organiser des élections réellement démocratiques en vue d’élire une assemblée constituante. Entre février et décembre 2011, le nouveau Premier ministre sera reçu par les présidents des plus grandes puissances régionales et mondiales. Partout dans le monde, on lui attribue le succès de la révolution tunisienne.
La donne changera radicalement après décembre 2011 et la montée au pouvoir de la troïka, un mariage contre-nature, à l’époque du moins, entre les islamistes et les laïcs.
Moncef Marzouki, élu député avec 17.000 voix, est catapulté président provisoire de la République par les islamistes. Ces derniers prennent les postes-clé du gouvernement et les premiers signes annonciateurs de crises apparaissent.
Le 26 janvier 2012, Béji Caïd Essebsi annonce un projet fédérateur pour contrer l’hégémonie naissante de la troïka. Face à une opposition trop faible, la troïka cherche à imposer son bon vouloir sur tout. Six mois plus tard, le projet fédérateur voit le jour et s’appelle Nidaa Tounes. Il regroupe en son sein d’anciens ministres, des figures de la gauche, des figures syndicalistes, des militants de Droits de l’Homme et d’anciens membres du RCD dissous.
Pour le contrer, ses opposants assimileront systématiquement ce nouveau parti aux seuls RCDistes et à un retour de l’ancien régime. Moncef Marzouki le dénigrera partout, même à l’étranger. Ses sympathisants et les médias qui le soutiennent ou qui couvrent ses activités, sont harcelés, dénigrés, insultés, agressés. Des procès sont montés de toutes pièces contre ceux qui soutiennent Nidaa, alors que ceux qui l’insultent et appellent à sa mort sont systématiquement relaxés, au cas où ils sont poursuivis. Le grand malheur arrivera en octobre 2012 avec le lynchage de Lotfi Nagdh, premier dirigeant de Nidaa Tounes à Tataouine. Il laissera six orphelins derrière lui. L’électrochoc est grand, mais pas suffisant pour sensibiliser les Tunisiens sur le danger qui les guette. L’Assemblée constituante entre dans l’illégalité légale puisque son mandat était prévu pour un an seulement.
Plusieurs électrochocs suivront et des dizaines de morts et d’égorgés. La guerre civile guette les Tunisiens et l’opposition à la troïka est totalement disloquée. Seul Nidaa Tounes réussit à dépasser ses guerres intestines et ses luttes d’égo. Il s’impose, de fait, dans le paysage politique. La bipolarisation est là. Les médias sont divisés en deux, également, ceux qui le soutiennent ouvertement et ceux qui le dénigrent systématiquement. Les premiers auront l’avantage de l’audience. Le peuple prend réellement conscience et commence à bouger. Un sit-in de plusieurs semaines au Bardo et le Dialogue national imposé par les puissants centrale syndicale, centrale patronale, les avocats et la Ligue des Droits de l’Homme, poussent l’ANC à achever sa constitution, avec un an et demi de retard, et les islamistes à quitter le pouvoir. De la troïka, seul Moncef Marzouki perdure. Il s’autoproclame porte-drapeau de la révolution, en dépit des abus incontestés d’une partie de son équipe et des multiples bourdes qu’il a enregistrées durant ses trois ans d’exercice au palais de Carthage. Il refuse de quitter sa tour d’ivoire et n’entend guère les critiques, de plus en plus virulentes.
La Tunisie prépare les élections et le camp de Marzouki tente par tous les moyens de voter une loi d’exclusion pour éliminer ses adversaires politiques de la scène. Peine perdue. Les islamistes ne le soutiennent plus. Les événements en Egypte et la mauvaise tournure de la révolution libyenne leur ont donné suffisamment conscience de la gravité de l’heure. Les diplomates étrangers multiplient les visites et les appels au calme aux deux camps.
On annonce les dates des élections et la campagne commence. Au premier acte, l’auto-proclamé porte-drapeau de la révolution reçoit sa première claque, son parti obtient à peine 68.000 voix et 4 sièges au nouveau parlement. Les islamistes s’en tirent mieux, mais ne pèsent plus « que » 900.000 voix contre 1,5 million aux élections précédentes. Nidaa est premier et largement victorieux.
Vint la présidentielle. Les islamistes s’unissent autour de Moncef Marzouki, mais aussi unis soient-ils, ils ne réussissent pas à atteindre 1,1 million de voix. Béji Caïd Essebsi en aura 200.000 de plus.
Le résultat du second tour est confirmé en ce 21 décembre 2014 avec 55,5% des voix et plus de 1,6 million d’électeurs. Béji Caïd Essebsi est le nouveau président de la République. Il est le premier président de la 2ème République.
Le sauveur, c’est lui, a estimé la majorité des électeurs tunisiens. Il a réussi à sauver le premier acte de la révolution, il réussira certainement les actes suivants. Inchallah.
Raouf Ben Hédi
A lire également : Tunisie – ISIE : Victoire officielle de Béji Caïd Essebsi avec 55,68%
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L’incroyable traque de Ridha Charfeddine
02/05/2025
11
Commentaires (42)
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Enfin, the right man in the right place!
Famous Corona
| 27-12-2014 14:32
Au bout de trois ans de supplice et de gâchis, nous voyons enfin le bout du tunnel en la personne de BCE qui a le gabarit qu'il faut pour sauver l'image de la Tunisie, rétablir le prestige de l'état, sécuriser le pays et réunifier les tunisiens. Nous le soutiendrons efficacement dans sa mission pour l'amour de la patrie et l'avenir de nos enfants... Je le dis et je le répète : MMM est une calamité, le pays n'en avait vraiment pas besoin !!!!
Quelques différences entre l'Ange Gabriel et BCE
Sidi Teta
| 22-12-2014 19:15
BN merci de faire semblant d'être démocrates en publiant ce commentaire.
Saluons la victoire, c'est mieux que rien, c'est à dire mieux que Marzouki.
Gare aux retours des vieux démons ; la tentation est forte et le danger est bel et bien là lorsqu'on a assisté à la fête du Lac hier soir
Priorité absolue aux jeunes et aux régions de l'intérieur et du sud...
Que BCE nous montre qu'il s'est converti à la démocratie en FAISANT LE MÉNAGE au sein de son parti
Halte au renforcement de la féodalité mafieuse qui n'a cessé de vampiriser ce malheureux peuple depuis au moins cinquante années.
Si BCE n'écoutera pas les déshérités et les laissés pour compte, ils se rappelleront immanquablement à lui
regardez déjà l'inquiétant avant goût du prémisse de révolte sudiste.
Saluons la victoire, c'est mieux que rien, c'est à dire mieux que Marzouki.
Gare aux retours des vieux démons ; la tentation est forte et le danger est bel et bien là lorsqu'on a assisté à la fête du Lac hier soir
Priorité absolue aux jeunes et aux régions de l'intérieur et du sud...
Que BCE nous montre qu'il s'est converti à la démocratie en FAISANT LE MÉNAGE au sein de son parti
Halte au renforcement de la féodalité mafieuse qui n'a cessé de vampiriser ce malheureux peuple depuis au moins cinquante années.
Si BCE n'écoutera pas les déshérités et les laissés pour compte, ils se rappelleront immanquablement à lui
regardez déjà l'inquiétant avant goût du prémisse de révolte sudiste.
Revolution ou non ???
TounsiHorr
| 22-12-2014 17:37
Peuple non mature !!!! , élire son tortionnaire, quelle honte !!
ne parlant plus de révolution, jeune indisciplinés, région affamée guidée par un poignet de dinars !!
sur les 8millions d'électeurs potentiels, 5M sont inscrits, 3M se sont exprimés !! 1.7M votant pour BCE, guideront la populace de 12M de Tunisien .... chercher l'erreur
ne parlant plus de révolution, jeune indisciplinés, région affamée guidée par un poignet de dinars !!
sur les 8millions d'électeurs potentiels, 5M sont inscrits, 3M se sont exprimés !! 1.7M votant pour BCE, guideront la populace de 12M de Tunisien .... chercher l'erreur