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Chroniques
Habib Essid, on aurait plus pitié de lui que de nous
Par Inès Oueslati
17/03/2015 | 15:59
4 min
Habib Essid, on aurait plus pitié de lui que de nous


Annoncée trois jours auparavant, l’allocution du chef du gouvernement Habib Essid à l’adresse des Tunisiens était attendue. Mais l’attente a été suppléée par la déception, au bout de deux minutes. Celui que l’on voit, depuis son investiture, sur des photos et courtes vidéos faire du terrain a fait hier une prestation télévisée peu convaincante au vu des nombreuses réactions qui lui ont fait suite.


Un grand oral aux allures de petite lecture de texte. Telle est l’impression qui se dégage des huit minutes de télé qui ont fait 33% de taux d’audience, selon audimat.tn. Nombreux étaient les internautes et les journalistes qui ont vu cette prestation d’un mauvais œil et l’ont très vite fait savoir. Pourtant, en théorie, le discours de Habib Essid contenait tous les ingrédients pouvant en faire une réussite. On y trouvait, pêle-mêle, l’empathie, le pragmatisme, la confiance, le réalisme et l’espoir, le constat et les promesses…
Deux paradigmes essentiels pour un discours politique « appréciable » font l’ossature de ce discours politique mou : le premier est de nature morale et le deuxième se rattache plus au champ du matériel et du chiffré. En prime time, notre chef du gouvernement fraîchement installé nous a dressé une esquisse sombre de la situation du pays. En chiffres et en pourcentages, il nous a énuméré les raisons de la morosité dans laquelle le pays se débat.


En revanche, ni l’attitude, ni les mots faisant ce discours n’étaient adéquats. Car c’est sur un ton monocorde, que Habib Essid nous a évoqué des mesures urgentes et un plan de sauvetage imminent. Ramant vers la fin de son allocution, les yeux rivés sur son papier, affrontant la caméra subrepticement et à intervalle régulier (celui se chronométrant sur un clin d’œil), Habib Essid s’est voulu convaincant mais ne l’a pas été. Pouvait-on l’être avec une posture sans mouvement aucun ? Avec une constance dans le débit et dans l’intonation plus proche de la récitation que de la verve politicienne espérée.
En Habib Essid, hier, nous avons cherché la figure de leader sans la trouver et nous avons attendu l’enthousiasme du politicien sans le ressentir. Celui qui voulait nous alarmer pour mieux nous rassurer, n’a fait que nous alarmer par son manque d’assurance. L’exercice était lisse, trop lisse pour nous toucher, nous brusquer, nous convaincre.


Commençant par une pensée aux martyrs et aux blessés de la révolution à qui il a souhaité, quatre ans après, un prompt rétablissement, Habib Essid est passé d’un constat de la situation presque trop impersonnel au « Je ». Il nous a rappelé ses motivations en pareil poste et la nature du « défi » qu’il entend soulever, pour sauver la Tunisie.


Le « Je » manquait cependant d’affirmation et le jeu n’en était que plus défaillant faisant perdre la partie à celui qui voulait commencer à gagner en popularité et à marquer des points. Il a pourtant l’air gentil Habib Essid, abstraction faite de ses portefeuilles passés. Il a tellement l’air gentil qu’on aurait plus pitié de lui que de nous qui croulons dans ce pays qui sombre en médiocrité.


Pourtant, des figures politiques peu connues ont pu, en peu de temps, devenir des icônes. Avaient-elles les épaules plus solides ? Non probablement ! Peut-être avaient-elles juste le bon carnet d’adresse et le bon réseau pouvant ouvrir des portes sur le meilleur en matière de communication, de coaching et de conseil. Car à Habib Essid manquait, justement, ce je ne sais quoi qui gomme les défaillances et accentue les atouts, qui prévoit les réactions, les orchestres et provoque, quasi mathématiquement, la conviction. Ce je ne sais quoi qu’on appelle art de la persuasion, éloquence, ou maîtrise du discours oral, plus simplement, a manqué à notre chef du gouvernement.


Pour toutes ces raisons et d’autres encore, le grand oral de Habib n’a pas réussi à capter suffisamment pour convaincre. Son contexte était mal choisi, les regards et l’attention étant braqués ailleurs : sur Nidaa qui se décompose et sur l’affaire de la semaine (du mois voire de l’année) celle de Ben Gharbia, Herissi, El Wafi, Touil… Les projecteurs se sont braqués un court moment sur notre chef du gouvernement qui nous balbutiait, à demi-mots, un message où se mêlaient souffle froid et souffle « chaud », l’alarmisme et un espoir aux allures de fatalisme.


Le décor n’a pas suffi à Habib Essid, le bureau, la droiture, les mains sagement posées, les jambes statiques, la concentration dans la lecture, la caméra… A Habib Essid il manquait un prompteur, de la théorie et de l’exercice. Peut-être attendait-on de Habib Essid plus qu’une lecture sans bafouillage. Peut-être attendait-on plus qu’un constat. Peut-être attendait-on plus que des promesses. Au fait, que pouvons-nous attendre de lui? Personne ne pourra nous sauver, hormis nous-mêmes ou un miracle !

 

Par Inès Oueslati
17/03/2015 | 15:59
4 min
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Commentaires (15) Commenter
Aucun charisme
Abdel Rahim
| 22-03-2015 21:46
Aucun charisme et zéro pointé à l'épreuve de lecture d'un texte de basse littérature.
le MAL absolu ,le BIEN absolu ,et des ALLIAGES...
j.trad
| 21-03-2015 14:37
trois dimensions :les anges ,le diable et les êtres humains ces trois forces ne sont pas autonomes ,un créateur transcendant les domine .bref les trois dimensions sont en perpétuel mouvement ,le mouvement cause :effusion de sang ...les anges sont effrayés ,les diables avec se réjouissent ,la victime c'est des humains .comment stopper le drame???c'est une grande question ,il faut trouver des moyens simple pour que l'alliage soit purifié du vice de conspiration avec le diable ;comment faire ?trois autres dimensions surgissent :la lumière ,le feu,et l'eau le génie de l'intelligence humaine ,s'applique à créer des miracles ,les anges se réjouissent ,le diable ,lui meurt de rage ,c'est alors qu'il use de ses outils de séductions ,de corruption,de détournement,il stimule les haines ,les cupidités ,les vices de tout genre ...les fabricants d'armes de viennent des conspirateurs,des armées se mobilisent etc .c'est un résumé ,dont des millions de commentaires couvre ,même les tableaux du LOUVRE ,du BARDO,et ceux de BAGDAD de Syrie, éternisent les empruntes du diable ,le théâtre ,la poésie,et toutes les spécialités de près ou de loin ,participent inconsciemment au jeu pervers de l'ennemi n°1 de la progéniture d'ADAN .entre parler et se taire ,il y a le mystère de ceux définis par ALLAH :(yarawnakoum wa la tarawnahoum )ne voilà-t-il pas des critères suffisants pour que les peuples s'unissent une bonne fois pour toute autour d'un centre d'intérêt ,favorable à une PAIX universelle .commençons par fermer les usines qui fabriquent des armes ,ce serait déjà un grand pas .
pourquoi user si mal de tes performances,MADAME weslati?!
j.trad
| 21-03-2015 11:14
ce talon de performance dans l'analyse ,va (c'est plus simple de tutoyer )va le mettre à la disposition du texte sacré ( a fala yatadabbaroun ?) l'outil du (tadabbour) beaucoup d'intellectuels le possèdent ,c'est une bénédiction divine il faut en faire un placement précieux et efficace ,au lieu de formuler des insultes à ce phénomène dit (da3ich) pourquoi ne pas leur arracher la revendication qu'ils brandissent :(dawla islamiyya fil 3ira9 ,wa SOURIYYA )pourquoi ne pas leur dire votre revendication nous la voulons INTERNATIONALE :fusion entre la DROITE et la GAUCHE ????pourquoi ne pas leurs dire? les BONS ESPRITS se rencontrent????pourquoi ne pas évoquer :les bonnes intentions de MACHIAVEL dont l'objectif était : d'arracher le MAL de la nature humaine??et l'objectif de KARL MARX de réaliser la répartition des richesses ,objectif qui va même jusqu'à promettre :la gratuité ,et par là tuer la vipère de la la séduction dont l'argent est l'arme du crime????il y a beaucoup à dire ,et à découvrir ...mais la minorité qui possède les 90%,jette les entraves et verse l'huile sur le feu de :da3ich(qui prone un islam atrophié et sanguinaire)
Vraiment Vrai
maamar
| 18-03-2015 12:39
Arrêtez Mme!!sinon on va vous accuser de harcèlement. La presse va sentir une
affaire et ne pensera qu'à se sucrer. La cause ? Tout ce que vous avez écrit est vraiment vrai!!!
Preparez-vous pour la déception
G&G
| 18-03-2015 11:19
La plus belle fille au monde ne peut donner plus ce quelle a.
Je vous ai pourtant dévoilé son CV
Durant toute sa longue carrière administrative, Essid n'a jamais été décideur. il ne sait qu'exécuter les ordres de son supérieur. il faisait le bon commis de l'Etat. Il a grimpé l'échelle des grades sous les ordres d'un Buldozer appelé M'hammed Ben Rajeb ex-gouverneur de Sidi Bouzid puis Ministre de l'agriculture puis ministre de l'intérieur pendant que le petit caniche faisait son secrétaire particulier.
Donc pour sauver le pays on doit faire appel aux décideurs tels que Ben Rajeb ou Mohamed Saad l'ex gouverneur du Kef qui sont les grands sorciers du développement et non pas leurs commis exécutants.
jeu de mots IO
sss
| 18-03-2015 09:44
sympa comme jeu de mots IO ; le discours est un art ; c'est vraie que l'on peut apprendre à tenir un discours, à regarder la caméra en face; ce n'est pas facile car c'est vraiment un art et un don il y en a qui l'ont et il y en a qu'ils n'ont pas qu'ils apprendront et il y en a qu'ils ne pourront jamais avoir.
==== C'EST PLUTOT LA FIN DE L'ARTICLE QU'IL FAUT LIRE ====
aldo
| 17-03-2015 21:29
balayer devant chez soi d'abord ; merci MME OUESLATI INES .
tout est dans le titre
hombre
| 17-03-2015 20:29
Mr essid est homme grand , mais pas un grand homme .
Propulsé dans la hiérarchie grace à son lien avec le pouvoir
DHEJ
| 17-03-2015 19:57
Et non grâce à ses compétences...

Quand on truque son CV... le résultat est vu de tous: Un nul plus nul que le "0"!

Peter ne décollera pas malgré le coup de levier...
la grenouille
G&G
| 17-03-2015 19:52
Je vous est pourtant dit que cet homme supposé grand n'est que petit tout petit aussi petit qu'épsilon.