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Chroniques
Appel aux citoyens : casquez !
27/09/2017 | 15:59
3 min

Il faut se rendre à l’évidence, il est difficile de résister à la tentation. La tentation d’échapper à la loi, de truander, de se faire un peu d’argent de côté, ni comptabilisé ni déclaré. Quand on sait que 60% du PIB est produit par le commerce informel, quel mal y aurait-il à faire comme les autres et se « débrouiller » ?

Oui, cela est vrai, mais en bons citoyens conscients que nous devons être, il serait irresponsable de se défiler de son devoir fiscal. Quel mal ya-t-il, après tout, à ce que les entreprises qui payent régulièrement leurs impôts travaillent chaque année de janvier à la mi-avril pour le compte de l’Etat ? Ce dernier viendra d’ailleurs se resservir plus tard avec une taxe sur les dividendes. Après tout, ce n’est que le prix des services et du climat qu’offre l’Etat à ces entreprises ! C’est le prix à payer pour garder une réglementation des changes d’une autre époque. C’est le prix de la sécurité dont jouissent les entreprises et leurs employés dans les rues de Tunisie. C’est le prix de la flexibilité dont fait preuve l’Etat avec les entreprises et sa fermeté avec les dépassements des syndicats. Alors messieurs les chefs d’entreprises, on sait très bien que vous êtes tous riches et que vous cachez des millions à l’étranger. Vous payez le prix des services développés, rapides et fiables que vous fournit l’administration tunisienne ! Ce n’est pas comme s’il fallait une journée pour régler un papier ! Non mais ! Alors, cessez de vous plaindre et casquez !

 

La classe moyenne devra aussi payer. Il existe un prix pour toute chose et le citoyen doit participer. Premièrement, il doit être conscient du principe de solidarité sous-jacent à la collecte des impôts et taxes. Cet argent va servir à construire des hôpitaux, à construire des routes et des chemins de fer, il servira à payer les fonctionnaires tous les jours encore plus dévoués à leur service. Et puis ce n’est pas comme si l’Etat redistribuait mal l’argent collecté ! Inutile de sortir l’argument fallacieux des salaires supposés mirobolants des anciens présidents. Il ne s’agit là que d’une caricature douteuse. 

Et puis de quoi il se plaint monsieur le citoyen ? Les routes sont en bon état, les rues sont propres, les hôpitaux sont bien équipés et ne souffrent pas de sous-effectif. Il dispose de tout ce dont il a besoin, et en plus il a la liberté et la dignité ! Toujours prompt à geindre, il va sortir des arguments contre l’administration qui ne travaille pas assez bien, ni assez longtemps ! Ne comprend-il pas que, comme l’avait dit Rached Ghannouchi, il devrait s’estimer heureux d’avoir de l’eau quand il ouvre le robinet ? Mais quelle ingratitude ! Surtout avec des gouvernants qui privilégient l’honnêteté et la compétence dans tous les postes de l’administration, des ministres aux agents ! Des gens qui ne pensent qu’à l’intérêt de la Tunisie quand ils vont à Washington demander de l’argent ! Même l’avenir de vos enfants est assuré avec une école performante et des formations hors pair ! Alors, messieurs les citoyens de la classe moyenne, casquez !

 

Et puis il y a les pauvres… Eux c’est le vrai problème. D’abord, parce qu’ils sont les plus nombreux et puis parce que ce sont eux qui n’ont aucune conscience, ni responsabilité, ce qui les pousse à travailler dans le commerce informel, voire dans la contrebande, ces saligots !  Ce n’est pas comme si l’Etat ne faisait rien en leur faveur, on a quand même une caisse de compensation ! Sans elle, et bien ils achèteraient leur baguette très cher, et ils n’en sont même pas conscients ! Et puis, la voie de l’illégalité ne mène à rien. Ces pauvres ne devraient pas se laisser berner par les palaces que se font construire les barons de la contrebande dans leurs régions. Ils ne devraient pas non plus se laisser avoir par le fait que ces gens s’enrichissent depuis si longtemps que les gosses rêvent de devenir contrebandiers. L’Etat va combattre sérieusement, cette fois, la contrebande et il sera sans pitié ! C’est même le chef du gouvernement qui l’a dit ! Alors vous les pauvres, au lieu d’entraver le travail de l’Etat, taisez-vous et profitez de la bonne redistribution des richesses !

27/09/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (8)

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Forza
| 30-09-2017 14:59
C'est la règle du jeu. L'état a besoin de ressources pour ses devoirs. Le problème en Tunisie est le manque d'efficience des structures de l'état, travail maximum de 30 minutes par fonctionnaire et l'imposition juste des employés et de l'économie formelle. L'économie informelle et beaucoup de professions libérales médecins et avocats en tête ne payent pratiquement rien.

Salem
| 29-09-2017 10:48
Selon Ibn Khaldoun,le début de la fin de l'état c'est la pression fiscale excessive

el manchou
| 28-09-2017 14:36
Posez-vous cette question et vous saurez qui dirige le Tounestène.

ENRICO
| 28-09-2017 13:12
Les gens du privé ne payent pas d'impôt parce qu'il n'y a pas de contrôle.

Patriote
| 28-09-2017 08:35
Le gouvernement ne peut même pas assurer la disponibilité des médicaments pour les citoyens, certains médicaments pour les maladies cardio-vasculaires sont en rupture de stock comme la flécaine, mais de quelle révolution on parle?!!! Plutôt d'une merdolution....

Correcteur
| 28-09-2017 01:26
Cher ami
Vous êtes un journaliste talentueux qui n'a pas besoin d'encouragement ou de félicitations.
ceci dit,je me permets de vous faire cette remarque :vous auriez du utiliser comme chute,la fameuse et célèbre exclamation:
¨Salauds de pauvres¨!!!
Les gens subtils comprendront.

DHEJ
| 27-09-2017 17:52
La Tunisie n'est pas peuplée de citoyens...

La Tunisie est habitée par des "barbayens"!

A4
| 27-09-2017 17:07
PAYER !
Ecrit par A4 - Tunis, le 22 Décembre 2015

Ma mère me l'a dit, dès le jour de ma naissance:
"Tu as à payer taxes, impôts et redevances !"
Je suis donc là pour ça et pas pour autre chose
Quitte à me trouver ruiné, victime d'overdose
Overdose de taxes sur des produits surtaxés
Votées par des élus et autres désaxés

Elle m'a dit ça tendrement entre deux tétées
"Rien ne sert de résister et faire l'entêté
Paye mon fils, donne tes sous, paye et repaye encore
Ils vont tout t'ôter, pas besoin de ton accord
Pas besoin de tenter des trucs sans résultat
Pense plutôt à graisser les rouages de l'Etat"

"Penses-y", dit-elle un jour où j'étais pensif
En remontant mes bretelles et coiffant mes tifs
"C'est bien à toi de payer pour les fainéants
Les allergiques au travail et les tire-au-flanc
Ceux qui ne servent à rien, qui sont à la marge
Et réclament haut et fort qu'on les prenne en charge"

Je me rappelle encore de tous ses bons conseils
De toutes ses histoires précédant mon sommeil:
"C'est à toi de payer quand c'est la sécheresse
Pour des paysans ruinés pour cause de paresse
Et c'est à toi de donner le jour du déluge
A ceux qui dans l'oued ont placé leurs refuges !"

Je n'ai rien oublié, sa bonne soupe était tiède
Et moi je tentais de marcher en vrai bipède
Quand me tenant la main elle me dit calmement
Que je dois prévoir l'argent des remboursements
Pour les pseudo héros et autres rescapés
Malades imaginaires et faux handicapés

C'est ainsi que je me vois des années après
Prisonnier de leur piège, enlisé, empêtré
Payant pour les autres, et repayant sans cesse
Pour les gugusses vivant aux frais de la princesse
Pour les trafiquants et même les marchands d'armes
Sans avoir sa main pour essuyer mes larmes ...