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Amor Mansour : Je fais mon travail et rien que mon travail !
18/11/2016 | 19:59
6 min
Amor Mansour : Je fais mon travail et rien que mon travail !

"C’en est fini de l'impunité vis-à-vis de l’ordre établi, c'en est fini de narguer les autorités et de railler la primauté de la loi !" Amor Mansour, gouverneur de Tunis le promet et s’y affaire avec acharnement et optimisme. Place donc au respect de la règle et à son application vis-à-vis de tous, sans exception aucune et en faisant abstraction de tout déterminisme social. Par ses actions et sans l’avoir vraiment prémédité, l'homme se pose comme objectif de redorer le blason du prestige de l'Etat si longtemps mis au frigo mais aussi de redonner de l’espoir à une certaine frange de la population tunisienne.


Fin Bourguibiste, Amor Mansour est avant tout un homme de droit. Tour à tour, président de la Cour de Cassation puis gouverneur de l'Ariana en 2015, il fût par la suite doyen des juges d'instruction puis procureur de la République auprès du tribunal de première instance de Tunis 2. A 57 ans, il est nommé ministre de la Justice dans le gouvernement de Habib Essid et le 15 septembre 2016 il devient gouverneur de Tunis dans le gouvernement d’union nationale formé par Youssef Chahed. Ce qui le distingue, c'est avant tout son intransigeance pour tout ce qui a trait à l’illégalité.

Dans une entrevue accordée à Business News, mardi 15 novembre dernier au siège même du gouvernorat de Tunis, il expose une vue d’ensemble de son travail d'admnistrateur de premier rang et des actions qu’il mène pour réinstaurer le respect de la loi au sein de la capitale. Rappelons, au passage, que le gouvernorat de Tunis est divisé, administrativement, en 21 délégations, 8 municipalités et 161 imadas.

 

Comme une trainée de poudre, le gouverneur fait depuis quelques semaines parler de lui. Ses émules comme ses détracteurs sont nombreux sur la toile. Ses fans qui ont créé plusieurs groupes Facebook pour le soutenir maintiennent et insistent sur le fait que cet homme est un homme qui ose et qu'ils attendaient depuis longtemps l’arrivée d'un tel personnage sur la scène politique tunisienne. Ces arguments ne semblent pas convaincre une autre tranche de la population pour qui Omar Mansour "ne fait que son travail" et rien de plus.

Tout comme Saloua Khiari, la gouverneure de l’Ariana, Amor Mansour s’est attaqué aux étals et constructions anarchiques, à la prolifération de la contrebande et des commerces parallèles ainsi qu’au squattage illégal des bâtiments de l’Etat par des occupants qui, disons le clairement, se soucient peu du respect des règlementations en place. Rue des Salines, Boumendil, Port de France, Berges du Lac, Le Kram, La Goulette, Sidi Hassine, Le Centre Urbain Nord le gouverneur prend avec beaucoup de sérieux les instructions du chef du gouvernement, Youssef Chahed allant dans le sens de ces descentes.

Dénonçant le populisme et ses méfaits, soulignant l’illégitimité de ceux qui se complaisent dans le désordre ambiant et la bien-pensance d’après révolution qui laissent croire à ses adhérents qu’ils sont dans leur bon droit, le gouverneur tente donc d’appliquer un principe clair : Nul n’est censé être au-dessus de la Loi. Comme il l’a déclaré lui-même : « Appliquer la loi est devenu l’exception et la transgresser la règle ! C'en est fini de cette idée que nous allons stopper net ». Il dénonce également l’indulgence accordée aux moins nantis comme l'impunité des plus aisés, coupables de penser qu’ils sont au-dessus des lois. 

A ce sujet Amor Mansour déclare : « Ceux qui bloquent l’application de la loi aujourd’hui possèdent soit la poigne des bandits soit de l’argent en grande quantité. Dans les 2 cas nous pouvons parler de vendettas ».


C’est nostalgique de l’épopée du leader Habib Bourguiba que le gouverneur s'est exprimé à propos de l’avenue principale de la ville de Tunis : « Rappelez-vous de l’avenue Habib Bourguiba telle qu’elle était : son charme et sa propreté, ses cafés organisés, ses clients qui lisaient leurs journaux et des familles tout autour. Comparez cette avenue avec ce qu’elle est devenue et ce coté sauvageon que nous essayons aujourd’hui d’éradiquer », ajoutant que : « Dans certains quartiers de Tunis, les gens ont peur de s’aventurer et c’est à juste titre ».

Par ailleurs, Amor Mansour a annoncé que pour remédier au coté grise mine dont souffre la capitale, des activités culturelles se tiendront sur l’avenue avec des groupes de musique et des théâtres ambulants. Il a également exprimé son souhait de piétonniser l’avenue et de mettre en place un tramway folklorique au beau milieu du boulevard avouant, plus loin, que ce projet nécessitera une grande logistique.

 

A propos de l’immobilier et du patrimoine pittoresque de la ville de Tunis qui est gravement mis en danger, le gouverneur s’est attardé sur la question des squatteurs et des occupants sans titre ayant élu résidence dans les bâtiments appartenant à l’Etat. L’illégalité de leur occupation fait, par ailleurs, l’objet de procès-verbaux réguliers et ces lieux occupés depuis l’après-révolution sont pour la plupart des locaux RCDistes, des écoles, des maisons de culture, des bâtiments appartenant au patrimoine historique de la ville et des foyers universitaires. Leurs nombres dépassent l’entendement comme nous avons pu le constater durant l’entrevue. Au sujet de ces squatteurs, le gouverneur a déclaré  : « Il y a parmi ces personnes des gens à qui l’Etat a fourni des habitations après la Révolution. Ce qui se passe c’est qu’ils mettent en location le bien fourni puis vont habiter illégalement des bâtiments publics pour percevoir des loyers ! Cette attitude en dit long sur ces fauteurs de trouble. En tentant de déloger ces personnes, des groupements font surface et des confrontations ont souvent lieu ».


Des détracteurs ? Amor Mansour en a. Ce qu’ils lui reprochent ? « Faire le show ». Ce à quoi il répond : « Si on travaille, les gens contestent. Si on ne travaille pas, c’est pareil ! La contestation est toujours là ! Nous n’allons pas rester les bras croisés pour autant ! Je ne suis ni un acteur, ni une star de la télé, je suis gouverneur ! Il faut laisser les laisser parler, cela ne me dérange pas».

Le questionnant sur des menaces qu’il aurait pu recevoir dans l’exercice de ces fonctions, Omar Mansour a déclaré : « Je n’ai pas reçu de menaces directes mais plutôt des conseils du style :  Faites attention à vous… Ces conseils peuvent être compris de plusieurs façons ». En effet, les travaux du gouverneur s’apparentent clairement à des travaux de lutte contre la corruption, les menaces sont donc compréhensibles.

 

Sur l’abattage des animaux errants en liaison avec l’accumulation des déchets, le gouverneur a précisé qu'il s'agissait d'une problématique directement rattachée aux municipalités. Il a confirmé que le phénomène avait pris de l’ampleur et qu’une véritable solution devait être apportée tout en gardant à l'esprit que des problèmes prioritaires devaient être résolus.

 

En fin d’entretien, le gouverneur a tenu à nous faire part de son optimisme. Faisant un parallèle avec l’ancienne amertume et détresse qui régnait en maître dans l’esprit des citoyens, il a tenu à indiquer : « Il n'y a pas si longtemps beaucoup de Tunisiens pensaient à quitter le pays vers des contrées lointaines comme le Canada. Aujourd’hui, nous sommes plutôt marqués par un retour de l’espoir. Hier les sujets d'actualité touchaient au choléra, aux poux dans les écoles et à la galle, à contrario, aujourd’hui nous parlons de démocratie, d’Etat de droit, de prestige de l’Etat, de valeur travail et de primauté de la loi. Ce changement notable de langage est un indice de meilleure santé psychologique chez le citoyen. Nous sommes en train de passer un mauvais quart d’heure, mais ce n’est qu’un quart d’heure ».


 

18/11/2016 | 19:59
6 min
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Commentaires (26)

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karichoc
| 21-11-2016 15:34
Bravo M. le gouverneur, je salue votre courage et sens du devoir, vous avez tout mon respect. ceci dit, votre travail n'est pas fini, la plupart des cafés au lac 2 notamment dont vous avez démoli les structures abritant les terrasses, continuent à occuper les trottoirs, par les chaises, parasols et les bac à fleurs qui délimitent l'espace qu'ils occupent, du coup, nous n'avons pas récupérer nos trottoirs.
pour faire rentrer un peu de sous, je peux comprendre que la municipalité leur loue au max 2 ou 3 m pas plus et encore si la largeur du trottoir est suffisamment grande.
dernier point, pour ceux qui ont libéré le trottoir, il doivent absolument remettre le trottoir au même niveau et détruire les 2 ou 3 marches qu'ils avaient construites.

merci.

G&G
| 20-11-2016 16:40
Une action que je salue personnellement mais elle ne représente pas grand chose devant l'anarchie qui règne partout et instaurée par les grosses tètes intouchables. Allez voir le nombre d'hôtels en infraction qui s'accaparent du DPM à Sousse , à Hammamet comme à Djerba les plages publiques ont disparues. Allez compter le nombre de vendeurs de coffres forts sur les bas cotés pour saboter notre économie. Allez voir combien de chaines TV gagnent des loteries déguisées que jadis étaient un monopole de l'Etat. Allez mesurer l'anarchie qui règne dans l'enseignement et la santé qui ne sont plus du domaine publique...
Monsieur le Gouverneur loin de vous décourager, mais permettez-moi de vous dire que vous êtes entrain de pisser sur le sable.
Vos actions ne laisseront plus de traces. Quelques années plus tard l'anarchie reviendra au galop. Vous êtes entrain de chasser le naturel et vous commettez la même gaffe que Ben Ali.
Vous n'allez pas me croire certes tout comme votre défunt collègue Noureddine Hafsi ancien gouverneur de Kairouan, surnommé le Bulldozer, qui avait changé la ville de Kairouan en 1992 mais qui est devenue aujourd'hui une poubelle.
Vous nagez à contre courant sans avoir des bras de fer
Bien que bras de fer et liberté sont diamétralement opposés.

G&G
RCDiste et fier

ABDOU
| 20-11-2016 15:24
Trois choses dont Mr. Omar Mansour devrait s'assurer pour le plus grand bien de la Tunisie :
1/ UNE PROTECTION SANS FAILLE DE SA PROPRE PERSONNE contre ce que pourraient générer les diaboliques tractations des LOBBIES.
2/ UN SOUTIEN IMMEDIAT et TENGIBLE des 3 POUVOIRS SE CONCRETISANT PAR LA CONDAMNATION, avant fin 2016, des plus dangereux accusés faisant l'objet des 120 DOSSIERS TRANSMIS PAR « L'INSTANCE CONTRE LA CORRUPTION « A LA JUSTICE.
3/ L'exemple donnée ne doit pas rester l'unique BON EXEMPLE DE GOUVERNEUR faisant preuve du COURAGE nécessaires pour le rétablissement de l'autorité de l'Etat, AUTORITE SANS LAQUELLE RIEN DE BIEN NE POURRAIT ETRE GARANTI .

Famous Corona
| 19-11-2016 19:28
J'attire votre attention du fait que plusieurs salons de coiffure ont vu le jour à l'Aouina sans autorisation préalable ni déclaration fiscale occupant des locaux non-appropriés (garage de villa) générant ainsi un encombrement devant les maisons en gênant l'accès. L'intervention de la police municipale n'a malheureusement pas résolu le problème car........

hich
| 19-11-2016 18:13
Bravo M. Le Gouverneur et bonne continuation,
La cité Bhar Lazreg à la Marsa mériterait votre aimable et urgente attention, surtout après la prolifération des étalages et des constructions anarchiques.
Ni la municipalité, ni la délégation n'ont bougé le petit doigt malgré nos réclamations par écrit.
Notre espoir en vous est grand , que Dieu vous aide !

SlahedinneBL
| 19-11-2016 17:27
Ces étals anarchiques ont envahi les villes et plus particulièrement La capitale.
Ce matin, la rue Charles de Gaulle était envahie des marchands gabegiques qui exposent leurs produits, de contrebande, à même le sol.
Un spectacle plus que désolant qui n'a pas encore été supprimé au grand dam des magasins.

mestiri
| 19-11-2016 15:53
Merci Monsieur le Gouverneur.
2 espaces emblématiques à Tunis et une à la Marsa méritent votre aimable et active attention.
Que Dieu vous garde !

Harki
| 19-11-2016 15:50
La tunisie. est prise en otage par des mafieux.les bandits sont partout.ils envahissent les trottoirs. .la chaussé. Les plages.les marchés. Les places ...les notables récompensent leur bras sauvages par des autorisatons à vendre n 'importe quoi.n'importe ou...frappe et je te couvrirait mon petit larbin....ainsi va la vie depuis des décennies ....

Abou ahmed
| 19-11-2016 13:25
J'espere qu,il ne sera pas vire pour ses competences.dans ce bled on n'aime que les mediocres

Maryem
| 19-11-2016 13:18
Cet engagement porte le sens profond des qualites qui manquent a 99% de nos responsables (plutot Irresponsables).Ces qualites sont la citoyennete et le Patriotisme et le sens du devoir bien accompli.
Il y a certainement d autres Omar Mansour,mais qui n osent pas par manque de courage politique peut etre,l exemple
du gozverneur Omar Mansour pourrait peut etre les reveiller et leur donner des ailes.Inchallah.