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ALECA - Hichem Ben Ahmed plaide pour la libre circulation des professionnels !
24/10/2017 | 19:59
6 min
ALECA - Hichem Ben Ahmed plaide pour la libre circulation des professionnels !


Une table ronde dédiée aux négociations portant sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’Union Européenne (UE) a été organisée ce mardi 24 octobre 2017 à l’hôtel Movenpick à Gammarth. Organisée conjointement par le think tank tunisien, Mediterranean Development Initiative (MDI), le bureau de la Fondation allemande Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) à Tunis et l’Association Tunisienne des anciens ambassadeurs et consuls généraux, cette conférence a été l’occasion de décrypter les blocages et les positionnements stratégiques de la Tunisie et de l’UE. Récemment désigné négociateur en chef de l’ALECA pour la Tunisie, le secrétaire d’Etat au Commerce, Hichem Ben Ahmed, a du pain sur la planche…

 

Revigorer l’accord de libre-échange Tuniso-Européen est l’un des défis de la Tunisie codifiés dans le guide «L’accord de libre-échange complet et approfondi ALECA: Mieux comprendre les négociations sur l’accord». Un guide élaboré en décembre 2016 par le président du MDI, Ghazi Ben Ahmed grâce à l’appui de la Fondation KAS et de l’Association tunisienne des anciens ambassadeurs et consuls généraux.

Récemment nommé négociateur en chef de la Tunisie pour l’ALECA, le secrétaire d’Etat au Commerce, Hichem Ben Ahmed, a donné un nouveau tournant aux négociations sur l’ALECA. Sa désignation marque la volonté du gouvernement tunisien de faire évoluer cet accord et de participer à sa construction. C’est dans ce sens que la présidence du gouvernement a mis en place une unité de gestion par objectif (UGPO) pour accompagner le pilotage, la coordination des travaux, la préparation de chaque cycle de négociation, les échanges d’information ainsi que la communication de l’ensemble des parties-prenantes. C’est donc à la lumière de cette nouvelle nomination que cette table ronde s’est tenue en présence de Patrice Bergamini, l’ambassadeur de l’UE en Tunisie ; Tahar Sioud, le directeur de l’Association des anciens ambassadeurs et consuls généraux ; Holger Dix, le représentant résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung Tunis ; Ignacio Garcia Bercero, négociateur en chef de la Commission européenne ; Radhi Meddeb, président de Comete Engineering ; Ghazi Ben Ahmed, président du MDI et du secrétaire d’Etat au Commerce, Hichem Ben Ahmed. En plus d’autres panélistes d’envergure, il y avait dans l’auditoire l’ancien ministre de la Santé et chef du parti Bani Watani, Saïd Aïdi, des officiels tunisiens et européens, d’anciens et actuels ambassadeurs ainsi que des membres de la société civile.

 

Taher Sioud a ouvert la séance en déclarant que « l’initiative louable des organisateurs de cette table ronde s’intègre parfaitement au processus préparatoire des négociations Tunisie /UE pour l’ALECA ». Il a prôné l’élimination des restrictions et discriminations économiques actuelles en rappelant le chemin parcouru par la Tunisie et l’Europe. Du premier accord commercial entre la Communauté économique européenne (CEE) et la Tunisie en 1969, à l’accord de coopération en 1976, puis à la signature de l’Accord d’Association avec l’UE en 1995. Des partenariats qui ont eu pour objectif de faire de « l’économie tunisienne une économie ouverte capable de défier la concurrence internationale ».

 

Placé au centre des panélistes, Hichem Ben Ahmed a déclaré : « Aujourd’hui, nous voulons faire de cet accord un accélérateur des réformes et un stimulus de la compétitivité pour les entreprises tunisiennes afin qu’elles puissent accéder au marché européen dans les meilleures conditions ».

A propos de l’accord de 1995, le secrétaire d’Etat a dénoncé diverses problématiques issues de « ceux qui sont habitués au confort des rentes de situations et de privilèges indus à l’abri des frontières ». Un accord qui semble être arrivé à bout de souffle et qui donne des indices sur les corrections à lui apporter. Lors de son speech, il a soulevé 4 points fondamentaux pour la Tunisie au sein de l’ALECA : la libre circulation des marchandises, des fonds, des services et des personnes. Concernant le point crucial de la mobilité des personnes, il a mentionné la mise en place d’un visa free pour certaines personnes et certains professionnels. Il a également précisé à ce sujet qu’il ne peut pas y avoir de libre échange sans équité, notamment pour ce qui relève de la mobilité des personnes. « Pour une même cause professionnelle, les Européens peuvent facilement accéder au marché tunisien alors que ce n’est pas le cas pour les Tunisiens » a déclaré Hichem Ben Ahmed.

Ridha Meddeb s’est aligné sur cette position en renchérissant que la marginalisation des opérateurs économiques tunisiens et les limites imposées à leur liberté de circulation « clochardisent l’économie tunisienne ». « Je ne parle pas d’une levée des visas pour la Tunisie mais d’une libre circulation des professionnels » a-t-il proposé.

 

Les discussions autour des avantages et inconvénients de l’ALECA ont également permis de lever le voile sur d’autres inquiétudes relatives à l’ouverture du marché national sur l’économie européenne, une nuisance non négligeable pour notre économie déjà en grande difficulté. Hichem Ben Ahmed a fait état des défis importants à surmonter et des sensibilités à prendre en considération. « Nous savons que notre agriculture est bien loin des normes de qualité et de rendement européennes, nous savons aussi que notre industrie de services risque d’être submergée par un mouvement de dérégulation annoncée mais nous savons aussi que l’art de négocier est l’art de trouver des solutions gagnant/gagnant » a-t-il martelé.

 

 

L’ambassadeur de l’UE en Tunisie, Patrice Bergamini, s’est également exprimé en saluant le nouvel élan donné à l’ALECA. « Je salue aujourd’hui une décision courageuse et heureuse. Courageuse, car les négociations relatives à cet accord sont ardues et qu’elles contiennent des tabous et du scepticisme. Et heureuse, car le négociateur tunisien, Hichem Ben Ahmed, est la personne clef pour mener à bien ces négociations. Du point de vue européen, il est la personne la mieux placée pour les suivre » a-t-il déclaré.

 

Les domaines couverts par l’ALECA concerneront une multitude de domaines. Du commerce des services, à l’établissement et la protection des investissements, le commerce des produits agricoles et de la pêche, l’énergie, les mesures sanitaires, l’amélioration de la sécurité des produits industriels pour faciliter leur commerce avec l’UE, les marchés publics, la transparence des réglementations, les procédures douanières, la politique de concurrence, la propriété intellectuelle, les mesures de défense commerciales et aussi le développement durable. Un accord ambitieux qui, s’il est bien négocié, permettra à la Tunisie de « réaliser la transformation de son économie, libérer le marché et résorber le chômage ».


Khawla Hamed


 

24/10/2017 | 19:59
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Commentaires (8)

Commenter

Dr. Jamel Tazarki
| 25-10-2017 20:22
Merci pour votre Feedback.

J'ai regardé sur le Web le site de TEAM-TONIC, une société purement de service comme il nous en faudrait en Tunisie.

Très Cordialement

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 25-10-2017 20:20
ce qui nous rapproche le plus est non seulement notre origine tunisienne mais aussi notre Cap Bon Tunisien! Oui, c'est un privilège d'être né au Cap Bon! Nous partageons un grand amour pour ce petit bout de terre au milieu de la mer, oui il faut avoir grandi au Cap Bon Tunisien pour comprendre ce qu'il a d'exceptionnel...

Très Cordialement

Jamel

DHEJ
| 25-10-2017 19:12
Pour moi c'est la Turquie...

Zohra
| 25-10-2017 17:07
Bonjour,

Des idées magnifiques comme toujours

Excellente soirée


El Chapo
| 25-10-2017 10:13
L'Europe vous connait assez vous et vos magouilles peuple de l'ingratitude et de la magouille pour qu'elle continue à vous traiter tel qu'elle le fait actuellement

TEAM-TONIC
| 25-10-2017 09:51
Je suis Directeur de 3 entreprises en France et une aux US. Je fais absolument le même constat que vous.

Pourvu que nos élites politiques et nos décisionnaires vous lisent et vous entendent.

Cordialement

Dr. Jamel Tazarki
| 25-10-2017 09:31
La libre circulation des professionnels existe déjà. Exemple: un promoteur/professionnel tunisien du domaine touristique (entre autre un directeur d'une agence de voyage ou d'un hôtel) obtient son visa pour l'Allemagne (et ainsi pour l'UE) en deux jours. Alors que les formalités pour les non professionnels peuvent durer des mois et aboutir a la fin à une réponse négative. Moi, je me rappelle que ma demande de visa pour l'Allemagne à été refusée avec l'argumentation qu'il faut d'abord appendre l'Allemand en Tunisie afin de pourvoir étudier en Allemagne! Et l'Ambassade d'Allemagne a Tunis m'a accordé un visa par erreur! L'administration munichoise (KVR) était très surprise de me voir à Munich alors que se sont eux qui ont refusé de m'accorder un visa d'étude! Bon, étant donné que j'ai réussi au test de compétence linguistique (qui est l'une des conditions essentielles d'admission à l'université allemande) l'administration munichoise a fini par m'accorder un visa d'étude! J'avoue que j'ai appris l'Allemand en autodidacte avec des livres et des cassettes et j'ai eu de la chance que le thème du test de compétence linguistique était sur les accidents de la route que j'ai bien préparé auparavant grâce à la lecture de plusieurs articles de presse apparus dans la Süddeutsche Zeitung, c'était un grand thème dans les masse-medias allemandes en ce temps là (j'ai eu toujours cette intuition gratuite de ce que pouvait être le sujet d'un examen, même durant mes études universitaires).


Je reviens au sujet de l'article, et je voudrais parler des bénéfices de l'ALECA pour la Tunisie, voir http://www.aleca.tn/decouvrir-l-aleca/presentation-de-l-aleca/
1) les produits et services tunisiens accéderont plus facilement au marché européen
2) les conditions d'investissement et le climat des affaires seront améliorés grâce à un cadre réglementaire plus prévisible et plus proche de celui de l'UE.

Nous sommes trop concentrés sur tout ce qui est du domaine industriel alors que nos chances sont meilleures dans le secteur des services! Il faut voir et analyser les études statistiques/empiriques (qui sont à la disposition de tout le monde) des besoins actuels/futurs du secteur des services de l'UE. Je donne un exemple: Il y a un manque de 50000 spécialistes/programmeurs SAP en l'UE ===> Que fait l'inde? Oui, l'inde crée une branche informatique où l'on étudie durant 4 ans que l'utilisation du SAP et sa programmation (ABAP)! Les firmes allemandes et de l'UE qui ne trouvent pas de spécialistes SAP sont obligées d'aller les chercher ailleurs qu'en Europe et l'administration allemande est obligée d'accorder la green card qui permettrait de devenir officiellement résident en Allemagne et de l'UE. Je rappelle que l'on ne peut pas apprendre SAP en autodidacte sans avoir accès à un système SAP, ceci est le grand handicap afin d'initier nos chômeur à l'SAP. Même nos universités ne disposent pas d'un système SAP. Alors que faire? Oui, les entreprises tunisiennes qui disposent d'un système SAP devraient permettre des connections aux étudiants tunisiens afin de s'entraîner (toutes les entreprises utilisant SAP ont un environnement SAP de test). L'SAP a une logique très particulière, exotique et même très étrange pour quelqu'un qui a fait des études informatiques/mathématiques avec un bon fondement théorique!

Puis, il n'y a pas que le SAP, il y a aussi l'EDI (Electronic Data Interchange), la programmation des microcontrôleurs, etc., etc., etc.

Oui, il faudrait faire de la Tunisie une société de services et permettre/faciliter l'accès à nos sociétés de services au marché européen. Je donne un exemple, même les Tunisiens résidents en Allemagne n'ont pas le droit d'avoir/ouvrir un petit commerce s'ils n'ont pas la nationalité allemande, alors que les émigrés turcs n'ont pas cette restriction. Oui, les émigrés turcs commerçants et entrepreneurs font un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros par an et ceci seulement en Allemagne, et les banques turques internationales accordent des crédits à 0% d'intérêt afin d'encourager les émigrés turcs à devenir commerçants/entrepreneurs (==> on peut comprendre l'origine de la popularité de Mr. Erdo'an) . Les émigrés turcs d'Europe transfèrent 20 milliards d'euros pas an direction Turquie!


En Tunisie, il est temps de se libérer des idées archaïques de certains de nos dirigeants qui stagnent mentalement et entraînent inconsciemment la Tunisie vers le débâcle socio-économique!

Jamel Tazarki

PS: je n'écris pas pour le plaisir d'écrire des commentaires, je n'ai nullement le temps pour cela! Non, j'écris dans le seul but de participer à ma façon à la reconstruction de notre pays.

Zahra
| 25-10-2017 08:26
Pour l'ALECA, il s'agit d'un piège dans lequel il ne faut nous faire tomber. Nous te surveillerons comment vas-tu approcher le dossier. Gare à toi si tu succombes aux opérations de séduction et de corruption.